San Francisco, fin de matinée. Khris était lamentablement étalé sur un banc près de la plage. L'air lui caressait le visage tandis qu'il fumait son premier joint de la journée. Il avait passé la nuit à courir un peu partout – au sens littéral et figuré – pour trouver des infos sur sa petite sœur fraichement arrivée ici. Le jeune homme l'avait suivie sans broncher, bien sur papa-maman n'avaient pas voulu lui dire où est-ce qu'elle habitait. « Ne t'approches pas d'elle, toi et ta mauvaise influence ! » avait dit son père. « Pourquoi tes pupilles sont dilatées Khris ? » avait demandé sa mère. Hm, c'est vrai que lorsqu'il avait cherché une baleine au fond de la piscine – habillé - il avait du éveiller ses soupçons. Au final il avait prit le premier avion avec quelques valises et quelques bonnes liasses de billets. Une fois arrivé il s'était tout de suite mit à sa rechercher, imaginez que quelque chose de mal lui soit déjà arrivé pendant son absence ! Inconcevable, il se le serait reproché toute sa vie.
Les gens sur la plage pensaient qu'il était un sans-abris, on lui donna même un billet. Si seulement ils savaient qu'il hériterait de plusieurs milliards dans plusieurs années. Enfin bref, Khris se leva et marcha à tout hasard le long de la plage espérant croiser Kayle. Peut-être avait-elle eu la merveilleuse idée de prendre un bain de soleil ce matin là, peut-être rentrerait-elle de soirée, peut-être sortirait-elle ses poubelles. Il espérait tomber sur elle comme par magie. Le new-yorkais avait demandé à tout le monde dans la rue s'ils ne la connaissaient pas et toutes les réponses furent négatives. Khris avait par la suite trouvé un club où il avait passé une partie de la nuit jusqu'à se faire virer lorsque la boite ferma. Les yeux du jeune homme essayaient de se poser sur chaque fille pour voir s'il tenait enfin sa petite sœur. Mais apparemment elle n'était pas dehors. Il commença à regarder les fenêtres et balcons des immeubles proches.
Une fille était d'ailleurs sur son balcon, mais elle avait les cheveux rouges donc ce n'était pas Kayle. Elle lui rappelait pourtant sa sœur, ne pouvait pas voir son visage il se fia aux vêtements. Si c'était bien elle il comptait bien la sermonner sur le fait de sortir en sous-vêtements à la vue de tout le monde. Ah jalousie quand tu nous tiens. La fille finit par se tourner et montrer son visage à Khris. C'était bien elle ! Il remercia Dieu, donc lui-même, de l'avoir porté jusqu'ici.
Il marcha jusqu'à l'immeuble et appuya sur un peu tous les boutons jusqu'à ce que quelqu'un le laisse entrer puis il monta les escaliers jusqu'à l'appartement de sa petite soeur. Trois petits coups à la porte et elle ouvrit, n'attendant pas qu'elle le salue et le prenne dans ses bras il entra et se jeta sur le canapé. Sur le dos, les mains croisées sous la tête.

- Heey Baby, j'aime bien les cheveux rouges. Ça fait tigresse, ou lionne comme tu veux. Ça te donne un petit coté sauvage, très sexy. Bien que ça ne soit pas vraiment sexy un lion ou un tigre mais bon tu m'as compris.

Ou pas.

Khris s'était mie à rire doucement en la regardant, elle avait l'air si choquée qu'il aurait pu lui souffler dessus qu'elle serait tombée à la renverse. Kayle hurla comme un putois, comme à son habitude, mais il ne broncha pas. Le jeune homme ne bougea pas d'un cil, la regardant s'énerver et se tortiller dans tous les sens devant lui. Une chemise vola, il faillit l'avaler. Elle avait l'odeur si douce de sa sœur, Khris eut envie de la plaquer contre son visage mais la posa par terre ; c'était plus sur. Le regard du new-yorkais virevoltât sur la silhouette de sa sœur, très sobrement habillée, ses hanches, ses jambes, son visage. Elle ne cessait de bouger, de s'énerver et de parler mais il la trouvait toujours aussi magnifique.
Kayle finit par attraper le poignet de Khris et le relever – faut dire qu'il l'avait aidé sinon il serait resté couché. Il remarqua avec plaisir qu'elle ne lâchait pas son poignet et que ses petits doigts fins restaient sur sa peau, comme collés. Mais elle finit par s'en rendre compte et préféra lâcher son frère. Elle était si proche, ses yeux bleus plongèrent dans les siens. Comme deux océans se rencontrant. Khris ne bougeait pas et ne disait rien, ne voulant pas qu'elle se mette à le frapper ou quoi que ce soit dans ce genre. Il n'était pas spécialement venu pour la rendre folle, juste pour la protéger, mais ça elle ne le comprendrait surement pas.
Kayle lui tourna le dos, puis alla s'allumer une cigarette. Khris enfonça ses mains dans ses poches, sentant le petit sachet d'herbe qu'il lui restait. Mais son bon sens l'obligea à ne pas s'en rouler un en présence de sa petite sœur et dans son appartement. Elle l'aurait surement jeté dans les escaliers. A la place il sortie une cigarette de son paquet et l'alluma avec le zippo de Kayle. Il avait perdu son briquet lorsqu'il s'était fait viré de la boite de nuit, la veille au soir ou plutôt ce matin-là. Khris expira la fumée et retourna s'asseoir sur le canapé, les avant-bras sur les cuisses, penché en avant.

- J't'ai trouvé par hasard miss Je-sors-en-pyjama-sur-mon-balcon. T'as pas idée du nombre de pervers qui trainent par ici ! Je sais que t'as envie de me compter parmi eux, donc la preuve, un pervers t'as vue. J'suis là pour affaire, les soirées de New-York m'ont ennuyé alors je me suis dit « Pourquoi pas San Fransisco ? » ahh le harsard fait bien les choses. Bref, pas de mauvaise nouvelle. Et s'il y en avait une je m'en souviendrais même plus.

Puis Khris cala son dos sur le dossier, les jambes jambes sous la table basse à cause de sa taille. Il regarda autour de lui pour inspecter le nouvel appart de sa sœur. Pas de photo de mec, ça c'était un bon point. La déco était sombre mais plutôt jolie et agréable. Il posa à nouveau les yeux sur sa sœur pour reprendre son petit discours.

- Pas mal l'appart. Je sens que je vais m'y sentir pas trop mal, bien que le mien et toutes les photos de filles sur mes murs vont me manquer atrocement. Mais c'est la vie faut changer de temps en temps. T'as pas de colocataire ? Tant mieux, j'veux pouvoir trainer en boxer dans l'appart sans que quelqu'un me gueule dessus à part toi. Je crois que le paternel et maman t'embrassent, j'suis plus trop sur après le coup de la baleine.

Kayle observait Khris. Il pouvait lire sur son visage qu'elle était mal à l'aise en sa présence. Pourtant il ne savait pas pourquoi, c'est vrai, il était intelligent, gentil, beau, drôle. Qu'est-ce qu'elle n'aimait pas chez lui ? Pourquoi était-elle toujours aussi sévère envers lui ? Khris avait toujours le rôle de l'enfant hyperactif et instable qui était calmé par Kayle la mère posée mais colérique. Bien que le jeune homme soit le moins responsable des deux il avait toujours eu le dessus. Par sa force physique, c'était indéniable, le petit corps frêle de top model de sa petite sœur ne faisait vraiment pas le poids contre un frère bagarreur. Il aurait pu faire ce qu'il voulait d'elle et Kayle n'aurait pas eu la possibilité de se défendre. Oh oui, il en avait rêvé plusieurs fois. Il s'était dit qu'il le pourrait, qu'il en serrait capable. Mais son respect et son amour pour sa petite sœur étaient bien trop grands pour qu'il ose lui faire du mal.
Khris tira encore sur sa cigarette et fit des ronds avec la fumée. Kayle se mise à rire nerveusement, très nerveusement, quelqu'un de normal aurait presque eut peur à cause du coté hystérique dans les secousses de la jeune fille. Mais, je vous le rappelle au cas où, Khris n'est en aucun cas normal. Enfin si la normalité existe, il n'est pas classé dedans. Il savait lire dans les expressions de sa sœur, découvrir chaque pensée dernière chaque expression. Depuis le temps qu'il la connaissait, depuis le temps qu'il l'étudiait avec attention, depuis le temps qu'il l'aimait. Là, elle était clairement énervée et essayait de cacher sa rage derrière un rire nerveux complètement bidon.
Kayle balança sa clope par la fenêtre et lâcha une phrase qui fit presque sursauter Khris. Comment ça « pas question » ? Elle ne voulait pas de lui ? Elle le rejetait ? Feignant de ne rien avoir entendu le jeune homme continuait de s'amuser à faire des ronds de fumée puis jeta sa cigarette par la fenêtre comme sa sœur l'avait fait quelques instants plus tôt. Puis elle l'avait empoigné par le bras et emmené vers la sortie, il l'avait suivie sans rien dire. Sans l'en empêcher. Puis Kayle hurla et le relâcha. Khris lâcha un « Oh oui, j'aime quand tu cries mon nom. » presque inaudible, il s'empêcha de rire.
De toute façon il l'emportait sur elle, il se dégageait de son emprise assez facilement, comme on enlève un insecte sur sa main. Mais il ne l'avait pas fait car elle aurait été encore plus furax par la suite. Kayle posa ses mains sur ses hanches pour se calmer, Khris croisa les bras pour ne pas tomber. Il l'écoutait lui débiter qu'il n'avait pas le droit d'être là, qu'il s'incrustait dans sa vie alors qu'elle n'en avait pas envie. Ça lui brisa presque le cœur. Ah oui c'est vrai, quel cœur ? Ce qu'elle lui dit l'énerva au plus au point et justement il serra les poings et la mâchoire. Elle devait surement voir sur son visage qu'il était totalement crispé vu l'allure à laquelle sa mâchoire se serrait et se desserrait. L'instant de calme de Kayle n'avait pas duré, elle se positionna face à lui et commença à lui faire la morale, il croyait entendre sa mère.
Khris passa une main dans ses cheveux, pour une fois il ne disait rien. Il prit Kayle dans ses bras et la porta sur son épaule, peut importait si elle se débattait il ne la lâcherait pas. Le jeune homme essaya un peu toutes les pièces de l'appartement et trouva la chambre de la jeune fille. Il la posa sur le lit avec douceur puis s'arrêtât dans l'embrasure de la porte le dos vers elle.

- J'ai pas d'explications à te donner, t'es ma petite sœur. Je suis le grand-frère et je fais ce que je veux de la tienne. C'est pas ma faute si toi tu fais pas ce que tu veux de la tienne.

Khris se tourna vers elle, ses mains tremblaient car il détestait être méchant avec elle. Le jeune homme commença à se rouler un joint, juste au cas où il aurait besoin de s'échapper rapidement tout en restant dans l'appartement.