Je hais les bouchons, c'est vrai ça, tout ça à cause de pauvres couillons qui ont décidé de sortir de chez eux et d'aller je-ne-sais-où en même temps que moi, c'est pas croyable ça!

Eh oui, Melinie était coincée dans les bouchons depuis une bonne dizaine de minutes. Je pense que toutes ses connaissances ont dû au moins une fois dans leur vie tester les foudres de son impatience et n'aurait pas préféré... La patience est un mot qu'elle a banni depuis longtemps de son vocabulaire. Enfin voilà le topo des dix dernières minutes passés sur la nationale qui mène à Ocean Beach: "F*CK ! TU VAS AVANCER OU PAS ? BORDEL MAIS ILS FONT QUOI LA ?! ILS ACCOUCHENT OU QUOI ?!" Ca résume assez bien les pensées de l'hawaïenne -ainsi que ses cris-, alors vous imaginez bien que quand son téléphone a sonné, elle n'a bien sûr pas décroché, jurant une nouvelle fois contre le monde entier qui s'acharnait sur elle. Comment ça vous ne saviez pas qu'elle était le centre du monde? Bon, ben maintenant c'est fait!

Après cinq bonnes minutes que son téléphone a sonné, le bouchon commença enfin à se dissoudre et la brune poussa un soupir des plus longs et bruyants avant d'appuyer sur l'accélérateur à fond pour arriver à la plage à temps et ainsi ne pas avoir à subir l'un des discours super ultra long et ennuyant de son meilleur ami sur la ponctualité, et le fait que si un jour elle arrive en retard à un examen, elle ne pourra le passer et bla bla bla... Enfin vous voyez le genre. Enfin arrivé sur le parking à côté de la plage après un quart d'heure de route au lieu de cinq pauvres minutes, Melinie sauta hors de la voiture, attrapa son sac et son téléphone portable et se dirigea vers la plage.

Alors qu'elle marchait, elle put remarquer qu'Alex avait essayé de la joindre. Elle appuya sur la touche de rappel après avoir parcouru la plage du regard. Après deux sonneries, elle entendit un "Allo?".

- Babe, c'est Meli. T'es où? Parce qu'à moins que je sois aveugle, je ne te vois pas à l'emplacement habituel...

Alors qu'elle était toujours au téléphone, la jeune hawaïenne souffla longuement suite a la désobligeante remarque de son meilleur ami a l'ordre bout du téléphone qui se foutait sûrement d'elle mais de la même façon a chaque fois, quelque chose d'horriblement enervant qu'elle était loin de supporter bien qu'elle y fut habituée depuis bien longtemps.

- C'est bon t'as fini de me faire ta petite morale là? Tu sais, chou, tu rabâches beaucoup en ce moment. Et ce n'est en aucun cas la faute si je suis en retard, peut-être pour les autres fois, je dis bien peut-être, mais alors là pas du tout. Il y avait un sale embouteillage sur le boulevard, j'étais prise en plein dedans. Demande a qui tu veux, enfin s'ils sont sortis aujourd'hui a cette heure-ci et qu'ils sont passés par là, ils te diront...!

Et alors qu'elle allait commencer une nouvelle tirade de ce type, elle fut interrompu par l'incongrue question de celui qu'elle considérait comme son petit frère qui lui demandait si elle aimait les chouchous. Bêtement et étourdie, elle répondit brièvement que oui en haussant les épaules et en restant un peu sur sa faim. Avant d'entendre le bip de raccrochage, Melinie aperçut non loin d'elle Alex à côté d'un chariot de sucreries apparemment abandonné; un seul lointain regard leur permit de se comprendre et Alex choppa des paquets au hasard sur le chariot avant de se mettre à courir, Mel à sa suite. Le sport n'était pas son fort et la jeune fille fut obligée de gueuler après le garçon pour qu'il ralentisse. Bien sûr elle courait vite, on ne pouvait le nier, mais pas assez pour participer au J.O.; enfin elle réussit à le rattraper -quasiment- à l'autre côté de la plage. Elle put alors remarqué que toutes ses affaires étaient posées là, ainsi elle déposa les siennes en se jetant sur la serviette du jeune homme, le souffle coupée, aquiesçant vaguement quand il s'exclama que tout ça valait bien du pop-corn et des chouchous.

Elle ne s'était pas habillée de la meilleure façon pour sa course poursuite avec le jeune homme mais ne pouvait pas prévoir le futur. Elle n'avait pas prévu non plus le bouchon qui lui avait "valu" cette pénible -pour elle- course à travers la plage, sur le sable chaud et au-dessous du lourd et puissant soleil en ce doux mois d'Avril.