Je ne savais absolument pas quoi faire dans un moment pareil. Je n'osais pas toucher Andrew par peur de faire empirer son état, et le seul truc qui me vint à l'esprit fut de le couvrir avec mon pull pour pas qu'il perde trop de chaleur jusqu'à l'arrivée des secours. C'était... insupportable. Insupportable de voir une personne aussi importante s'en aller et rester totalement impuissant face à ça. Les minutes passèrent les unes après les autres et je fis tout mon possible pour obliger cet imbécile à ne pas s'endormir, bien qu'au bout d'un moment, cela sembla devenir mission impossible car ses paupières ne s'ouvraient plus.

Même si cet instant de ma vie n'a duré qu'une minute environ, ce fut le plus long que j'aie jamais expérimenté. J'avais le sang de ce gars sur les mains, lequel était inerte au sol en ce moment même. Et s'il mourrait? Et si les urgentistes n'arrivaient pas à temps? Et si je le perdais vraiment? On ne méritait pas ça, putain de merde! Qu'est-ce qu'on avait fait pour se retrouver là aujourd'hui à part tenter de construire un truc ensemble?! On n'avait fait de mal à personne... tout allait bien... presque... ça s'arrangeait.

Andrew...

Je sentis tout mon corps trembler comme jamais en posant les yeux sur son visage plongé sans l'ombre, et puis ce fut trop, le coup de grâce. Je m'assis sur place et enfonçais mes dents dans mon avant-bras pour étouffer un hurlement de douleur qui résonna malgré tout dans la ruelle. Il n'y avait rien d'autre à faire qu'attendre et regretter, à présent. Je repliai mes genoux contre moi et y déposai mon front avant de chercher l'une des mains inertes de Danny pour la saisir avec la mienne... puis patienter jusqu'à entendre les sirènes d'une ambulance.

Je ne me souviens plus exactement de tout ce qui s'est passé jusqu'à ce que je me retrouve assit sur ce canapé dans un couloir, avec un policier face à moi qui me demandait des détails sur ce que j'avais vu. J'avais pas envie de lui répondre... et surtout pas envie de dénoncer Andrew concernant ses activités illicites, alors tout ce que je pus donner, c'est un numéro de plaque de voiture. Mon père m'avait apprit à ne jamais laisser passer les détails même dans un état de panique quasi total, et j'avais bien retenu cette leçon. Le seul truc auquel je pouvais penser en ce moment, c'était à mon petit-ami qui perdait du sang en bloc opératoire. Cependant, j'avais furieusement envie de descendre le fils de chienne qui était à l'origine de cet incident avec une balle dans la tête. Bref... une fois que l'agent accepta de me laisser tranquille, je pris quelques minutes pour nettoyer le sang sur mon portable en cherchant à retenir mes larmes, puis composai le numéro de Mary Jude. Il était tard, mais il s'agissait d'une urgence.

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