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robbyn&andrew ✝ the.time.passing. i'll be fine once i'll get it, i'll be good
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| | Mer 12 Jan - 14:32 | |
| Qu'est ce qu'il m'avait pris ? A peine avais-je refermé la porte derrière moi, j'avais su que c'était une mauvais idée. Et pourtant, malgré les bouffés d'angoisse, j'avais réussi à atteindre la rue indiquée sur le bout de papier froissé tellement je l'avais torturé entre mes doigts. J'inspirais profondément et lâchais mon souffle dans l'air. Je fixais l'enseigne, méfiante. Sans faire un pas, je m'allumais une cigarette par réflexe. Depuis combien de temps n'avais-je pas été dehors pour voir quelqu'un ? Probablement trois ans. Je m'étais murée chez moi, sans regrets. C'est assez effrayant, de se retrouver seul avec soi-même. Il y avait toujours de la musique, dans l'appartement, parce que j'avais peur, peur d'entendre la solitude. J'avais un chat, une boule de poils qui se posait sur mon ventre quand je regardais les informations avec mon bol de céréales. C'était pas très pratique mais on s'y fait. Je crois que ce qui faisait le plus de mal, c'était de voir à quel point nous vivions dans un monde triste, ça me donnait envie de pleurer parfois.
Je n'avais rien à faire aujourd'hui et cette carte me narguait sur la table basse. J'avais oublié le prénom de la personne qui me l'avait donné, mais je crois que ce n'était pas très important. Je pris mon gros patapouf de chat et regardait l'adresse, dans le centre. Ma fenêtre me montrait un ciel gris... Va pour le métro. Je déglutis à cette pensée. De la population. J'allais en sous-vêtements sur mon balcon. Je roulais un joint, pour oublier ce qui allais m'attendre et l'allumais, les mains tremblantes. Non pas à cause d'un manque, plus à cause de l'appréhension. Je respirais les dernières bouffées de fumée qui envahissait mon atmosphère avant de rentrer au chaud. J'enfilais un long T-shirt, un collant, un short court histoire d'avoir un truc plus que pour le faire voir et une veste en cuir. Je chaussais mes docs martens complètement déglinguée avec le temps et pris mon sac. Je soupirais. C'était moi qui devait être complétement déchiré pour passer cette porte.
Les gens ont l'air tous pressés, comme s'ils avaient trop de guerre à faire, c'est ce qu'ils disent aux infos. Je ne sais pas lire, alors je reperds mes albums avec leur couverture. Enfin, je sais lire certains mots et puis aussi, les noms de groupes. Quelqu'un me demandait si j'allais bien, comme quoi j'étais pâle, que je ne clignais pas des yeux, comme si on voyait ma maladie de dehors, maintenant, mais non, moi je le sais, que je suis pas normale. Arrêtez de me le dire, me le faire remarquer. Arrêtez. Arrêtez, putain. Je sentais les larmes me venir aux yeux et la même voix, toujours et encore « Mademoiselle ! » Mais je n'en voulais pas de cette voix, si j'entendais trop, alors j'oublierais celle d'Oliver et c'est impossible. Je courrais, pour ne plus l'entendre, le plus vite possible, je n'aurais jamais du sortir, les gens vous font trop remarquer ce que vous savez déjà. Je sens mon cœur battre entre mes tempes et j'ai mal, j'ai mal au cœur, de penser à la même personne tout les jours. Je descendis les escaliers et sautait dans le métro, rassurée, tant la tentation d'aller sur les rails et marcher était tentante. Je sortis quelques arrêts plus tard, titubante. J'avais du mal à rester debout, prise de vertige. Décidément, les endroits publics ne sont pas faits pour les brunes, je crois.
J'en étais donc à ma cigarette. Elle s'écrasa mollement dans le caniveau et je suivais le mégot incandescent jusqu'à le voir s'éteindre, une minute plus tard. J'entrais, faisant carillonner une cloche qui me fit sursauter. C'était pas drôle. Je penchais ma tête sur le côté droit. Observant ce qu'il se passait. Je la remis droit, non pas que j'avais compris un seul truc de ce bordel, mais plus parce que Sophia me disait que j'aurais mal, après. « Oliver, tu peux t'en charger s'il te plait ? » Boum. LE cœur me remontait dans le cerveau, tapant dans ma tête. Ça ne pouvait pas être lui. J'aurais couru encore une fois, pour me faire enlever par monsieur je-te-demande-si-ça-va-et-je-vasi-t'enlever mais j'avais de la guimauve dans tout les membres. J'en avais oublié de respirer mais je m'entrainais à l'apnée dans ma baignoire, quand je n'avais rien à faire. Je fermais les yeux, douloureusement. Quelques secondes plus tard, je du faire face à son regard. C'était encore pire qu'avant, ça déchirait le cœur en deux parce que je savais qu'il n'était plus à moi. Je penchais ma tête sur le côté gauche. Il devait être à quelqu'un d'autre. Peut-être qu'il ne me reconnaissait pas. Il avait l'air d'aller mieux et je me sentis soudainement mal, dans mes vêtements devenus trop grands, avec mes cernes et mes joues creusées. Mes yeux brulaient, j'avais mal de partout et j'étais incapable de prononcer un mot. Incapable de vivre correctement, comme depuis trois ans. |
| | | | Mer 12 Jan - 22:41 | |
| The hours move to minutes The days turn into weeks
Un jour de plus. Ca faisait presque un an maintenant... un an que je lorsque je me réveillais, c'était le plafond d'une chambre que je voyais. Ma chambre. Dans ma maison. Dans ma famille. J'osais appeler la famille Williams ainsi car tous ses membres me considéraient comme leur propre fils malgré que je ne le sois absolument pas, théoriquement. Je ne pourrais jamais les remercier suffisamment pour ce qu'ils faisaient pour moi, pour leur gentillesse... et lorsque j'aurai les moyens de leur rendre tout ce qu'ils m'ont donné, je n'hésiterai pas. J'ai beau savoir qu'ici je suis chez moi, il y a une part de mon cerveau qui continue de refuser cette vérité. Je ne pourrais jamais vivre dans une jolie maison proprette comme celle-ci toute ma vie... entouré, aimé, soutenu... c'était trop étrange. On m'avait casé ici dans l'espoir que je puisse renouer avec la société, mais quel miracle les services sociaux attendaient-ils de moi? Après avoir vécu plus de 10 ans dans la rue, comment imaginaient-ils qu'il pourraient faire de moi un de ces hommes qui mettent tous les jours un costume pour aller travailler au bureau? Comment? Je sais que les Williams n'attendent pas de moi que j'aie un boulot extraordinaire -ce qui ne sera jamais le cas puis-ce que je ne suis jamais allé à l'école et que j'ai appris à lire & écrire récemment- mais je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'ils voudraient surement que j'obtienne la meilleure place possible avec mes capacités actuelles. Parlons-en de mes capacités, tiens! À quoi se résumaient-elles? Pas grand chose... j'avais énormément d'imagination et de potentiel pour tout ce qui était artistique, je courrais très vite et je savais me montrer discret parce que j'étais malin, mais à part ça? Je maîtrisais à peine l'anglais tant qu'on ne me parlait pas dans un language trop évolué. Quand à mon apparence... bah, c'était simplement celle d'un garçon d'approximativement 18 ans, haut sur pattes, tattoué de partout et en tout cas pas compatible pour un tas de métiers qui demandaient une certaine apparence "standard".
Dur la vie. J'ai eu de la chance de rencontrer Andrew dans ce salon de piercing. Ce fut presque comme une révélation pour moi lorsque j'ai fais connaissance avec toute l'équipe qui y travaillait. Chacun avait un style bien particulier, et je ne me sentais absolument pas hs entre les tatoueurs et les perceurs, si bien que j'avais fini par leur demander au bout de quelques temps s'il y avait moyen pour eux de m'engager. La réponse avait été positive presque immédiatement, et c'était bien la première fois que j'avais réellement le sentiment d'avoir accompli quelque chose dont je pouvais être fier. Un jour, j'arriverai à me débrouiller tout seul de manière décente, et ce jour là je laisserai ma famille d'accueil tranquille. Ils avaient déjà assez fait pour moi, et je ne me sentais pas à ma place chez eux... c'était trop "bien". Ou peut-être que je suis juste un peu masochiste.
Une fois réveillé, j'enfilais un jeans, une chemise et un petit gilet par-dessus. Tous ces vêtements flottaient un peu autour de moi, mais je n'y prêtais pas attention. J'avais toujours été longiligne et me faire prendre du poids se révélait être un véritable défi. Il faut dire qu'entre ce que je mange et la quantité de calories que je dépense tous les jours à force de bouger dans tous les sens, on peut se demander comment ça se fait que je sois encore vivant. Moi je dis que c'est dû aux saloperies que j'avale avec les gars du salon de tatouages tous les jours, sans compter les cigarettes. Enfin bref.
Je descendis les escaliers sans passer par la salle de bain pour saluer tous ceux que je croisais, pris un toast ainsi qu'un verre de jus, puis discutais brièvement avec ma mère qui me posa un tas de question sur tout et n'importe quoi. J'étais son informateur principal en ce qui concernait tout ce qui se passait à San francisco, il faut dire. Pourquoi? Parce que chaque nuit, je sortais et faisais le tour de la ville comme on fait le tour de sa maison, vérifiant ce qui avait changé, les personnes qui étaient toujours en vie et celles qui allaient bientôt y rester en raison de la drogue ou de la maladie [d'ailleurs je m'occupe d'un vieux qui va bientôt rendre l'âme]... bref, tout et n'importe quoi, sans oublier les magasins où les soldes avaient commencé. Bah oui... c'est ça d'informer une fille, elles sont toutes pareilles. Notre discussion du matin ne dura pas plus de dix minutes avant que je quitte la maison et me fasse crier dessus parce qu'il fallait que je mette des chaussures (n'aime pas les chaussures), direction le boulot. J'adorais mon travail, au passage, même si on ne me laissais pas faire grand chose pour le moment.
La journée commençait assez fort aujourd'hui. Il y avait eu des livraisons et c'était évidemment à moi de m'en occuper pendant que les autres faisaient leurs trucs dans leur coin (c'est-à-dire souvent pas grand chose), mais bon... c'est ça hein, faut bien profiter de l'apprenti un max pour éviter de faire le sale boulot. Heureusement que j'suis patient. Un peu plus tard, la clochette de la porte d'entrée se fit entendre, et je ne sais pas trop qui me demanda d'aller voir ce que c'était, mais je me contentais de m'exécuter sans poser de questions..
Ce fut un choc. Un réel choc. J'avais à peine eu le temps de poser le regard sur la "cliente" avant de m'imobiliser purement et simplement. Pendant de longues secondes, un silence se laissa entendre dans ma boutique, mais à l'intérieur, je ne m'entendais même plus penser. Qu'est-ce que c'était que cette histoire? Mes yeux s'ouvrirent un peu plus tandis que j'observais la jeune femme devant la porte. Elle était moins grande que dans mes souvenirs, mais ses traits n'avaient pas vraiment changé... c'était un peu la seule personne qu'il m'était impossible d'oublier parmi tous ces visages identiques. Harmony, Harmony, Harmony.
Mes jambes se remirent à avancer toutes seules jusqu'à hauteur de la brunette, et sur le coup, j'oubliais un peu ce que je foutais ici dans le centre de la ville. Il ne faudrait sûrement pas longtemps avant que les gars du magasins viennent voir ce qui se passait, mais bon, d'ici là...
Ma première réaction fut peut-être aussi absurde de logique, mais en fait, j'avais pris l'habitude de ne pas trop communiquer par la parole avec Harmony, car elle-même avait du mal à s'exprimer, et durant l'année passée avec elle, notre language était un peu spécial et majoritairement composé de gestes. Mais ça me convenait, c'était même très bien. Je passai donc un bras derrière les épaules de la demoiselle et posais ma tête sur son épaule un moment sans rien trouver à dire. Faut pas croire... je n'étais pas le genre de personne super douée pour communiquer ses sentiments ou quoi que ce soit... la maladresse et moi on se connaissait bien d'ailleurs.
Après l'avoir relâchée, je ne pus m'empêcher de me poser certaines questions, cependant... ou peut-être qu'elle était vraiment là parce qu'elle était cliente.
" Tu es venue pour un rendez-vous? "
Notez qu'un mec qui vous dit ça en vous fixant avec des étoiles dans les yeux et un air à moitié halluciné sur le visage, c'est bizarre. |
| | | | Jeu 13 Jan - 1:06 | |
| “ This town won't receive all the things that I want, the things that I need. And I'll beg. All I ever wanted was love.
Je crois que ça avait toujours été assez.. particulier avec lui. Surement parce que c'était le seul. Après ça, je n'avais pas eu envie de passer à autre chose, parce que ça avait été trop beau pendant un temps. Je n'avais pas envie de penser à quelqu'un d'autre que lui quand je dessinais des cœurs – moches – sur mes vitres les soirs de pluie. L'un comme l'autre, on été jamais très doués pour parler longtemps, comme peuvent le faire certains couples. Je ne savais même pas si officiellement, nous étions en couple, c'est pour dire. A l'époque, je savais juste que j'étais heureuse et ça suffisait. Je ne me souvenais pas de m'être disputé avec lui, si ce n'est le dernier jour où je l'avais vu. Oh mon Dieu, qu'est-ce qu'il devait penser de moi ? Peut-être que pour lui, j'étais encore la prostituée qu'il avait quitté. Et ça me tuerait. Je m'étais toujours dit que je devais améliorer ma vie, au cas où je le recroiserais, pour qu'il voit que je fais des efforts, qu'il y aurait plus de mec armés jaloux pour le menacer. Que ça pouvait être simple, comme au début. Le truc magique d'Oliver, c'était ce qu'il vous faisait ressentir plein de trucs dans le ventre le matin, quand son premier regard se portait sur vous et que... il souriait. C'était la première personne que je voyais aussi contente de me voir le matin, je crois. Et le seule. Et j'avais envie qu'elle le reste, peu importe le présent et le futur, si je n'avais pas Oliver, je n'aurais rien. Non pas parce que j'étais si possessive ou quoi, s'il ne voulait plus entendre parler de moi, je rêverais encore en pensant à lui, je m'en fiche. Mais je ne voulais personne d'autre, parce qu'au fond, personne ne me comprendrait rien qu'en regardant dans mes yeux. C'est assez... déroutant, de le sentir, mais une fois qu'on y est habitués, tout se passe tellement spirituellement, que toutes les banalités étaient écartées. C'est nous et rien d'autre. Et c'était beau.
Je sentais ces bras m'entourer les épaules, je fermais les yeux. Si j'avais su compter, j'aurais essayé de me souvenir combien de fois il avait fait ce geste. Sa tête se posa contre de moi. J'avais l'impression que ce contact allait me bruler, qu'il fallait que je m'enlève de là, que je m'enfuie avant de vraiment devoir partir. Et pourtant. Pourtant. La chose qui faisait tout changer, c'était Oliver. C'était lui, alors c'était différent. La vie était différente. Comme s'il ouvrait les portes que je me fermais moi-même, parfois. Il m'avait donné un peu d'espoir et ce mec été venu tout reprendre sans me demander mon avis. J'aurais aimé avoir le choix. Avoir de la force, physique comme mentale, prendre le pistolet et crier de dégager, lui prendre la main et nous faire aller sur la côte est. N'importe où mais recommencer, dire à tout le monde qu'on était jeunes mariés, me mettre à parler comme j'aurais pu le faire si je n'avais pas la phobie de l'autre. C'était ça la différence, je n'avais jamais eu peur, avec lui. Mais depuis son départ, cela n'arrêtai pas. Je ne vivais plus. C'était devenu plus dur que tout que ce que j'aurais penser. Parfois, je me dis qu'on devrait vous prévenir, juste avant que vous sortiez du ventre de votre mère. « Attention, ce sera pas de toute repos. » J'aurais réfléchi à deux fois avant de sortir, je peux l'assurer.
Instinctivement, comme si le temps n'avait pas tout effacé de ce qu'on avait, tellement c'était écrit fort, je posais mes lèvres dans ses cheveux, respirant son odeur familière et unique. Vous savez, souvent, on vous dit que quand vous perdez quelque chose, vous mesurez son importance. J'y crois pas. Lorsque j'ai perdu Oliver, que j'ai compris qu'il ne se cacherait plus derrière la porte pour me faire peur, j'ai rien compris. Peut-être parce que je suis pas normale. Mais aujourd'hui, je comprenais. Je comprenais à quel point ça faisait du bien de le retrouver. Ça remplissait l'énorme trou que j'avais creusé dans ma poitrine jour après jour.
J'ouvrais les yeux en le sentant se détacher. Il me posait une question, je le regardais longuement, pour bien comprendre tout les mots. Puis tous ensemble. Je regardais mes pieds. Et je souris faiblement, je savais la réponse. Incapable d'articulé un mot, je fourrais ma main dans ma poche avant de la ressortir, tenant le bout de papier froissé entre mes doigts. Je le dépliais. Je savais qu'il y avait un prénom derrière. C'était pour ça que j'étais venue. Mon sourire me faisait mal, tant je l'avais peu utilisé ces dernières années. Je pris le poignet d'Oliver, tentant d'oublier la sensation désagrément agréable que cela me faisait. Je mis le billet dans sa main et le retourna. « Andrew. » Je me souvenais. Bon, il fallait que je m'explique. Je déglutissais. Cela faisait presque deux ans que je ne disais que « bonjour » le matin, au gérant et encore. Je soufflais. Il savait que j'avais du mal. Mais entendre sa voix m'avait donné confiance. Un peu comme les petits suisses qui vous collent la vitamine D sur les os, ça nous donnait l'impression d'être fort, au moins pour quelques temps. Je pris tout ce que j'avais en moi, pas grand chose donc, et m'élançais. Ma voix était un peu cassée car inutilisée, mais j'espérais juste qu'il ne le remarquerait pas. De l'autre côté, je voulais qu'il voit que j'allais pas terrible sans lui et qu'il revienne. C'était égoïste. Si ça se trouve, il avait trouvé quelqu'un. J'avais le cœur et la voix cassés en deux lorsque je finis par m'exprimer à la fin d'un silence d'adaptation. Il savait que j'en avais besoin. Il me connaissait. Je désignais le prénom de mon doigt.
« Venir... Boutique de disques. » Je mis la main sur ma poitrine, sans que cela calme quoi que ce soit mais je devais me désigner. « Travailler. » Je désignais ses bras pour parler des tatouages. « J'étais curieuse. De voir comment. » Je ne continuais pas et respirais un bon coup. J'étais incapable de plus. Et c'était plus que mes paroles de tout le mois précédent, cumulés. |
| | | | Jeu 13 Jan - 23:13 | |
| The hours move to minutes The days turn into weeks
Les premières fois que j’avais vu Harmony, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer qu’elle avait des lacunes pour communiquer. Non, pas seulement avec la parole… il y avait pas mal de choses qui bloquaient chez elle, mais entre nous… on avait tous des problèmes à un endroit ou à un autre et je ne l’ai jamais réellement jugée. Je crois que j’ai accepté sa différence assez rapidement car contrairement à tous les autres, elle était simple. Simple et reposante. On n’avait pas besoin de beaucoup se parler pour se comprendre, on n’avait pas besoin de faire d’énormes efforts pour se respecter, et je me suis toujours senti privilégier de connaître une personne aussi gentille qu’elle. À l’époque, j’ai appris qu’elle se prostituait pour gagner sa vie, et même si ça me dérangeait dans un certain sens, je n’ai jamais rien dit parce que je savais que c’était « nous deux et personne d’autre » dans sa tête. C’est bizarre… je ne sais pas comment ça se fait que j’arrivais à déchiffrer avec autant de facilité ses pensées. Si je ne me trompe pas, je dirais que j’ai commencé à la comprendre le jour où j’ai pris conscience que ce qu’elle avait à l’intérieur d’elle-même fonctionnait comme chez n’importe qui, mais que le seul problème résidait dans la communication. Elle n’a jamais été stupide, la preuve… j’ai toujours considéré que c’est elle qui s’occupait de moi… et aujourd’hui je lui dois beaucoup. Harmony avait été la seule personne à me donner de l’affection après 10 ans de solitude, alors je lui en ai rendu en quantité égale. C’était tellement bien cette époque. Quand j’y repense… j’ai l’impression d’avoir vécu dans une sorte d’espace-temps parallèle à celui du reste de la population, et même si ça ne fait que trois ans que c’est terminé, j’ai l’impression que beaucoup plus de temps à passé depuis. Bon sang, les mois qui avaient suivi notre séparation avait été insupportables, surtout lorsque j’ai fais la connaissance de madame dépression et que je me suis laissé aller. La sale période n’avait duré que de mars à juillet avant que je me reprenne, mais les conséquences avaient été terribles. C’est très différent de déprimer lorsqu’on a une famille et des parents qui peuvent s’occuper de nous que lorsqu’on est un gosse de seize ans à la rue. Pourquoi ? Parce que c’est mortel dans le deuxième des cas. Je me souviens m’être réveillé dans des endroits improbables certains soirs après avoir fait un malaise dû au manque de nourriture ou à telle ou telle maladie qui ajoutée à l’épuisement rendait tout plus compliqué… mais il est pas là le problème. C’est que quand j’ai commencé à me reprendre en main mentalement, mon corps ne suivait pas trop. J’ressemblais à rien y’a deux ans… c’était vraiment pitoyable. Je ne veux plus jamais revivre ça.
J’attendis patiemment qu’Harmony assimile la question que je lui posais et suivis de mon mieux ses explications avant de hocher la tête pour signifier que j’avais compris. Je n’ai jamais pensé que j’aurais un jour la chance de la revoir et d’entendre sa petite voix complétée par des gestes qui articulaient ses « phrases », mais cela me fis énormément plaisir.
Mes yeux se posèrent sur le bout de papier chiffonné où Andrew avait écrit son prénom, puis je jetais un coup d’œil par-dessus mon épaule en hésitant à l’appeler tout de suite. Finalement, mon attention se reposa sur la jeune femme devant moi et nous restâmes immobiles pendant une bonne dizaine de secondes sans rien dire. Enfin… c’était un grand mot puis-ce que j’étais un peu perdu dans ses yeux clairs. J’avais énormément de questions à lui poser, je voulais savoir où elle en était aujourd’hui, où elle vivait, ce qu’elle faisait… mais dans aucun cas, la probabilité qu’elle ait pu me remplacer d’une manière ou d’une autre me vint à l’esprit. Dans ma tête tout du moins, je n’avais jamais vraiment cessé de penser à elle-même en me forçant. Aujourd’hui, tout le monde me prenait pour un gamin parce que j’étais jeune et que je trainais avec des gens plus âgés que moi. Forcément, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de faire des rencontres « intéressantes » sur le plan émotionnel. Ou peut-être que si ? J’en sais rien… si c’est le cas, alors j’avais tout simplement ignoré les personnes qui avaient tenté de se rapprocher de moi autrement que de façon amicale. Ça ne m’était jamais venu à l’esprit… et puis je ne suis pas ce genre de gars qui aime s’amuser avec les filles en en changeant comme on change d’humeur. Il faut dire que mes priorités sont ailleurs… je veux déjà être certain de m’en sortir dans la vie avant de penser à ce genre de choses. De toute façon… dans ma tête, je crois que ça a toujours été « si c’est pas elle, c’est personne ». Ouais… bon… je suis différent.
« Viens, restes pas là, y’a des chaises… je… j’vais chercher Andrew »
Je me retournais et fis quelques pas vers le fond du local avant de m’arrêter au beau milieu pour remettre mes cheveux en place un peu nerveusement et refaire face à Harmony lentement. Mes mots devinrent moins rapides pour être assimilés plus vites, mais aussi parce que ça me gênais légèrement.
« Et après… tu veux bien que… »
Une voix m’interrompit sans que je m’y attende vraiment, et je fus presque surpris de voir Andrew débarquer dans la salle alors qu’il y était depuis ce matin. Cette rencontre m’avait un peu déstabilisé, mais je ne pus m’empêcher de sourire. Parce que j’étais content et que je ne cachais pas ce genre de sentiments. Là encore, c’était Harmony qui m’avais appris à sourire.
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| | | | Sam 15 Jan - 21:23 | |
| “ Where were you? When everything was falling apart. All my days were spent by the telephone. It never rang And all I needed was a call. It never cameÇa avait.. toujours fait quelque chose, de regarder Oliver dans les yeux. Différent. Mieux ou pire, je ne savais pas trop. Je sentais toujours.. qu'il savait. Qu'il avait compris que si je ne parlais pas, ce n'était tant pas parce que je ne voulais pas. Mais c'était lui, c'était lui qui m'avait poussé à plus regarder la télé pour apprendre à dire plus de choses, des films, savoir de nouveaux mots et les ressortir, dans des phrases, certes totalement inappropriées mais tout de même. Je savais que je pouvais être assez.. insupportable, dans ma manière d'être, surtout parce qu'il fallait tout deviner. Savoir lire dans mon regard que lorsque je tirais sur sa chemise, parfois, c'était juste que j'avais envie de l'embrasser ou d'autres, juste que j'avais faim. Et il y arrivait. Il n'avait pas cherché à me demander pourquoi, si ce n'était pas trop dur ou d'autre trucs que je trouvais, entre nous, assez embarrassant. J'apprenais de lui tout les jours. Et c'était merveilleux, parce que ça avait continué, même quand il était parti. Chaque matin, certains se demandent.. Qu'est-ce que Jésus aurait fait ? Moi, je me demande ce qu'Oliver aurait fait. J'avais une mémoire énorme, ne pouvant pas écrire les nouveaux mots. Alors je trouvais toujours un coin de ma tête pour les écrire, d'une manière abstraite. Quand il avait du partir, j'avais tout mes repères qui s'étaient cassés la gueule d'une manière lamentable. Je ne savais plus quoi faire. Le lit semblait trop froid pour dormir dedans, l'appartement trop grand, le cœur trop vide. Je ne savais pas vraiment si je pouvais dire que j'étais amoureuse d'Oliver, si je le suis toujours et toutes ces merdes, parce qu'au fond, on nous explique pas ce que c'est. Ils sont bien jolis toutes ces personnes qui disent que le cœur bat vite et tout.. Mais quand il bat plus du tout, ça fait quoi ? C'est toujours de l'amour ? Alors j'avais repris des mauvaises fréquentations, et un jour que je trainais après une nuit blanche, j'étais passé devant ce magasin de disques. Les seuls trucs que je savais lire et écrire, c'était des noms de vieux groupes, à force de les voir sur les clips d'MTV, alors je prenais une feuille et un stylo, et j'essayais de faire un truc ressemblant, comme si je dessinais. C'était des formes bizarres et quelqu'un, un jour, m'a dit que c'était des lettres, comme celles qui formaient mon prénom. Un truc inutile, quoi. J'avais attendu, parce que je voyais que l'église du clocher était encore basse comparé aux chiffres sur l'ouverture. Je crois même que je m'étais endormie, un instant. Mais là n'était pas la question. Je n'avais jamais autant parlé depuis qu'Oliver était partir, je me forçais à répondre à tout, même au plus dur. J'avais tellement appris avec la musique, comme un long murmure qui dit « tu n'est pas seule à ressentir ça. » et j'avais finalement eu le poste, me sociabilisant un peu. Il avait l'air d'avoir tellement.. grandi. Dans sa tête. Et je me sentais laissée sur place, ça faisait mal. J'avais toujours imaginé ce moment, toutes les nuits je crois, et jamais je n'avais imaginé une situation aussi.. improbable.
Il avait toujours été patient avec moi. J'avais tellement à lui dire. Et tellement peur. Que ce ne soit plus « mon » Oliver, que celui qui m'avait fait craqué avait été brisé par la rue. Mais il était plus fort que ça. Est-ce que je pouvais dire que je le connaissais encore ? J'avais tellement eu mal que même en voyant d'autre gens, c'était toujours les mêmes raisons. Il est bien, mais ce n'est pas lui. Et je n'en voulais pas, je n'avais jamais voulu. Surement parce que je n'étais pas remise de ce qu'il s'était passé, surement parce que rien ne me faisait sentir aussi bien que lui. J'avais des tas de raisons, mais je les gardais, enfouies, pour qu'elles restent uniques. C'est le genre de relation qui vous fait grandir, chose assez dure lorsque vous n'avez pas de personnes sur qui prendre exemple. J'étais seule et il était arrivé. Je n'avais pas de « remplaçant » tout simplement parce que tout paraissait fade à côté de lui.
Il y avait un truc dont je me souvenais et que j'avais trouvé extra. Les couleurs des bras du mec qui était venu. Après avoir penché la tête pour attendre la fin de la question d'Oli, j'avais aperçu celui qui m'avait dit de passé. Bien que je mourrais d'envie de demander la suite de la phrase, je rangeais ça dans un coin de ma tête, jugeant que ce n'était pas le bon moment. Je m'étais lentement approchée, de tout juste deux pas, mais j'en avais terriblement envie. Tout me manquait. Je restais fixée sur les tatouages du – je crois – supérieur d'Oliver qui sourit à sa vue. Est-ce qu'il était content de voir que quelqu'un l'extirpait de la situation ? Ou c'était moi ? Je ne comprenais plus rien. Je fis un léger sourire aussi, avant de baisser la tête vers mes chaussures. Je n'aimais pas vraiment ça, ne pas être en contact direct avec ce sur quoi je marchais. On perdait l'osmose avec la nature. Bref. Je mordis mon pouce, tentant de me rappeler ce que je faisais là. Jamais, pendant ces années, je n'avais été en contact avec d'autres personnes que mon patron, des clients éphémères, mon dealer et mon chat. Alors là, deux 'nouvelles' têtes d'un coup, ça me faisait presque peur. Même si quelqu'un qui a le corps aussi joliment dessiné, ça peut pas être méchant, si ? |
| | | | Mar 18 Jan - 22:21 | |
| Robbyn & Harmony « i didn't tought you knew her man! »Andrew travaillait aujourd’hui et il avait pas mal de clients de prévus dans la journée ce qui le rendait heureux. Lorsqu’il n’y en avait pas trop, il trouvait le temps long et n’avait pas grand-chose à faire d’autre que de parler avec Oliver de tout et de rien. Enfin, une chance qu’il était là celui-là, du coup, le temps passait bien plus vite. En plus, s’il continuait à apprendre si vite, il serait bientôt un perceur à temps plein plutôt qu’un apprenti qui nous apporte les trucs qu’on est trop lâche d’aller chercher nous-mêmes. Vous voyez le genre? Il est un bon la petite bonne à tout faire et ici, tout le monde l’adore. Enfin, l’autre jour Andrew était allé dans un magasin de disque où il avait rencontré une jeune fille, Harmony. Elle était vraiment gentille cette fille, enfin, du peu qu’il avait pu en voir. Elle ne parlait que très peu, résumant ses phrases à des mots entrecoupés, mais c’était tout de même possible de la comprendre. Elle avait été fascinée par ses tatouages et Andy avait eu tout de suite l’idée de lui donner la carte du Tatou shop! Avec un peu de chance elle passerait et ils pourraient discuter.
Alors donc, Andrew était dans le backstore avec Oliver lorsque la clochette de l’entrée retentit. Il envoya le jeune homme répondre aux clients et continua de parler avec les mecs derrière. Au bout d’un moment, il commença à se demander si Oli ne s’était pas perdu en chemin. Il prenait un temps fou! Avait-il rencontré son âme-sœur et il lui faisait la cour ou alors il s’était fait kidnapper. Merde! Il se leva, s’excusant aux mecs présents et revint dans le magasin où il croisa Oliver qui s’en venait vers lui. Il rigola et lui frotta le dessus de la tête amicalement avant de regarder qui était là. Oh! Mais c’était la fille de l’autre jour! Il alla vers elle et lui serra la main chaleureusement en souriant à pleines dents. Elle tombait pile, ils n’étaient pas occupés et le patron était là en plus. Pourquoi le patron me direz-vous? Parce qu’en fait, Andrew comptait bien lui offrir un poste parmi eux!
Andrew « Harmony! J’suis content que tu sois là, j’avais justement…. »
Il s’arrêta en plein dans sa phrase et se retourna dans une lenteur posée vers Oliver, le dévisageant.
Andrew « Rob… Tu connais Harmony? »
Il arqua un sourcil. Voilà, tout s’éclairait. C’est pour ça qu’il avait mit du temps à revenir. Avec un sourire en coin qui trahissait bien trop la joie qu’il tentait de camoufler, Andy fit un clin d’œil à Oliver et se retourna de nouveau vers Harmony.
Andrew « Vous vous connaissez tous les deux dit moi? »
Il espérait seulement qu’il ne la mettrait pas dans l’embarra en lui posant la question. Elle était plutôt du genre discret cette fille. Enfin, discret n’était même pas le mot, elle était plus que ça. Elle était pratiquement muette et paraissait un peu dans un autre monde. Mais malgré tout ça, elle semblait une très, très bonne personne et, si les idées qu’Andrew se faisait étaient vraies alors ce serait vraiment très bien! Il étouffa un fou rire et sourit largement en mettant les mains derrière sa tête en se penchant vers l’arrière comme s’il était couché sur un lit.
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| | | | Mar 25 Jan - 23:04 | |
| Je ne sais pas vraiment si Andrew tombait au bon moment ou pas, mais en sentant sa main je m’arrêtais immédiatement et tournais la tête vers lui en me mordant la joue de l’intérieur. Je n’ajoutais rien et le laissais aller à la rencontre d’Harmony en enfonçant simplement les mains au fond de mes poches… enfin, « simplement » était un grand mot puis-ce que mon regard suivi la silhouette de mon ami et se prolongea jusqu’au visage de la jeune femme qui attendait face à lui. J’avais cette impression que le pauvre faisait juste office de figurant en ce moment, parce pour être sincère, j’ai compté au maximum 5 secondes durant lesquelles la jolie brune avait l’attention dirigée sur la personne qui lui parlait. Le reste du temps, c’était un contact visuel entre nous deux par-dessus l’épaule d’Andrew qui le monopolisait. Je ne comprenais pas pourquoi Harmony n’avait pas réussi à me parler tout à l’heure, c’était étrange… cette surprise m’amenait à me poser tout un tas de questions à son sujet. Qu’est-ce qui lui était arrivé depuis que j’étais plus là ? On l’avait maltraitée ou quelque chose du genre ? Pas besoin de me rappeler à quel point San Francisco est une ville dangereuse, je suis l’un des premiers à être au courant.
Andrew « Tu connais Harmony? »
J’hochais distraitement la tête en entendant la question qu’on me posait, puis attendis la suite. Le comportement de mon ami me fit cependant sourire parce que monsieur avait l’air tout content d’assister à cette réunion. J’ai toujours dit qu’il se prenait pour mon père, mais ça ne m’a jamais dérangé ->[]. Andrew s’était donc adressé à la « nouvelle » pour lui poser la même question qu’à moi, et instinctivement, je sentis qu’il n’obtiendrait pas de réponse de sa part. À vrai dire, elle avait déjà l’air suffisamment intimidée comme ça. Bah, pas difficile de l’être devant la gueule de Danny, en fait. Entre ses tatouages, sa coupe de cheveux et son air un peu camé, moi j’me méfierai si je le connaissais pas, malgré le fait que c’est pas le type le plus baraqué de la planète. Enfin bon… une fois qu’on l’a entendu une fois, ça devient clair que c’est un mec super amical en fait. J’observais Harmony quelques instants avant d’intervenir pour l’aider.
« On s’est rencontré y’a quelques années... Comment ça ce fait qu’elle te connait, Danny, tu l’as draguée en lui racontant l’histoire de tes tatouages dans un bar ou quoi ? »
Je penchais la tête sur le côté en riant et resserrais mon bandana avant de m’avancer jusqu’à côté de la jeune femme tout naturellement. J’avais pas bien pigé pourquoi elle était là en fait. Elle voulait faire comme moi au début et squatter pour regarder comment les gens travaillaient?
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| | | | Mer 26 Jan - 15:09 | |
| Je regardais donc Andrew arriver. Le mec de la boutique. Mais je me sentais observer et oui, derrière l'épaule de ce mec, Robbyn me regardait. Et vous savez, une fois que l'on a chopé son regard, on a du mal à s'en détacher. Comme si ça vous transportait ailleurs. Dans ma vie, c'était une période d'avant-après. Se faire menacer avec une arme et voir quelqu'un qui compte pour vous s'en aller du jour au lendemain, ça vous fait mal. Alors j'avais tellement retenu tout ce que j'aurais pu crier dans ma gorge que... plus rien ne sortait. Je n'avais plus envie de parler. C'était tellement inutile. Si je m'ennuyais, j'avais mon chat. A l'entente de mon prénom, je jouais avec ma gourmette, instinctivement. La seule chose qui me prouvait ma pseudo identité, c'était ça. Bien sur, j'étais passée à l'orphelinat pour récupérer mon dossier. Je me souviens même qu'à six ans, on m'avait demandé ce que j'aimerais comme deuxième prénom, ayant été retrouvé lorsque j'avais moins d'une semaine. Il pleuvait, Sophia m'avait dit. Je crois que c'est pour ça que j'aime autant prendre des douches.
J'observais la scène. J'avais souvent cette impression, d'être spectatrice de ma propre vie, un peu comme si je ne vivais pas. C'était assez étrange mais je savais pourquoi cela me donnait cette sensation. Un lieu inconnu J'étais totalement perdue. J'étais habituée à mon appartement et à ceux de l'immeuble, le rez-de-chaussé principalement squatté par un mac et un dealeur. Non, je n'étais pas dans un quartier très dangereux, les clients étaient soient des drogués, soit des hommes que leurs femmes ne voulaient plus touchés. J'étais un peu une habituée des mecs plus vieux, parce que je n'avais pas la logique de penser des trucs du genre « Merde, je pourrais être sa fille. ». J'avais assez de chance, étant considérée comme muette depuis trois ans, je n'avais pas ces boulets qui payaient pour parler, c'était le genre de trucs qui me faisaient chier. Je me prostitue pas pour parler. Je fais ce que j'aime, c'est ça qui rebute un peu les gens, c'est que n'ayant pas de notion d'estime de soi ou de honte, faire des boulots qualifiés de sales. Techniquement, la prostitution, c'est vous payer pour faire un truc totalement humain. Tant que je tombe pas enceinte, je m'en fous royalement. J'étais rarement en contact avec les filles « du milieu » parce qu'étant la moins chiante, j'avais plus de monde à ma porte. Et ça, ça les faisait chier. Alors je trainais avec les mecs. Contrairement à ce que l'on pense, il y a pas que les femmes qui font le trottoir. Même si ce une je faisais ressemblait plus à une maison close qu'autre chose. Mais j'adorais ça. C'était comme ça que j'avais rencontré Robbyn. Mais quelque chose me dit que j'allais faire impasse sur les circonstance de notre rencontre à Andrew. Je me décidais de me faire violence alors que mon « ex » se plaçai près de moi. J'inspirais un grand coup, discrètement. Je pouvais le faire.
« Il.. est venu à la boutique de disques où je travaille. »
Je m'arrêtais là. Ça suffisait. Le reste était des futilités. Des paroles embarrassantes qui n'avaient pas lieu d'être. J'observais les bras d'Andrew. Vraiment, ça ressemblait à un trip au LSD, avec les couleurs et tout. Et savoir faire ça... T'étais limite un Dieu.
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| | | | Mer 26 Jan - 20:23 | |
| Robbyn & Harmony « be nice to her »Andrew regardait la scène comme un enfant enjoué devant une surprise imminente. Il avait bien l’impression que ces deux là se connaissaient depuis pas mal longtemps à voir la façon dont ils se regardaient et tout. Seulement, il ne pouvait imaginer l’histoire qui les liait réellement. Il n’en savait rien et n’en saurait probablement jamais rien non plus. Souriant donc comme un père devant son fils et sa nouvelle petite amie, il regarda Harmony dans l’attente d’une réponse quelconque. Elle ne semblait pas près de parler. Faut dire, elle n’avait pas l’habitude d’être un perroquet d’après ce qu’il avait vu au magasin de disque. C’est donc Robbyn qui prit la parole et Andy se retourna de nouveau vers lui.
Robbyn « On s’est rencontré y’a quelques années... Comment ça ce fait qu’elle te connait, Danny, tu l’as draguée en lui racontant l’histoire de tes tatouages dans un bar ou quoi ? »
Andrew éclata de rire. Genre qu’il l’avait dragué en parlant de ses tatouages. Trop drôle. D’ailleurs, il n’y avait jamais réellement pensé. À essayer? Non. C’était un peu, pathétique et vantard. Ce n’était donc pas réellement lui. Seulement, il marquait un tout petit point, c’était effectivement à cause de ses tatouages qu’il connaissait Harmony. Elle l’avait questionné à ce propos et, s’il marquait un point, elle était ici pour le travail qu’il lui avait offert! Il sourit, mais n’eut pas le temps de répondre, se faisant devancer par la belle. Chose surprenante soit dite en passant.
Harmony « Il... est venu à la boutique de disques où je travaille. »
Elle semblait mal à l’aise d’avoir parlé. Bon, il devrait peut-être penser à les laisser seuls un peu. Ils avaient l’air plutôt occupés lorsqu’il était débarqué et selon ce que Robbyn venait de lui dire, c’était plus ou moins des retrouvailles, n’est-ce pas? Il sourit et fit un signe positif de la tête à Rob pour confirmer les dire de mademoiselle puis s’avança vers celle-ci et lui serra la main.
Andrew « J’suis content que tu sois venu! Si le poste t’intéresse, regarde avec Robbyn, il me racontera tout plus tard. »
Il sourit et se retourna, s’arrêtant au niveau de Robbyn pour lui mettre une main sur l’épaule l’air de dire; courage mec. Les retrouvailles avec des filles n’étaient pas toujours faciles à vivre. Enfin, si c’était son ex –supposons- alors ce serait encore pire. Il lui fit un clin d’œil complice et retourna dans l’arrière boutique où il recommença à parler avec les autres employés après leur avoir dit que Rob s’en occupait.
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| | | | Jeu 27 Jan - 18:45 | |
| Je souris douloureusement, accepta lentement sa poignée de main, pas rassurée.Et voilà. Seul à seule. J'entendais les pas d'Andrew s'éloigner au fur et à mesure, bien que mon regard ne lâche pas celui de Robbyn. Ce n'était pas compliqué de savoir ce qu'il faisait ici, mais ça me donnait juste envie de prendre mes jambes à mon cou. Je ne savais plus comment réagir, un peu comme si on disait à une boussole qu'il existe deux nord. Impossible, dans la nature, mais on vous le répète, alors vous le croyez et la boussole est perdue. Elle perd le nord, quoi. Je savais très bien qu'il travaillait là. Pourtant, est-ce qu'il avait arrêté son autre travail ? J'avais des tonnes de questions. Sans réponses. Tout simplement parce que je ne les posais pas. Je sorti mon paquet de camel de ma poche et regardait Robbyn, lui faisait comprendre que j'allais à l'extérieur. Le bruit de la porte m'aida à cacher un soupir. Je m'assis sur le trottoir, devant l'entrée. Je sentais quelqu'un derrière moi. Et comment ne pas le reconnaître ? J'appuyais ma tête contre ses genoux et soufflait la fumée vers son visage. Avec toutes les cendres, je jetais quelque mot, avant de penser à leur impact, avant de penser que les mots faisaient atrocement mal. Plus que les coups. Avant de penser que, comme d'habitude, j'aurais du me taire.
« T'as arrêté ? »
Il savait ce que je voulais dire. L'autre travail. Celui que les gens n'aiment pas entendre. Celui que les gens répugnent. Celui que les gens comme nous prennent plaisir à faire. Ceux qui se savent condamnés, ceux qui avaient raté leurs vies avant de naitre, ce métier est pour eux. Besoin de rien si ce n'est d'une enveloppe charnelle. Parfois, je me sentais comme une poupée de chiffon, vide, qu'on prend et qu'on jette. Sauf que la poupée en redemande. Je ferais ce que je veux à en crever, tant que je ne dois pas parler. Les gens veulent nous dicter la bonne conduite. Alors je serais mauvaise, sans le montrer, juste.. que moi, moi, je sache que j'ai toujours fait ce que je voulais et que l'éducation pouvait aller se faire foutre. De toute manière, j'en ai pas eu. Je pris une longue bouffée de tabac, avant de jeter la cigarette dans le caniveau. Elle était finie. J'avais pris l'habitude de fumer en trois taf, souvent parce que j'étais extrêmement nerveuse, dans l'inconnu et que je voulais juste que le tabac me monte à la tête. Bien sur, si les policiers m'arrêtaient, je serais censée avoir des problèmes. Mais la prochaine fois, passez sous le bureau. Moi, ça arrange tout.
Je me relevais et lui fis face, je restais devant lui pendant une dizaine de secondes, à le fixer, comme pour le mémoriser. Lui. J'aurais pu exploser et lui dire.. Lui demander s'il a pensé à moi, s'il a vu quelqu'un d'autre, s'il a refait sa vie, s'il s'en sort, s'il m'aimait, s'il m'aime, s'il est heureux, s'il ne veut plus me voir, s'il veut bien m'expliquer comme marche ces foutus machins, bien que je n'en ai pas besoin, s'il a eu envie de revenir, s'il a eu mal dans sa vie, s'il va bien, s'il a mangé ce matin, si l'herbe est bleue et le ciel vert, est-ce que c'est grave ? A la place, je murmurais un faible « Bon... Tu me montres ton bordel ? » J'avais toujours utilisé ce mot là, quand je ne savais pas vraiment le nom de la chose dont je parlais. Dis, Robbyn, est-ce que tu remarques à quel point j'y suis pas arrivé sans toi ?
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| | | | Sam 29 Jan - 13:08 | |
| Je souris brièvement à Andrew qui repartait à l’arrière-boutique, et après ça, Harmony ne tarda pas à me faire comprendre qu’elle sortait fumer. Être entre deux feux, c’était un peu l’impression que j’avais, mais je m’en foutais parce que ma joie de revoir la jeune femme qui m’a permit de grandir intérieurement prenait le dessus sur les inquiétudes. Celle qu’elle soit au fond, celle qu’elle ait trouvé un mec qui ne lui convient pas, celle qu’on la menaçait. J’avais passé des mois à me poser des questions à son sujet et il m’était arrivé de m’arrêter devant l’immeuble où elle vivait, de fixer le minuscule balcon du salon depuis la rue pendant de longues minutes dans l’espoir stupide de la voir sortir pour fumer une cigarette en regardant dans le vide comme elle le faisait souvent. Mais je ne l’ai jamais aperçue. Je savais même pas si elle avait déménagé, mais ce fut ma conclusion finale puis-ce que j’ai abandonné. « T’as arrêté ? ». Un passant aurait cru avoir intercepté deux drogués en nous voyant, mais ce n’était pas tout à fait faux. J’avais plongé mes mains dans les poches et observais le commerce en face de la rue alors que des réponses à la question d’Harmony me filaient à travers le cerveau.
« J’ai changé de classe… »
Ca n’a jamais été difficile pour nous deux. Entre nymphomanes, on s’était bien trouvé… et j’avais envie d’ajouter beaucoup de choses pour lui raconter ce qui s’était passé durant ces trois ans. Tu sais, princesse… j’ai perdu l’envie, j’ai perdu les sensations, tout est devenu fade face aux corps de ces gens car je savais que je ne te reverrais pas une fois rentré à la maison. Alors j’ai commencé à simuler tous les jours un peu plus jusqu’à en oublier quelle était ma réalité. Divine comédie…
Aujourd’hui mes clients ne sont plus des gens que je rencontre dans la rue pour une nuit à cent balles, mais plutôt des hommes et femmes en manque de tout qui m’ont vu grandir durant de longs mois. Ils ont vu mon corps s’allonger, mes traits s’affirmer, mais pas ma bonne volonté diminuer. Je n’ai jamais voulu quitter ce monde parce que j’accorde trop d’importance à la vie, mais parfois… j’y ai pensé. Les cadeaux que les gens me font et les billets d’avion qu’ils m’envoient pour les rejoindre dans certaines villes des US pour faire l’animal de compagnie ne m’ont jamais apporté plus que de l’argent, mais c’est tout ce que je leur demandais. C’est un business sans implication sentimentale… et de toute façon, même en essayant, je n’arrivais pas à y mettre du mien. Pourquoi ? Parce qu’elle n’était pas là. Parce qu’en partant de son appartement, j’y avais laissé bien plus qu’un paquet de cigarettes.
Harmony se leva finalement, et son visage proche du mien finit par me mettre mal à l’aise. Je m’agitais un peu en basculant mon poids d’une jambe sur l’autre, puis ouvris la porte du shop pour la faire entrer avant de lui expliquer rapidement comment on fonctionnait au niveau de la répartition des rôles. Andrew et moi avions débuté ici en même temps, et le boss nous aimait bien vu qu’on était un peu « ses deux gamins ». C’est lui qui nous avait formé personnellement, et je dois dire que je me sentais bien ici. Avec le temps, on m’avait même donné la direction des autres tatoueurs, ce qui était un peu la seule et unique réussite professionnelle à laquelle j’avais eu droit en dehors du fait d’être passé prostitué de luxe. Bref…
Je m’étais arrêté dans une pièce avec une table spéciale au centre sur laquelle je m’assis. Dans un premier temps, je jouais nerveusement avec un pan du foulard qui me retenait les cheveux, puis relevais mes yeux clairs sur Harmony. La subtilité, je connaissais, mais le rentre-dedans aussi, et actuellement, la jeune femme avait soulevé beaucoup de questions en moi. Ici, personne ne nous dérangerait.
« Qu’est-ce que tu as fais jusqu’à maintenant? Je pensais qu’il t’avait fait mal… est-ce que ça va ? Tu habites où ? Pourquoi tu parles plus ? Pourquoi je t’ai plus revue aux endroits habituels ? T… »
Je pris une grande inspiration et détournais la tête pour ne pas m’emporter plus que ça.
« C’était difficile… »
Ouais, et c'est toujours difficile de pas être aimé pour autre chose que ce que mon prix représente. Avant je m'en foutais, mais depuis Noël j'ai commencé à en gerber certains soirs.
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| | | | Lun 31 Jan - 1:45 | |
| 'changé de classe.' Comme on ne pouvait pas faire pire, il était devenu un produit de luxe. Je faisais pas vraiment ça pour l'argent, c'était plus un passe temps assez plaisant. On avait jamais eu de problèmes du temps où on était ensemble c'était.. nous. C'était différent d'aller voir des inconnus, jamais les mêmes, chaque nuit. C'est plus qu'une simple nuit, c'était pas du travail, c'était du plaisir. C'était autre chose. Et depuis. Depuis ? Depuis, c'était triste de rentrer à l'appartement rempli de souvenir, et le trouver vide. Vide de bruit, de cœur, vide de Robbyn. Alors j'avais fait mon sac, et j'avais changé d'endroit. C'était plus pareil, totalement déréglé et la nostalgie s'emparait de moi dès que je passais la porte. Et en passant la porte de mon appartement actuel, j'ai eu la gorge nouée. Et j'ai plus dit un mot. C'était trop dur. J'avais pas envie de faire d'efforts pour être agréable à vivre s'il n'était pas là, je voulais pas retrouver quelqu'un d'autre. Je le voulais lui. Alors j'étais restée à la nuit sans lendemain, aux clients complètement déglingués, je n'en avais plus rien à faire. Je me levais chaque matin sans but, alors à quoi bon tenter de faire mieux ? Je n'aurais rien eu à la clé. Rien d'intéressant.
Je rentrais dans le magasin. Tout était tellement contradictoire. Mon envie de m'échapper et celle de me réfugier dans ses bras, comme avant. Trois ans. Il avait l'air changé. Alors ça y est ? On va se croiser une fois et puis ce sera tout ? J'aurais eu tellement à dire, mais dans ma tête, c'était tellement devenu une habitude, de ne plus parler. Alors je suivais, je m'actionnais tel un robot, comme les gens qui sont réglé sur « métro – boulot - dodo » mais c'est un tout autre train de vie. Je n'étais pas bourrée de poudre jusqu'à en éternuer, faut pas exagérer, mais j'étais pas très nette non plus. Mais je m'estimais heureuse de pouvoir vivre comme je le faisais, sans trop d'encombres. Je n'avais qu'une seule chose que je jugeais grave dans ma vie. Et c'était même pas de ne pas avoir de parents, oh si Dieu existe, il sait à quel point ça, je m'en fous.
─ flash back
Ce client là, je le connais bien. Un habitué. Toujours moi qui m'y colle. Mais quand il m'a pris dans ses bras et qu'il m'a dit « maintenant c'est que toi et moi », j'ai eu un frisson, je me suis écartée. Comme quoi il l'avait mit hors du circuit. J'ai eu envie de vomir. Il avait osé. S'attaquer à la seule chose qui comptait. C'était trop cruel. Je ne serais jamais à lui, il était répugnant. Je croisais les bras sur ma poitrine, furieuse. « Si j'ai bien entendu, t'es un homme mort. » Le ton froid, glacé. Et paf. Il avait sorti une arme. Comme ça. « Oh ma jolie, je ne pense pas qu'on va fonctionner comme ça. » C'était presque du viol. Je n'en pouvais plus. Mais je ne voulais pas rentrer, en sachant qu'il serait parti. Alors cette nuit là, je l'avais passé dehors. J'avais eu l'arcade ouverte mais je n'aurais pas sur remplir un formulaire d'hôpital alors à quoi bon ? Je m'étais contentée de fumer une cigarette, deux, et plus encore, en espérant d'oublier la douleur. Mais mon cœur faisait bien plus mal.
─ fin flashback.
Trop de questions. Ça me déstabilisait. J'avais prié pour devenir invisible. Parce que je ne voulais pas que l'on remarque tant que l'on était pas lui. Mais aujourd'hui, il était là. Et je ne savais pas quoi faire. J'y allais pour l'option de synthèse. « … Pas grand chose, rien de très inhabituel. Non, non, ça va, on fait aller, on va dire. Oh, euh. Potrero Hill, je crois. J'y venais plus. » J'eus un haussement d'épaules sur la dernière phrase. Je déglutis à l'entente de sa phrase. Difficile. C'était faible. J'eus un léger sourire, faible, une fraction de seconde. « C'était pas facile, non... ». Je soupirais. C'était lui. Robbyn. Je pouvais bien me faire violence. Qu'est-ce que ça allait me couter, franchement ? « Et toi ? Je veux dire.. ça va ? T'as pas l'air de t'en être trop mal sorti. » Je tentais un sourire, en vain. Ça me tuait de voir qu'il y arrivait sans moi, et c'était purement égoïste. Mais ouais, ça faisait décidément trop mal de savoir que ces sourires devaient être destinés à d'autres, qu'il se levait le matin au côté de quelqu'un que je ne connaissais pas, qu'il rêvait d'une autre personne, qu'il pensait à quelqu'un d'autre quand il écoutait les chansons d'amour, qu'il n'étais plus à moi.
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| | | | | | | | robbyn&andrew ✝ the.time.passing. | |
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