Avachi contre un des murs en béton de l'hôpital, je terminai ma clope. Soufflant en levant la tête, j'observai les allers et venus des gens qui y entraient. Première fois que je venais à l'hôpital de San Francisco. Et j'espérai que c'était la dernière. J'ai horreur de ces putains de bâtiments. On y respire la mort à l'intérieur. Magda m'avait appelé, sinon je serai encore en train de clouer quelques planches dans notre prochain shop. Tirant une dernière latte de ma cigarette, je finissais par la lancer par terre, expirant la fumée après ingurgité ma dose de nicotine. Resserrant mon blouson de cuir sur moi, je rentrais sous les portes automatiques. 3ème étage, chambre 312. C'était ce qu'elle m'avait dit. J'avais pas hésité une seule seconde à venir la voir. J'avais accroché avec elle, au moins, on avait les mêmes délires, c'était cool. Trop de monde devant l'ascenseur, je prenais les escaliers. C'était le moment sport. Grimpant quatre à quatre les marches, j'atteignais le troisième étage, avec un léger essoufflement. C'était la clope ça. Soufflant un peu, je sortais sur un couloir blanc, remplis de types et nanas... en blanc aussi. Ô joie. Demandant à une jolie nénette la chambre de Magda, je n'eus aucun mal à y arriver rapidement. Toquant trois fois à la porte, je terminai par y entrer, "Voilà la blessée de guerre." je disais dans un rire, fermant la porte derrière moi avant de me diriger vers elle, "Sympa la chambre..."

dans ta tête ça sonnait toujours. c’était assez désagréable, depuis ta chute de jeudi, ça n’avait pas arrêté. sans compter que t’avais mal au dos. la chance dans ton malheur, c’est que t’avais rien de cassé. c’était juste des hématomes, ça allait passer. mais quand même. camil avait raison, y’en avait assez de toi et de tes chutes et autres blessures incessantes. c’était fatiguant de toujours devoir faire attention à tout. mais ton cerveau contrôlait de moins en moins tes mouvements. ton seul espoir c’était de te dire que les médecins avaient raison : y aurait un pique, avec de nombreux symptômes, et puis ça se calmerait, ça s’arrêterait pas mais ça n’empirerait pas non plus. il n’y avait alors plus qu’à t’habituer et t’enfermer dans une combinaison en papier bulles. camil t’avait apporté ton portable et quelques affaires. après quoi, tu avais contacté noah. ça devait faire deux jours qu’il t’attendait au shop et tu n’étais pas venue. tu n’étais jamais en retard au shop. alors il avait du se poser des questions. mais t’étais rassurée parce que tu savais que tu pouvais compter sur lui. c’était même pour ça que tu avais pensé à lui directement pour reprendre le shop. tu savais que tu t’étais pas trompée. « voilà la blessée de guerre. » dit une voix que tu reconnais tout de suite. tu fais une grimace. il savait pas - encore - que t'étais malade, mais un jour, tu devrais bien lui dire. tu pouvais pas lui mentir sur un truc pareil... au moins, il t’engueule pas lui. « sympa la chambre... » tu regardes autour de toi, ouais vraiment cool… « oh tu me connais… j’ai pris la suite présidentielle. » tu lui montre le fauteuil. « sympa d’être venu. » tu ajoutes. sincèrement, parce que t’as l’impression d’être coupée du monde ici et que la seule chose que tu veux, c’est rentrer chez toi…

Elle est là, dans ce lit qui a l'air d'être tellement confortable. Dans ces draps qui ont l'air tellement doux et soyeux... sérieux, en plus que t'es malade il faut se taper ce genre de trucs. Pauvre Mag. Quoique bon, elle ne serait pas là pour longtemps hein ? C'était juste une mauvaise chut et elle repartirait de bon pied pour continuer de venir m'aide au shop. J'avais besoin d'elle tout de même. « oh tu me connais… j’ai pris la suite présidentielle. » Je souris en suivant son doigt du regard. Ah le fauteuil qui m'attendait déjà. Je me dirige vers lui, commençant à enlever ma veste, « sympa d’être venu. » J'hausse les épaules alors que je pose ma veste sur le haut du fauteuil, le tirant de force vers le lit pour être plus près de ma collègue. Me retournant je pousse un soupir, avant poser mes fesses sans aucune délicatesse sur le siège... putain, même ce truc est pas confortable ! « Oh tu sais, j'accours toujours à l'appel des demoiselles en détresse. » je lui réponds en lui faisant un clin d'oeil, « Tu manques au shop. Tu sors quand ? » je demande ensuite en tapotant mes doigts sur le lit de Magda.

ça te fait plaisir de le voir. depuis que vous avez commencé à retaper le shop, vous vous voyiez tous les jours. c’était agréable de découvrir quelqu’un avec qui tu avais la même mentalité et les mêmes délires. d’accord tu avais aussi camil pour ça. mais maintenant, même s’il restait la moitié de toi, tu n’étais plus la moitié de lui. il y avait l’autre maintenant. et tu devais te rendre à l’évidence. ça te faisait chier. mais au moins, ça mettait de l’action dans ta vie, puisque pourrir la vie de denver était un plaisir à plein temps. même si t’avais l’espoir encore qu’elle dégage. tu y arriverais, tu avais déjà réussi une fois. au moins, maintenant tu avais noah, avec qui y’avait pas de problèmes, ni de prise de tête, ni d’avocate les cuisses ouvertes. « oh tu sais, j'accours toujours à l'appel des demoiselles en détresse. » tu secoues la tête en souriant. « tu manques au shop. tu sors quand ? »  tu hausses les épaules. « j’sais pas. vite j’espère je me fais tellement chier. » c’est vrai que le temps est long toute la journée toute seule ici… « tu t'en sors sans moi ? » tu souris.

Je me tortille sur le canapé. Putain horrible ce truc, je crois que j'allais squatter le lit de Magda si je comptais rester longtemps. De toute façon, j'avais fini de bosser pour aujourd'hui. Ça avance bien de toute façon. On fait du bon boulot avec la miss. Et je crois que j'aurai jamais pu mieux tomber. Comme quoi, la vie est faite de bonnes surprises. Et des mauvaises aussi, vu là où était la pauvre Magda à cette heure ci. « j’sais pas. vite j’espère je me fais tellement chier. » La pauvre. Tu m'étonnes. Je lui fais un pauvre soirée qui ressemble plus à une grimace qu'autre chose en fait. Je crois que si j'étais à sa place je péterai littéralement un câble. « tu t'en sors sans moi ? » J'hausse les épaules avant de me redresser un peu, posant mes coudes sur mes cuisses pour m'approcher un peu plus d'elle, « Je m'en sors... Mais c'est chiant sans toi. » je dis en souriant, « Au pire, je te kidnappe chez moi, ça te dit ? » j'ajoute en riant un peu.

tu t’assois en tailleur dans ton lit en jouant avec ton bracelet en plastique, avec ton nom écrit dessus, genre au cas où tu te perdes et qu’en plus tu perdes la mémoire. avec ça, t’es sauvée. t’as ton nom sur un bout de plastique, tu risques plus rien, franchement. tu regardes ton bracelet, alors que noah reprend la parole. « je m'en sors... mais c'est chiant sans toi. » tu relèves la tête et tu souris en regardant noah. « au pire, je te kidnappe chez moi, ça te dit ? » tu éclates de rire. merde, ça résonne dans ta tête. merde. merde. merde, ça sonne putain. tu appuies ta main froide contre ton front. ça fait du bien. tu soupires de soulagement. « franchement, ce serait cool. mais ils me donnent des cachetons plutôt sympas qui font planer. vraiment top. rien que pour ça je resterai bien. » tu dis en riant. « t’as faim ? je peux faire ma comédie et avoir à manger gratos, si tu veux. »

Sérieux, elle serait mieux chez moi qu'ici... Mon chez moi, ce taudis que j'avais. En même temps, ça faisait qu'un mois que j'étais ici, j'avais pas eu le temps de dénicher la perle rare. Surtout que j'étais seul dans ce putain de studio à la noix. Je détestais la solitude, on devrait pas vivre seul. Peut être que faudrait que je demande une colocation, c'était à voir. L'observant curieusement, je fronce un peu les sourcils, la voyant rire et en même temps sembler avoir mal à la tête. Une chute dans les escaliers ça provoque ce genre de trucs ? Aucune idée. Mais ça semble bizarre, même si j'suis pas toubib. « franchement, ce serait cool. mais ils me donnent des cachetons plutôt sympas qui font planer. vraiment top. rien que pour ça je resterai bien. » Je souris simplement. Fallait que je tente ces cachetons aussi tiens, je vais simuler une chute. « t’as faim ? je peux faire ma comédie et avoir à manger gratos, si tu veux. » Je ris un peu, « Je serais curieux de voir ça, tiens. » je dis en haussant les épaules, avant d'attraper une de ses mains, la plus tatouée, avant de l'observer, « T'aimerai que je t'en fasse un autre un de ces quatre ? » je demande, parlant évidemment de tatouage, alors que mon pouce passe lentement sur ceux déjà ancrés dans sa peau.

alors que t’étais repartie dans la contemplation de ton bracelet blanc, en décalage complet avec tes tatouages, noah te sort de tes pensées. « je serais curieux de voir ça, tiens. » tu appuies sur le petit bouton qui appelle les infirmières, en lui faisant un clin d’œil. plus qu’à attendre. noah prend ta main, tu le laisse faire en suivant ta main du regard. « t'aimerai que je t'en fasse un autre un de ces quatre ? » il demande. tu réfléchis même pas. tu sais au fond de toi qui tu ne pourras jamais arrêter les tatouages. et quand tout ton corps sera recouvert, alors tu en refera d’autres part dessus les anciens… « j’y compte bien ouais ! » tu t’exclames, comme faussement indignée. la porte de la chambre s’ouvre alors. tu te laisses tomber dans l’oreiller. « que ce passe-t-il mademoiselle ? » tu as les yeux mi-clos et tu te donnes un air proche du décès. « je.. je me sens pas bien du tout… je crois qu’il faut que je mange… » tu dis dans un soupire. l’infirmière regarde l’heure, puis le monitoring qui te suit. « c’est pas l’heure… bon… je vais voir ce que je peux faire, je reviens… mais, il faut que vous sachiez que c’est peut-être du à votre maladie que vous vous sentez mal… » elle dit, avant de sortir. est-ce qu’elle aurait pas pu fermer sa gueule plutôt que d’ajouter la dernière phrase ? l’air de rien, tu te rassois dans le lit. « alors, pas mal, hein ? » tu dis, en souriant.

« j’y compte bien ouais ! » je souris, simplement, parce que je m'en doutais de sa réponse. Elle était comme moi, dès qu'on a un tatouage, impossible de s'arrêter, pire qu'une drogue ce truc. Je lâche sa main quand j'entends la porte s'ouvrir, laissant Magda faire sa comédie, ce qui m'arrache presque un sourire. Je devrais faire le mec qui pleure aussi pour être super crédible ? Ahah. Contrairement à ça, je tourne la tête vers l'infirmière que je dévisage super discrétos de haut en bas. Bah quoi, j'étais dans un hôpital, fallait bien que je vois si le mythe de l'infirmière sexy était là ou pas. Je profite, c'est tout. Mais j'ai pas le temps de vaquer mes pensées plus loin que j'entends quelque chose venant de sa bouche qui me laisse perplexe, "votre maladie, votre maladie, votre maladie". Ca résonne dans ma tête alors que l'infirmière quitte la pièce. « alors, pas mal, hein ? » je fronce les sourcils, terminant par me retourner vers Magda, « Euh ouais mais... comment ça ta maladie ? T'avais pas simplement fait une mauvaise chute ? Je comprends pas... » je demande, la fixant sérieusement.