✱ NOM/PSEUDO : Mayaku ou le Cactus épilé.
✱ ÂGE : J'ai créé le monde mon chou.
✱ J'HABITE : Dans un trou.
✱ PERSONNAGE : Inventé.
✱ CODE : OK par Romy
✱ UN PTIT MOT? Vive les Cactus, Vive les Pandas asexuellement stérile.

Je lâche pas mon adversaire des yeux. Inspiration. Les cris des gens autour de nous m’assourdissent presque. Expiration. La douleur incendie mon être tout entier. Inspiration. Il faut que je reste concentré. Expiration. Je suis pas plus en forme que mon opposant qui tient difficilement debout et qui a le visage tuméfié et ensanglanté. Je charge vers lui, il en fait de même. Il ne faut pas spécialement un vainqueur mais nous tenions tous deux à nous dépasser, à aller au-delà de nous-mêmes, à voir ce dont nous étions capables et chaque combat dans lesquels on s’embarque est une guerre contre nos propres limites. Avant d’être libre par rapport à la société, il faut d’abord l’être de soi-même. Se débarrasser de ces barrières que l’on s’impose inconsciemment, comme ces craintes infondées d’un lendemain incertain. La liberté est avant tout un travail sur soi avant de pouvoir le porter à un niveau plus élevé en quelque sorte. Je me glisse de justesse sur la droite et lui assène un puissant coup de genoux dans le flan, le coup de trop puisqu’il s’écroule mollement, le visage déformé par une grimace. Le combat est terminé. Je tombe à ses côtés, exténué.

J’ai pas toujours été ce gars qui se bat dans les ruelles sombres pour se dépasser, pour briser ses chaînes, ce gars qui enchaîne les petits boulots que je m’amusais à foutre en l’air pour vivre ; ce gars révolté qui a envie de tirer une balle entre les deux yeux de tous ces connards de consommateurs qui ne vivent que pour leur meuble IKEA, leur costume Armani, leurs sous-vêtements Calvin Klein, qui perdent leur temps à faire un travail de merde pour s’acheter des merdes inutiles ; Ce gars qui vit en marge du système avec uniquement le stricte minimum. Oui, j’ai été de ces gens voulant à tout prix les dernières technologies qu’ils changeraient dans les prochains mois pour de nouveaux modèles. Une existence vide de sens où on s’fait littéralement chier. Ma famille étant riche, j’étais l’archétype même du sous-produit d’un mode de vie devenu une obsession. Je voulais plus de ça. J’avais besoin de plus. Je voulais oublier c’que je savais. Oublier c’que je savais à propos de la vie, c’que je savais à propos à tout et de tout le monde. Un dépaysement total était nécessaire, je pouvais pas espérer changer en restant prisonnier de ma cage de Crystal où tout m’était servi sur un plateau d’argent, où on m’encourageait à consommer, toujours plus, où on me formait à devenir le meilleur mouton parmi les moutons. Ca fonctionné un temps puis j’ai eu une révélation. C’est con dit comme ça mais c’est vrai. Un livre, un film et je trouvais le courage qui m’avait toujours manqué pour m’émanciper de ce système créé dans le but d’asservir l’homme à des désirs surfaits et illusoires provoqués par la télévision. Je pensais moi aussi ne pas pouvoir vivre sans toutes ces choses matérielles, je pensais n’être rien sans ça, comme si elles étaient nécessaires à une bonne existence, conneries que l’on prenait pour une vérité générale à force d’en bouffer tout le temps et ce à chaque coin de rue. Je suis partit, sans rien. Ces merdes allaient pas m’être utiles, enfin j’ai juste pris un peu de fric pour traverser le Canada jusqu’aux Etats-Unis. Et mon initiation pouvait commencer. Je suis allé vivre avec les hippies, adoptant leur mode de vies, leur vision des choses mais c’était pas assez. J’avais besoin de plus. Quelque chose de plus vibrant. C’était bien, ça m’a permis de me débarrasser de mon esprit de consommateur mais la révolte qui m’habitait était une puissante vague qui devait se déverser sur le monde, elle était trop violente pour une existence pacifique ou pour rester cloitrer à l’intérieur. Je voulais changer le monde, il fallait changer les choses sinon on allait droit dans le mur. Je voulais pas rester spectateur de la chute de la race humaine. On est les enfants oubliés de l’histoire mes amis. On n’a pas de but ni de vraie place. On n’a pas de grande guerre, pas de grande dépression. Notre grande guerre est spirituelle, notre grande dépression c’est nos vies. Et il est temps que cela s’arrête.