Khris était assit dans le canapé, les pieds sur la table basse, dans la main un joint et dans l'autre une bouteille de vodka. En quelle honneur ? Celui de Frankie, qui était partie en début d'après-midi, et là, il devait être environ deux heure du matin. Non seulement le jeun-homme avait l'impression qu'on lui avait enlevé une partie de lui même mais il se questionnait sur les raisons de cette absence. Elle était peut-être avec ses amis, pourtant elle ne lui avait rien dit. Comme si elle lui cachait quelque chose, quelque chose d'affreux à ses yeux. Il avait peur, qu'elle le trompe ou qu'elle soit retournée faire le trottoir même s'il lui avait demandé d'arrêter. Si elle l'avait effectivement fait, il en crèverait. La tristesse le rongerait de l'intérieur puis laisserait place à la rage qui consumerait ses os et au désespoir qui finirait le reste. Mais pour l'instant il buvait et fumait autant qu'il pouvait, pour essayer de ne pas penser à ce qu'elle pourrait être en train de faire, mais ça ne marchait pas. Il était tellement concentré sur le cadran de sa montre et sur ce qu'elle était en train de faire qu'il ne ressentait aucun effet de l'alcool ou de la drogue. Par contre, il devait sentir la vodka à des kilomètres à la ronde, il préféra aller prendre une douche. Mauvaise idée surement, puisque c'est toujours l'endroit où l'on réfléchit le plus. Et c'est ce qu'il fit, il l'imagina dans les bras d'un gros porcs au micropénis, plein de poils et suant à chaque mouvement. Il l'imagina avec un mec beaucoup plus beau et musclé que lui, il l'imaginait aimer être avec lui. Il l'imagina se faire frapper par un gars petit, maigre et moche qui aurait la haine des femmes. Khris eut envie de vomir, il réussit à ne pas le faire en ne faisant plus couler que de l'eau froide. Il était donc glacé, mais au moins, il n'avait pas l'impression qu'il allait rendre son repas. Il sortit de la douche, ne prit pas la peine de vraiment se sécher et enfila un caleçon avant de retourner sur le canapé, dans sa position précédente, reprenant de la vodka et allumant une nouvelle fois son joint. Il alluma la télé, une émission stupide de télé-réalité, il s'employa à insulter chaque participant pour ne pas penser à elle un instant de plus. Mais elle restait encrée en lui, dans son cerveau, dans chaque millimètre de son corps. Chaque geste, chaque respiration lui rappelait qu'elle était loin et qu'il ne savait pas du tout ce qu'elle pouvait être en train de faire et avec qui. Il entendit le bruit de la poignée, et de la porte qui s'ouvre. Il tira sur son joint, faisant des ronds avec la fumée, affichant son air désinvolte, son masque préféré.

- T'as retrouvée tes « collègues » ?

What's going on ?

KHRIS & FRANKIE

« Frankie ?! Ca fait cinq jours qu’on t’as pas vu, où tu étais passée ? » Une phrase, prononcée par une fille Gina, avec qui j’avais l’habitude de parler quand je faisais le trottoir. C’était presque devenu une amie avec le temps. Elle faisait partie des seules personnes qui connaissaient vraiment ma vie. Qui savaient vraiment qui j’étais.
J’étais chez Khris à ne rien faire, et puis je m’étais rappelée ce qu’il m’avait dit à propos de son frère. J’avais promis de l’aider. Alors j’étais retournée dans les endroits où j’avais l’habitude de trainer. Je ne lui avais rien dit, parce que je savais qu’il m’aurait interdit d’y aller. Mais je voulais vraiment l’aider. Alors non, je ne mentais pas ; j’omettais juste la vérité.
Je n’avais pas développé les raisons de mon absence sur « le banc des filles de joies » à Gina. Je ne voulais pas parler de Khris, je ne voulais pas le mêler à cette partie de ma vie (supposant qu’il n’y était pas déjà mêlé, bien sur…). « Je prends un peu de vacances. » souriais-je. « Dis moi… j’aurais besoin que tu me rendes un service, c’est possible ? Je cherche un mec qui a fait un truc pas cool... » Gina m’avait sourit, l'air de dire « t'inquiètes pas, je vais te rencarder sur ton type » et puis elle m’avait entrainé avec elle dans le club.
J’avais juste bu « une vodka, je dois rentrer, on m’attend ! », puis « bon, une deuxième parce que ça fait longtemps que je t’ai pas vu, Gina » et « Eh, Maxim ! ça fait des siècles, paye moi une vodka ; ou deux ! » et enfin « bon une dernière, allongée avec du jus d’orange. On m’attend vraiment cette fois ! ». Ça s’était terminé par un « PUTAIN ! il est deux heures ; il va me tuer ! » Qui ? Non personne.
Ne pas parler de Khris, si elles savaient, elles se jetteraient sur lui et je serais obligée de les tuer, toutes, une par une…
Je sortais enfin du club, morte de chaud, à cause de la chaleur ambiante qui régnait à l’intérieur. En quelques jours seulement, j’avais perdu cette habitude.
Khris me sevrait de tous mes vices ; du moins en partie. Bien sur, je buvais encore, je prenais encore la drogue qu’on me passait, je fumais toujours autant… Mais j’avais quand même vraiment l’impression d’avoir changé. Parce que j’avais arrêté « le tapin » et que j’avais l’impression d’être une nouvelle Frankie. Même si je n’avais toujours pas trouvé de nouveau boulot et que je détestais l’idée de vivre aux dépends de Khris.
A l’extérieur du club, mon premier réflex fut d’allumer une cigarette et de vérifier que j’étais bel et bien partie pendant plusieurs heures sans donner de nouvelles à Khris et que j’étais définitivement en retard. Mais je n’avais aucuns appels manqués ; avec un peu de chance, il avait fini par s’endormir et ne s’était même pas aperçu de mon absence, ce soir.
Dans le cas inverse, je savais que je n’aurais pas fermé l’œil une seconde, mon imaginaire aurait pourri toute envie de dormir. Mais je savais que depuis qu’on était ensemble, Khris retrouvait quelques fois le sommeil…
Je me rassurais en me disant que si jamais il ne dormait pas, Khris verrait que je n’étais pas habillée dans l’optique de sortir : des Converses complètement défoncées, un boyfriend jean (qui était à moi ; ou bien carrément à Khris ?) déchiré un peu partout, un tshirt noir large et ma veste en jean.
Arrivée chez lui – je commençais à connaitre son appartement comme ma poche – je poussais doucement la porte.
« T'as retrouvée tes « collègues » ? » Je me tournais vers la voix qui s’était élevée. Comme à chaque mot qu’il prononçait, le son de sa voix m’électrifiait.
Je levais un sourcil. Je pris le temps d’enlever mes chaussures et ma veste et me tournais vers lui. J’avais toujours mon sourcil interrogateur relevé. Je savais très bien de qui il parlait… D’un coté il avait raison, mais ce n’était pas pour les idées qu’il s’en faisait, mais ça il ne le savait pas.
« T’es mon père ? » Bien sur… j’aurais pu trouver autre chose. Mais comme toujours, je ne réfléchissais pas…

Khris la regarda de haut en bas, pourquoi c'était toujours difficile de parler sérieusement avec elle ? Il avait soit envie de crier soit de lui sauter dessus et de lui arracher tous ses vêtements. Merde quoi. Il tourna les yeux et fixa à nouveau la télé. Il ne devait pas la regarder, il n'arriverait pas à lui tenir tête s'il la voyait, les hommes sont faibles face aux femmes. Ils aiment juste le cacher. Il but une nouvelle gorgée de vodka et éteignit son joint, fini. Non, il n'était pas son père, il était juste éperdument amoureux d'elle et ne supporterait pas qu'elle le trompe avec qui que ce soit. Frankie état à Khris et, même s'il avait du mal à l'admettre parfois, Khris était à Frankie. Et ça pour toujours, il en était sur et certain. Mais il pensait qu'elle ne se rendait pas compte à quel point il était amoureux d'elle, à quel point il tenait à elle et ne voulait que son bonheur. Il ne savait pas faire part de ses sentiments, il n'y arrivait jamais. Tout ce qu'il savait faire c'était se mettre en colère pour rien, faire celui qui n'en a rien à foutre de tout, alors que tout ce qu'il voulait faire était le contraire. Il se leva, évitant Frankie sans même la regarder. Il posa la bouteille de vodka dans la cuisine et retourna dans le salon pour se rouler un autre joint en continuant de regarder la télé-réalité merdique. Une fois roulé il l'alluma et se coucha de tout son long dans le canapé. Il regarda à nouveau Frankie qui ne semblait pas avoir bougé.

- Non, j'suis pas ton père. Je préfère pas, je serais pas fier d'avoir une fille qui fait le trottoir à sa place. Enfin, tu dois pas être la fierté de la famille quoi.

Puis il reporta son attention sur l'écran, faisant de son mieux pour oublier sa présence, ce qui était de l'ordre de l'impossible pour lui. Il tira sur son joint qui lui arracha la gorge, il se la racla et ne toussa même pas. Maintenant qu'elle était là les effets se faisaient légèrement ressentir, et ses yeux devaient devenir de plus en plus éclatés. Mais il savait pourtant très bien ce qu'il faisait, il savait qu'il ignorait Frankie et qu'il était en colère contre elle. Simplement parce qu'il s'était fait des tas de films dans sa petite tête d'idiot. Tout ça parce qu'il avait peur qu'elle le quitte, qu'elle le trompe, qu'elle couche avec des gars ignobles, qu'elle le laisse comme toutes les autres. Après tout, qui voudrait le supporter plus d'une nuit ? Elle regretterait surement bientôt d'avoir essayé quelques jours.

What's going on ?

KHRIS & FRANKIE

Quand j’étais arrivée, Khris était là, fumant nonchalamment un joint. Avec cet air que je lui connaissais, celui qu’il se donnait pour me faire croire que rien ne l’atteignais jamais. Mais j’apprenais vite, et je savais que c’était un masque ; mais s’il voulait cacher des choses, c’était son choix, je ne voulais pas aller contre.
Je ne bougeais pas de devant Khris, le regardant aller dans la cuisine après ma question rhétorique, puis revenir.
Il s’allongeait sur le canapé, endroit où il m’enlaçait quelques heures plus tôt. Chut, ne pas y penser, surtout pas, si je m’abandonnais à ça, jamais je n’arriverais à lui tenir tête. Mais c’était ce qu’il fallait que je fasse avec Khris. J’avais trop peur de perdre pied avec lui : je l’aimais tellement, ça me terrifiais, je fonçais dans l’inconnu, dans le brouillard le plus total et je voulais absolument garder le contrôle.
Je ne savais pas pourquoi j’avais abordé le mot « père » étant donné que je n’avais pas vu le mien depuis mes trois ans. Je remuais le couteau dans la plaie toute seule. J’étais très maligne ; vraiment.
« Non, j'suis pas ton père. Je préfère pas, je serais pas fier d'avoir une fille qui fait le trottoir à sa place. Enfin, tu dois pas être la fierté de la famille quoi. » Je soupirais. « Oh, je sais pas. J’imagine que t’as raison. Je lui demanderai la prochaine fois que je le vois. Oh j’oubliais… j’ai pas de père. Merde alors. » sifflais-je avec ironie, pour cacher que parler de mon père me tuait.
Je détestais m’engueuler avec Khris, pour la bonne et simple raison que je n’arrivais pas à lui en vouloir vraiment. La seule chose que j’avais envie de faire à cet instant, c’était m’allonger à coté de lui sur le canapé. Et puis aussi... j'avais peur qu'il se lasse de moi et décide de me quitter.
Un paquet de cigarette trainait sur la table basse, je l’attrapais et coinçais rageusement une cigarette entre mes lèvres.
Une fois allumée, je m’approchais de la fenêtre d’où la lune m’éclairait et recrachais la fumée de la première latte.
Puis je me tournais vers Khris.
« C’est quoi ton problème ? Ca va ; je suis sortie, j’ai oublié l’heure, pas de quoi en faire un drame. »
Dans le fond, je savais très bien ce qu’il pensait, ce qu’il s’était imaginé. C’était faux, totalement faux. Je lui avais promis que j’allais arrêter, pour rien au monde je n’aurais trahi la promesse que je lui avais faite.
Je savais qu’il était aussi effrayé que moi par cette relation nouvelle et que – comme moi – sa seule protection, c’était l’attaque.
J’avais peur, de tout, peur qu’il découvre une nouvelle fille, mieux que moi, qui n’était pas une pute. Une fille plus sympa, plus belle, plus… Tout plus que moi.
Ca faisait si peu de temps qu’on était ensemble et pourtant, j’avais l’impression de revivre depuis ce jour là. Je ne sais pas comment j’aurais fait pour vivre sans ça. Non, je sais pas…

Qu'est-ce qu'il était censé faire maintenant ? Lui dire ce qu'il pensait ? Ses peurs, son amour, tout ce que son imagination débordante avant trouvé pendant cette après-midi et début de nuit ? Non, il ne dirait rien, il ne ferait que crier, comme d'habitude. Il la rendrait surement triste, il lui briserait le cœur, il lui ferait du mal pour qu'elle ne lui en fasse pas. C'est tout ce que son cerveau avait trouvé comme défense depuis toujours, l'attaque. Et ça avait toujours marché, les autres pleuraient et lui retenait ses larmes. Les autres partaient et il restait. Il voulait qu'elle s'en aille et qu'elle n'ait pas à le supporter, il voulait qu'elle parte parce qu'elle ne serait surement jamais heureuse avec lui, avec un type handicapé des sentiments. Mais, pourtant, il savait qu'ils étaient fait de la même façon. Elle voudrait elle aussi lui faire du mal pour se protéger. Et tout cela serait un cercle vicieux jusqu'à la fin des temps. Parce qu'il comptait, malheureusement pour eux, l'aimer jusqu'à la fin des temps. Oui malheureusement, parce qu'à cause des précédentes raison ils allaient surement vivre des soirées comme celle-ci pas mal de fois. Mais si c'était le prix à payer pour être avec elle, alors oui, il s'engueuleraient des millions de fois. Khris se sentit assez stupide lorsqu'elle lui annonça qu'elle n'avait pas de père, il avait fait une gaffe. Enfin, c'était Frankie qui l'avait lancé sur ce terrain et il n'avait fait que lui renvoyer la balle. Mais il n'y était pas allé doucement non plus. Il fit comme s'il s'en foutait, une fois de plus et continua de fixer la télé, jusqu'à ce qu'il remarque qu'elle était à la fenêtre. Merde, comme faisait-elle pour être aussi belle dans n'importe quelle situation ? Il fronça les sourcils et se força à regarder l'écran sans toutefois y porter attention, tirant parfois sur son joint histoire de faire comme si de rien n'était. Elle lui balança une phrase, alimentant la « dispute » naissante.

- Mon problème ? T'es une « ancienne » pute, tu te barre presque toute la journée pour revenir à deux heure du mat sans rien me dire. Non, t'as pas de compte à me rendre, jveux juste être sur d'où tu es et de ce que tu fais. J'ai pas envie qu'un pote vienne me voir et me sorte un truc du genre « Hey mec, j'ai baisé une meuf hier, une pute. Blonde, bien foute, elle s'appelle Frankie jcrois. Et son portable à vibré plusieurs fois y'avait marqué « Khris » mais elle à pas répondu. C'est ta copine ? ». C'est ça mon problème, sinon, merci ça va, j'ai rien fait de spécial aujourd'hui chérie.

C'était presque un monologue, c'était surement la plus longue phrase qu'il ai jamais dite depuis un moment, et surtout à Frankie. Au fond, en dehors des moments où ils s'engueulaient, ils ne parlaient pas vraiment.

What's going on ?

KHRIS & FRANKIE

Sortir avec Khris Jones, c’était comme être constamment au bord d’une falaise vertigineuse, avec le vent qui vous souffle dans le dos, prêt à vous faire tomber dans le vide à chaque seconde. C’était une peur, une adrénaline constante. C’était terrifiant, mais c’était paradoxalement la plus belle chose qui m’avait été donné de vivre.
C’était comme si j’avais le vertige, je regardais en bas, je savais pertinemment que j’avais peur, mais c’était plus fort que moi, il fallait que je vois le vide.
J’imaginais que c’était à peu près la même chose pour lui de sortir avec moi. Sortir avec une pute… j’aurais été la première à mettre en garde qui que ce soit de ne pas faire ça. Mais comment j’aurais pu dire ça à Khris, alors que la seule chose que je voulais c’était lui ; lui tout le temps, lui seul.
Aujourd’hui, il m’était inconcevable de m’imaginer sans lui. Je débordais trop d’amour pour lui. Moi qui n’avais jamais connu ça. Je ne savais pas ce qu’il en était pour lui. Je ne voulais pas le savoir : savoir qu’il avait déjà aimé avant moi, même si c’était du passé, je détestais l’idée. Bien sur, comme toujours, plutôt mourir que de l’avouer.
Je regardais Khris me sortir un monologue, je ne l’avais jamais vu parler autant. Nous n’avions rarement besoin de mots. Pour quoi faire ? On se comprenait sans ça.
Je le regardais. Je ne pouvais pas lui dire ce que j’avais fait ce soir, si ?
« Et qu’est-ce que j’y peux, si tu me crois pas quand je te dis que j’ai arrêté ? Hein ? Tu veux quoi, un rapport détaillé heure par heure de ce que je fais quand je suis pas avec toi ? Je t’ai promis que j’arrêterai, et plutôt mourir que te mentir. J’y peux rien si tu me crois pas… Tu sais quoi ? Je serai incapable de laisser un autre mec que toi me toucher. J’en crèverai. Mais si tu veux pas comprendre ça, c’est ton problème, pas le mien. » je criais, c’était plus fort que moi. lui comme moi, voulions toujours avoir le dernier mot, c’était à celui qui crierait le plus fort. Ça aurait notre perte, je le savais. Mais il était presque trois heures du matin, j’avais six vodkas dans le sang, plus un tas d’autres conneries dont je ne me souvenais plus ; et j’étais donc incapable d’être raisonnable.
J’écrasais rageusement ma cigarette dans le cendrier. Khris ne quittait pas son air désinvolte. Je me dirigeais vers la chambre. Puis soudain, je changeais d’avis. Je revenais dans le salon.
Je me posais devant le canapé, au niveau de la tête de Khris. Je baissais la mienne pour le regarder.
« Tu veux savoir la vérité ? Ou j’étais ce soir ? J’étais dans la rue, j’ai retrouvé une fille avec qui je « travaillais » parce qu’elle elle continue, parce que personne ne l’aime assez – comme toi tu m'aimes, j'espère – pour lui dire d’arrêter. Je suis allée la voir pour savoir si elle avait entendu parler d’un mec qui avait agressé un autre il y a quelques mois. Je t’ai promis de t’aider pour ton frère, je tiens ma parole. Mais je pouvais pas te dire la vérité, parce que tu m’aurais interdit d’y aller… J’ai passé la soirée à boire des coups avec les gens glauques que j’avais l’habitude de fréquenter et auxquels – heureusement – tu m’as arraché, pour essayer de trouver qui avait touché ton frère. Voila, tu sais tout. T’es content maintenant ? » lâchais-je, sur la défensive. Moi non plus, je n'avais jamais parlé autant...
Je ne faisais qu’alimenter une dispute que je voulais éviter. Je ne voulais pas m’engueuler avec Khris, mais c’était plus fort que moi. C’était plus fort que nous.

Khris enviait ces gens à la télé, aucun soucis, enfermés dans une maison à faire semblant de s'engueuler toute la journée, ne faire que se remaquiller ou se recoiffer. Pas de problèmes de couple, pas de problème de cul. Juste de la bouffe et essayer de ne pas se faire éliminer par les téléspectateurs. Alors que lui il devait essayer de ne pas souffrir, tout faire pour être celui qui a le moins mal. C'était sans doute assez égoïste comme façon de pensée, mais il avait été élevé dans cette façon. Un petit frère plus intelligent, sautant une classe et se retrouvant dans la sienne. Une petite sœur magnifique à qui tout souriait. Lui il avait toujours été celui que tout le monde évitait dans les soirées mondaines, il était toujours assit dans un coin un verre d'alcool à la main, il se voyait comme ça depuis toujours. Chez les Jones c'était chacun pour soi et que le meilleur gagne. Mais au final aucun d'entre eux n'avaient gagnés, ils avaient tous atterris. à San-Francisco et vivaient leurs vies loin des flashs des appareils photos et des lumières aveuglantes de New-York. Et une enfance comme celle-ci laisse sans doute des traces, enfin, c'est comme ça que Khris justifiait son comportement envers Frankie, même s'il ne lui raconterait surement jamais tout ça. Il ne voulait pas la blesser, mais c'était sa seule façon d'aimer.

- Non, j'veux as d'un rapport détaillé heure pas heure, jveux pas savoir à quelle heure tu vas aux chiottes. Jveux juste pouvoir savoir à peu près où tu es et avec qui. Excuse-moi de m'inquiéter pour toi, excuse-moi d'être jaloux.

Il avait lui aussi élevé le ton, et il s'en voulait déjà. Mais toute cette peur et rage devait sortir, sinon il exploserait tôt ou tard et ce serait pire. Frankie commença à se barrer et Khris ne voulu rien faire pour l'en empêcher, il dormirait sur le canapé. Il ne dormirait pas, bien sur, il était incapable de dormir lorsqu'ils se disputaient. Et elle revint, c'est à ce moment là qu'elle parla d'Eliott et qu'une petit douleur se fit sentir dans sa gorge subitement sèche. Qu'est-ce qu'il pouvait répondre à ça ? Il s'était inquiété pour rien, mais il avait vu juste pour l'endroit où elle était allée.

- Parfaitement content. Merde, quoi, je t'avais dit de pas y retourner ! Et si tu tombe sur un ancien client hein ? Ou sur une de tes potes qui essaye de te faire replonger là-dedans ? Je sais que t'as voulu m'aider, mais tu pouvais parfaitement le faire à distance, je veux pas que t'y retourne. T'es plus comme eux, maintenant t'es avec moi. Tu veux redevenir comme avant ? Te faire baiser par je ne sais quel gars en manque ? Tu préfère ça à rester avec moi ? Bah vas-y, tsai quoi, tu seras peut-être beaucoup plus heureuse avec eux.

Khris se leva dans son élan, attrapa son pantalon qu'il enfila et alla sur le balcon, fermant la porte derrière lui. Il fit craquer ses doigts pour essayer de se déstresser, mais ses poings continuaient de s'agiter et sa mâchoire commençait à se serrer, comme d'habitude.

What's going on ?

KHRIS & FRANKIE

Je n’avais jamais autant parlé en si peu de temps. À personne. Mais là, j’avais littéralement explosée. Parce que plus j’essayais de me contenir, moins j’y arrivais. Khris me faisait perdre mes moyens, dans n’importe quelle situation ; les bonnes comme les mauvaises.
Je savais que c’était la même chose pour lui. « Non, j'veux as d'un rapport détaillé heure pas heure, jveux pas savoir à quelle heure tu vas aux chiottes. Jveux juste pouvoir savoir à peu près où tu es et avec qui. Excuse-moi de m'inquiéter pour toi, excuse-moi d'être jaloux. »
Je n’avais pas relevé, je m’étais dirigée dans la chambre, alors que dans ma tête raisonnaient les mêmes mots « excuse-moi d'être jaloux. » Vraiment ? Il l’était ? Est-ce qu’il pouvait l’être autant que je l’étais ?
On m’avait dit une fois que dans un couple, il y en avait toujours un qui aimait plus que l’autre. Qu’en était-il de nous ? Je n’avais pas la moindre idée, mais je savais que je ne pouvais pas aimer plus que j’aimais Khris.

J’étais retournée dans le salon, avait déversée mon monologue sur ma soirée. Ce à quoi il me répondait exactement ce que je pensais : il ne voulait pas que j’y aille, je le savais très bien… Mais c’était la seule solution pour moi de l’aider. « À distance » je ne vois pas comment j’aurais pu faire… « T'es plus comme eux, maintenant t'es avec moi. Tu veux redevenir comme avant ? Te faire baiser par je ne sais quel gars en manque ? Tu préfère ça à rester avec moi ? Bah vas-y, tsai quoi, tu seras peut-être beaucoup plus heureuse avec eux. » Après quoi il se leva et sortit sur le balcon. Je restais là, sans rien dire.
Puis je me dirigeais vers la salle de bain, je me passais de l’eau glacée sur le visage, seule solution que j’avais trouvée pour me calmer. Puis j’ôtais mes fringues avec rage, avant d’enfiler le premier grand tshirt que je trouvais. J’attachais mes cheveux comme je pouvais, tâche difficile vu comme ils étaient emmêlés.
Puis je retournais dans le salon. Je l’asseyais au bord du canapé et commençais à rouler un joint. Khris n’avait pas bougé de la terrasse. Je le laissais se calmer, lui aussi. J’allumais mon joint et regardais la lune qui éclairait mes jambes blanches comme de la porcelaine, merci les origines nordiques…
Je me levais et ouvrait la porte pour aller sur le balcon. Je m’appuyais sur la balustrade, à coté/en face de Khris qui y était appuyé. Très malin de ta part de sortir en tshirt dans le froid hivernal de San Francisco, Frankie ! Vraiment, bravo.
Je retenais les tremblements de froid et tirais sur mon joint. Je tournais mon regard vers Khris, l’observant à la dérobe. Putain, ce que tu peux être beau. Ça devrait être interdit d’être aussi beau. Sans rire…
« Tu crois que je peux être heureuse en reprenant ma vie d’avant ? C’est toi qui l’as dit ; je suis plus comme ça. Je peux pas « être bien » si c’est pas avec toi. Je… Fais moi confiance, merde ! Comment tu veux que ça marche, si j’ai l’impression de faire des efforts dans le vide ? Je sais pas moi… Je… » Respire. « Je t’aime, pauvre con. Alors merde, imprime-le. Et fais-moi confiance. » Respire. Tu viens de lui dire que tu l’aimes. En face. Comme ça, genre c’est la fête, allez. Respire.

Frankie ne l'avait pas suivi sur le balcon, heureusement, il fallait qu'il soit seul pendant quelques instants. Il fallait qu'il soit séparé d'elle pour se rappeler à quel point il était amoureux et à quel points seulement quelques mètres pouvait sembler des kilomètres lorsqu'ils étaient entre eux. Comment pouvait-elle avoir un tel effet sur lui ? Il n'avait jamais été aussi amoureux, il en était sur, il n'avait jamais aimé de cette façon. Il avait aimé Levanah, beaucoup trop, mais tout était différent. Levy et lui étaient moins semblables, et ils avaient finis par se détruire. Khris avait souffert pendant longtemps, il en souffrait encore, mais aujourd'hui il savait que tout serait différent avec Frankie. Il voulait que ce soit différent. Il ne voulait pas une fin tragique dans les pleurs et des morceaux de cœurs partout. Il voulait quelque chose de bien pour elle et lui. Et pour la première fois de sa vie, il voulait rester avec une personne pour plus que quelques mois, il la voulait pour l'éternité. Jamais il ne voulait être séparé d'elle. Mais ça, elle ne le saurait surement jamais, parce que Khris ne dit jamais rien sur ses sentiments, parce qu'il a peur de regretter ses mots, parce qu'il a peur qu'on lui fasse du mal, comme un enfant. Le jeune homme vit une cigarette entière dans le cendrier du balcon, il se rappelait l'avoir mise là en pensant « Mon pote, quand tu la fumera, c'est que t'auras pas le courage de retourner à l'intérieur. » C'était le cas. Il regarda à travers la porte vitrée et vit Frankie se changer, il tourna vivement la tête vers l'océan. Stop, pas penser à ça, pas penser à elle, pas penser à.... Oh dieu, pourquoi as-tu créer Frankie ? Khris posa sa tête sur la rambarde du balcon, glacée, elle l'aida à se calmer. Il se redressa et alluma sa cigarette, faisant des ronds avec la fumée. Il faisait vraiment froid dehors et il regrettait de ne pas s'être enfermé dans la chambre. Sérieux, qu'est-ce qui lui avait prit ? Il regarda par dessus son épaule pour voir s'il pouvait enfin retourner dans le salon, apparemment non, Frankie se roulait un joint, avec la weed du jeune homme. Elle voulait le tuer apparemment. Tout ce qui était à lui était à elle de toute façon. Il entendit la porte coulisser et les pas de la jeune femme sur le sol glacé. Pourquoi ? POURQUOI ? Elle venait les cheveux attachés, montrant son cou qu'il avait envie d'embrasser et en t-shirt montrant ses longues jambes parfaites... Elle voulait le tuer, c'était sur. Khris se concentra sur les petites vagues en face de lui tout en tirant distraitement sur sa clope. Et c'est là que Frankie lui avoua pour la première fois, en face, qu'elle l'aimait. Un sourire satisfait s'afficha sur le visage du jeune homme. Elle avait craqué en premier cette fois ! Il passa derrière elle, passant ses bras autour de son ventre et plongeant son visage dans son cou. Il eut un vertige à cause de la proximité avec elle. Il attrapa discrètement le joint et tira dessus, lui soufflant la fumée au visage, signe qu'il avait envie d'elle -enfin, à cet instant ce stade était dépassé depuis longtemps-.

- J'imprime. Je t'aime aussi, pauvre idiote.

What's going on ?

KHRIS & FRANKIE

Il y avait deux trucs que je venais de faire en l’espace de quelques minutes, que je ne m’expliquais pas ; si ce n’était le fait que mon cerveau devait être en mode « pause » depuis que j’étais née…
D’abord, POURQUOI est-ce que j’étais sortie en tshirt dehors, à trois heures du matin, sur un balcon, face à l’océan et donc, le vent glacé de l’océan. J’allais mourir d’une pneumonie, c’était certain.
Ensuite… Merde, qu’est-ce qu’il m’avait pris de balancer à Khris que je l’aimais ? Bien sur c’était vrai, c’était on ne peut plus vrai. Je n’avais jamais été aussi honnête que ces dernières secondes. Mais e n’avais pas prévu de l’être, en fait… C’était sorti tout seul, instinctivement, comme si c’était le moment de le dire.
Je tirais sur mon joint, comme si ça allait faire disparaitre ce que je venais de dire. J’avais lancé une bombe, je n’avais plus qu’à attendre qu’elle explose. C’était quitte ou double.
Soudain, je sentis le contact de ma peau avec celle de Khris. Je faisais mon possible pour retenir un frisson, mais c’était peine perdue…
C’était la guerre dans mon ventre, juste parce que Khris avait posé ses mains dessus. Comment c’était possible de me faire autant d’effet ? Sérieusement ?!
Il me prit le joint des mains. Je m’attendais à une crise, parce que j’avais touché son herbe. Mais non, il tira dessus, tranquillement. Je ne bougeais pas.
Je venais de lui dire que je l’aimais, et lui il tirait sur un joint et… « J'imprime. Je t'aime aussi, pauvre idiote. »
Adieu. Je suis morte et enterrée. Mon cœur ne battait plus, j’en étais certaine. On m’avait déjà dit « je t’aime » ma mère, ma sœur, mon frère, certains mecs dont c’était le délire. Mais là… Là… ça dépassait le réel. Je n’avais aucun mot que me venait à l’esprit.
Je n’avais rien à répondre.
Je me tournais face à lui. Et je levais mes yeux bleus vers les siens. Concentre-toi, Frankie.
Je lui prenais le joint des mains et recrachais la fumée en regardant au loin l’océan. Puis je me levais sur la pointe de mes pieds congelés et je collais mes lèvres aux siennes.
Voila, là j’étais bien. J’étais calme, sereine. J’oubliais tout. L’engueulade, la soirée que j’avais passé, tout disparaissait comme par magie. Il restait juste Khris, qui m’avait dit qu’il m’aimait.
Je me décollais de lui. J’avais des frissons sur tout le corps et mes lèvres grelottaient. Khris plus le froid ; je tremblais de partout.
« On peut rentrer maintenant ? » souriais-je, avant de sceller une nouvelle fois mes lèvres aux siennes ; juste comme ça, parce que j’en avais envie et que j’étais avec lui, alors c’était quelque chose que je pouvais faire quand bon me semblait. Heaven is a place on earth.

Khris était heureux, comme libéré d'un poids, ils s'étaient enfin dit qu'ils s'aimaient en face. C'était différent de se le dire au téléphone, ça paraissait plus réel et en même temps tellement plus effrayant. Elle l'embrassa et ses doutes s'envolèrent, plus de questions et d'appréhensions. Lorsque ses lèvres étaient contre les siennes, lorsque leurs peaux se touchaient il ne pouvait penser qu'à être heureux avec elle. Il oubliait tout, et dans sa tête il n'y avait plus qu'elle. Il préférait ne pas l'aimer à ce point, parce que ça deviendrait compliqué avec le temps. Il savait qu'il allait merder, mais quand ? Il n'en savait rien, et il ne pouvait donc pas l'éviter pour le moment. Khris la serra contre lui pour qu'elle n'ai pas trop froid, juste avant qu'elle ne lui dise qu'elle aimerait bien rentrer. En même temps, être sur un balcon en t-shirt par une soirée de Février, ce n'était pas une bonne idée. Mais apparemment Frankie et les bonnes idées ça faisait des millions et des millions. Pas une bonne idée d'être une pute, pas une bonne idée de sortir avec Khris, pas une bonne idée de tomber amoureuse de lui. M'enfin, ça l'arrangeait quand même bien qu'elle l'aime, sinon il serait déjà mort dans un caniveau de San Francisco. Oui, il aurait préféré mourir plutôt que de vivre sans elle. Depuis qu'il s'était rendu compte qu'il l'aimait, il savait qu'elle était une partie de lui-même, et qu'elle le serait à jamais. Il se demandait même parfois s'il aimerait une autre fille. Mais, pour l'instant, il préférait ne pas y penser et rester avec, seulement elle. Les autres pouvaient tous crever. Khris l'embrassa, la laissant encore quelques minutes dans le froid, pour la « punir » de ne pas lui avoir dit où elle allait. Rancunier ? Oui. Il prit le joint et attrapa le poignet de Frankie pour l'emmener à l'intérieur. Il semblait être l'homme le plus heureux du monde, sa petite amie dans une main et un joint dans l'autre. Ils se retrouvèrent bien vite dans cette pièce qui n'était plus « La chambre de Khris », mais « leur » chambre. Bien qu'elle n'habitait pas ici, il n'y allait presque pas si elle n'était pas là. Il se coucha sur le dos, attirant la jeune femme au dessus de lui. Il tira sur le joint et lui passa la fumée dans un baiser qui voulait clairement dire « Là, maintenant, je te veux. ». Il savait qu'il n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit pour qu'elle le comprenne. Et puis, il voyait bien qu'elle aussi pensait à la même chose que lui. Khris passa ses mains sous son t-shirt en l'embrassant, leurs lèvres se collant parfaitement, comme si elles avaient étés faites pour être ensembles. Et plus il l'aimait, plus il avait du mal à se séparer d'elle. Il arrêta de l'embrasser, plongea ses yeux bleus dans les siens, et quitte à être trop sensible ou fleur bleue il dit d'une voix qu'il essaya de contrôler ;

- Ne me quitte jamais Frankie.

What's going on ?

KHRIS & FRANKIE

J’avais demandé de rentrer, avant que je devienne aussi congelée qu’un glaçon. Pour toute réponse, Khris m’avait embrassé. Ok, bon… admettons, je voulais bien attendre encore un peu, alors. Il me prit le joint des mains, avant de m’entrainer enfin à l’intérieur.
La chaleur de l’appartement m’arracha paradoxalement un frisson, vu la différence avec la température extérieure. Sans un mot, Khris m’emmena dans sa chambre, que je connaisssais maintenant par cœur.
Il s’allongea et m’attira avec lui. J’enroulais mes bras autour de son cou et passais mes mains dans ses cheveux. Au dessus de lui, l’illusion d’optique que j’étais plus grande que lui était parfaite, je baissais la tête pour l’embrasser. M’en lasser ? Je ne voyais pas comment ça pouvait être possible.
Il passait ses mains sous mon tshirt, je soupirais, en même temps que tout mon corps frissonnait. Arrête de me rendre dingue, merci.
« Ne me quitte jamais Frankie. » Mon cœur rata un bond. Comment il pouvait penser que je ferais ça un jour ? J’en serais incapable, j’en étais sure et certaine. Complètement convaincue.
J’essayais d’imaginer un futur sans Khris, maintenant qu’il était là, ça me paraissait comme impossible. Comme un monde parallèle où je ne me serais pas fait tabasser un soir, ce qui ne m’aurait pas poussé à venir chez lui.
J’aurais continué ma vie. Celle qui me dégoutait à présent. Je voulais qu’il oublie celle que j’avais été avant lui. Je ne voulais plus que le mot « pute » se rattache à moi dans son esprit. Jamais. Je savais que c’était impossible et ça me donnait envie de vomir. Je n’avais jamais eu honte de mon métier ; chacun faisait ce qu’il pouvait pour gagner sa vie. Mais maintenant, j’aurais donné n’importe quoi pour ne pas avoir ce passé.
Je l’embrassais de toutes mes forces, quitte à l’étouffer pour lui faire comprendre que jamais, jamais je ne pourrais vivre sans lui. « Je veux tout ; avec toi. Personne d’autre. Jamais. Juste toi. » soufflais-je entre deux baisers. Après quoi, je tirais sur son jean…

▲

Réveillée par le soleil dans les yeux. J’avais la tête posée sur le torse tatoué de Khris. Je levais la tête ; c’était un des rares moments où il dormait, avec mon index, je lui caressais la joue. Je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime.
Avec toute la bonne volonté du monde, je me dirigeais vers la cuisine, le frigo : vide. Comme par hasard.
J’attrapais des fringues au hasard et au moment d’ouvrir la porte d’entrée, je me ravisais. J’arrachais un bon d’emballage sur un pack de bière, un stylo : « Arrête de gueuler ! je suis pas partie, je reviens. Réfléchis à combien je t’aime, en attendant. » Je posais le bout de carton sur l’oreiller à coté de Khris. Parce que oui, je savais qu’en se réveillant et voyant que je n’étais pas là, il allait faire une crise.
Dans la rue, je pris la direction la plus courte vers l’épicerie. J’achetais de quoi faire des croque-monsieur, puisque c’était la seule chose que je savais cuisiner. A la caisse, devant moi, une femme blonde comme moi et un petit garçon. Je mis quelques minutes à les remarquer.
Et puis le flash : moi avec une petite tête blonde, qui me ressemblait. Merde, moi avec un enfant ? Impossible. Mais moi, avec un enfant de Khris ? …
Je secouais la tête. T’as jamais voulu d’enfant, Frankie, commence pas à penser à ça. Oui mais… NON chut !
Je pris ensuite le chemin en sens inverse, les bras chargés. Je poussais la porte de l’appartement avec difficulté.
Est-ce que Khris s’était réveillé ?

Encore une nuit à ses cotés, encore une nuit où la terre aurait pu changer de sens et il ne l'aurait même pas remarqué. Frankie lui avait même assuré qu'elle ne voulait que lui et que cela ne risquait pas de changer. Il était rassuré. Khris avait d'abord eu du mal à s'endormir et comme d'habitude il l'avait regardée dormir tout en fumant. Il avait adoré le moment où elle avait soupiré un petit « Khris... » agacée alors qu'elle était en plein milieu d'un rêve. Elle pouvait être sur qu'il lui dirait lorsqu'elle serait réveillée ! Elle allait l'entendre pendant des années... des années ? Khris avait ensuite finalement réussi à s'endormir pendant quelques heures et s'était réveillé après avoir entendu du bruit dans l'appartement. Il garda les yeux fermés et se tourna du coté où Frankie dormait pour la serrer contre lui, mais tout ce qu'il trouva fut la couette, froide. Il ouvrit les yeux, paniqués, son cœur avait du mal à rester à un rythme normal. Il s'agitait dans son torse aussi vite qu'il pouvait. Khris s'assit subitement, comme quand on se réveille après un cauchemar horrible. Il se frotta les yeux, tenta de respirer calmement, fixant le mur en face de lui. Il regarda à coté de lui, pour voir s'il n'avait pas rêvé. Non, elle était bien partie. Il savait qu'il n'aurait pas du lui avouer ses sentiments, elle avait fuit. Il fixa le coté du lit, vide, désespéré par la situation. C'est là qu'il remarqua qu'il y avait un bout de papier sur l'oreiller, il se jeta dessus et manqua de le déchirer accidentellement. Il tenta de retrouver son calme et lut le message « Arrête de gueuler ! Je suis pas partie, je reviens. Réfléchis à combien je t’aime, en attendant. ». Non, il n'avait pas gueulé... bon, intérieurement si. Réfléchir à combien elle l'aimait ? Il se laissa tomber sur le dos dans le lit, fixant le plafond en souriant, il se trouva assez stupide sur le moment. Il venait d'avoir la peur de sa vie, juste parce qu'elle était partie pour quelques minutes. Khris se leva, enfila un boxer et alla fumer une clope dans le salon en l'attendant, il avait l'impression qu'elle mettait des heures à revenir ! En plus, il ne savait même pas depuis combien de temps elle était partie et où elle était. Oui bon, il stressait encore, mais il savait qu'elle n'était pas là où il ne voulait pas qu'elle aille. A cause de la dispute de la veille il espérait au moins qu'elle ai comprit à quel point il tenait à elle et pourquoi il avait piqué sa crise comme ça. La porte se poussa tout doucement et Frankie apparu les bras chargés de sacs. Il se leva pour aller l'aider, parce qu'elle avait vraiment l'air de galérer avec ses petits bras. Les sacs dans une main, il passa son bras libre derrière la nuque de la jeune femme et l'embrassa comme s'ils ne s'étaient pas vus depuis des mois. Khris regarda dans les sacs, de la nourriture ? Ça faisait un moment qu'il n'avait pas mangé autre chose d'une pizza ou quelque chose venant d'un restaurant chinois.

- Oh mademoiselle me fait peur et en plus elle veut me faire à manger ! Qu'ai-je fait pour mériter tout ça ?

Il lui montra son plus beau sourire, histoire de se venger un petit peu.

What's going on ?

KHRIS & FRANKIE

En rentrant, j’imaginais déjà Khris se réveiller et ne pas me voir. Et s’il ne trouvait pas mon mot ? Voila, ça allait être le bordel. Je me dépêchais, autant que possible avec les bras chargés.
Je poussais la porte avec mon dos, elle finit de s’ouvrir comme par miracle. En fait non, ça n’avait rien à voir avec un miracle. Enfin, si un peu : c’était Khris qui arrivait à mon secours. Il attrapa les sacs que j’avais dans les mains et m’embrassa.
Je souriais. Couple atypique. Beaux à en crever. Que le monde entier soit jaloux de tout cet amour débordant que j’avais à revendre et que je donnerai qu’à une seule personne. Celle qui se tenait devant moi. « Oh mademoiselle me fait peur et en plus elle veut me faire à manger ! Qu'ai-je fait pour mériter tout ça ? »
J’éclatais de rire. « J’étais sure que tu flipperais que je me sois cassé. » Je l’embrassais. « Je vais te faire des sandwichs, c’est pas un quatre étoiles non plus, tu sais… T’as pas choisi la bonne, je sais pas cuisiner, en fait. Voila, il fallait que je te le dise. » Je souriais et reprenais mes sacs.
Je pris la cigarette qu’il avait dans les mains et la coinçais dans ma bouche.
Dans la cuisine, je commençais à préparer ce que j’avais à faire.
En attendant que ça cuise, je m’égarais dans mes pensées.
Si j’avais pensé en arriver là un jour. Faire à manger – des sandwichs, ok ! – à quelqu’un. À un mec, le pire ! Je me souriais à moi-même.
C’était le genre de truc… si on me l’avait dit, j’aurais explosé de rire. Jamais je ne me voyais devenir comme ça.
Mais Khris m’avait changé en l’espace de quelques jours. Je n’étais plus la même. J’avais changé du tout au tout.
Je crois que j’aurais été prête à tout pour lui. Est-ce qu’il savait à quel point je l’aimais ? Certainement pas. Est-ce qu’il le saurait ? J’en savais rien. Je n’avais jamais eu à prouver mes sentiments à qui que ce soit.
Je reportais mon attention sur mes sandwichs. Merde ! Ils avaient cramés. Bon, j’étais même capable de rater des sandwichs. Pauvre fille.
« Euh… Tu les aime grillés tes sandwichs… ? » lançais en souriant doucement, à Khris qui entrait dans la cuisine au même moment.

«  J'étais sur que tu flipperais que je me sois cassé. » Il eut envie de lui dire qu'il l'aimait et qu'il avait cru mourir mais elle l'embrassa tout de suite après, comme si elle avait sut qu'il avait encore besoin d'être calmé après cette « épreuve ». Elle lui annonça qu'elle ne savait pas cuisiner, heureusement que lui avait quelques bases, sinon comment allaient-ils faire plus tard ? Il se voyait déjà avec le tablier dans la cuisine pendant qu'elle glanderait sur le canapé ou le déconcentrerait pendant que les enfants attendraient. Les enfants ? Plus tard ? Quoi ? Bref, Frankie lui prit sa cigarette et alla dans la cuisine, surement pour essayer de cuisiner. Khris alla chercher son paquet alluma une autre clope puisqu'il venait de se faire voler. Il n'aurait jamais cru qu'une fille lui ferait la cuisine, surtout pas sa petite copine. Évidemment, pendant un moment il ne fallait surtout pas parler de relation « stable » à Khris, il n'en avait jamais eu avant Levanah. Enfin, il n'était jamais sortit avec une fille aussi longtemps, jamais plus d'une semaine ou... ouais les coups d'un soir quoi. Non, vraiment, il n'aurait jamais cru qu'il serait heureux qu'une fille lui fasse à manger, qu'elle dorme avec lui, rien que sa présence lui redonnait le sourire. Il trouvait ça... bizarre. Pas bizarre en mal, bizarre en inhabituel. Il fallait encore qu'il s'habitue au fait d'être amoureux d'elle et à la voir débarquer jour et nuit pour X raisons. Il n'aurait pas accepté ça avec n'importe quelle fille, il l'acceptait parce que c'était Frankie et qu'il pensait qu'elle était la seule et dernière qu'il aimerait dans toute ça vie. Bon, ça faisait peu de temps qu'ils étaient ensemble, mais il pouvait le sentir. Il savait que ce n'était pas l'histoire de quelques mois, il ne le voulait pas. Khris commença à sentir l'odeur du cramé dans l'appartement et entra dans la cuisine. Hm, elle ne savait pas faire cuire des sandwichs, vraiment, il fallait que ce soit lui qui cuisine.

- J'enlèverais le grillé jvais pas en mourir. Sourire. A l'avenir, laisse-moi cuisiner, je dois surement me débrouiller mieux que toi !

Il s'approcha des sandwichs et les posa dans une assiette en se brulant les doigts comme un idiot. Oui bon, on a dit qu'il savait cuisiner pas qu'il était supérieurement intelligent ! Khris regarda les sacs qui étaient restés par terre, encore remplis de toutes les autres affaires que Frankie avait acheté.

- Au fait t'as mit quelque chose dedans ? Ou faut le faire maintenant ?

En effet vu à quel point les sandwichs étaient « grillés » il ne pouvait pas vraiment savoir s'il étaient vides ou non.

What's going on ?

KHRIS & FRANKIE

Comment je pouvais être aussi nulle en cuisine ? Je ne savais vraiment rien faire de mes dix doigts.
Je passais ma vie à manger des trucs tout prêts, des pizzas, junk food à gogo… Jamais je ne faisais à manger. D’abord, parce que je n’avais pas le temps. J’étais rarement chez moi. Et quand j’y étais c’était en rentrant du boulot vers cinq heures du matin et la dernière chose dont j’avais envie c’était de cuisiner.
En Suède, ma mère m’avait appris quelques trucs, que j’avais oubliés aussi vite en montant dans l’avion. Comme si j’avais subi un lavage de cerveau ou quelque chose dans le genre.
Je regardais le four, qui indiquait 13 : 47. Je venais seulement de me préoccuper de l’heure.
« A l'avenir, laisse-moi cuisiner, je dois surement me débrouiller mieux que toi ! » Je le regardais et faisais la moue. Puis Khris décida de prendre les choses en main.
D’un petit bond, je m’asseyais sur la table et le regardais faire en souriant. « C’est toi qui va me faire à manger, alors ? » m’exclamais-je, satisfaite.
Dans un des sacs, il avait du pain, je le sortais, à force de contorsions, sans bouger de la table. J’en arrachais un bout, pendant que Khris mettait mes malheurs sandwichs dans une assiette, non sans se bruler.
Est-ce que c’était ça, être un vrai couple ? S’aimer, être ensemble tout le temps ? Manger des sandwichs grillés ?
Je m’en foutais, de savoir si on avait bien fait les choses. Si on était dans « les règles » que les gens s’imposaient quand ils étaient en couple. Je me foutais de toute ça. Une pute et un dealer, on sortait assez de la norme pour ne pas avoir besoin de tout ça. Même si paradoxalement, une partie de moi voulait faire les choses bien, je voulais rendre Khris heureux, pour qu’il n’ait jamais envie d’être avec une autre. J’avais vu sur facebook, que son ex était de retour. J’oubliais autant que possible ce nuage. Mais que ce soit elle, ou une autre, je ne voulais pas. Je ne voulais pas qu’il n’ait pas besoin de moi.
Parce que moi, j’avais besoin de ce mec qui était en train de se bruler avec mes sandwichs trop cuits. J’ai besoin de toi… Ne me laisse pas, jamais…
Khris me tira de ma rêverie. Je clignais des yeux, et portant mon attention sur lui. « Au fait t'as mit quelque chose dedans ? Ou faut le faire maintenant ? »
Je levais les yeux au ciel en finissant mon bout de pain. C’était tellement loupé que c’était impossible de distinguer quand s’arrêtait le pain et ou commençait les ingrédients que j’avais glissé à l’intérieur… « J’ai déjà mis du jambon et du cheddar dedans. Laisse tomber, c’est immangeable… » soufflais-je. Il avait regardé mes sacs pleins. En fait, j’avais acheté un tas de conneries : des biscuits en tous genres, mais pas de « vraie » nourriture. Et par miracle, j’avais trouvé des fraises.
Je sortais la barquette, l’ouvris. Je pris une fraise et tendais la barquette à Khris. « Tu peux les manger, c’est pas moi qui les ai fait. » lançais-je, avec une tête de gamine, histoire de me faire pardonner avec une tête un peu mignonne.

Khris se demanda ce qu'il allait pouvoir faire, depuis qu'il était à SF - non depuis qu'il n'était plus chez ses parents – il mangeait peu ou alors n'importe quoi. Parce qu'il avait la flemme de cuisiner ou alors parce qu'il n'avait pas le temps. Et quand il mangeait c'était chinois, mcdo, enfin bon tous les trucs gars et lourd. Mais surtout rapide et sans effort. En dehors de ça, Khris mangeait presque toute la journée, chips, gâteaux, tous les trucs qui lui passaient sous la main. C'était surement grâce à ça qu'il n'était pas devenu squelettique. Il suivie le regard de sa petite amie pendant quelques secondes et vis l'heure aussi, il avait plus dormit qu'il ne le pensait. Dans sa tête il était quelque chose comme dix heure. Il soupira à la remarque de Frankie.

- C'est toujours l'homme qui répare les erreurs de la femme, pfeuh. Mais bon, on est bien obligé si on veut manger autre chose que du cramé !

Il ne le pensait pas sérieusement, il disait juste ça pour l'énerver. Il était sur que même cette chose qui était censée être un sandwich était bonne, du moment que ça venait d'elle, il aimait. Ouais, bon, il se forcerait à aimer quoi. Khris regarda dans le sacs, ne voyant presque que des choses qu'on ne mange pas pendant un repas. Des conneries qu'on mange en cours de journée quand on s'ennuie. Il fouilla encore un peu et trouva par miracle un paquet de pattes. Il le sortit et mit l'eau à bouillir avec du sel, jusque là, ce n'était pas compliqué. Khris savait faire des pattes, au moins, ils pourraient manger. Frankie répondit à sa question par un « Laisse tomber, c'est immangeable... ». Il fronça les sourcils et pris un des sandwichs, prends ton courage à deux mains, fais pas la chochotte. Il mordit dedans, et attendit un goût ignoble. Mais, en fait, ce n'était pas si mauvais, il suffisait juste d'enlever le grillé comme il l'avait dit plus tôt. Frankie sortis les fraises et lui en tendit la barquette, en lui disant qu'elle ne les avait pas faites et qu'elles étaient donc comestibles. Sa phrase arriva à lui décrocher un sourire. Il en prit une et la mangea, oubliant d'enlever les feuilles qu'il recracha avec surprise un peu plus tard. Non, non, vraiment pas intelligent. Khris s'approcha d'elle, plaçant entre ses jambes, elle était un petit peu plus grande que lorsqu'elle était debout. Il l'embrassa à nouveau, il ne s'en lassait pas et ne s'en lasserait sans doute jamais. Il était en train de l'embrasser lorsqu'il entendit que l'eau était prête, il s'éloigna d'elle à contre-cœur pour mettre les pattes dans l'eau.

- Sinon, tu sais faire le ménage ? Parce qu'il faut bien te trouver une utilité.

What's going on ?

KHRIS & FRANKIE

Je vivais le genre de trucs que je n’aurais jamais pensé vivre. Qu’aucune fille comme moi n’aurait pensé vivre d’ailleurs. A part Julia Roberts dans Pretty Woman, c’était rare qu’une prostituée change de vie, trouve quelqu’un, ce genre de choses… J’avais connu des tas de filles qui attendaient leur Richard Gere. J’avais toujours eu envie de les secouer en leur disant que la vie n’était pas un film et que jamais ça n’arriverait.
Pour ma part, j’étais devenue ce que j’étais par facilité : l’argent vite gagné, ne travailler pour personne, ne pas avoir de boss, d’horaires… C’était tout ce que je demandais. Je ne m’étais jamais attendu à ce qu’on me dise « viens avec moi, arrête tout ça ». Mais ce à quoi je m’attendais encore moins c’était que je le ferai, vraiment. Ma famille ne savait pas ce que je faisais, mais certains de mes amis, oui ; beaucoup d’entre eux m’avaient demandé d’arrêter, m’avaient dit que c’était dangereux, que ce n’était pas pour moi, que j’étais jolie et j’aurais pu faire n’importe quoi d’autre. Ils m’avaient dit d’arrêter et je leur riais au nez, que voulaient-ils que je fasse ? Que je sois serveuse, pour gagner en un mois ce que j’arrivais à gagner en une semaine, voire moins ?
Pourtant, il avait suffit que Khris me le demande une fois, une seule fois… pour que je laisse tout derrière moi. Est-ce que je tiendrai ? Pour le moment ça ne me posait pas de problème, puisqu’à la place de travailler j’étais avec lui. Mais j’avais fait ça toute ma vie, est-ce que c’était vraiment possible de tourner la page ? Il fallait que je trouve un autre boulot, rapidement sinon, je ne tiendrais pas sans gagner un peu d’argent.
Je ne voulais pas penser à ça, alors qu’aujourd’hui, j’arrivais à m’imaginer un futur avec Khris. C’était lui qui avait dit « A l'avenir, laisse-moi cuisiner »... Est-ce qu’il envisageait un avenir avec une fille comme moi ? Ca me paraissait assez impossible, mais venant d’un mec comme Khris, je crois que je pouvais m’attendre à tout. Après tout, il semblait vraiment amoureux de moi ; j’aurais déjà cru ça impossible.
Il me tira de mes pensées en se plaçant en face de moi, avant de m’embrasser. Je passais mes bras dans son dos, répondant à son baiser. Une nouvelle fois, le temps s’arrêtait. Je crois que jamais je ne saurai comment il était capable de ça…
Puis il s’éloigna, me laissant sur ma faim. « Sinon, tu sais faire le ménage ? Parce qu'il faut bien te trouver une utilité. »
Je souriais et me levais. Je m’approchais tout doucement de lui. Je passais mes bras autour de son cou, et je l’embrassais. Encore et toujours, jusqu’à manquer d’air. C’était la seule façon de m’arrête de l’embrasser de toute façon… Et puis je reculais. « Une utilité ? Je fais le ménage, mais je crois pas que c’est mon utilité principale, tu vois… » souriais-je, espiègle.
Puis, je penchais ma tête au dessus de la casserole d’eau et de pâtes. « Bon, je vois que t’as les choses en main. Je vais prendre une douche. » lançais-je. « Toute seule ! » ajoutais-je, en riant. Pas sur qu'il écouterait, mais bon...
Dans la salle de bain, mon reflet me fit remarquer qu’une fois encore, j’étais habillée avec ses vêtements à lui. Et je me rendais compte que ça devait bien faire quelques jours que j’étais plus souvent habillée de ses fringues que les miennes.