Dante & Jordane

Wake up Jordane. Non pas que j'ai franchement dormi depuis ces quelques jours où nous nous étions séparés. Je m'en voulais et je ne cessai de ressasser, de repasser ce que j'avais pu faire de mal dans ma tête. Qu'est-ce qu'il y avait bien pu se passer pour qu'il parte comme ça ? Je n'en avais aucune idée. Quoiqu'il en soit depuis vendredi soir, je vivais comme une automate. Je sortais de mon lit après une énième nuit blanche, je me regardai longuement dans le miroir brossant mes cheveux devenus blonds depuis peu, essayant de me rappeler le peu d'humanité présent dans mon être. Je me sentais comme Bella dans New Moon, une vraie loque. Une enveloppe charnelle mais vide. Alors, ensuite je partais m'habiller, mettre ma tenue de travail pour me rendre à mon travail, me demandant quand est-ce que cette mascarade allait cesser ? Je ne vivais même pas chez moi. J'habitais chez Crash – mon ami d'enfance – pour éviter de devoir croiser Duke tous les matins, de croiser ses yeux bleus et de me courir alors me réfugier à l'intérieur pour pleurer toutes les larmes de mon corps. You're stronger, Jordane. Crash me chuchotait ça tous les soirs mais rien n'y faisait, je me sentais toujours aussi seule. J'attendais qu'il s'endorme avant de me lever et de errer dans la maison comme une pauvre âme. My life sucks without you. Puis je repartais me coucher à l'aube, faisant comme ci j'avais dormi deux ou trois heures alors que c'est faux. Je l'avais dans la peau ce connard. Cet enfoiré qui m'avait brisé le cœur et je voulais qu'il sorte, qu'il se détache de mon âme comme d'un simple coup de ciseaux. « Facile à dire. »

J'étais appuyée contre la vasque du lavabo à regarder l'eau qui s'écoulait, essayant de faire cesser les spasmes qui secouaient mon corps comme un prunier. J'avais froid, je me sentais démunie sans lui. Puis ma main glissa sous l'eau trop chaude sans ressentir la moindre douleur avant d'asperger mon visage comme pour me réveiller. « Wake up Jordane. » J'avais murmuré ça à peine audible avant de rencontrer mon reflet. Qu'étais-je devenue ? Qui suis-je ? Cette chose pâle et fatiguée, grisatre n'est pas moi. Alors, je frappai un bon coup sur le meuble avant de fermer les yeux et de me laisser glisser à terre pour me prendre le visage entre les mains, prise de sanglots. Comeback please. Reviens vite. Accroupie en position fœtale, je n'entendis pas mon bébé pleurer. Adam ne faisait que ça. My life is a nightmare. Alors, je me repris. « Tu dois aller travailler. » Je me remis sur pieds pour passer ma chemise de travail, attacher mes cheveux en queue de cheval parfaite, fourrer un bâton de réglisse dans mon bec et partir avant de croiser le regard de Crash qui ne semblait pas réveillé. « J'vais aller déposer Adam à la garderie mon chou. See ya tonight. » Faire semblant, dire que tout va bien. I'M OK ! Faux ! Mensonge. Liar ! Je pris le bébé qui était déjà prêt et qui semblait calmé pour le mettre dans son couffin avant de l'emmener à la garderie qui n'était pas si loin. N'ayant plus de permis, je me rendais au travail à pieds et tant pis si je me faisais faucher par un motard, un chauffard ou autre personne motorisée.

Une fois Adam à la garderie, je sortis pour mettre mes écouteurs et mettre ma musique fétiche du moment, la seule qui me faisait sourire. Et c'est du Justin Bieber. J'aurai tout fait je crois, me comparer à Bella, écouter du Justin Bieber. Refaisant mon lacet, je me relevai pour partir en courant jusqu'au zoo. Je devais redescendre l'avenue et comme tous les jours, j'étais en retard. Je partis donc comme une fusée avant d'arriver et de me faire engueuler par mon collègue. « J'ai un enfant maintenant que veux-tu, me justifiai-je avant de rentrer dans les locaux prévus pour les employés et saluer tout le monde. Je devais aller voir Sherkan aujourd'hui. Il semblait patraque depuis quelques jours. Je fourre donc un chewing-gum dans ma bouche, prend le gros morceau de viande que je mets dans le caddie – volé au supermarché mais c'est super pratique – pour aller dans son enclos. Il était immense en plus. Une fois devant, j'ouvris pour sortir mon sifflet et l'appeler. Ai-je oublier de préciser que cette chose de deux cent kilos se prenait pour un chat et avait tendance à me prendre pour sa mère ? Ca m'apprendra à lui donner le biberon à cette saleté !

J'attendais et je m'apprêtais à l'engueuler quand je le vis débouler sans se presser. « Te dépêches pas surtout, c'est vrai j'ai que toi ce matin, Sherk' ! » Je croise les bras sur ma poitrine et il arrive à ma hauteur pour prendre le morceau et se coucher. Je me baisse pour tendre la main quand j'entends un grognement. « Hé beh toi aussi t'es de bonne humeur, ça fait plaisir ! » Il tourne la tête vers moi et j'allais m'apprêter à partir quand un de mes collègues passe la tête dans l'embrasure de la porte et me regarde. « Y'a quelqu'un pour toi. » Duke ? Déjà ? Mon cœur commence donc à repartir et je sors de l'espace vert pour voir en effet une personne qui m'attendait mais pas celui que j'attendais. Fais chier. « Salut Dante, qu'est-ce que tu fais là ? » Je m'accoude contre une rambarde jetant un coup d'oeil au tigre avant de revenir à mon ami, un faux sourire sur le visage. Faire semblant. Liar, Liar, Liar !