Il devait être 3h de l’après-midi, Matthew ouvrit un œil difficilement, réveillé par les rayons du soleil qui passaient à travers les rideaux. Puis, il en ouvrit un deuxième, observant la pièce encore sombre. Son cœur se mit à battre la chamade alors que ses yeux s’écarquillèrent. Il croyait que tout ça était un rêve, mais non, c’était bien la réalité… Cette chambre n’était pas la sienne. Il se redressa, prit de panique. Cette fille, étendue à côté de lui, n’était pas sa petite amie. Ouch, il se rallongea, doucement. Sa tête lui faisait tellement mal, qu’il avait l’impression que innombrables petits lutins jouaient du tambour dessus. Il avait l’impression que ses yeux étaient en feux et qu’ils allaient bientôt sortir de leur orbite. Il se sentait vaseux, épuisé et en sucre. Mais il ne pouvait pas rester là non, ce ne serait qu’offrir une suite à ce cauchemar. Il ramassa ses affaires en vitesse, les enfila et atterrit dans le couloir. Lentement, il poussa la porte de la deuxième chambre ; son ami Paul y était encore bien endormi avec je ne sais qui, loin de lui l’idée de les déranger. Quelques pas pour arriver dans le salon, et Matt passa sa main sur son front, et découvrit qu’il s’était blessé, mais le pourquoi du comment lui échappa... Des dizaines de bouteilles d’alcool de toutes les couleurs, vides, éparpillées dans la pièce. Au moins le même nombre de verres grouillant sur le sol, dans l’évier, même sur le canapé. D’innombrables joints, finit, jetés par terre, ou à peine entamés dormant encore dans les cendriers… Tout cela mélangé aux clopes, donnait une odeur de tabac froid, nauséabonde. Deux invités dormaient comme ils le pouvaient sur le canapé, et deux autres étaient étalés sur le tapis ; comme des cadavres. Non, il fallait que ce supplice prenne fin. Il sauta hors de la maison et pu d’ores et déjà entendre le bruit des vagues. La scène était encore plus terrifiante à l’extérieur. L’image du salon répétée en trois fois. Il n’avait pas mit les pieds en cours depuis au moins… Hum. Et putain, on était quel jour ? Mardi, mercredi… ? En tout cas, trop tard pour y aller aujourd’hui. Son iPhone vibra dans sa poche. Un message de son frère, lui disant qu’il le détestait et que s’il le revoyait, il allait le réduire en poudre. Que c’était un salaud, sans cœur, sans conscience, qu’il devrait avoir honte de ce qu’il est et qu’il allait regretter de lui avoir piqué sa petite amie. Et merde… Le paysage se mit à tourner autour de lui, de plus en plus vite, comme si une tempête allait l’emporter. Il ne savait plus ce qu’il faisait là, quel jour on était, quelle heure il était. Le temps, semblait s’être évadé, plus rien ne comptait ; la vie, n’était plus qu’un enchaînement de scènes semblables à celle-ci, inlassablement.


C’est là que tout à commencé. L’adolescence, l’envie de changer, de se faire remarquer, d’être quelqu’un. Le changement d’attitude de Matthew avait commencé tranquillement, lorsqu’il avait débuté à sécher les cours, à répondre aux professeurs ou encore à avoir de mauvaises fréquentations. Ce n’était pas pour le plaisir qu’il faisait cela, c’était le seul et unique moyen qu’il ai trouvé pour attirer l’attention de ses parents, qui l’avaient trop délaissé depuis sa naissance. Toujours en déplacements à Londres ou je ne sais où, ils avaient laissés à Matt et son jeune frère pour seule compagnie, une nourrice attitrée. Enfant, ça leur convenait plutôt bien, mais arrivé vers l’âge de 16 ans, ce n’était plus d’une nourrice qu’il avait besoin, mais d’un père, et d’une mère. Tous ses efforts se révélèrent être un échec ; son attitude n’attirait apparemment pas l’attention de ses parents, il ne se faisait même pas réprimander. Alors, ayant prit l’habitude, il continuait… Teignmouth, une petite ville du Devon, en Angleterre. Teignmouth était sa ville natale et elle était également, tellement ennuyeuse… Il n’y avait pas l’attraction et les paillettes d’une grande ville comme Londres, alors que faire ? Fumer tout et n’importe quoi, boire à en vomir ses tripes, chanter dans la rue, se baigner à 3h du matin, allumer des pétards devant la porte des voisins. Fréquenter des filles, toujours plus de filles, toujours plus de joints, toujours plus d’alcool ; toujours plus, de déviation vers la mauvaise voie… Mais comment faire la distinction entre le bien et le mal, si personne ne nous l’apprend ? Personne n’était là pour lui dire que fumer pourrait détruire sa santé, personne n’était là pour lui dire que l’école était importante pour son avenir, personne n’était là pour lui dire que les filles n’étaient pas des objets. Mais comment les prendre au sérieux ? Comment s’imaginer qu’elles pourraient être intéressantes, douces et vouloir rester auprès de lui alors que sa propre mère l’avait en quelques sortes, abandonné ? Au début, ce n’était que des bêtises et des expériences propres à un adolescent de son âge. Mais les mois passant, les années défilant, et tout se dégradait de plus en plus. Sa personnalité avait changée, il n’était plus le même, mais il ne s’en rendait même pas compte. Ce n’était pas « la fin du monde » disait-il… Pas encore, non…

AUJOURD'HUI

Cela fait quelques mois que Matthew vit à San Francisco. Il a décidé de tout plaquer et de partir dans la ville natale de sa mère lorsqu’il a apprit le décès de ses parents ; tués sur la route entre Londres et Teignmouth. Ce jour là, fut certainement le déclic, qui lui permit de se rendre compte que la vie pouvait s’arrêter à n’importe quel instant. Qu’il était temps pour lui de changer, de se prendre en main, et de réellement faire quelque chose de sa vie. Pour cela il n’y avait qu’une seule solution ; partir. Il était pourtant intelligent, il savait qu'il avait des capacités, à lui de les exploiter. Ayant délaissé son jeune frère avec qui il n’avait plus de très bon rapports, Matthew se retrouve alors seul lorsqu’il débarque dans une des plus grandes villes de la Californie. Réussira t-il a retrouver une vie normale ? Saura t-il arrêter les mauvaises habitudes qu’il a prises ? Saura t-il se trouver de meilleures fréquentations qui pourront l’aider à remonter la pente ?