Un jour par semaine, il se rendait dans un endroit particulier. Peu importait l'heure d'ailleurs. Il n'était pas nostalgique du passé, mais il ne pouvait pas tourner la page, et oublier une personne, importante à ses yeux. Quand on quitte une personne on dit, ne plus l'aimer, pourtant il reste toujours au fond de nous, l'emplacement que prenait cette personne, dans notre coeur. Personne ne pourrait y prendre place, car celui-ci est à jamais prit, par cette personne, ayant fait partit de notre vie.

Une rose bien rouge. Il la déposait sur le haut de la stelle comme toujours. Deux ou trois mots avant de fixer les écrits, et de ne plus rien dire. Parfois des paroles sortaient, plus facilement que d'autres, mais souvent tout passait par la pensée. Chez lui en tout cas. Recueillit devant la tombe, il n'avait pas jeté un oeil aux alentours. Ignorant qu'à quelques tombes de là, se trouvait déjà quelqu'un. Guère une inconnue à ses yeux, et pas des moindres en une connaissance. Mais soudain un bruit le fit sortir de son recueillement. Des paroles, qui plus est qu'il n'entendait que peu, d'où il était. Curieux il fallait qu'il approche au cas où, quelqu'un appelait à l'aide.

Une chevelure blonde, dos à lui. Une silhouette des plus agitées d'ailleurs. Marchant sur le gazon d'un vert vif, il ne faisait aucun bruit, et attendait de voir de plus près cette personne, et s'assurer que ça allait.

Peu de personnes connaissait son histoire, leur histoire. Difficile periode. Personne ne s'était permis encore, de remuer le couteau dans la plaie. De lui faire une quelconque remarque, sur le fait qu'il vient ici, toujours à la même fréquence, qu'avant. Il n'y a pas de jugement à porter sur son acte, pas de critique à donner. Chacun réagit différemment face à un deuil, certains tireront rapidement un trait, pour se protéger et d'autres, mettront plus de temps, à surmonter leur chagrin. Il n'est pas expressif, aucune larmes souvent, devant cette tombe mais un profond désarroi, de voir que la situation était bel et bien réelle.

Souvent il ne croisait personne. Cette âme vagabonde n'avait qu'une grand mère, pour s'occuper d'elle, et maintenant bien souvent il n'y a plus que lui, pour la fleurir et ne pas l'abandonner. L'endroit n'était pas connu par ses proches, seulement par les siens. Mais il ne partageait rien de plus, que des images d'elle ou d'eux, en leur compagnie. Pas à pas, il se découvrait, point seul. Une voix fébrile, qu'il comprenait mieux maintenant. Il n'était qu'à une tombe derrière, et en cet instant il avait l'impression, d'être un invité imprévu au sein de cette vie là. Alors qu'il tentait de retourner, jusqu'à son chemin, il fit tomber un vase qui heureusement ne se casse pas, mais par contre la silhouette blonde, elle, l'avait bien entendu. Hésitant à poser son regard, il le fit et là. Il ne se sentait plus du tout. « Pardonne-moi ... je ne voulais point t'importuner ... d'avec les tiens »

C'était rare quand il croisait du monde. Encore plus quelqu'un qu'il connaissait, d'ailleurs ça ne lui était encore jamais arrivé. Ne prévenant jamais personne de ses faits et gestes, hormis par déduction on pourrait en venir à le retrouver ici. Cela n'est pas un secret mais, il a toujours préféré ne pas trop en parler, cela fût tellement une période difficile, à passer, qu'il ne veut pas y revenir dessus.

Peu de monde son au courant de son histoire. Ses meilleurs amis, sa famille. Cela était déjà bien suffisant, bien qu'il a toujours tenté de cacher sa peine, et son deuil. Mary ne semblait pas avoir tiré un trait non plus, sur ses proches parents. Il ne connaissait pas son histoire, et n'avait pas même jeté un oeil, sur les stèles présentes. Ne voulant pas s'éterniser ici.
« Je vais te laisser ... Bonne, enfin ... »

Préférant se taire plutôt que d'annoncer une bonne journée, à un visage en larmes. Il n'avait pas encore lu, facebook et ce n'était pas le site vers lequel il se tournait en premier. Plutôt les jeux en ligne. Mais l'heure n'était pas à cela. Reprenant ses pas, jusqu'à la tombe d'où il venait.

Un brin mystérieux il n'était pas aussi agité que ces étudiants. La jeunesse le perdait et il devenait véritablement un homme. Apprenant à acquérir sa propre sagesse, avec ses expériences et ses blessures. Cela devait bel et bien changer la jeune femme, habitué à ses minets, ne pensant encore qu'à écumer les soirées, et les chambres d'étudiantes. Il eut été l'un d'eux jadis. Il ne s'en cachait pas mais ne s'en étalait pas le bide non plus. Surtout pas, d'une période de son passé.

Parfois on pense l'avoir oublier, mais en fin de compte, elle revient toujours. La peine. Que ça soit par un endroit qui nous rappelle de doux moments ou une musique qu'on murmurait à l'oreille de celle qu'on aimait. On peut jamais réellement oublier, car un rien peut nous refaire basculer, dans nos souvenirs. Comme venir sur un rebord de tombe. Seul.

Il avait prit soin de ne pas l'importuné. Il ne voulait surtout pas qu'elle parte trop tôt à cause de lui. Retournant à son propre recueil, il ne pensait pas la recroiser, de quelques pas de plus. Elle lui laisse de l'eau. Avant d'en nourrir ses propres fleurs et de disparaitre. Restant encore un peu. Il finit par fuir, ses souvenirs. Franchir la porte du cimetière lui donnait, comme un rideau qui tombait, quand il quittait ce lieu. Mais en un regard furtif il pouvait la voir encore. Mary. « Merci ... » Osant pas la déranger dans la posture où elle était. « Est ce que ça va ... »

Un endroit différent et peu plausible, pour une rencontre ou un rencard imprévu. Autant dire que ça frappait fort. Elle n'était pas dans son assiette et lui était retombé dans ses souvenirs. Chaque dans un état plus fébrile qu'en temps normal, et difficile dans un endroit pareil, de faire semblant. Il ne s'interrogeait pas sur elle. Sur sa présence ici, car il savait que le malheur frappe hélas, à toutes les portes. Mais à en voir son visage, c'était sans doute des êtres chers pour elle. Lui n'avait point de larmes aux yeux, car il en avait sans doute trop versé. Ou se contenait à cause d'une mince fierté.

La croiser une première fois, devant une tombe, ça allait il gérait. Sauf que la revoir en sortant, il se demandait bel et bien si ce n'était pas provoqué, cette fois-ci. Question d'habitude, de demander si ça allait quand on croisait le regard d'une âme en peine. Cela l'intéressait de savoir, mais pas à ce qu'elle dévoile son désarroi si ça lui faisait plus mal encore.

« Dis-moi juste, ce que tu penses que je devrais savoir ... » Dit-il toujours devant la sortie, à quelques pas d'elle, la tête tourné en arrière vers sa silhouette. Payer le prix de sa propre vie, ou intenter à celle-ci dans son cas. Cela faisait tilte dans sa tête, et ça lui rappelait la personne qui reposait en paix. Et qu'il venait de quitter. « Suffit d'oublier de respirer ... et on franchit cette porte, pour ne plus jamais en ressortir »

Il ne voulait pas s'immiscer dans sa vie, dans ses confidences, juste comme ça. Être tombé là par hasard, en même temps qu'elle, ne voulait pas dire, profiter du mauvais instant pour, en savoir plus. Il respectait les secrets propres à chacun, surtout quand la personne en face de lui, faisait office d'inconnus ou presque. Concernant sa fratrie peut-être que parfois il voulait trop en savoir pour les protéger, au cas où. Quand on traversait pas la douloureuse épreuve de perdre quelqu'un de cher, alors on ne pourra jamais comprendre la douleur, et l'inquiétude pour les survivants.

« Parfois je me dis qu'en agissant autrement ... j'aurais eu autre chose, certes, mais rien me certifie que ça m'aurait conforté dans l'idée, que j'aurais eu raison, d'agir d'une autre manière. »

Ses actes étaient souvent mûrement réfléchit, pas anticipé car il n'aimait pas se torturer l'esprit sans savoir, mais disons qu'à la minute voir seconde même, il était capable d'agir, sans précipitation. Du coup aucun regret. Mais que pouvait-elle regretter tant, dans son passé lointain ou plus récent.

« Qui te dit, que c'est meilleur de l'autre côté ... ce n'est pas parce que personne n'y est revenue, que c'est ... si beau qu'on le prétend » Il la voyait d'un coup tout autre, elle voulait alors "mourir" si rapidement que cela. Rejoindre les siens, se jeter à corps perdus dans l'oubli, des autres. « On dit que donner la vie c'est ... merveilleux, pourtant on ne sait point le destin qu'on donne, à un enfant quand il nait ... faudrait-il pour autant avorter ? »

Ce qu'il aimait avec elle, c'était de pouvoir parler de tout. Peu importait l'endroit, les langues se déliaient et il n'y avait pas d'accroches négatives, dans leur conversation.Surtout qu'ils n'avaient pas forcément le même avis ou les mêmes conceptions. Mais chacun donnait sa position, et l'autre respectait cela. Et puis de la séduction et de la tension sexuelle, de la fois précédente, maintenant gisait là de la peine et de l'incertitude.

« Des questions, qui resteront toujours sans réponse, hélas ... mais cela ne doit pas nous empêcher de vivre ... »

Personne n'est parfait. On peut être hait de quelqu'un du jour au lendemain, apprécier d'une autre sans avoir pourtant fait de gros efforts. Qui peut réellement prétendre être né, pour quelque chose. Il suffit d'avoir l'envie et la volonté, pour faire d'énormes progrès utiles. Comme sauver une vie, ou apporter une aide. Il faut avoir l'envie, le coeur, et la force de le faire. Hélas ce n'est pas donné à tout le monde. Certains donnent la vie ou la font perdurer, et d'autres prennent plaisir à la voir s'éteindre.

« Tu ne peux pas prédire l'avenir d'un nouveau né ... s'il a la force de s'en sortir, alors il y parviendra ... s'il veut devenir quelqu'un de bien, alors il le sera ... peu importe de la case départ, qu'on possède quand on prend notre premier souffle ... on a beau avoir un destin tout tracé, parfois ce n'est pas impossible d'y faire quelques ratures ou de dévier un peu ... » La mort ce n'était pas concevable pour lui. La vouloir encore moins et s'abandonner à elle, le rendait fou. « Quand tu jetes ton dés ou que tu insères une pièce dans une machine ... tu sais pas ce qui peut en découdre ... l'aspect négatif te dirait que tu gagnes jamais, et que cette fois-ci tu ne gagneras pas non plus ... mais il n'y a que les joueurs qui gagnent et pas ceux qui les regardent juste gagner »

Il n'était pas son savoir. Aucunement d'ailleurs, et il ne se rendait pas compte, du décalage possible entre eux. Il ne la voyait pas avec une différence d'âge. Il voyait une jeune femme qui mettait en haleine, certaines parties de son corps, et qui hantait ses pensées, alors qu'il ne la connaissait que peu. Meilleure amie de son frère, voilà à peu près ce qu'il savait. Attirée par lui, intéressée par sa personne. Voilà ce qu'il savait de plus, depuis la fois précédente.

« Deux hasard ... deux imprévus et pourtant ça me dérange guère. Et je me dis que le jamais deux sans trois ... s'appliquera. Dû moins je le souhaite »

Il en oubliait presque d'un seul coup, le décor du cimetière derrière ses pas. Quelques mots avec elle, qu'il se trouvait déjà ailleurs. Tant mieux car ce moment ici, n'était jamais bien sain et il avait toujours besoin d'une bonne heure ou deux, pour récupérer d'ici.

« Tu veux bien te joindre à moi, pour quelques pas. Sache bien sûr que je ne m'en sens pas obligé. J'aimerais que tu acceptes. »

Elle acceptait. Soulagé car elle aurait pu refuser pour une bonne raison. Après tout elle avait peut-être déjà prévue toute sa journée, et sa présence ici n'étant pas prévue. Et puis en quelle honneur il serait prioritaire sur autre chose. D'ailleurs lui ne se posait pas la question. Il en avait même oublié s'il avait quelque chose ou pas. Vu l'heure qu'il était sans doute qu'il ne perdait rien au change. Il ne se voyait pas la laisser là, dans le doute, dans les pensées négatives, d'une certaine réflexion lié à la mort.

« Ce quelqu'un avait sans doute raison. »

Il en avait le sourire, car elle n'avait rien oublié de la dernière fois. Comme quoi, il n'avait pas été que de passage dans son passé. Commençant la marche en prenant une certaine direction, cela longeait pas si loin des rues habitées et sans doute des pavillons familiaux. Rien qui ne l'intéressait, mais tant qu'il était en sa compagnie. Il ne se voyait pas lui refaire le coup du petit tour en voiture.

« J'espère que ce qu'à pondu une certaine gossip, ne t'as pas porté préjudice ... »

Côte à côte. Suivant pas à pas les siens, et poussant quelques mots à la discussion. Elle ne parlait pas très bien d'elle. Enfin ses paroles étaient plutôt négatives et limite dégradantes, sur sa personne. Il avait entendu quelques rumeurs. Lu quelques remarques de certains à son sujet, mais c'était il y a quelques temps. Mais elle parlait du présent, ou du passé récent. L'influence sur sa personne, il n'en avait que faire, sa réputation n'était pas à faire et encore moins à reprendre.

« Dégradée ... comment ça »

Il la fixait et il se demandait un peu, ce que ces dires devaient signifier. Sous entendant qu'il devait savoir des choses, ou avoir lu des propos sur un site. Il pouvait parfois en apprendre sur sa famille, mais il s'en éloignait de plus en plus, ou plutôt ne se fiait qu'aux paroles propres de la personne concernée. Exit les crises de jalousie, les affiches volontaires sur fb. Il préfère ne pas trop en lire. Tout va beaucoup trop vite, sur ce site.

« Je n'ai point mot à dire sur leurs fréquentations ... alors il en est de même pour les miennes, les concernant ... »

Quelques points avaient été éclaircit à leur sujet, et il respectait dès lors, leur vie mais il en attendait pareil d'eux aussi. Et puis il est largement apte à décider, qui est fréquentable pour lui ou pas, vu son âge. Posant une main sur son épaule, celle-ci en voulait être réconfortante, rassurante, sur tout ça.

En principe les rumeurs ou les langues de p*** sont fait pour frapper fort et faire mal. En l'occurrence pour le moment, elle n'avait pas trop fait de dégâts, mais par contre les confessions sur fb, en avaient été tout autre. Il ne s'y mêlerait pas, car si ça avait été fait par vengeance ou méchanceté, c'était sans doute cupide. Il se fichait des avis des autres sur Mary, ou sur tout autre personne. Même ce qu'on pensait de lui, car souvent en face les personnes ne valent pas mieux.

« Alors ne les écarte pas pour moi. Dû moins pour le moment »

Il disait cela avec un fin sourire et un regard provocateur. Prouvant bien qu'il se fichait de savoir, que Mary aimait la chair masculine, et qu'elle ne s'en privait pas. Certes lui n'était pas du tout ainsi, mais on ne peut pas avoir une réplique parfaite, de ce que l'on désirerait avoir. Et puis ce n'est pas forcément un défaut. Surtout qu'il ne savait rien d'elle. Alors ce n'était pas un site internet, qui brouillerait son apprentissage. Elle était assez libre de lui faire connaitre, ce qu'il est sensé "savoir" d'elle.

« Peut-être parce que des spécimens comme moi ça ne court pas les rues ... »

Il était conscient que, des personnes comme lui, existaient beaucoup moins que les frimeurs ou coureurs de jupons, à SF. Très peu de différences entre eux, du coup on a toujours la sensation d'avoir le même univers ou groupe de personnes, à cause d'eux. Lui était à part, et tant mieux. Bougeant son index pour caresser cette joue qui se frottait à lui. « Si tu entres dans ma vie ... sache que tu n'en sortiras plus »

« Je n'anticipe pas les illusions déchues ... »

Par là il voulait dire, qu'il ne faisait pas des promesses à la volée, que s'il lui disait qu'à partir du moment, où elle décidait d'entrer dans sa vie, alors elle n'en sortirait plus, c'est que c'était vrai. Tirer un trait sur une personne, ça ne lui ressemble pas. Hélas pour lui, il tente souvent de voir le meilleur, dans chaque personne, et parfois, cela lui joue pas mal de tours. Mais il ne déclare jamais forfait.

« J'aime les risques ... et l'inconnu m'attire étrangement »

Peur de rien, il n'irait pas jusque là. Mais ce n'est pas cette sensation là, qui l'arrête dans tout ce qu'il veut entreprendre. Il la voyait triste, et il ne la sentait pas très en forme. Cachait-elle quelque chose. Sans doute. Mais il ne voulait point en savoir, de par des questions qu'il poserait.

« Et si je dois basculer ... ma foi, je pourrais pas dire que je n'ai pas profiter »

Un sourire malicieux en coin. Frôlant sa main de par la sienne, accidentellement une première fois mais la seconde, pas vraiment. Avant de finir par enlacer la sienne complètement, avec celle de Mary. Continuant ses pas, dans l'inconnu.

Il ne s'imposait pas. Laissant juste ses envies, aller. Cela n'était pas une atteinte à sa personne, juste un pas vers elle. Tenir une main n'engageait à rien, et depuis petit d'ailleurs on apprend à se déplacer ainsi. Cela les rapprochait, nul doute. Surtout quand elle eut l'initiative à poursuivre sa volonté.

« Pourquoi refuser le bonheur ... »

Une question sans en être une. A la fois un avis qu'il pensait, et une question qu'il lui posait, sans vouloir trop de détails. Il ne voulait pas qu'elle fasse appel à des souvenirs douloureux.

« Vivre n'est pas donné à tout le monde ... pourquoi salir les personnes qui n'ont pas eu la chance, de naitre ou de vivre plus longtemps que prévu ... en n'en profitant pas jusqu'au dernier souffle »

Elle restait objective sans pour autant partir dans de la confession pure et dure. Elle se posait quelques questions, et il comprenait bel et bien que ça devait la concerner, la toucher sans doute. Bougeant son pouce, caressant de ce fait le revers de sa main, tout en avançant encore.

« Tu te vois, seule, enfermée chez toi à double tour ... toute ta vie, en attendant le dernier jour, sans avoir accomplit quelque chose ... tu sais qu'être l'ami d'une personne, peut l'aider à survivre dans cette vie ... d'incompréhensions ... voir même être juste de passage