14 heures. Assise à son bureau, Lohéliya tuait le temps sur facebook. Contrairement à ses collègues de travail, la brunette n'avait aucun cadre photo, dossier ou encore affaire personnelle. Les tiroirs étaient bien vides et pour cause, elle n'était pas un officier ordinaire. Au sein du poste, rares étaient les personnes dans la confidence. Les simples fonctionnaires de police la considéraient comme l'une des leurs, ce qui n'était pas pour leur déplaire. Alors qu'elle regardait les photos d'un ancien détenu sur le réseau social, une idée lui traversa l'esprit. Loh' ressentait une satisfaction à chaque fois qu'elle exaspérait l'italien. Ces dernier temps, c'était même devenu son passe temps favoris.
Assez intime avec les forces de l'ordre et le milieu juridique, la brésilienne obtenait énormément de passe-droits. En un simple appel, le juge des libertés et de la détention l'autorisait à procéder à une perquisition. Il lui avait suffit de prétexter des doutes au sujet de Swann pour avoir un mandat, lui donnant l'opportunité d'arriver à ses fins.

Ne pouvant pas se faire de nuit, elle attendit le lendemain matin à l'aube pour procéder à la perquisition. Il était tout juste 6 heures quand Loh insista fortement sur la sonnette de l'entrée. Sans attendre une réponse, elle frappait déjà la porte bruyamment, ce qui avait eu le mérite de réveiller une bonne partie des voisins du jeune agent immobilier.

Vous devriez vous méfier de votre nouveau voisin, il sort de 4 ans d'emprisonnement ! Il a un sacré casier judiciaire et je pense que...

Alors qu'elle l'affichait devant les personnes qui partageaient le quotidien du méditerranéen, Loh s'arrêta constatant la présence du principal concerné.

Ah ! Monsieur De Matteo, je suppose ? J'ai un mandat pour procéder à une perquisition chez vous ! J'ai bien attendu 6 heures du matin, vous avez l'obligation d'être présent. Allons rédiger ce procès verbal que vous signerez par la suite.
Charmants voisins, soit dit en passant !

En souriant et présentant le mandat, elle prit ses aises et s'invita chez Swann. Avant de refermer la porte, elle s'adressa de nouveau aux voisins.

Je suis désolée pour le dérangement. Soyez en sécurité, tant que la police veille, ce genre d'individus ne peut pas aller bien loin. Bonne journée messieurs, dames !

Cette nuit Swann n'avait pas profité des soirées californiennes, trop prit par le boulot. Le jeune mafieux s'était très tôt investit dans les affaires familiales, délaissant très souvent sa vie privée. A peine sortie de 4 ans de prison pour blanchiment d'argent que Swann s'était replongé dans les magouilles se jurant de ne plus se faire pincer. Habituellement il avait toujours réussit à faire effacer son casier judiciaire grâce à ses relations, seulement cette fois ci le FBI s'en était mêlé et pour ne pas étaler l'histoire plus longuement il avait exécuté sa peine sans rien dire.

Le rital s'était couché vers 3h du matin après avoir réglé une histoire de trafic d'une cargaison de coke arrivant sur San Francisco. C'est à peine 3h plus tard qu'il se fit réveiller par la désagréable sonnerie de sa porte d'entrée. Swann se leva difficilement de son lit complétement dans les vapes, ne prenant même pas la peine d'enfiler un t-shirt. Il commençait déjà à jurer contre Ozzie pensant que ce dernier venait le réveiller pour une connerie comme à son habitude.

« Tu fais ch... » Proclama t-il à l'attention de son cousin en ouvrant la porte. Il s'arrêta en découvrant Lohéliya et quelques voisins le regardant de leur palier. Il était en plein rêve ? Ou cauchemars ?

Sans trop comprendre ce qui lui arrivait, la brésilienne s'invita chez lui après l'avoir totalement décridibilisé devant ses voisins. Lohéliya ferma la porte et l'italien se frotta les yeux d'une main.

« Tu m'explique ton délire là ? »

Il prit le mandat d'arrêt qu'elle lui tendit sans le lire réellement. Il pensa surtout à pourquoi elle était là, qu'est ce qu'elle avait contre lui ? Effectivement Swann avait récemment acquis un loft spacieux en plein centre ville, mais cette fois ci sans grosses magouilles, ou du moins très peu.

« Je rêve. Comment t'as eu ça ? J'croyais que je devais me tenir loin de toi et tu viens me saouler à... » Il regarda l'horloge. « T'es pas sérieuse là ? »

Fière de son coup, Lohéliya savourait sa victoire. L'effet de surprise et l'agacement de Swann étaient bien présents. Elle était parvenue à s'inviter en ayant recours à la "force", certes mais au final, elle se retrouvait à l'intérieur du loft : pari réussi.
A son aise, elle retira sa veste tout en prenant connaissance des lieux.

On s'emmerde pas, à ce que je vois. Dis moi, c'est ton salaire d'agent immobilier qui te permet d'avoir un tel espace ? Fais moi penser à ma reconversion, s'il te plait. Ou... Peut-être qu'on vit encore au crochet de ses parents... C'est fort probable aussi. Dernière solution : t'as des activités plus lucratives. Dans ce cas, compte sur moi pour m'en mêler !
Tu te devrais te réjouir du traitement de faveur. On pense à ta réinsertion et on te suit même après la fin de ton incarcération. Tu comprends, je veux pas que tu replonges !

Jouant le rôle de la jeune femme attentionnée à la mine attendrie, Loh effleura la joue de Swann délicatement telle une personne prévenante qui tenait à tout prix à protéger l'autre. Simple leurre. En cellule, la brunette avait le dessus sur le détenu. Elle connaissait ses activités, savait où il était à toute heure de la journée. Dorénavant, il lui échappait et menait sa vie à sa guise. Il ne lui suffisait plus de demander un parloir pour le voir, elle devait faire preuve d'imagination pour conserver une certaine main mise.

Petit sourire et baiser furtif au coin des lèvres, Loh se dirigea en direction de la cuisine. Contrairement à Swann qui était à moitié endormi, l'agent Almerinda était en pleine forme et son enthousiasme était parfaitement visible.

Je meurs de faim !

Un jus d'orange pris dans le frigo, brownies : voilà le début de la perquisition de Loh. Elle s'installa sur l'un des tabourets de la cuisine et croqua dans le "biscuit" au chocolat.

C'est illégal ! ça devrait pas être permis. T'en veux ?

Elle lui tendit l'un des morceaux de son brownie. Loh se releva de son tabouret et s'approcha de Swann.

J'ai décidé de changer la donne. Je trouvais ça trop simple que tu te tiennes éloigné de moi ! Je te laissais le champ libre. T'es rentré dans ma vie, ne compte pas en sortir, c'est mort. Et il est bien 6 heures, tu rêves pas. Tu dormais peut-être ?

Dit-elle en dirigeant le brownie vers la bouche de Swann.

Laisse toi tenter !

Le flic était lâché et Swann n’était pas spécialement rassuré. Non pas qu’il avait des choses à cacher dans son nouveau logement mais il n’était pas habitué qu’on s’immisce dans sa vie privée de cette façon et encore moins une femme. De plus, Lohéliya était là non seulement pour agacer l’italien, mais probablement pour trouver n’importe quoi qui pourrait la mettre sur une piste afin de le renvoyer derrière les barreaux. Et bien évidemment il était hors de question qu’il y retourne et encore moins par le biais de la jeune brésilienne.

« Tu sais, j’ai pas eu beaucoup de dépense à faire pendant 4 ans, donc ça fait partie de mes économies. Et en effet, j’suis plutôt bien payé. » N’évoquant en aucun cas sa famille, il rajouta par la suite. « Ma réinsertion ? Tu vois bien que j’me suis débrouillé sans votre aide, alors si c’était uniquement pour ça ta visite surprise, je pense que tu peux y aller »

Grosse désillusion, elle avait l’air d’être décidé à rester. Elle s’avança pour lui donner un baiser au coin des lèvres, ce qui eu le don de l’agacer car il était bien obligé de se l’avouer, elle était loin de le laisser indifférent. C’était un avantage qu’elle avait sur lui et qu’il était loin d’assumer. La voyant se servir comme chez elle, il l’a suivit dans la cuisine pour préparer du café.

« Tu parles toujours autant le matin ? »

Swann la regarda se rapprocher et croqua dans le brownie.

« Ca te manquait tant que ça de pas m’apporter mon p’tit déjeuner en cellule ? Finalement ça m’a l’air plus une visite de courtoisie agaçante plutôt qu’une réelle perquisition, j’me trompe ? Ou laisse moi deviner… t’as un appareil photo dans tes poches pour essayer de m’afficher sur facebook une nouvelle fois ? »

Il s’avança encore plus près de la Brésilienne pour mettre les mains dans ses poches.

« Je vois que t’es pas venue armée, tu te sens comment ? » Il l’a regarda un sourire au coin des lèvres.

Alors que Swann tentait d'éclairer Lohéliya sur sa situation financière, l'agent l'écoutait sans grande conviction. Elle était loin d'être dupe et ne lui laissait pas même le bénéfice du doute. Pour autant, elle décida de ne pas relever n'étant pas dans l'optique de le coincer aussi tôt. Dans le fond, Loh savait fort bien que l'italien serait toujours attiré par l'illégalité, sans compter toutes les statistiques sur les cas récidivistes qui appuyaient son raisonnement. Son but premier n'était pas de le coffrer facilement mais de s'amuser, de lui rendre la vie impossible, d'avoir un terrain de jeu plus vaste qu'une cellule, qu'une salle d'interrogatoire ou qu'un parloir. La liberté offrait plus de possibilités et elle tenait absolument à en profiter.

Malgré toutes les années et sa revanche prise en partie, Loh lui en voulait toujours autant. C'était la seule et unique fois qu'elle s'était faite piégée de la sorte en y croyant vraiment. Ses désirs de vengeance étaient toujours aussi présents.

Tu veux vraiment que je parte ? Sois plus agréable parce que ma visite de courtoisie mais agaçante pourrait bien se transformer en réelle perquisition. Même si tu prétends que t'as rien à cacher, tu sais bien que je peux toujours créer des preuves. Entre ma parole et la tienne, je peux parier sans prendre aucun risque que tu seras dans la merde ! Et vu que quand j'entreprends quelque chose, je le fais à fond... Tu peux t'attendre à que je te charge un maximum. |...| Tu restes canon même à 6 heures du mat' à moitié endormi !

Elle avala le dernier morceau de brownie qu'elle avait en main avant de s'apprêter à riposter sur la photo qu'elle avait publié sur facebook.

J'ai pas marqué la photo pour qu'elle ne soit pas dans le fil d'actu' de tes contacts... Tu vois comme je pense à tout. Parle pas, sinon, la prochaine fois, je ne manquerais pas de... |...| Est-ce que je t'ai autorisé de poser tes mains sur moi ? Je supporte pas qu'on prenne de telles initiatives ! Je suis pas ta chose !

Toujours de face, Loh prit les mains de Swann et contrairement à ce que l'on pourrait penser, elle les positionna sur ses fesses.

Au moins, fais le bien ! J'ai besoin de plus de fermeté.

Lui donnant accès à ses poches arrières, Swann pouvait constater par lui-même qu'elle était bien en possession de son joujou préféré.

Tu disais ?

Elle saisit son arme pour le déposer sur la table de la cuisine.

Quand on fait une fouille au corps, je t'ai pourtant appris qu'on le faisait autrement. Je pensais t'avoir montré plus d'une fois en te prenant en cobaye.

Loh positionna ses mains sur le torse de Swann en descendant dangereusement.

T'as qu'un mot à dire, et je pars. J'ai eu ce que je voulais !

« Je doute pas de tes capacités de flic, surtout quand il s’agit de falsifier quelques preuves. A se demander qui est le vrai voyou de nous deux »

Il la regarda en souriant. Swann savait qu’elle n’était pas toujours blanche, elle était loin de faire respecter LA loi à la lettre, mais par contre c’était sans doute la plus douée pour faire respecter SA loi. L’italien savait que fréquenter ce genre de flic était dangereux pour ses affaires tout comme fréquenter ce genre de femme l’était pour ses principes.
Alors qu’il était en train de s’exercer à la fouille au corps sur la brunette, cette dernière positionna les mains de Swann sur ses fesses contre tout attente, ce qui eu comme effet de déstabiliser le rital. A ce moment là il sentit effectivement son arme qu’elle ne lui laissa pas toucher longtemps.

« C’était utile d’emmener un gun pour venir me voir ? Je crois pas avoir l’air d’un ancien détenu dangereux. De quoi tu pourrais avoir peur ici à… 6h du matin ? »

Dégage la, embrasse la, dégage la, embrasse la. Dur choix qu’il avait déjà eu à faire en prison. Seulement en prison il n’avait plus rien à cacher ou du moins, beaucoup moins que maintenant qu’il avait reprit ses activités de mafieux. Swann voyait très bien à quel jeu elle jouait, à vrai dire elle ne s’en cachait pas, elle n’avait clairement rien à perdre à s’amuser de cette manière avec lui, or l’italien avait bien plus à perdre. Son père était le premier à lui avoir soumis l’idée de ne pas côtoyer l’agent Almerinda.

« Tu es très forte… vraiment forte. » Il ressentit un frisson lui remonter sur le ventre mais ne fit rien, la défiant du regard. « Mais tu comptes faire quoi de plus ? »

Il pouvait très bien passer pour un vrai coincé, c’était probablement le dernier de ses soucis. Il savait et sans doute elle aussi, à quel point les initiatives de la brésilienne pouvaient le faire déraper et sa fierté le lui ferait regretter toute sa vie d’avoir cédé aussi facilement, à une flic en plus. Il se pencha vers son oreille.

« Tu restes p’tit déjeuner ? »

Certains ne pouvaient se passer de leur portable, d'autres de leur PC... Quant à Loh', il s'agissait de son arme. Sans, elle se sentait totalement nue et affaiblie. Dans son milieu, elle savait à quel point il était primordial de savoir se défendre. En plus, de ses nombreux entrainements, elle ne pouvait se séparer de ce bien précieux.... Même lors d'une simple visite amicale. Le port d'arme n'avait pas de corrélation avec le propriétaire des lieux. Il devait très certainement le savoir. Voilà pourquoi Lola ne s'attarda pas à lui apporter plus d'explications. Elle se contenta juste de lui sourire avant de s'attarder sur son activité actuelle : à savoir jouer avec les nerfs du bel italien.

Ce que je compte faire de plus ? Te dire tout simplement : voglio essere la tua prima volta !

Elle venait clairement de lui faire part de ses intentions dans la langue natale de Swann. Sur ce coup, Loh avait été plus que directe et l'ancien détenu savait à quoi s'attendre. Sa voix avait été suave et elle assumait parfaitement chaque mot qu'elle venait d'énoncer. Allant un peu plus loin dans la provocation, elle finit par surenchérir.

Et si tu viens vite, si tu vois ce que je veux dire... Je suis même prête à ce qu'on puisse remettre ça par la suite : une seconde fois... Pour illustrer ses propos, Loh déposa un baiser furtif dans le cou de Swann du côté gauche. Et plus tard, une troisième fois ! Un autre baiser du côté droit. Dans ta chambre... Descendant ses baisers sur son torse. Sur le canapé... Continuant ses baisers. T'as une douche sympa ?

Puis elle s'éloigna d'un seul coup. Alors qu'elle avait commencé à le chauffer, elle l'avait refroidit directement s'installant de nouveau sur le tabouret précédemment occupé.

Bonne idée ! Les boulangeries ouvrent tôt dans ton quartier... Tu serais un amour si t'allais me prendre un croissant au beurre ! Faut juste que t'enfiles quelque chose !

Grand sourire. Total décalage avec ses propositions précédentes. Elle s'amusait juste à le tester même si elle pouvait être sérieuse. Elle se montrait juste imprévisible et tenait à déstabiliser Swann.

Ou sinon, tu me fais des crêpes ! Je suis ton invitée après tout ! Un homme qui cuisine, ça me donne pleins d'idées à chaque fois.

Attendre le mariage était loin d'être un choix facile, d'autant plus dans ces moments là. Lohéliya état bien sure au courant des principes de l'italien et depuis son séjour en prison, celle ci s'amusait à le pousser à bout, probablement plus pour l'énerver et le déstabiliser que l'avoir dans son lit. Swann avait faillit craquer déjà une fois dans les bras de la brésilienne, mais le bipeur de cette dernière l'avait en quelque sorte sauvé. Cette fois ci il n'y avait rien qui pouvaient les en empêcher à première vue.

C'était bien la première fois qu'il entendait Lohé parler italien et il resta bouche bée quelques secondes. A cet instant présent, il ne pouvait qu'être tiraillé entre ses pulsions d'homme que la jeune femme savait parfaitement faire ressortir, et sa raison qui lui criait de la faire sortir immédiatement de son appartement et de la fuir comme la peste tout au long de sa vie. Dure, en effet. De manière très soudaine, la jeune flic reparti s'assoir laissant quelques secondes à Swann pour s'en « remettre ».

« Des crêpes ouais, bonne idée ! »

Il se plaça au fourneau, rien de tel que la cuisine pour se changer les idées.

« Dis moi un peu quelle gloire t'en tirerai d'être ma première fois ? Parce que j'te vois plutôt aimant les mecs expérimentés, dis moi si j'me trompe. »

Soudain, il lui vint une idée et Swann s'improvisa comédien pour répondre au jeu de sa partenaire.

« Et puis tu connais mes conditions Lohé... » Il l'a rejoint et s'assit sur le tabouret en face d'elle. Il lui prit délicatement la main soutenant son regard. « C'est vraiment important pour moi que la femme qui sera dans mon lit sera aussi celle de ma vie, tu comprends ? »

Il lui caressa la main puis entremêla ses doigts aux siens.