Finalement, en regardant mon emploi du temps sur le site de la fac, j'aperçus, à ma grande surprise, que je n'avais pas cours de la journée. Ah la fac... Je me plaisais vraiment dans cet univers, où autonomie et indépendance rythmaient nos journées. J'aimais le fait de me sentir libre, de choisir les cours qui m'intéressaient le plus et de gérer mon travail toute seule. Je n'aimais pas que l'on m'impose quoi que ce soit. Bien sûr, dans certaines circonstances, je ne pourrais m'en défaire. Mais autrement, il y a des moments, où j'adore me débrouiller par moi-même, suivre mon opinion à moi et faire selon mes désirs.

Ainsi, je décidai de rendre visite à Kieran. Je savais que ça lui ferait plaisir d'avoir de la compagnie et moi aussi, ça me ferait du bien de passer du temps avec lui. Nous étions devenus proches, de vrais amis, ça m'avait vraiment bien aidé à accepter l'accident, survenu 6 mois avant. Cependant, je me sentais terriblement coupable, encore maintenant. J'avais été stupide de le laisser conduire le scooter. Et moi je n'avais rien eu, comparé à lui. Rien que pour cette injustice, je m'en voulais. Outre cette culpabilité, je me sentais vraiment bien avec Kieran. On n'était que des inconnus, le jour de l'accident, puis on a appris à se connaître, à s'apprécier. Je n'étais pas toujours à l'aise avec lui, il y avait des moments où j'avais peur de mal me comporter, de mal m'y prendre, notamment dans mes gestes, lorsque je souhaitais l'aider. Je sais qu'il y a une limite entre ce qu'il me laisse faire, pour l'assister, et ce qu'il tient à faire lui-même. Et je respectais cela. C'est pourquoi, il m'arrivait de redouter sa réaction, de peur de le brusquer et le voir se braquer. Je comprenais, c'était normal. Mais maintenant il avait accepté que je lui fournisse de l'aide, que je sois présente pour lui. Du coup, j'essayais de bien faire, du mieux que je pouvais. Autrement, côté amitié, c'était vraiment génial. On s'entendait bien, je parvenais à le faire rire, oublier son handicap et ça, c'était plutôt une belle victoire après tant de temps passé à m'en prendre plein dans la gueule ! Haha. Faut dire que Kieran n'était pas des plus tendres avec moi, au début. Mais là encore, j'avais toujours estimé que c'était normal.

Arrivée chez lui, je sonnai à la porte et entrai toute seule. Je possédais un exemplaire de ses clefs, je n'avais donc pas à attendre. Je l'entendis me crier au loin qu'il était sous la douche. Je souris, avant de m'installer sur son canapé, dans le salon. Je connaissais une partie du corps du jeune homme, puisque je l'avais déjà habillé et lavé, en maillot. Or, je n'avais jamais vu l'ensemble, hmm. J'étais curieuse de voir ce qui se cachait derrière ses vêtements. Il fallait admettre que l'ancien graphiste était fort séduisant. Ce n'était pas pour rien que j'avais craqué sur lui, lors de cette fameuse soirée, 6 mois plus tôt. Je soupirai, repensant à ce souvenir devenu triste, lié à l'accident. Je fus tiré de mes pensées, au bout de quelques minutes, quand j'entendis la voix de Kieran m'appeler. Immédiatement, je me levai et allais en direction de la salle de bain, pour être sûre que l'on puisse correctement s'entendre. « Oui ? Qu'y-a-t-il ? Tu veux que je te rejoigne sous la douche ? » Je ris légèrement. Il y avait une certaine tension sexuelle entre nous, c'était indéniable. Et ce depuis le début mais encore plus depuis que l'on s'était rapproché ces derniers mois. J'aimais bien le provoquer sur ce terrain. Et puis je savais que ça le ferait rire, c'était l'essentiel.

Patiemment, j'attendais que le Kieran me réponde. Je n'osais pas pénétrer dans la salle de bain pour le moment. Je ne voulais pas empiéter sur son intimité malgré tout. Nous n'étions qu'amis, pas amants. Puis, il me répondit avec un ton moqueur. Cela me faisait encore plus rire. Il m'expliqua ensuite la situation. Son gel douche avait quitté sa place habituelle, la douche. Il ignorait où ce dernier se trouvait. Peut-être que son frère l'avait utilisé à un moment et avait oublié de le remettre à sa place. Evidemment, Kieran ne pouvant voir, ne pouvait mettre la main sur le savon. J'étais obligé d'intervenir, j'avais donc cette fois l'autorisation d'entrer dans la pièce ! Et pendant que j'entrais, dos à lui, pour ne pas voir son corps nu, il me sortit qu'il ne fallait pas que j'en profite pour le mater. Je laissais échapper un rire, il était mignon dans cette posture. C'était une situation bien délicate. Je m'approchais de lui à reculons et dis « Mais y a t-il au moins quelque chose à mater ? » Il devait savoir que je plaisantais, c'était pour le taquiner. Je savais pertinemment que oui, il y avait quelque chose à regarder et quand bien même ce n'était pas le cas, ce n'était pas le plus important, disait-on. Puis Kieran n'était qu'un ami, après tout. « C'est dommage, je suis sûre que j'aurais aimé la vue ! » Je jetais un regard aux alentours en scrutant chaque coin et recoin pour essayer de dénicher ce fameux gel douche. Au bout de quelques brèves secondes, je l'aperçus, par terre, non loin du bac de douche. Il avait du s'en échapper, le petit coquin ! Je le ramassai, tout en veillant à ne pas poser le regard sur le corps du garçon. Je voyais quelques contours, formes se dessiner à travers le rideau de douche, remarquant qu'il cachait ses parties intimes. Je ne voulais pas m'attarder sur ce que je pouvais deviner. Je pointais ma tête vers le haut, tout en tirant légèrement le rideau de douche, pour tendre le produit à Kiera « Je te rassure, je n'ai rien vu, je sais que ça t'intimide, t'es mignon comme ça. » C'était vrai, j'aimais bien le voir ainsi. Là il n'était pas vulnérable à cause de sa cécité, non, il était comme n'importe quel mec, qui se retrouvait à poil devant une nana, gêné. On en oubliait qu'il était aveugle. Et je restais là, ne sachant quoi faire, rideau entrouvert, regardant vers le haut, le plafond, sans oser abaisser le regard, ne serait-ce que pour regarder son visage. Je savais bien que si je le faisais, je serai intimidé à mon tour, il me faisait quand même de l'effet ce beau brun, tout nu, mouillé, sous la douche ...

Il avait cette fâcheuse tendance à m'appeler gamine. D'un sens, ça m'amusait, de l'autre, ça m'ennuyait. Je n'étais pas une gamine, loin de là. Il ne le sentait peut-être pas, je ne sais pas, c'était sans doute mon jeune âge également. Je savais aussi que c'était pour m'embêter. Je ne relevais donc plus à force, c'était un peu devenu mon surnom. Je ne le regardais donc pas, mais gardais les rideaux entrouverts lorsqu'il s'adressa à moi, après s'être moussé le corps. Il y avait quelque chose d'excitant dans cette scène, mais je ne pouvais même pas regarder. C'était ce qui m'émoustillait encore plus ... Bon sang, je devais garder mon sérieux ! « Non non pas d'arrêt, non. Désolée, je m'en vais. » Et alors que j'allais me retirer, sa main m'attrapa à l'intérieur de la douche pour me retrouver quasi nez à nez avec lui, sous la projection d'eau. Il me sortit amusé qu'il me donnait une douche comme je semblais en vouloir une, mais que ça serait avec mes vêtements. Et en effet, je m'étais retrouvé trempé en moins de deux ! J'ouvris grand la bouche, en signe de protestation, énervé de me retrouver toute mouillée. La merde ! Mes cheveux, mes vêtements, mon visage, mes chaussettes, tout goutait. J'étais carrément dégoutée. Et lui, rigolait, ravi de sa blague. Furieuse, je m'attaquais à lui, donnant des petits coups de poings avec mes deux mains sur son torse, nu. « Non mais tu fais chier ! » Je n'avais toujours pas baissé le regard ... Pourquoi me faisais-je tant de mal ? Je décidai de glisser un oeil, vers le bas, après tout, il me devait bien ça après sa petite plaisanterie. Je n'entraperçu que des cuisses bien musclées, ce qui me fit supposer qu'il devait avoir des fesses bien bâties sans doute, et un début de son sexe, mais rien de plus ! Peu fière de mon côté voyeur, je remontai immédiatement mes yeux pour regarder sa bouche. Mais même cette vue, me donnait des envies pas très innocentes.

Ce n'était pas possible, il me faisait beaucoup trop d'effet. Je commençais à angoisser, qu'est-ce qui allait se produire ? Je n'étais pas prête à envisager de faire quoi que ce soit avec Kieran, non pas que je n'en ai jamais eu l'envie, bien au contraire, mais j'avais peur de profiter de lui, je ne sais pas, j'avais ce sentiment de ne pas agir correctement. J'avais envie de repousser ses mains quelque peu baladeuses, mais dont le contact ne me déplaisait pas ...

Tout commençait à s'enchaîner, on avait chacun envie de découvrir le corps de l'autre de manière très approfondie. Il était là, juste devant moi et c'était affreux de ne rien pouvoir faire. Je restais là à attendre qu'il se jette sur moi, j'en avais envie. Et en même temps, j'étais partagée entre toute cette excitation et l'inquiétude. Je n'étais pas vraiment prête à me lancer dans des relations charnelles avec Kieran, que je considérais seulement comme un pote pour le moment... Il y avait certes cette attirance, mais bon, je ne sais pas, j'aimais bien savoir que nous étions avant tout de bons amis. J'avais pas très envie qu'il couche avec moi pour ensuite me "rejeter', alors que nous avions une bonne relation amicale. Il s'était excusé, visiblement pas ravi par la tournure des choses. Sérieusement ? Je n'en revenais pas, il m'avait envoyé paitre ou quoi ? Il quitta la douche, me laissant là, seule. La frustration était à son paroxysme. Merde, j'en avais eu envie quoi. Je gardais mon calme et sérieux, tout en m'essuyant rapidement, le visage, les cheveux, les vêtements, mais j'étais beaucoup trop trempé ... Puisqu'il ne voyait pas, je m'étais dit que je pouvais me déshabiller, sans risque qu'il se rince l'oeil. Maintenant qu'il m'avait frustrée, je n'avais pas envie de lui donner ce qu'il voulait, oh ça non ! Je sortis de la douche à mon tour et enlevai la petite chemise beige que je portais. Je fis de même avec mes collants puis ma jupe. Je me doutais qu'il devinerait que j'étais en train de me déshabiller juste à côté de lui, mais bon, il m'avait montré qu'il ne voulait pas de moi, alors, j'allais lui donner envie, rien que pour le frustrer à son tour. Je m'étais retrouvé en sous-vêtement, encore toute mouillée. Je m'essuyais à nouveau avec la serviette, en insistant bien sur mes cheveux.  Soudain, je remarquais pendant son essuyage que quelque chose pointait sous le chapiteau. J'étais rassurée d'un sens, finalement, cela prouvait qu'il devait être tout aussi frustré que moi. Je me débarrassais de mes sous-vêtements pour me retrouver nue l'espace de cinq secondes avant d'enrouler la serviette autour de moi. « Pourtant, tu en meurs d'envie, je le sais. » Je le provoquai, sourire aux lèvres. La sensation de frustration devait être terrible pour lui, au niveau de son entrejambe. Pourtant, il pouvait me laisser soulager cette douleur...

Le jeune homme semblait ne plus vouloir continuer à ma grande surprise. J'étais plutôt déçue et vexée même. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi il n'avait plus voulu de moi. Il nous avait laissé tous les deux sur notre faim. Je m'étais retrouvée presque toute nue devant lui, enroulée dans ma serviette. Ca m'embêtait que mes vêtements soient mouillés, je n'avais bien évidemment aucun habit de rechange. Je ne savais pas encore comme j'allais faire pour rentrer. Je regardais autour de moi s'ils avaient un genre de sèche-linge mais je n'en voyais pas. Zut. Après que j'ai sorti ma petite remarque pleine de perspicacité à Kieran quant au fait qu'il avait envie de moi, il me répondit sur le ton de la plaisanterie que j'étais plutôt douée pour deviner les choses. En effet, quand le soldat est au garde à vous, dur de ne pas le remarquer ! Jusqu'à présent, je n'avais jamais senti une envie aussi forte émanant du garçon. Il était vraiment chaud comme un lapin. J'aimais bien le voir ainsi, plein de désir pour moi. Ca me flattait en fait. Je souris. Puis il me confessa qu'il avait vraiment eu envie de passer à l'acte mais que sa conscience l'en empêcher. Il me disait qu'il craignait que je pense qu'il se servait de moi. C'était marrant puisque j'avais exactement les mêmes craintes, à son égard. Je ne voulais pas profiter de lui. Il continua et dévoila cette fois qu'il avait toujours été sincère avec moi et qu'il m'était redevable, alors qu'il n'était pas cool avec moi au début. Ca c'était bien vrai. Je me souvenais encore de toutes ces fois où il me remballait, où il me rejetait sans hésitation. J'avais eu du mal à accepter au début, je n'aimais pas me laisser faire aussi facilement. Puis, j'avais compris que je devais être tolérante, que je devais m'accrocher, être là pour lui coûte que coûte. Et à force de persévérance, il changea et devint plus tolérant à son tour, ne refusant plus mon aide. Je ne lui en voulais pas pour tout ça. Mais j'étais tout de même contente qu'il admette qu'il avait été sacrément dur avec moi. « Ouais, je sais... Ne t'en fais pas, je n'y pense plus trop. » Je croisais les bras. Je commençais à grelotter tout doucement. Le contact de mes cheveux mouillés sur ma peau me donnait froid. Kieran ne semblait pas savoir quoi faire. Je le sentais frustré, insatisfait. Et je me sentais moi, d'humeur joueuse et généreuse. Je m'approchais de lui pour pratiquement coller mon visage contre le sien, fermant les yeux et chuchotant « Ton côté "je te respecte" me fait craquer. J'aime bien ... » C'est vrai que ça me rassurait, ça me donnait envie de passer à l'acte finalement. Comme si j'avais eu son consentement. Surtout que là, j'avais la preuve physique qu'il était lui aussi prêt. Je pris ses mains pour les ramener sur mes hanches, tout en déposant des baisers sur son cou. « Et là, tu as envie de quoi ? » Je bouillonnais à nouveau, je n'avais qu'une envie, qu'il se jette à mon cou.