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Sierra Desrosiers
Sierra Desrosiers
all i care about is love
AVATAR : Hayley Williams.
✱ ÂGE : 33
✱ QUARTIER : SOMA.
✱ COLOCATAIRES : Son mec et sa fille.
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Jeu 12 Fév - 12:19


Putain de merde. C'est sans doute les premiers mots que j'ai lâché quand je suis partie à la recherche des toilettes, laissant Carolina en plan. Il y avait toujours des toilettes dans une église, pas vrai? Logiquement. Cette douleur au ventre m'était que trop peu connu, j'avais la sensation d'avoir mes règles puissance dix. Je devais faire attention et cette fois-ci, j'étais bien prête à appelez à l'aide au premier mauvais pressentiment. Je me suis finalement enfermée dans les toilettes et me suis installée doucement sur la cuvette, laissant la porte ouverte et me caressant doucement le ventre. J'inspirais et expirais profondément mais rien à faire, cette douleur me brûlait toujours l'intérieur et j'avais même presque l'impression qu'elle empirait. « Caro? » J'ai appelé, pas assez fort, je sais. Elle m'avait peut-être suivi... « Camil, t'es dans le coin? » Il ne devait pas être loin, lui. J'avais laissé mon sac à main près de Saul, aucun moyen de le prévenir. C'était bien ma veine! Une fille devait jamais quitté son sac à main comme quoi. J'ai laissé une première plainte de douleur s'échapper d'entre mes lèvres. Merde, merde, merde. C'est là que j'ai senti quelque chose couler dans ma culotte.J'avais l'impression qu'on me poignardait l'intestin, cette douleur je l'avais déjà ressenti dans des cauchemars. Là, c'était réel et j'ai gémi. La peur s'est rapidement infiltrée dans mes pores, lorsque sans hésitation je me suis relevée en me tenant au mur, vérifiant mon sous-vêtement sous ma jolie robe rose... Désormais, tâchée d'une couleur pourpre très foncée. J'eus un haut-le-cœur, puis me plia à moitié en deux, souffrante. « CARO! » Dis-je dans un souffle bref avec une voix aigu. L'angoisse m'est tombée brutalement sur les épaules. J'étais en train de perdre Louisa. Pas une nouvelle fois, pitié. Je saignais et je ne pouvais absolument rien faire pour stopper l'écoulement vaginal. Mes larmes m'empêchaient de voir clairement et pourtant j'ai reconnu Carolina accourir. « Appelle Saul... S'il te plaît, fau-faut que j'aille à l'hôpital.» J'ai commencé à avoir des tremblements et m'insultais intérieurement. La drogue putain. L'obstétricien nous avait averti que cette grossesse ne serait pas sans risque de soucis futurs, pourtant tout c'était bien passé jusqu'à maintenant. ALORS POURQUOI? Pendant le mariage de mon meilleur ami en plus.
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Carolina J. Pedrock
Carolina J. Pedrock
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AVATAR : Lynn Gunn
✱ ÂGE : 33
✱ COLOCATAIRES : Fraise.
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Jeu 12 Fév - 23:56


  • Le temps de faire quelques pas en direction de Sierra et m'arrêter un instant pour laisser passer une petite brochette d'invités qui traversaient le couloir, je perdis mon amie de vue. Je réfléchis un instant, elle était peut-être allée rejoindre Camil je ne sais où...C'est ainsi que je me retrouvai à errer dans les allées parallèles, seule. J'observai tous ces gens se saluer, rire aux éclats, courir dans tous les sens. Après un soupir, je reportai mon attention sur mon téléphone. Pas de réponse de Sierra, alors je décidai d'envoyer un message à Camil. Je ne lui avais toujours pas parlé ce jour-là et les premiers mots que je lui adressai le jour-même de son mariage étaient : "Hey t'as pas vu Sierra?". Et après on s'étonne que je n'aie personne dans ma vie. Je ricanai un peu intérieurement puis repérai un banc, au loin. Parfait! Le spot parfait pour m'isoler un peu en attendant un peu plus d'action. J'avais réellement pensé "action" dans ma tête, si je savais ce qui m'attendait réellement...
    Je passai donc devant la porte des sanitaires lorsque j'entendis une petite voix étouffée. J'aurais juré qu'elle appelait mon nom, mais d'un autre côté je ne voyais pas qui cela pouvait être, ni pourquoi, alors je continuai mon chemin. Et puis mon écoute avait pu être biaisée entre les bavardages du peuple m'entourant, le son de mes talons, toute cette frénésie de célébrations...Et puis je m'arrêtai net. On m'appelait, clairement. Je me précipitai alors vers les toilettes, c'était Sierra. J'aurais pu paniquer, mais en réalité je restai très lucide.
    Sierra avait le teint livide, sa détresse crevait les yeux. J'aperçus aussi quelques gouttes de sang au sol et mon coeur fit un bond. Je devais appeler Saul, mais je ne voulais pas la laisser seule ici une minute de plus. Mais surtout, je savais que ce n'était pas le moment de merder. Je n'y connaissais rien en grossesses, mais je savais que ce qu'il était en train de se dérouler n'avait pas lieu d'être. Un rapide calcul mental me permit de comprendre que je gagnerais de précieuses minutes si je ne perdais pas mon temps à faire des allers retours et alerter l'assemblée.
    Ma voiture était garée juste devant l'église, il m'appartenait d'agir. Un accouchement était une chose, L'accouchement de Sierra en était une autre. D'abord parce qu'il s'agissait d'une des personnes les plus importantes de ma vie et ensuite, parce que je connaissais ses antécédents et je savais pertinemment que cela pouvait devenir très rapidement dangereux.
    Je retirai mes chaussures - à ce stade-là - complètement inutiles et handicapantes, et informai Sierra : "Ecoute, ma voiture est juste au bout de ce couloir, je vais te soutenir autant que je peux, on va y aller tranquillement et dans 5 minutes on démarre pour l'hôpital, ok? J'appelle Saul en chemin il nous suivra".
    J'inspirai un grand coup puis me levai, en signalant à mon amie qu'elle pouvait s'appuyer sur moi. "Allez Caro, tu peux le faire!" m'encourageai-je intérieurement. Ne pas se laisser gagner par la panique.
    Pour être honnête, les quelques minutes qui suivirent me semblèrent abstraites, maintenant que j'y pense, je n'avais que la voiture en ligne de mire,  ainsi que Sierra en un seul morceau bien évidemment. Des réactions autour de nous? De l'aide? Je ne saurai vous dire. Je savais juste qu'environ quatre minutes plus tard, j'étais prête à démarrer. Je branchai mon téléphone à la radio et composai le numéro de Sierra en priant pour que son petit ami décroche. Deux sonneries, trois, quatre...Nous quittions déjà la rue où se déroulaient les festivités. "Sierra, c'est quoi le numéro de Saul?". Je composai machinalement à mesure qu'elle me le dictait, non sans peine. Je n'osais pas la regarder, je ne voulais pas la voir ainsi. Et aussi, il s'agissait pour moi de garder le contrôle tant que possible. Enfin une réponse; je parlai de façon presque télégraphique, mais le message était passé.

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Anonymous
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Ven 13 Fév - 1:17


Au bout d'un moment, Sierra s'est évaporée. T'as patienté, observant autour de toi les décorations et les fleurs blanches imbibées de trop de niaiserie. De trop de délicatesse. Le mariage pour toi restait une idée abstraite et confuse. T'étais pas prêt à sauter le pas. Tout simplement car t'es quelqu'un d'un peu trop réaliste. Les fiançailles pour toi étaient plus correctes puisque tu considères cette étape comme une sorte de test avant le grand saut vers le monde adulte. T'es encore jeune. Bien trop pour un tel engagement. Louisa te fait grandir pourtant alors qu'elle n'est pas encore présente physiquement. Tu le sais que tu es différent depuis que Sierra t'a annoncé que vous alliez être parents. Tu n'as pas envie de prendre ça à la légère. Tu n'as pas envie de faire n'importe quoi pour une fois et c'est ce que tu t'appliques à faire au jour le jour. T'as patienté, un peu perdu dans tes pensées, chose qui t'arrangeait puisque t'étais clairement pas d'humeur à être sociable.

Les minutes sont passées et Sierra n'est pas revenue. Tu commençais à t'inquiéter, doucement mais pas assez pour que tu te bouges. Tout simplement parce que c'est le mariage de Camil et qu'elle joue son rôle de meilleure amie. Tu t'es dit qu'elle était avec lui et ça t'a suffit jusqu'à ce que ton téléphone portable se mette à sonner. C'était un numéro que tu ne connaissais pas. D'habitude, tu ne décroches pas mais là, tu l'as fait pour une raison que tu n'expliques pas. À l'appareil, c'était une voix féminine qui te parlait de Sierra. Sierra qui est sur le chemin de l'hôpital. Lorsque l'écho du mot "problème" s'est faufilé dans ton oreille, ton coeur a raté un battement. T'as raccroché sans répondre et tu t'es levé, emportant avec toi le sac de ta copine. T'as quitté l'église sans plus de cérémonie parce que tout ça, ça ne comptait plus brusquement. T'es monté en voiture et t'as pris la direction de l'hôpital, en roulant sûrement trop vite.

Si tu t'y attendais ? Oui, en quelques sortes. Seulement, t'as eu beau t'être imaginé tous les pires scénarios possibles, les sentiments qui se baladent en toi te laissent complètement silencieux. C'est un silence trop étrange pour que ce soit bon signe. L'angoisse, tu la sentais. Elle grandissait dans ton ventre violemment mais ton calme te faisait maintenir ta raison. Parce que ce n'est pas le moment de faire n'importe quoi. Parce que tu ne peux faire autrement. La grossesse s'était bien passée jusqu'ici, sûrement trop bien pour que ce soit réel. Vous aviez passés des moments particuliers à imaginer votre vie à trois et à force, tu t'es attaché à la gamine. C'est sans doute pour ça que malgré ta sérénité flippante, tu crevais de trouille. Tu ne pourrais pas les perdre. Tu ne sais pas si tu pourrais surmonter ça.

Tu t'es garé et t'es sorti de ta voiture rapidement. T'as été à l'accueil, endroit où t'as demandé où se trouvait ta copine. Tu t'es présenté comme étant le père de l'enfant et une infirmière t'a emmené jusqu'à la salle où tu l'as retrouvé. Elle était accompagnée mais t'as pas vraiment fais gaffe sur le coup. Simplement parce que t'avais que Sierra en tête. Je suis là. T'as embrassé son front en observant son teint, beaucoup plus pâle que d'habitude. C'était pas le moment de demander des explications, t'en demanderas à l'infirmière plus tard. Tu voulais juste qu'elle te sente avec elle pour le moment.
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Sierra Desrosiers
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Ven 13 Fév - 10:43


La détresse sans doute comprise à travers mes yeux, Carolina prit les choses en main. Quant à moi, un coup de barre s'abattit sur moi -du moins si je pouvais qualifier la chose comme cela. Un grand sentiment de faiblesse et de fatigue survenue subitement. Je me suis tus et obéis à mon amie, je n'étais plus en état de penser à comment agir. J'agissais comme une poupée de chiffon. Elle m'a traîné tant bien que mal jusqu'au parking de l'Eglise et m'a aidé à grimper dans sa voiture. J'avais toujours de douloureuses crampes au ventre mais je me suis dis que ça ne servait à rien de gémir alors, c'était peut-être con mais, j'ai pensé très fort que je n'avais pas mal ce n'était que mental. Ça m'aidait. Le sang, malheureusement, je ne pouvais pas l'oublier. J'essayais d'éponger avec ma robe et éviter de trop salir la voiture de Caro, peut-être. J'étais bien consciente que c'était loin d'être glamour de pisser du sang, que mon état laissait à désirer et que vouloir tenter de stopper le sang avec ses propres fringues n'était pas la plus délicate idée de toute ma vie. Mais merde, j'en avais rien à cirer. Tout ce qui comptait, c'est que je sois vite conduite à l'hôpital. Et cette odeur de poisson pourrie et cette substance a couleur beaucoup plus foncée, beaucoup plus violette que d'habitude me donnait des envies de vomir. Quand la brune m'a demandé le numéro de mon copain, je n'ai pas de suite répondu. J'ai bien attendu de longues secondes pour me le remémorer et lui dicter d'une seule traite rapidement. J'ai fermé les yeux, en me tenant le ventre -qui bizarrement était devenu aussi dur qu'une planche de bois- et j'ai laissé la jeune femme me conduire.

Hôpital atteint.Je n'ai pas fait attention si on était à la maternité ou directement aux urgences. Quand on s'est rendu à l'accueil, la meuf nous a à peine regardé et nous a filé un formulaire à remplir, j'ai compris que nous étions aux urgences et qu'apparemment on la faisait chier. Je m'étais déjà rendue aux urgences, une seule fois avec Camil, complètements faits et qu'il s'était ouvert le genou et qu'il pensait qu'il allait mourir. Quand j'ai lu la phrase: notez le degré de votre douleur de 1 à 10, je l'ai eu mauvaise. La douleur ne diminuait pas, la peur nous plus, c'est pourquoi je suis vite devenue irritée et la colère a fait le reste. « Mais bordel, je me vide de mon sang et vous me demandez le degré de ma douleur? Je suis enceinte de sept mois, j'ai des saignements, je ne sens plus ma fille, appelez le Dr. Foster. » Ça a clairement secoué la nana qui a agit. Je détestais les hôpitaux pour plusieurs raisons, dont celle-ci. Si tu ne les secouais pas, tu pouvais crever dans ton coin. Parce que ouais, à toutes les personnes qui ont dit au moins une fois je suis en train de mourir pour n'importe quoi, n'importe quelle raison minime, hyperbole ou autre, j'avais à cet instant vraiment l'impression que c'était mon cas. Les bouffées de chaleur sont venues s'ajouter, quand je me suis laissée tomber dans le fauteuil roulant qu'on venait de m'apporter. Chambre blanche, on m'aide ensuite à me déshabiller et enfiler leur tenue papier vert d'eau. Je vois les petites dames en blanc s'agiter autour de moi, je ne comprends pas ou plus trop. Saul, où es-tu?Je serre la main de Carolina dans la mienne, c'est rien mais ça me réconforte. On me donne une petite gelule et un verre d'eau, je l'avale tout rond avant de me mettre sous monitoring. Le médecin suivit, j'ai voulu lui expliquer ce qu'il s'était passé mais parler était devenu un effort monstre. Je me sentais vraiment mal mais lorsque j'ai vu mon petit ami franchir la porte de la pièce, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire ou du moins essayer de lui sourire. Ma vision se voile, je vois comme plein de petites mouches qui dansaient devant mes yeux. Je n'ai entendu que des morceaux de conversations ou plutôt des mots, attrapé au vol comme: césarienne, urgence, hémorragie interne, deux pouls faibles, sauver, perdre.

J'ai eu la sensation de quitter la pièce (peut-être?), quitter Saul et Carolina, tout quitter. J'avais un mauvais pressentiment, terrible et en prenant du recul, je me suis dit que j'aurais du dire à mon copain que je l'aimais, encore une fois. La dernière fois? Et à mes amis? Et mes parents? C'était stupide mais cette idée qu'on pouvait mourir toutes les deux amplifiait un peu plus la douleur que je ressentais. Dans mon ventre, dans mon cœur. C'était trop fort à surmonter, je suppose que mon corps était arrivé à ses limites. J'avais perdu toutes les notions de l'espace, du temps. Perdu mes cinq sens. Perdu conscience.

(...)
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Anonymous
Invité
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Dim 15 Fév - 3:45


Tout autour de toi devient confus, abstrait. Complètement hors de ta portée. Tu n'arrives pas vraiment à réfléchir. Tu te sens juste complètement impuissant face à ta copine, face à ta fille et tu t'es mis à maudire les substances illicites qu'elle a pu ingurgiter. Tu t'es mis à détester la drogue, celle qui prenait un malin plaisir à te bousiller. Pourquoi faut-il qu'on comprenne la gravité de nos actes lors de ce genre de situation ? Pourquoi est-ce qu'il faut en arriver à des événements aussi extrêmes ? Tu aurais voulu comprendre alors que tu connais pertinemment la réponse. Tu sais ce que vous devez faire. Tu sais ce que toi-même, tu dois faire et pourtant, tu te sens complètement livide. Sierra s'échappe, elle t'a sourit et puis ses paupières se sont fermées. Elle est tombée dans l'inconscience. Suite logique que tu ne parviens pourtant pas à accepter. Quelqu'un t'interpelle, un mec en blouse blanche que tu supposes être le médecin. Il t'explique et tu enregistres. Sa voix est compatissante et pressée car il faut faire vite. Tu dois attendre, c'est ce qu'il t'a dit. Attendre en sachant pertinemment que tu vas peut-être perdre la femme que tu aimes, peut-être bien ta fille aussi. Ta fille qui n'a même pas encore ouvert les yeux.

Tu les as observé s'affairer autour d'elle rapidement, une poignée de secondes à peine avant qu'ils la transportent plus loin. T'as continué à marcher jusqu'à ce qu'on t'interdise le passage. L'infirmière t'a laissé en plan avec un sourire forcé sur la gueule, t'as eu envie de la baffer mais tu t'es retenu. Bien conscient que ce n'était pas le moment de faire de scandale. T'es resté planté là longtemps, sans bouger en fixant le sol et la lumière trop blanche des néons qui venait s'y refléter. Qu'est-ce que t'es censé faire maintenant ? Attendre patiemment que tout se termine ? Ton pessimisme est en train de t'étrangler avec des images atroces et tu es juste incapable de bouger. Ce n'est qu'après quelques minutes que tu t'es adossé au mur en essayant de te calmer. Tu respires calmement malgré la gravité de ce qui se déroule mais tu te dis qu'ils savent ce qu'ils font. Qu'ils sont payés pour ça. Tu te laisses croire qu'ils sont capables de les tirer d'affaire toutes les deux et qu'ils peuvent te les rendre. En vie. Tu crois en Sierra aussi. Tu te dis que t'as pas trop le choix en vérité. Et c'est sur ses pensées que tu te rappelles de la personne qui l'a emmené jusqu'ici. Tu ne la connais pas du tout. T'as pensé à Camil étrangement et tu t'es dit qu'il fallait le prévenir. Tout comme Julie. T'as sorti ton portable et tu leur as envoyé un sms à tous les deux. Puis t'as été à la recherche de la fille à la robe violette.

Tu l'as trouvé rapidement. Heureusement. Quand tu t'approches, tu reconnais les traits de son visage. T'as pu les voir sur Facebook et tu te rappelles même de son prénom. Carolina. Merci de t'en être occupée, de l'avoir emmenée aussi. Tu étais calme parce que tu n'as pas d'autres choix. Les paroles du médecin ne cessaient de se répéter dans ta tête. Constamment. Et t'avais beau être complètement paumé par tes émotions trop vives, il faut que tu restes calme. Je sais pas si tu as entendu ce que le médecin a dit mais ils sont en train de lui faire une césarienne pour essayer de les sauver. Je peux pas entrer. Ils m'ont dit qu'ils viendront vers moi pour me tenir au courant. Peut-être que c'est inutile ce que tu lui dis. Peut-être mais tu voulais la prévenir au cas où. Tu te sentais reconnaissant pour ce qu'elle a fait malgré tout. Malgré la possibilité qu'elles ne restent pas ou que tu en perdes une.
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Carolina J. Pedrock
Carolina J. Pedrock
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Dim 15 Fév - 15:53



  • Tout était allé trop vite, je me retrouvai dans cette frénésie soudaine, cet hôpital - je ne savais même pas comment j'avais fait pour arriver là l'esprit clair. Et puis le contrecoup. Dès que Sierra fut enfin prise en charge, je me sentis prise d'une angoisse insurmontable. Ma respiration s'accéléra, je regardai autour de moi et je ressentis pour la première fois ce sentiment à la fois d'impuissance et d'incompréhension. Et puis de la solitude. J'avançai péniblement vers cette salle d'attente où j'aperçus quelques sièges libres puis me vautrai là, sans trop savoir ce qu'il m'arrivait. Je regardai autour de moi, partout des gens muets, le teint blafard attendaient. On se serait presque cru dans un film, sauf que c'était la réalité. Et non, ça n'arrive pas qu'aux autres. Je m'adossai, les bras ballants et fixai le vide. Le temps semblait s'être arrêté. Ou accéléré, je ne sais pas trop, mais tout ce qui m'entourait me paraissait trouble. Et puis une voix me sortir de ma rêverie. Je sursautai. Saul.

    "Je, heu...De rien?"

    Je me levai précipitamment.

    "Je sais, elle voulait que j'aille te chercher, mais je ne sais pas, on aurait perdu trop de temps, désolée".

    Et puis il m'expliqua un peu la situation. Du moins ce qu'il en savait. On ne se connaissait pas et bizarrement, à ce moment précis, je sentis qu'un truc assez puissant nous connectait. Souvent quand je disais ça on me rétorquait que j'étais trop dans mon délire d'artiste, mais je peux vous assurer que non. Quelque chose venait de se passer.
    Sierra est une des personnes qui compte le plus au monde pour moi et ne pas savoir ce qu'il état en train de lui arriver à ce moment là me donnait la nausée. Un peu sonnée, je me rassis brutalement. Et puis mes yeux s'embuèrent. Les coudes appuyés sur mes genoux, je laissai ma tête tomber entre mes mains.
    Je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas quoi faire. Parce qu'en réalité il n'y avait rien à dire et encore moins à faire. Si j'avais su garder mon sang froid jusque là, c'est parce que mes actions comptaient. Maintenant que je ne servais plus à rien je me sentais désemparée. Il fallait donc attendre. J'avais laissé Saul planté là. En même temps, je ne me sentais même pas d'affronter son désespoir. Je n'arrivais même pas à faire face au mien. Et c'est là que je me sentis vraiment exécrable comme fille. Mais c'était comme ça.

    Attendre. Quelle blague.

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Sierra Desrosiers
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Mar 17 Fév - 11:19



C'est sans doute, après une petite heure de la prise en charge de Sierra que le gynécologue obstétricien a pointé le bout de son nez dans la salle d'attente à la recherche du jeune papa. Il fit signe au jeune homme et à la brune qui l'accompagnait de venir les rejoindre, pour discuter un peu plus en retrait. « Tout va bien. » A-t-il dit, immédiatement pour rassurer tout le monde. « Votre femme a fait un hématome rétro-placentaire, soit une grosse hémorragie interne qui la mettait en danger ainsi que votre enfant qui n'avait plus d'oxygène. Néanmoins, nous avons dû réanimer le bébé quelques minutes... Nous avons transfusé la jeune maman. Mais désormais, elle est en soin réanimation pour les grands prématurés. Vous pourrez logiquement la voir dans deux heures-trois heures. Quant à la maman, elle est encore en salle de réveil et ne devrait pas tarder à se réveiller. Elle a perdu beaucoup de sang mais finalement son état ne s'est pas si aggravé que ça, comme on le craignait. Elle sera à nouveau transférée dans la chambre 217,une infirmière vous avertira. Je repasse plus tard. » Ni une, ni deux, laisser en plan les gens c'était ce que les médecins faisaient de mieux

(...)

Mourir jeune, j'y ai souvent pensé. Après la perte de mon grand frère plus rien ne comptait vraiment. La drogue ingurgitée dans mes débuts à San Francisco était censée m'aider à m'en aller. A l'inverse, ça m'a pourri de l'intérieur mais je suis restée en vie, alors que j'en ai vu d'autres s'éteindre. J'ai rencontré des gens, aussi. Certaines personnes qui m'ont fait comprendre que je serais la pire des égoïste, si je prenais des cachetons pour me foutre définitivement en l'air. Et les laisser. Les autres, ma famille, mes proches ont toujours eu beaucoup d'importance pour moi. Si importants, que j'en oubliais ma propre vie. Même si ma famille semblait avoir peu de chance pour perdre la vie (assassinat, accident de voiture), mourir à la place de quelqu'un qui m'était chère aurait été une bonne alternative. Si seulement l'une d'entre nous devait vivre, j’espérais que ça soit ma fille. Elle n'avait pas encore ouvert les yeux et avait encore le monde entier à découvrir, puis surtout son papa. Louisa ne serait pas seule, il serait là pour elle et elle serait entourée. J'en avais découvert, moi, des choses au bout de vingt-cinq ans de présence sur Terre et il était peut-être temps que je cède ma place.

Quand j'ai ouvert difficilement les yeux, j'ai cru que j'étais plongée dans un rêve. Ou que je venais de me réveiller? Cette sensation confuse de ne pas savoir ce qu'il se passe, où on se trouve et quelle heure est-il. Puis là, une personne se tient en face de moi, je me suis mise à l'observer de longues secondes avant que mon cerveau comprenne. Lorsque j'ai compris, j'ai voulu m'agiter, me redresser mais j'ai ressenti une fatigue immense. Le médecin m'a demandé de me calmer d'une voix douce et détendu. Louisa? Où était-elle? Je voyais très bien qu'elle n'était plus dans mon ventre. Dû à ma totale incompréhension, il prit la parole une nouvelle pour me rassurer. Ma fille a survécu. Bon sang, ça y est, j'avais vraiment accouché d'un petit bébé. Elle se trouvait en réanimation pour les grands prématurés. Je ne sais pas, j'avais du mal à réaliser sans la voir. J'avais envie de la voir mais je ne pouvais pas encore. J'avais perdu beaucoup de sang, je devais me reposer et mon bébé était entre de bonnes mains, je ne devais pas m'y faire. Un torrent d'émotions traversait mon corps sans que je puisse trop comprendre. L'infirmière me réinjecta quelque chose dans ma perfusion et j'eus à peine le temps de comprendre qu'ils allaient m'emmener dans ma chambre que j'avais déjà sombré.  
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Anonymous
Invité
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Mer 18 Fév - 3:28


Prendre conscience que tout est éphémère, même les gens qu'on aime, tu as tendance à l'enterrer au plus profond de toi-même. Tu as perdu ton père lorsque tu n'étais qu'un enfant et pourtant vos derniers moments sont restés vifs dans ton esprit. Ils ne t'ont jamais quitté. Même là, alors que tu es âgé de vingt-quatre ans, les souvenirs ne te laissent pas tranquille. Ta cage thoracique est compressée par l'angoisse. Tu parviens tout juste à respirer. Tu te demandes comment tu as fait pour t'exprimer. Pour regarder Carolina droit dans les yeux et répéter mot pour mot ce que le médecin t'a dit. Tu ne sais pas par quelle force tu arrives à tenir sur tes deux jambes et quelque part, tu n'y penses même pas. Tu te sens paralysé. Comme bloqué dans un étau qui ne fait que se resserrer. Tu contiens les hurlements, les possibles larmes, la fissure de tes nerfs. Ton esprit est embrouillé. Rien n'est clair. Tu voudrais remonter dans le temps. Remonter à ce matin lorsqu'elle s'est éveillée à tes côtés et qu'elle t'a sourit. Comme tous les matins. Ça te fout complètement en l'air de te dire qu'aujourd'hui, c'était peut-être la dernière fois. Tu gardes cette image d'elle de couleurs et de gaieté et pourtant elle est là, quelque part dans cet hôpital, à se faire découper le ventre par des inconnus. Ta fille est là aussi. Peut-être qu'elle ne respire pas. Peut-être qu'elle vous a quitté depuis un bon moment. Tu te sens mal. Affreusement mal et pourtant t'es debout. Encore.

Je, heu... De rien ? Elle s'est levée brusquement. Pour te faire face et tu l'as regardé sans rien dire. Heureusement qu'elle était là. Heureusement qu'elle a agit et qu'elle n'a pensé à rien d'autre. Tu n'as pas envie d'imaginer ce qu'il se serait passé sinon. Peut-être que tout n'aurait fait qu'empirer. Tu ne veux pas y penser. Non, tu ne veux pas mais c'est bien plus fort que toi. Je sais, elle voulait que j'aille te chercher, mais je ne sais pas, on aurait perdu trop de temps, désolée. Tu as froncé les sourcils automatiquement lorsque tu as entendu ses excuses. Désolée de quoi ? D'avoir fait ce qu'il y avait de mieux en cas d'urgence pour la femme que tu aimes et ta fille ? Tu n'en revenais pas. Comment pouvait-elle s'excuser. Sans elle, vous ne seriez peut-être pas ici. Sans elle Sierra serait peut-être morte, votre enfant aussi. Carolina est tout autant secouée que toi. Tu le perçois dans la façon qu'elle a de se tenir, dans son regard et à son teint beaucoup trop pâle. Elle s'est rassise avant de se mettre à pleurer. Je suis resté statique quelques secondes ne sachant pas comment agir exactement. On ne se connaissait pas vraiment et pourtant nous étions seuls. Seuls avec des tas de gens tout aussi préoccupés que nous.

Tu t'es assis à côté d'elle et tu l'as rapproché contre toi pour la serrer un peu dans tes bras. T'as ravalé ta salive bruyamment pour ne pas craquer à ton tour. Tu te disais que personne n'avait besoin de ça en plus et tu ne voulais pas te résoudre à croire que tout était terminé. Il y a encore des chances. Des chances pour que tout aille mieux bientôt. T'es resté silencieux, cherchant à apaiser la jeune femme par un geste qui aurait pu lui paraître déplacé dans d'autres circonstances mais c'est la meilleure chose que tu as trouvé dans ce contexte et tu espérais que ça fonctionne car même si ça ne changeait rien aux faits, à ce qui se déroulait à l'instant même où vous partagiez ce moment, vous n'êtes pas seuls puisque vous êtes ensemble et c'est ce que Sierra aurait voulu. Du moins, tu le penses.

Avec le recule, ce n'était qu'une heure et quelques minutes. Une heure et quelques minutes qui t'ont semblé durer une éternité. Ta respiration n'a pas cessé d'être lourde, inconstante. Pratiquement inexistante. Attendre. Attendre qu'on vienne t'annoncer la mort ou la survie. Ne rien pouvoir faire pendant ce temps. Tu aurais voulu fuir. Être à des années lumières d'ici. Effacer cette journée qui est sans doute l'une des pires que tu auras vécu ou l'une des meilleures selon ce qui en résultera à la fin. La fragilité de la vie te revient en pleine gueule, comme un poing qui fracture ta mâchoire et tu n'es même plus capable d'assimiler ce qu'il se passe devant toi. Ce n'est qu'au bout d'un moment que tu remarques l'homme de tout à l'heure. Le médecin. Il vous interpelle et tu te détaches de Carolina pour te lever avec elle et aller vers le gynécologue.

Tu sais que c'est à ce moment-là précisément que tout peut s'effondrer et tu te retiens complètement de respirer jusqu'à ce qu'il prononce ces quelques mots qui d'habitude sont insignifiants. Tout va bien. Tout va bien, elles sont en vie ? Il le confirme. Elles sont là toutes les deux. Tu as tout en tête, tout en tête même si tu n'arrives pas réellement à organiser tout à l'intérieur de ton esprit. Il a disparu aussi rapidement qu'il est apparu et tu as serré Carolina dans tes bras à nouveau mais pas par peine. Par soulagement. Car elles sont toutes les deux en vie et c'est tout ce qui compte. Là encore, tu t'es retenu. T'as retenu ces larmes qui te brûlent les yeux depuis tout à l'heure et ton coeur a repris son rythme. Plus fortement. T'es incapable de décrire ce sentiment. Ce soulagement immense. Elles sont en vie toutes les deux. Tu as besoin de le voir, de les voir. Mais tu dois encore patienter un moment. Elles sont en vie. Tu l'a dit, autant à toi-même qu'à la jeune femme. Pour réaliser. Pour concrétiser ce qui t'apparaissait bizarrement comme un miracle. Toutes les deux, elles sont en vie. Tu lui as répété et tu ne savais pas si elle comprenait aussi bien que toi. Complètement immergé dans ta confusion, ton seul désir était de les voir mais tu ne pouvais pas. Pas encore. Vous êtes retournés vous asseoir, du moins tu as emmené Carolina jusqu'aux sièges que vous aviez quitté et tu as été vous prendre deux cafés. Tant pis si elle n'en voulait pas. Au cas où, il l'attendait. Je pensais que c'était fini. Oui, tu l'as vraiment pensé et pour une fois, te tromper t'enchantait. Il ne restait plus que cette infirmière à attendre. Pour voir Sierra. Pour savoir qu'elle était bien là.
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Sierra Desrosiers
Sierra Desrosiers
all i care about is love
AVATAR : Hayley Williams.
✱ ÂGE : 33
✱ QUARTIER : SOMA.
✱ COLOCATAIRES : Son mec et sa fille.
all i care about is love
Dim 22 Fév - 16:52


Je respire. Ma fille aussi, quelque part dans cet hôpital. J'avais envie de la voir, en vrai, en chair et en os. Je ne serai que complètement rassurée quand je pourrais la voir de mes propres yeux. Maintenant, je le voulais. Toutefois, j'étais encore sonnée, dans les vapes, pour comprendre tout ce qu'il se passait autour de moi. Encore sous le choc aussi, sans doute. Je ne sais pas sous quel anti-douleur j'étais, mais mon ventre, je ne le sentais plus du tout. Je ne sentais plus grand chose en fait. J'avais l'impression d'être une coquille vide, un légume complètement pourri sans énergie. Mes paupières, désormais ouvertes, laissaient mes pupilles spectatrices de cette pièce. Cette couleur blanche, pure, trop lumineuse m'agressait les rétines et je fronçais les sourcils. Au fond de moi je le savais que je ne quitterais pas cette chambre de sitôt et rien que d'y penser, ça m'angoissait. Je n'aimais pas les hôpitaux, ni la médecine de manière générale. Et la solitude. On était toujours seul dans un hôpital, il n'y avait rien à faire. Malgré le corps médical, malgré les visites des amis et des proches. Seule dans un environnement différent de mon habituel. Trop blanc, trop propre, avec une odeur bizarre. Seule à attendre que mon état s'améliore. Seule pour que j'ai rapidement le temps de devenir exécrable. Vous m'avez vu rester trois siècles sur un lit sans bouger? Ce n'était pas moi ça. J'avais besoin de bouger, me défouler, n'importe quoi! Seule assez longtemps pour que je puisse m'insulter intérieurement et encore me demander ce que j'avais mal fait cette fois-ci. Pourtant, Louisa était en vie, pas vrai ? J'ai suivi du regard l'infirmière qui est venue bidouiller la machine à mes côtés qui lançait des bips réguliers. « Je veux voir ma fille. » J'ai dit à l'infirmière. Je me suis surprise à parler d'une toute petite voix. L'infirmière a écarquillé les yeux en me regardant. Quoi? « Vous devez dormir et vous devez garder un état stable, quand vous serez suffisamment reposée vous pourrez... » J'étais suffisamment reposée, j'avais la pêche! J'ai lancé un sourire plein de sarcasme à la nana, emmerdée qu'elle n'ait pas exaucé mon désir de fille capricieuse. En réalité pas vraiment, j'étais encore fatiguée mais j'étais également impatiente de voir Louisa et anxieuse. Elle n'aurait pas dû naître sitôt, à sept mois. Comment pouvait-on m'assurer qu'elle aille bien si précoce? « Je veux voir mon copain. » J'ai dit, cette fois-ci. J'ai cru entendre un soupir de la jeune femme avant qu'elle disparaisse de la chambre.

Je me suis un peu -bien que difficilement- redressée dans mon lit, en évitant de trop tirer sur ma main qui était reliée à la perfusion. J'ai d'ailleurs longuement regardé cette aiguille plastifiée incrustée. J'ai l'impression que ça me brûlait. J'ai grimacé en me demandant sérieusement comment mon petit ami pouvait faire ce même geste avec l'héroïne et sur le moment, un grand sentiment de tristesse m'a envahit. J'ai cligné les yeux pour faire fuir ses pensées de mon esprit et j'ai remonté un peu la couverture sur moi. Petit à petit, j'ai fait l'effort de me souvenir de comment c'était déroulé le début de journée ou comment était plutôt censée se dérouler cette journée... J'ai un peu sursauté quand Saul est entré dans la chambre, je l'ai regardé jusqu'à qu'il s'approche de moi. Il était là, lui bien là. J'étais également en vie et il me fallut pas beaucoup de temps avant de craquer. Finalement. J'étais encore sous le choc. J'ai tiré doucement sur sa chemise sombre pour qu'il s'approche de moi au maximum, pour que je le sente contre moi. Je voulais qu'il me sert dans ses bras, pour essayer d'effacer ce qu'il c'était passé. J'avais failli le perdre. J'étais en vie, lui aussi, nous l'étions tous les deux et j'ai enfui mon visage humide contre son torse. Je voulais tant lui parler mais j'étais incapable de prononcer un mot.
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Carolina J. Pedrock
Carolina J. Pedrock
all i care about is success
AVATAR : Lynn Gunn
✱ ÂGE : 33
✱ COLOCATAIRES : Fraise.
all i care about is success
Sam 28 Fév - 13:44

  • Tout se déroulait beaucoup trop rapidement. Ou alors je n'avais plus la notion du temps, je ne saurais trop vous dire. C'était un peu comme si j'étais dans une sorte de bulle, hors du temps, coupée du monde. J'avais cette impression de flottement, de flou autour de moi, de vagues bruits parasites et puis c'était tout. Et il y avait Saul. Saul et sa dégaine rock'n'roll, malgré le costard. Saul et son air désemparé (il l'avait toujours, cet air là). Saul et son teint livide (même plus que dans sa vie de tous les jours.)

    Nous ne connaissions pas et pourtant. Nous partagions ce moment douloureux. Ce moment de doute. Il fallait que nous nous soutenions. Et j'y avais failli...En quelque sorte. J'avais flanché, mais il fut bien présent pour me rattraper. Notre échange ne fut que bref, mais sa force considérable. C'est ainsi que je pensai à la solitude. A toutes ces âmes seules et désemparées autour de ce globe. Et c'est ainsi que je me dis que j'avais bien de la chance d'être entourée, d'une façon ou d'une autre. C'est là que je me dis que Sierra avait de la chance d'été entourée. Nous étions là. Saul était là, j'étais là, et plein d'autres bien que physiquement absents étaient là par la force de la pensée, je le savais. Je le sentais. Et ça elle devait le sentir aussi. A nous tous, nous faisions en sorte que Sierra se batte. J'y croyais fermement.
    Je ne sais pas trop ce qu'il se passe là-haut. Je ne sais pas trop quelles sont ces forces autour de nous, qui font que nous sommes ici et vivants. Mais je crois en une force qui émane de nous; celle qui nous unit à nos êtres proches et aimés. C'était ça notre force.

    "Elles sont en vie"

    "Elles sont...?" murmurai-je d'une vois presque inaudible.

    "Toutes les deux, elles sont en vie."

    Lentement, je fis un pas vers lui et le pris dans mes bras. Nous n'en savions pas plus, mais je me sentais plus calme. Plus sereine. Si elles étaient à présent toutes deux hors de danger, c'était bien l'essentiel, non?
    Nous nous dirigeâmes tous deux vers nos sièges. En silence. Mais sereins.

    Ma misson s'achevait donc ici, je pensai. Bien-sûr je resterai dans ce foutu d'hôpital aussi longtemps que nécessaire. Mais ma part de l'action s'achevait-là. Bientôt Sierra reprendrait ses esprits et demandera à voir son compagnon, le père de sa fille. Il avait besoin de les voir, d'être rassuré, pour de bon. Ils avaient besoin l'un de l'autre et je ne comptais pas interférer là-dedans.

    J'aperçus au loin une silhouette se diriger vers nous. Je posai une main sur l'épaule de Saul et lui adressai un sourire confiant.
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