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LA POÉSIE EST DANS LA RUE // TALULAH i'll be fine once i'll get it, i'll be good
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| | Ven 12 Déc - 17:03 | |
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Changer d'air. Marcher sans penser ou du moins, essayer. La grossesse de Sierra que tu viens d'apprendre t'a retourné le cerveau, complètement. Tu sais juste que c'est trop tard pour faire marche-arrière et que tu n'as pas le choix. Qu'elle non plus elle ne l'a pas. Étrangement, tu aurais voulu que ça se passe différemment. De façon plus sereine et moins brutale. La fatigue te bouffe encore malgré que t'es à San Francisco depuis quelques jours. T'as trop abusé en tournée. De tout. Et la drogue, elle s'est greffée à ton corps comme un nouvel organe. C'était ça le plus flippant. Est-ce qu'un enfant ne méritait pas plus qu'un père camé jusqu'à la moelle ? Ça craint. T'es dans la merde, tu te noies dedans à ce stade. Alors tu marches, en espérant faire taire les cris qui dégueulent dans ton crâne. T'inspires et t'expires l'air comme si t'avais besoin d'une aide respiration et au final, c'est la nicotine qui l'emporte. Comme toujours. T'as les nerfs qui s'affolent alors t'apprends à les tenir en laisse. Cigarette entre les lèvres, t'en tires un grand coup avant d'expirer les volutes blanches qui disparaissent rapidement.
T'es pas encore habitué à ne pas bouger. T'as besoin d'être en mouvement, même si ce n'est que pour vagabonder dans les méandres de la ville. T'apprends à en connaître chaque recoin en même temps. C'était plutôt préférable en sachant que t'allais rester ici pour les années à venir sûrement. C'était pas simple pour toi, toi qui est bien trop habitué à ne vivre que dans des hôtels ou à dormir dans un tour bus. De cette façon, t'es devenu qu'un spectateur de la réalité. La société, toi, tu ne faisais plus que l'effleurer ces deux dernières années et l'annonce que Sierra t'a faite hier, ça a été comme une piqûre de rappel de cette réalité que tu détestes, que t'as toujours trouvé injuste et dégueulasse par défaut. Non, t'es pas l'optimisme incarné. T'es surtout blasé, noyé sous une tonne de désillusions. T'aurais aimé trouver un moyen de prendre du recule mais t'étais dans le noir. Aveuglé par tes appréhensions et tes conneries.
Fumant toujours, tu marches alors que des notes de musique t'interpellent. Tu cherches du regard la source de ces sons et tu finis par le poser sur une jeune femme jouant du ukulélé, avec un sourire plutôt sincère sur les lèvres. Quelques personnes l'écoutent jouer. Juste pour le plaisir de le faire et tu tardes pas à te joindre à eux toi aussi. Elle illumine un peu ta journée sans le savoir et la musique t'a toujours apaisé, d'aussi loin que tu puisses te rappeler. Tu la trouves solaire, cette fille. Elle apporte de la bonne humeur et de la chaleur sans le savoir. Tu la connais absolument pas mais elle a réussi à activer ton intérêt. Tu finis ta clope tranquillement alors qu'elle finit tout juste son morceau. Après avoir balancé ton mégot plus loin, tu lui souris comme pour la remercier avant de l'applaudir brièvement. C'était vraiment sympa. T'es sincère puisque ça a allégé ton humeur. Comme quoi il suffisait de peu parfois. T'as sorti ton portefeuille de ta poche arrière avant d'en sortir 200$ pour les lui tendre. Tu peux pas la juger en quelques secondes mais tu te dis que si elle est là, c'est qu'elle a besoin de thunes et toi, t'en as trop alors autant les donner à quelqu'un qui en a réellement besoin. Je sais pas si tu fais de la musique depuis longtemps mais je sais que c'est grandement mérité. Des artistes de rue, tu en croisé beaucoup et souvent, ils étaient bien plus doués que ces gens qui finissent par se perdre dans la célébrité. D'ailleurs, tu t'étais pas un peu perdu dedans, toi aussi ?
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| | | | Mar 20 Jan - 4:17 | |
| Aujourd’hui, tu as besoin d’une pause. Une grande pause. Si tu pouvais, tu disparaitrais quelques jours en dehors de SF, mais l’argent manque. Il t’a encore tout pris, même ce que tu voulais garder pour faire quelque chose avec ta famille adoptive, mais il ne te restait plus rien. Ce n’est pas comme si tu avais prévu d’acheter des trucs hyper chers non plus mais bon, maintenant, un trou immense s’était fait dans ton portefeuille, tu pouvais ainsi dire Adieu au festin. Il y a un truc qui t’est difficile à comprendre, t’es dans un gang de nanas qui se revendiquent indépendantes et libres, mais qui pourtant rendent des comptes à des mecs, tu ne comprends pas comme ça se fait. D’accord, votre boss sort avec ce mec, mais de là à devenir accro au point de tout le remettre, ça n’a aucune logique pour toi, tout comme pour certaines filles d’ailleurs comme tu as pu le remarquer. M’enfin, tu n’es pas tout à fait sûre du coup tu préfères attendre et observer comment la situation évolue, il serait con de l’ouvrir maintenant et de devenir paria, celle qu’il faut éliminer ou quelque chose du genre. Ton corps a assez pris de coups comme ça ces derniers mois, il est fatigué, tout comme toi à vrai dire.
[***] Tu as décidé de t’installer à un carrefour fréquenté pour jouer un peu. Il n’y a que ça qui arrive à t’apaiser dans ce genre de situation. Ta casquette est à tes pieds bien sûr, mais ce n’est pas la priorité pour toi, tu es avant tout là pour t’amuser, prendre du bon temps, si quelqu’un veut déposer des pièces ce serait merveilleux mais ton but premier est de retrouver ta bonne humeur et de la faire partager à tous ceux qui écouteront ne serait-ce que quelques secondes. Tu n’as pas la prétention de croire que tu es talentueuse, à nouveau tu le fais uniquement pour le plaisir, parce que ça te fait du bien et si ça peut faire du bien à une seule personne, c’est tout bénef pour toi. Un grand sourire, tu joues un air que tu as composé, enfin composé en voilà un grand mot, c’est juste un air qui t’es venu comme ça, un peu comme quand tu jouais du djembé à l’époque, de l’improvisation totale qui laisse quelques traces dans ton esprit avant d’être modifié à chaque fois. Bon le résultat n’est pas celui que tu attendais, mais la surprise est pas mal non plus, et alors que tu te demandes ce que tu vas jouer ensuite, un mec applaudis, suivi par les autres. Wow, il est grand…sûrement parce que tu es assise et lui debout. « Merci, je suis contente si ça t’a plu ! » tu lui sers ton plus grand sourire, voilà ce qui toi te mets en joie, voir que les gens ne sont pas restés insensibles. Puis, il te tends des billets, tu fais rapidement le compte et tu te dis que c’est trop. C’est un riche hériter ou quoi ? Tu fais la navette entre l’argent et son visage, pour être sûre qu’il sait ce qu’il fait. « Je crois qu’il y a des billets en trop là » tu lui fais remarquer gentiment mais son regard te confirme qu’il sait pertinemment ce qu’il fait, que ouais, il veut bien te donner ces deux cent dollars, à toi et comme tu penses pas les mériter, tu te lèves d’un bond, ramasse toutes tes affaires avant de lui attraper le bras. « On va utiliser cet argent à bon escient et tu vas m’y aider » tu n’as toujours pas pris ces dollars d’ailleurs, tu l’entraînes juste avec toi dans un supermarché situé non loin de là. Ca va pas te servir à toi, mais tu sais déjà qui ça pourrait rendre heureux. « J’espère que tu aimes faire les courses ! » tu t’exclames en lui passant un charriot.
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