Tu l’as trouvé son petit mot. Là. Dans ton petit carnet. T’as eu peur un instant. Peur qu’il ai lu tout ce que t’as pu écrire. Sur lui. Sur ta vie. Sur le monde. Mais tu sais pas vraiment pourquoi, tu sais qu’il l’a pas fait. Parce que c’est toujours lui. Malgré les années. Malgré les changements. T’es tout seul dans l’appartement. Encore. T’as dormi jusque tard. Slave était déjà parti travailler. Tu t’es retrouvé un peu con. Parce que t’as rien à faire toi ici. Pas de boulot. Rien. Et sans lumière. Sans électricité. T’as pas grand chose à faire. Alors t’as décidé de sortir. T’as erré un peu dans la ville. Un peu partout. Un peu nul part. T’as pas fait grand chose à vrai dire. Puis la nuit a commencé à tomber. Tôt. Alors t’as fini par rentrer. Le cœur un peu lourd de te trouver si seul. Diego te manque. Ta vie te manque. C’était pas génial, mais t’as rien ici. Presque rien. T’as ton frère. Ce qu’il en reste. Puis finalement, cette vie de petit délinquant te manque. L’adrénaline de se faire prendre.
Tu claques la porte de l’appartement avant de te diriger vers la cuisine pour te faire un petit truc à manger. Quelque chose à cuisiner au gaz. T’ouvres le frigo avant de réaliser que lui non plus, il ne marche plus. Bordel. C’est vraiment la merde. Tu finis par te cuisiner un petit quelque chose avant de t’occuper comme tu peux dans cette appartement vide à en crever.
Il fait nuit noire maintenant. T’es allongé dans ton lit, congelé. Le chauffage ne fonctionne plus depuis deux jours maintenant et la température de l’appartement est descendue en dessous de 17 degrés. Et tu trembles de froid sous ta couverture. Slave n’est pas encore rentré. Alors tu tournes encore et encore dans ton lit. Tu t’inquiètes comme un idiot. T’aimes pas le savoir dehors dans ce chaos. Tu le préfèrerais ici. Même sans que tu ne lui parles. Simplement le savoir là. L’entendre dans la chambre d’à coté. Ca te suffirait. Et tu grognes un peu tout seul en réalisant tes pensées. Putain.
Tu te réveilles de ce demi sommeil en entendant la porte claquer. Et ton cœur rate un battement tandis que tu l’écoutes se mouvoir dans l’appartement. Tu penses un instant à aller le voir. Pour lui parler de son mot. Mais non. Finalement non. Tu restes là comme un con tandis que tu l’entends fermer la porte de sa chambre. Voilà. C’est ça ce que vous êtes devenus. Deux inconnus aux portes fermées. T’arrives plus à dormir. Le froid ne mord la peau, même à travers la couette. Il faut dire, t’es seulement vêtu de ton boxer. Mais t’as du mal à dormir avec des vêtements. C’est con. Mais c’est comme ça. Il te faut un long moment avant de te décider. Tu sais même pas vraiment pourquoi tu fais ça. Un vestige de votre enfance lorsque tu venais te blottir contre lui après un cauchemar ou simplement pour sentir sa présence. Alors doucement, tu sors de ton lit pour venir pousser la porte de sa chambre. Tu regardes l’ombre de son corps endormi un instant avant de venir te glisser sous la couette à ses cotés, te rapprochant de son corps pour profiter de sa chaleur corporelle. Tu l’sais pas toi. Qu’il est comme toi. Qu’il dort pas habillé. Tu l’sais pas, qu’il met même pas de boxer. Tu t’poses pas vraiment la question faut dire. Tu veux juste sa chaleur. Sa présence. Son odeur un peu oubliée.
San Francisco. Ce carnage sans nom au boulot multiplier pour toi. Tu dis rien. Tu aimes ça dans la fond. Tu évites de penser comme ça, entre ordres à donner, ordres à respecter et procédure de recherche pour trouver ces crétins qui s'amusent à faire régner le chaos... Pas que ça ne t'intéresse pas ces histoires de politique, mais la politique c'est pas ton job. Ton job c'est de veiller à se que tout le monde soit en sécurité, chose plutôt compliqué quand il ville aussi vaste et énorme se voit mise en quarantaine sans réseau ni électricité. Vous avez à peine réussit à remettre sur pied le réseau du FBI, alors celui publique ça reste pour le moment impossible. Les enquêtes se voient donc bousculer alors que police et agents s’emmêlent dans un truc impossible. Aucune rigueur. Mais toi tu dis rien, tu te contentes de faire ton boulot. Et de tirer profit de cette cacophonie pour ton propre bénéfice... En allant voir par exemple Sasha pour certaines petit brèche qu'il puisse exploiter.
Et la journée passe ainsi alors que tu dois encore rester bien tard pour veiller à se que les équipes de flics de patrouilles partent bien et ainsi vous laissent avancer un peu en solo. Le couvre feu ne te touche pas pourtant tu trouves pas vraiment de raison de le violer. Tu en profites juste pour aller voir un de tes contact qui t'informe que des gens seraient prêt à payer cher pour contourner la quarantaine. Bon à savoir... c'est fou comme même les civils peuvent se révéler contre les lois quand on leur impose ce genre de chose... Néanmoins c'est pas comme si tu en avais quelque chose à faire, tu penses pas tellement que les gars derrière tout ça voudraient quitter la ville en solo... Tu en tires juste profit. Et quand tu sors de chez ce gars qui t'a contacté pour te demander si tu étais intéressé tu finis par te dire que vu l'heure tu ferais mieux de rentrer. Déjà histoire de voir si ton frangin a pas décidé de faire le mur. Dans cette ville tu serais sans doute incapable de le retrouver... Oui ça t'inquiète. Même si tu l'veux pas.
Seulement quand tu pousses la porte en voyant qu'elle est pas fermée à clef tu sais pas si t'es juste blasé qu'il ne la verrouille pas la nuit, ou alors plutôt rassuré qu'il soit là. Tu vas pas le fliquer, puis à cette heure il doit dormir. Tu refermes la porte tirant le verrou avant de te diriger vers ta chambre. Chose bien c'est qu'au bureau ils ont un mini générateur donc tu as pu avoir une douche chaude. Enfin ! Tu prends pas le temps de bouffer. Non tu refermes ta porte de chambre en rangeant ton arme dans ta chambre virant tes fringues avant de te coucher. Le silence et l'obscurité t'insupporte bordel. Mais pourtant ils sont parfait pour te faire plonger dans un sommeil rapidement. T'es pas du genre à tourner des heures dans ton lit. Par contre t'es du genre à te réveiller au premier mouvement. Surtout quand tes draps bougent et qu'une présence te fait te tendre entièrement alors que tu ouvres les yeux dans le noir. Super merci le manque d’électricité. Généralement les lumières extérieures illuminent ta chambre. Pourtant ton cerveau si vite éveillé comprendre vite l'identité de cette présence alors que tu le sens se rapprocher de toi et que tu essayes de comprendre se qui se passe. Bon et se qui se passe c'est que ton frangin squattes ton pieux alors que t'es à poil. T'es pas pudique mais quand même. Merde Drea j'suis à poil... Tu répliques trop endormie pour le dire en espagnol. Oui pourtant généralement c'est bien ta langue maternelle qui revient au galop mais là y'a un problème dans tes neurones. Tu te redresses en t'asseyant dans le lit le regardant. Qu'est-se qu'il y a? Tu questionnes cette fois-ci en espagnol te frottant le visage pour essayer de mieux te réveiller.
Il fait tellement froid. T’as l’impression que ta peau se transforme en glace. Tu regrettes la chaleur de l’Espagne. Ici, tout est froid. Tout est humide. Et sans chauffage, l’appartement devient impossible à supporter.
Tu te glisses silencieusement dans son lit. Elle est agréable. Cette chaleur de sous les couvertures. Tu t’approches doucement de lui, tentant de ne pas le réveiller. Mais c’est peine perdue. Slave, il s’est toujours réveillé facilement. Et aujourd’hui ne déroge pas à la règle. « Merde Drea j'suis à poil... » Ya sa voix fatiguée qui s’élève. Tu comprends pas tout. Tu comprends le merde. Visiblement, ta présence ne lui plait pas trop. Et toi, ça te blesse un peu. Tu sais même pas vraiment pourquoi. Faut dire, t’es un peu con. Tu veux jouer le grand et t’agis comme un gamin. Tu viens te réfugier dans le lit de ton frère comme quand t’avais dix ans. Il se redresse, laissant l’air froid s’engouffrer dans la couette. Alors tu frissonnes entièrement. « Qu'est-ce qu'il y a ? » Le froid vient de nouveau te faire trembler. « … Froid… » Alors tu t’approches un peu plus de lui. « … Tu fais rentrer le froid… » Tu trembles comme un idiot alors que tu finis le tirer pour le faire se rallonger, te blottissant contre lui. Tu le sens sursauter un peu à ton contact. Tu sais pas vraiment si c’est pour la température de ta peau ou pour ta simple présence. Toi, t’es mieux là. Tout contre lui. Doucement, tu viens enfouir ton visage sous la couverture. Le bout de ton nez est tellement froid. Et la chaleur de la couverture est si agréable.
Doucement, tu viens passer ton bras sur son torse. La température de son corps est tellement agréable. Faiblement, tu souffles « … t’es chaud… » en le serrant un peu fort. Tu te demandes comment il fait pour avoir le corps aussi chaud par cette température. Ses couvertures peut-être. Enfin, t’en sais rien. T’en sais rien, mais c’est tellement agréable.
Tu réalises pas bien la nudité de ton frère. Là. Tout près de toi. Pour toi, il est simplement en boxer. Comme toi. Tu te dis même pas que c’est un peu étrange. Qu’à ton âge, on vient plus se blottir à moitié nu dans le lit de son frère. Tu sais pas trop. C’était pas vraiment réfléchi. C’était impulsif. Le reflet de votre relation passée.
Tu dormais. Un sommeil de plomb, un sommeil sans rêve, un sommeil sombre. Un sommeil que tu apprécies, que tu as depuis plus d'un an. Bénéfique. Apprécié après l'enfer que tu vivais à Rome après le "départ" de Loéla. Non tu aimes ce genre de nuit, ce genre de truc qui t'enfonces plus et qui le matin te laisse l'esprit clair. T'es pas du genre torturé, ou alors pas dans l'sens qu'on pense bien qualifié. Non t'es pas torturé, t'es pas celui qui a vécu un passé tourmenté. Où alors tu sais pas bien le penser. Tu sais pas. Tu aimes juste ce genre de repos. L'esprit au repos, tu comptes plus les heures. T'es bien. T'es calme. Et pourtant il ne faut qu'un seul mouvement pour t'en tirer, sommeil de plomb qui au moindre mouvement réalise les choses. Tu sais pas tellement si tu peux l'appeler de plomb dans ces cas là, alors que le moindre bruit semble dans ton sommeil analyser prêt à te réveiller. Peu importe. Les nerfs à vif, tu restes là sans pour autant sauté hors de ton lit. C'est lui. Tu te calmes un peu. Enfin ton instinct de survie arrête de jouer au guerrier. … Froid… Quoi ? Tu comprends pas tellement sur le coup, toi t'es constamment brûlant. Un chauffage portable.
… Tu fais rentrer le froid… A son contact du sursaute presque pas la froideur de ses doigts qui te tire un frisson. Bordel. Sur le coup surprit qu'il puisse autant se les gelé tu te rallonges presque docilement. Toi t'es bouillant, ouais t'as conscience que sans radiateur c'est chiant. En dehors des draps il fait froid,mais t'as une bonne couverture et tu réchauffes vite tes draps en temps normal. Tu l'sens d'ailleurs le froid émaner de son corps, la température qui a baissé sous tes draps. Fallait m'demander des couvertures.. Tu répliques te sentant vachement con de pas lui avoir proposé. Tu y as pas pensé ouais, tu es pas frileux alors ça t'est pas venu à l'esprit.
Il se rapproche et tu te crispes. Bordel t'es à poil , ok il a froid mais là quand même... Tu trouves ça un peu bizarre surtout de ce gars qui à trop changé pour être encore dans ta tête comme identifié à ton frère. Et quand il passe un bras sur toi sur le coup tu te tend complètement. T'es déjà pas branché câlins avec les personnes que tu ramènes dans ton lit... Rectification tu ne ramènes pas les gens dans ton lit et quand tu restes une nuit avec c'est que les filles sont chiante à demander ou tu t'endors dans le lit. Quant aux mecs... tu fréquentes pas vraiment eux qui sont du genre à s'attacher. Alors là... Puis t'es à poil bordel. … t’es chaud… Tu ries, pas amusé, plus tendu alors que tu finis par t'écarter de lui et tiré la couverture pour quitter le lit. T'es à peine chiant... Tu soupires capitulant en te levant pour aller chercher un bas de pyjama alors que tu t'éloignes du lit en réalisant que oui il fait froid dehors. Ouvrant ton armoire tu mets un temps à en trouver un, n'étant pas coutumier de te vêtir la nuit. Chacun ses habitudes quoi. La semi obscurité de la chambre n'aidant en rien tu finis par jeter un regard au réveil. Même pas une heure que tu étais couché. Tu restes silencieux essayant de calmer le flot de pensées qui s'acharnent dans ta tête. Non mais sérieusement quelle idée de débarquer dans ton pieu quand tu portes rien. Tu soupires. Tu reviens vers ton lit. Tu l'vires même pas. Tu sais pas pourquoi. Tu sais pas se qui ne va pas. Mais tant pis. Tu reviens sous les draps te tournant sur le côté en l'observant allongé au milieu de ton lit. Au milieu quoi. Il est là, comme avant. Comme quand il était plus petit. Ce gars qui t'es totalement étranger aujourd'hui.
« Fallait m'demander des couvertures.. » T’hausses doucement les épaules. Il était pas là déjà. Puis tu sais pas. T’y as pas vraiment pensé. Peut être parce que, quelque part, t’avais envie de te glisser dans son lit. De retrouver votre jeunesse.
Il rit à ta remarque. Mais pas un vrai rire. Un rire gêné. Mal à l’aise. Alors tu réalises que c’était un peu idiot. Mal placé. Tu réalises que t’es un idiot pour être venu te coucher dans son lit. T’as plus dix ans. T’es plus le même gamin qu’avant. Quand il se détache pour sortir du lit, tu penses un instant qu’il s’en va pour dormir ailleurs. Malgré toi, y’a cette déception qui t’envahi. Tu sais même pas vraiment pourquoi. « T'es à peine chiant... » Tu lèves le regard vers lui. Tu le poses sur lui. Sur son corps nu. Et brusquement, tu rougis comme un gamin. Tu t’sens con. T’étais là. A te coller contre lui alors qu’il était nu.
Tu devrais pas. Pourtant, tes yeux parcourent son corps éclairé par la lune. Putain. Il est beau. Beau à en crever. Tu rêverais d’avoir un corps comme le sien. Musclé à la perfection. T’aimes pas vraiment ton corps à toi. Trop frêle. Trop blanc. C’est tellement étrange pour un Espagnol. A croire que t’as pris de ton père pour ce point là. Peut être juste pour ce point là d’ailleurs.
Ton regard se pose sur ses fesses et un léger frisson te parcourt. Putain de voyeur. Tu t’sens tellement idiot. Tu l’voulais pas. Tu l’voulais vraiment pas. Parce que c’est pas normal. C’est foutrement pas normal. Mais ça marche pas comme ça. Ton corps, il fait ce qu’il veut. Il réagit à ce qu’il voit. Peu importe que ce corps si parfait soit celui de ton frère. Ton membre se tend sous ton boxer. Et ton cœur se serre à cette idée. Tu rougis comme jamais. Tu sais plus comment réagir maintenant. Bordel. J’suis tordu putain. Pourquoi il m’fait bander … ? Et il revient se glisser sous les draps. Habillé d’un bas de pyjama cette fois. Toi, tu t’recules un peu. T’as peur qu’il le découvre. Putain, t’aurais l’air tellement bizarre. Tu sens son regard sur toi. Et ça te fait rougir un peu plus. T’as l’impression qu’il le sait. Que c’est comme écrit sur ton visage. Pourtant, il fait nuit. Et il ne voit probablement même pas tes joues rosies par la honte. « … Je… Tu veux que je parte … ? »
Tu veux faire des efforts. Tu veux pas l'énerver. Pas lui donner d'autres raisons de te détester. Vraiment pas. Alors même si tu aurais voulu l'éjecter, tu repenses au passé, à votre complicité. Tu repenses à ce temps qui t'a manqué. En Italie faut pas croire que c'était beau et facile. Ta vie te manquait, ton frère te manquait. Seule réelle famille que tu regrettais. Mais Loéla a peu à peu prit ton affection, tu as finis par te dire que c'était normal. La vie. S'éloigner. Grandir. Alors tu as grandit. Tu as oublié. Mais maintenant tu doutes. Parce que ton frère c'était le seul à te comprendre. A savoir que tu tenais à la blonde du lycée même si tu en parlais pas, même si vos parents disaient que tu jouais avec. Il savait que même si tu parlais pas t'étais pas un crevard. Il savait que le soir après le garage parfois fallait pas te chercher. Pas t'emmerder. Ton frère il savait. Alors tu décides de faire un effort.
Tu te recouches plus habillé, alors que tu fixes son ombre. Tu l'reconnais plus ton frangin. Plus le même. Plus pareil. T'en dis rien. … Je… Tu veux que je parte … ? Tu restes un temps silencieux. Un temps juste comme ça parce que tu sais pas bien se que tu veux. T'as appris à te reconstruire une carapace et même lui maintenant est en dehors. Mais tu veux pas. Nan ça va tu vas pas aller crever de froid.. ramènes toi.Tu finis par dire en cherchant son bras pour le tirer vers toi, en même temps s'il était plus couvert il aurait pas ce genre de problème. Si tu dormais plus habillé aussi.. Tu répliques juste comme ça, parce que tu sais pas quoi dire. Et que t'as l'impression qu'aujourd'hui Andrea a du mal à accepter autant tes silences qu'avant. Alors tu fais un effort.
T’as pas envie qu’il dise oui. Qu’il te dise qu’il veut que tu partes. Puis t’aurais l’air idiot si tu sortais du lit. S’il te voyait bandé. Alors t’espère juste qu’il te dira de rester. Là, bien au chaud au creux de ses draps. Le silence s’installe sans qu’il ne réponde. Mais c’est plus vraiment comme avant. Ses silences, tu les comprends plus aussi bien. Tu les déchiffres plus comme avant avec cette facilité étrange. T’as jamais su comment l’expliquer. Vous n’aviez juste pas vraiment besoin de parler. Vous vous compreniez. C’est tout. Aujourd’hui, tu comprends plus bien. C’est juste un silence. Un silence un peu pesant. « Nan ça va tu vas pas aller crever de froid… ramènes toi. » Tu souris légèrement. Juste légèrement. Il te tire doucement contre lui et tu te laisses faire. Tant pis pour l’érection. Il ne s’en rendra probablement pas compte de toute façon. Doucement, tu te blotti un peu plus contre les couvertures. Puis tu te tournes vers lui. La lumière de la lune éclaire légèrement son visage. Son visage tout barbu. C’est tellement étrange de le voir comme ça. Il n’était pas si barbu lorsqu’il était avec toi. Il avait parfois cette petite barbe de quelques jours qu’il laissait pousser, mais rarement plus. Et quelque part, tu regrettes un peu. Tu regrettes de ne plus voir son visage. Ou plutôt de le voir si dissimulé. « Si tu dormais plus habillé aussi.. » Tu esquisses un léger sourire. T’y peux rien toi, si t’aimes pas dormir avec des vêtements. C’est désagréable. « … Je déteste ça … » Tu le regardes un instant, restant silencieux quelques secondes avant d’ajouter « … Puis, tu peux parler, t’es pareil. » Tu préfères éviter d’évoquer qu’il est même pire. Que lui, il dort complètement nu. Tu préfères éviter de penser que tu t’es glissé dans son lit lorsqu’il était nu. Que tu es venu te blottir contre lui tandis qu’il ne portait aucun vêtement. Puis surtout, tu préfères éviter de penser à cette excitation étrange que tu as ressenti en le voyant ainsi.
Doucement, tu fermes les yeux. Toujours tourné vers lui. Le silence a fini par s’installer. Tu l’entends respirer. Tu sais qu’il ne dort pas encore. Pourtant, tu ne veux pas briser ce silence. Alors tu restes là. Silencieux. Ayant peur de le déranger en bougeant. Ayant peur qu’il découvre que tu restes encore à demi-bandé. Esprit tordu.
Les minutes s’écoulent sans que tu n’arrives à t’endormir. Et il ne dort pas lui non plus. Alors finalement, tout doucement, tu finis par t’exprimer. Tu choisis de dire ces simples mots en anglais. Un peu comme si cette attention augmentait la signification. « Tu m’as manqué … » Elle est simple cette phrase. Un peu maladroite. Avec un sale accent. Pourtant, elle est là. Pleine d’émotions. Parce que, oui, il t’a manqué. A en crever.
Tu as même pas regardé l'heure, tu veux pas tellement la regardé ne sachant pas s'il est trop tôt ou trop tard. Combien de temps te reste-il à dormir ? Tu n'en sais foutrement rien, mais tu sais que dès l'instant où tu voudras dormir le sommeil s'abattra sur toi. T'es comme ça. Depuis ton arrivé aux USA tu retrouves le sommeil, un sommeil de plomb, un sommeil qui est bon. Le genre de sommeil que tu as perdu à la mort de... bref. Tu observes ton frère dans l'obscurité. Tu ne vois pas son sourire pourtant tu le devines. Et ça te surprend, de le deviner, tu l'imaginer. Un instant ça te rassure même de te dire que tu arrives encore à faire cela, deviner ses réaction. Face à cet inconnu qui ne ressemble en rien à ton frère. Il a gardé les mêmes yeux oui, mais son regard est différent. Y'a des trucs qui sont resté peut-être, au fond mais pour le moment tu ne vois qu'un étranger. Un étranger qui est dans ton lit et en caleçon... l'une des choses les plus banal dans ton quotidien c'est sur et certain pour ce point là.
… Je déteste ça … Tu lèves un sourcil, tu ne peux pas trop le contredire, et que le comprendre. Les seuls fois où vraiment tu enfiles quelques chose c'est quand il doit faire moins de 10 degrés et encore. Tu sais pas tu as toujours été habitué, la chaleur italienne te collaient au lit, et puis tu étais habitué à avoir ton lit d'occuper par une belle italienne. Tu t'y es habitué et tu a rarement reprit l'habitude de t’habiller pour dormir. Tu as ce rituel de te déshabiller pour dormir et pas pour enfiler à nouveau quelques choses. … Puis, tu peux parler, t’es pareil. Il réussit presque à te tirer un rire alors que tu souries à sa réflexion à laquelle tu étais justement en train de penser. Au fond... toujours un peu les même nan ?! Je ne m'aventure pas dans le lit des autres comme ça... quoi que faux, mais pas le lit de n'importe qui. Tu répliques en te reprenant parce que bon, les lits des autres dans cette tenue tu les fréquentes beaucoup. Et le silence revient combler la pièce. Tu fermes les yeux, mais tu t'endors pas. Tu écoutes juste le silence. T'aimes bien ça toi le silence, ça en gêne beaucoup mais toi ça t'a toujours plus. Andréa c'est le plus bavard, il parlait quand tu réparais des voitures. N'importe qui serait passé et aurait dit qu'André parlait dans le vide, face à un mur. Mais c'était faux. Vous fonctionniez comme ça. Tu t'endors pas, parce que tu le sens tendu, tu le sens à l'écoute, non endormi. Alors t'es juste là, au cas où... Tu m’as manqué … Tu écoutes son accent. T'en as sans doute un qui y ressemble c'est certain, mais ça détonne tellement des autres que tu entends parler à longueur de journée. Et ces mots... tu dis rien. Parce que t'es comme ça. Tu sais pas le dire. Les mots tu pourrais les prononcé mais tu te sens... ridicule ? Tu ne les ressens pas ? T'en sais rien. Tu le ressens, mais tu as l'impression que les mots ne traduisent rien. Tu restes silencieux, finissant par ouvrir les yeux. Tu vas devoir t'y mettre à cette langue... T'aurais voulu dire "toi aussi 'Drea... en Italie, les premiers temps, puis après un moment et diablement après sa mort, puis dans tes échecs, dans tes menaces, et dans ton départ pour ici. Tout le temps. Comment as-tu fait pour à ce point attiré le FBI sur toi ?... Tu sais pas, tu te demandes comment ton frère pouvait encore avoir la foi de ta croire quelques parts.
Tu le regardes sourire. Là, derrière sa barbe. « Je ne m'aventure pas dans le lit des autres comme ça... » Tu hausses un peu les sourcils. Tu sais pas vraiment pourquoi, mais tu l’crois pas. Parce que tu le connais un peu surement. Malgré toutes ces années. Puis tu sais pas. Il est attirant. Il a surement un tas de filles à ses pieds. « quoi que faux, mais pas le lit de n'importe qui. » N’importe qui. Tu voudrais lui dire qu’il n’est pas n’importe qui. Qu’il est tout sauf n’importe qui. Pourtant, tu sens que tu devrais pas les dire ces mots. Tu sais pas bien pourquoi. Trop émotionnels peut être. Alors tu te contentes de te dire que t’avais raison.
Les minutes s’écoulent lentement sans que tu ne puisses dormir. T’es juste là à te perdre dans tes pensées. Puis finalement, tu brises le silence avec cette phrase trop émotionnelle. Trop impulsive. Et le silence revient un instant avant que Slade ne se décide à répondre. « Tu vas devoir t'y mettre à cette langue... » Une réponse si différente de ce que tu attendais. Pourtant, tu aurais dû le savoir. Il a beau avoir changé de prénom, il reste le même garçon qui s’exprime pas. Qui dit jamais rien. Et surtout rien qui puisse montrer des sentiments. Pourtant, t’as beau le savoir, t’as ta gorge qui se serre un peu. Mais tu dis rien. Tu réponds rien. Tu te contentes d’hocher tout doucement la tête.
« Comment as-tu fait pour à ce point attiré le FBI sur toi ?... » Tu hausses les épaules. Tu sais pas vraiment en fait. Surement à cause de lui. A cause de ce que tu disais. Il est pas mort. En vrai, t’en savais rien. Et tu le croyais même pas vraiment. Mais t’en avais besoin. T’en avais foutrement besoin. Parce que tout ça, finalement, c’était même pas pour eux. C’était pas pour les convaincre eux. Non. C’était juste pour toi. Essayer de te convaincre qu’il était là. Quelque part. Bien vivant. Et que s’il ne t’envoyait rien, c’était pour mille et une bonnes raisons. Parce qu’il pouvait pas t’avoir abandonné une nouvelle fois. Pour de vrai cette fois. Il pouvait pas t’avoir laissé là pour crever sans rien dire. « J’en sais rien. Je voulais pas me dire que t’étais mort comme ils disaient tous. Alors j’gueulais que c’était pas vrai. Que t’étais vivant. » Tu laisses un petit blanc avant de finalement ajouter « J’crois que c’était plus pour moi qu’autre chose. Pour me convaincre moi que … que tu m’avais pas encore abandonné là. » Tu laisses échapper un petit rire nerveux, te retournant sur le dos, puis finalement dos à lui. Tu peux pas l’affronter. Là, comme ça. C’est trop dur. « C’est con hein » Tu te recroquevilles sur toi même. Il peut pas comprendre. Il peut pas savoir à quel point il t’a fait mal. Tu te demandes même s’il sait à quel point tu peux l’aimer et le vénérer.
Tu sais pas vraiment si tu lui en veux de venir perturber ton sommeil et ton calme. Tu sais jamais vraiment en faite. C'que tu veux, c'que tu ressens. T'es un peu ce genre de gars qui file le temps, qui tel les rochers reçoivent les vagues indifférant. C'est pas que t'es intouchable, pas que t'es blasé. Seulement t'as jamais vraiment réussit à bien penser. Ressentir plus exactement. Alors voilà, son retour chamboule un peu cette routine que tu as installer en toi. D'puis des mois, voir des années. D'puis l'Italie sans doute, tu sais pas. Il est là. Boule de nerfs, de colère, de tout. Boule du passé, boule de ton sang, enfin pratiquement. Ton frère. C'est pas un inconnu que tu peux délaisser. Alors tu dis rien, tu t'dis que non t'es pas vraiment ennuyé qu'il vienne te perturber jusqu'à dans ton sommeil. Alors tu profits du silence. T'aimes bien. C'est mieux quand t'as rien à dire. Tu dis pas les choses sans les penser. Tu dis rien d'inutile. Parfois tu dis des trucs que tu devrais pas, mais bon t'es comme ça. Les mots qui sortent de ta bouche, certains disent qu'on dirait que tu dois les payer tant ils sont peu. Mais bon..
Andrea c'est différent. Il parle tout le temps. Du moins très souvent. Dire se qu'il pense ou pas. Les choses qui lui passent par la tête. Des trucs comme ça. Enfin c'était ça avant entre vous. J’en sais rien. Je voulais pas me dire que t’étais mort comme ils disaient tous. Alors j’gueulais que c’était pas vrai. Que t’étais vivant. Vivant... Pas sur que le terme soit exacte mais tu dis rien, tu l'écoutes simplement. Tu t'dis que t'as été un brin égoïste c'est certain. Mais bon, avais-tu le choix ? Tu sais pas. J’crois que c’était plus pour moi qu’autre chose. Pour me convaincre moi que … que tu m’avais pas encore abandonné là. Tu fronces les sourcils sans comprendre. Tu essayes de comprendre le message qui peut s'y cacher. T'en sais rien. Tu comprends pas pourquoi l'abandonner encore. Tu ne l'as jamais vraiment fait. Non jamais. Il l'dit avec calme et détachement mais tu imagines aisément qu'avant tu aurais vite sentit le faux dans sa voix. Avant tu devinais ses pensées presque par ses phrases. Plus maintenant. C’est con hein. Tu restes un instant. Oui plutôt. Je t'ai pas abandonné. Répond simplement en tournant le visage vers lui. Passe une main dans sa barbe si longue avant de soupirer et se lever pour attraper son paquet de cigarette sur la table de nuit. Porte une à ses lèvres ne récupérant pas son briquet pourtant pour l'allumer songeant à l'Italie un long moment. J'allais pas vivre à Barcelone toute ma vie Drea'... L'Italie... c'était pas t'abandonner aux parents. Finit par répliquer en faisant l'effort d'à moitié se justifier. Pour son frère. Le seul à qui il tienne vraiment qui soit encore présent dans sa vie. Qui soit revenu, même avec perte et fracas en déboulant à San Francisco. Peu importe.
« Oui plutôt. Je t'ai pas abandonné. » C’est fout ça. Cette façon qu’il a de refuser qu’il ait pu t’abandonner. C’était quoi alors ? Ce silence radio qui t’a fait si mal. Putain, c’était quoi ? Puis même avant ça. Il s’est barré. Il t’a laissé là bas sans aucun remord. Pire encore, il est parti lorsque tu étais enfin prêt à le rejoindre. Comment est-ce qu’il peut dire ça ? Dire qu’il ne t’a pas abandonné ? Pourtant, malgré toutes ces pensées qui se battent dans ta tête, tu te contentes d’hausser les épaules. T’as pas le courage de lui expliquer qu’il a tord. Qu’il ne l’a peut-être pas fait avec préméditation, mais que toi, c’est ce que tu as ressenti. Pendant toutes ses années d’une solitude un peu étrange.
Tu le sens se lever du lit et tu sens ton cœur se serrer un peu à l’idée qu’il décide finalement de se barrer dormir ailleurs. T’as pas envie. T’as foutrement pas envie. Alors tu l’regardes mais il se contente d’attraper son paquet de cigarettes. Et toi t’es soulagé. Comme un gamin trop dépendant de lui. Parce que c’est ça le problème. T’as toujours été trop dépendant de lui. T’aurais pu t’en foutre de son départ. Te dire que c’était la vie. Que c’était comme ça que ça marchait. Mais non. Toi, t’avais besoin de lui. « J'allais pas vivre à Barcelone toute ma vie Drea'... L'Italie... c'était pas t'abandonner aux parents. » Mais pourquoi ?! Qu’est-ce qui lui allait pas à Barcelone ? C’était pas si mal. « … T’avais dit que tu serais toujours là pour moi…Un jour… » C’était y’a tellement d’années. Pourtant, c’est toujours là. Ancré dans ta mémoire. T’étais pas grand. Peut être 8 ou 9 ans. T’avais voulu escalader un arbre. Un truc à la con. Puis t’étais mal retombé. Tu pleurais. T’avais mal. Tellement mal. T’as fini à l’hôpital ce jour là. Et ton frère, il est resté avec toi. Tout le temps. Il était là à serrer ta main pour que tu n’ais pas peur. Tu étais à moitié endormi par les médicaments lorsqu’il l’a dit. Sa petite phrase qui t’as tant marqué. J’srais toujours là pour toi… Pour une fois qu’il s’exprimait un peu. Qu’il disait quelque chose avec le cœur sans l’avoir réfléchi pendant deux heures … Mais il a menti. Il a menti ce jour là parce qu’il est parti.
« Puis…Tu savais bien que je voulais te rejoindre… » Et t’es parti. Encore. Mais ça, tu le dis pas. De toute façon, c’est évident. T’as même pas besoin de le dire. Il le sait bien. « Et…C’était pas si mal Barcelone… »
Tu sais pas trop quoi penser de tout cela. Andréa t'aide pas. Andréa veut pas. Andréa, il comprend pas. Pas de sa faute. Pas à l'blamer. Tu le sais bien, tu ne peux pas lui en vouloir d'avoir voulu penser que tu pouvais être encore quelques part. Tu peux pas lui en vouloir de tenir autant à votre lien. T'es pas comme ça... Enfin si. Mais pas si visible. T'en sais rien. Pas que tu l'aimes moins fort. Pas que tu y tiens moins. Juste que... tu fais avec. On peut se dire que oui t'es pas le mieux à qui t'accrocher. T'es pas celui qui va le montrer. Tu fais avec. Avec le temps. Avec la distance. Avec les autres. Pas que tu n'es pas de sentiments, mais l'avoir loin de toi ou l'avoir près de toi, c'était pareil pour toi. Ton frère. Irremplaçable... Alors pourquoi t'as l'impression que face à cet inconnu il n'y a plus de "frère" qui tienne ? Pourquoi toi aussi tu ressens ce gouffre immense entre vous ? … T’avais dit que tu serais toujours là pour moi…Un jour… Tu fronces les sourcils dans l'obscurité, soufflant lentement la fumé de tes poumons. Tu ne peux pas dire que tu t'en souviens pas. De ça. Sarcastiquement les gens pourraient dire que tu dévoile si peu de tes sentiments que quand tu le fais t'es obligé de t'en rappeler. Peut-être. Où lors parce que c'est lui. Et qu'il n'y a eut que lui et elle qui ont vraiment fait une différence un jour à ton égard. Je pensais pas que tu l'entendrais... Tu réponds. Parce que du reste... tu ne sais quoi dire. T'es pas doué, il faut le savoir. Il devrait bien le connaitre. Ou peut-être... qu'il en a marre. Puis…Tu savais bien que je voulais te rejoindre… Tu fronces les sourcils. Lui en Italie, tu n'arrives pas à le concevoir. Peut-être que lui expliquer, que reste là-bas c'était signer ton arrêt de mort, le ferait moins t'en vouloir ?... Mais tu sais pas. Et puis à quoi bon ? T'es pas du genre à t'épancher sur ton passé comme ça. Et…C’était pas si mal Barcelone… Barcelone pas si mal... t'en sais rien. Tu devais partir. Un besoin impossible à expliquer. Tu finis par tourner la tête vers lui un instant. Approchant juste tes doigts de son visage tirant sur un bout de ses cheveux qui tombe sur son front et que tu vois un peu dans l'obscurité à peine totale. Dréa' , à Barcelone t'étais le seul truc bien qu'il y avait.. et t'avais ta vie. ... L'Italie n'était pas mieux au final de toute manière. Tu répliques en éloignant ta main de son visage, repensant amèrement à tout ce qui a pu se passer.
T’es tourné vers lui mais t’oses pas tellement le regarder. Tu sais pas bien pourquoi. Parce qu’il a changé peut-être. Et toi, ça te fait étrange. Ca te fait étrange de plus voir son visage derrière sa barbe. De plus savoir lire son regard. De ne plus comprendre ses silences. Vous avez changé. Vous avez grandi. Et aujourd’hui, tout semble différent.
« Je pensais pas que tu l'entendrais... » Tu esquisses un léger sourire. C’est fou ça. Son incapacité à s’exprimer. Depuis toujours. Parfois, tu te demandais pourquoi vous étiez si différents. Deux opposés. Lui, le garçon sombre et fermé, celui qui ne parle pas. Jamais. Celui qui a trop peur de dire ce qu’il pense. Ce qu’il ressent. Et puis toi. Le gamin qui veut toujours tout prouver. Qui parle trop. La petite lumière qui s’assombrit avec le temps.
Il se tourne vers toi et tu vois un instant le reflet de la lune dans son regard. Tu sens ses doigts passer doucement sur ton visage avant de tirer un peu sur la mèche qui descend sur ton visage. Et t’esquisses doucement un sourire malgré tout. T’aimes cette proximité qui pourrait paraître presque malsaine. « Dréa' , à Barcelone t'étais le seul truc bien qu'il y avait.. et t'avais ta vie. ... L'Italie n'était pas mieux au final de toute manière. » Tu n’ajoutes rien à sa phrase. Tu l’observes un peu. T’as pas envie de te plaindre encore. De lui en vouloir. Parce que, finalement, maintenant c’est fait. C’est comme ça. Et tu pourras rien y changer. Maintenant, il faut reconnecter. Ou du moins essayer.
Y’a tes pensées qui s’agitent dans tous les sens. Tu sais pas bien quoi penser. C’est tellement le bordel. T’es tellement perdu ici. Dans ce monde étranger. Avec cet inconnu que tu connais si bien. Tout doucement, tu viens approcher ta main sur lui pour la passer sur sa barbe. Et dans un petit sourire, tu souffles « …Elle est marrante ta barbe. » Puis avec quelques secondes, tu finis par ajouter « … Tu fais super viril avec. » Tu souris sans vraiment détacher ta main de lui. T’en as aucune envie. Tu veux juste rester là. Dormir contre lui comme avant. Lui contre ton dos, son bras autours de ton corps. Pourtant, t’es conscient qu’on ne fait plus ça à ton âge. Que c’est étrange. Mais, au fond, tu t’en fous. Il avait pas qu’à se barrer. « …ça doit plaire aux filles… ».
T'es là, dans cette obscurité à peine totale. Ouais l'obscurité, t'es pas fan, tu fermes jamais les volets, au moins la ville éclaire un minimum les choses. Le lever du jour ne te dérange absolument pas le matin, alors c'est parfait. Du coup tu peux observer à moitié ton petit frère, allongé dans ce lit comme que vous étiez petit. Plus petit du moins. T'aimais cette complicité, même sans le dire, il le savait tu le sais. T'aimais vos années d'écart et voir ton frère grandir, passer dans la vie, juste après toi. Tu pensais que c'était stable, que ça ne pouvait pas changer, malgré les années. Tu pensais pas pouvoir te tromper, t'étais peut-être aveugle, trop sur de vos liens. Tu sais pas. Tu sais plus, t'es aujourd'hui face à cet étranger. Et tu as du mal à pas penser que tu aurais du y faire attention, à ce lien que tu as délaissé.
C'est rare que tu parles autant. Des années que tu n'as pas autant dit, ou peut-être avec elle. Mais c'était pas pareil, elle c'était la différence incarnée. Elle et Andrea. Deux personnes qui pouvaient vraiment t'approcher. Pouvaient. Aujourd'hui les deux ce sont en-aller. L'une pour toujours, l'autre pour te retrouver face à un étranger. Tu n'en dis rien. Tu veux pas le blesser en lui disant que c'est comme ça que tu le vois. Tu voudrais le voir autrement mais il a trop grandit. Trop changé. Tu peux pas retrouver ces repères que vous aviez de graver entre vous, c'est impossible.
Quand il approche sa main tu fronce les sourcils, mais tu bouges pas. Trop stoïque, comme une pierre qui laisse le temps faire son office peu importe le reste. Tu sens ses doigts sur ta barbe, tu dis rien. Même si ça te perturbe, de retrouver ce genre de contact. Que ça soit lui. Et pourtant un total étranger. T'es paumé. …Elle est marrante ta barbe. Marrante ? Tu l'observes sans trop comprendre se qu'il y a de marrant dedans. Ta barbe ce fut d'abord un total "j'en foutisme" et un manque de motivation à te raser. Les jours sont passé, les semaines, et il t'as bien fallut faire quelque chose. L'entretenir, la coupe, la tailler, histoire que ça fasse pas homme/animal. Mais maintenant tu t'y es fait, à cela. A ce côté plus "bestial", tu te dis qu'au fond c'est un peu ton image, non ?! … Tu fais super viril avec. Tu hausses un sourcil à sa parole. Sa manière de le dire, de le voir, de le faire remarquer. Viril... C'était pas tellement le but, dans la vie t'es pas forcément le mec qui veut enchainer les prises et les conquêtes. Ok disons que le sexe, t'es vaguement accro, mais de là à en influencer ton apparence... non. Au pire si t'es en manque, les putes ça existent. …ça doit plaire aux filles… Il te tire un sourire. Il y arrive bordel, avec ces trucs débile. Tu passes vaguement une main dans ta barbe après avoir coincé ta clope entre tes lèvres, rencontrant sa main, sans t'y attarder. Tu récupères ta clope. Ouais... sans doute... j'ai jamais fait gaffe. Tu répliques en l'observant. Lui et son visage imberbe, et ses cheveux bouclé. Pareil à quand il était môme... mais tellement changé. T'aimes bien quand il parle, t'aimes sa manière d'oublier un peu le reste. Votre distance. Mais tu sais pas quoi rajouter pour continuer. T'es comme ça, incapable de savoir parler.
Tu souris un peu. Quand il vient passer sa main dans sa barbe. Puis quand il sourit à tes morts. Et t’aimes son sourire. Tu pourrais dire toutes les conneries du monde juste pour le faire sourire. C’est idiot. Tellement idiot. « Ouais... sans doute... j'ai jamais fait gaffe. » Tu hausses doucement les épaules sans rien ajouter. Tu joues quelques instants avec sa barbe. Tes pensées s’envolent un peu. Tu penses aux filles. En vrai, tu sais pas trop si elles aiment ça les barbes les filles. Mais tu sais pas. Tu te dis que si tu en étais une, tu aimerais probablement ça. Ce coté un peu sauvage qui le rend étrangement sexy.
Finalement, tu détaches ta main de sa barbe. Tes yeux te piquent et le sommeil commence à se faire pressant. « …fatigué… » Presque comme pour répondre à ça, tu te mets à bailler comme un enfant avant de te retourner dos à lui et prendre son bras pour qu’il t’enlace. Juste comme lorsque tu étais un enfant. Alors t’es là. Ton dos collé à son corps. Mais cette fois ci, tu n’y penses plus. La fatigue a pris le dessus. Tu veux juste rester là. Bien au chaud. En sécurité. Tu veux juste rester là et t’endormir paisiblement. Ta main est posée sur la sienne. Et la sienne est posée sur ton ventre. Vous avez l’air d’un couple. C’est fou. Mais t’y penses pas. Parce que toi, t’es bien. Là. Juste là. Tout contre ton frère qui t’a trop manqué.
Tu sais pas bien se qui s'est passé. D'puis un an t'es là, t'es seul, t'es loin. T'es loin de tes racines, loin de ton continent... Loin d'tout ça. Tu comprends pas. Qu'un matin il ait été là. Lui. Le passé. Ce passé douloureux, vieux d'une vie presque oubliée, d'une vie que tu pensais à jamais effacée. Il était là, dans cette pièce, enragé, perdu... changé. Tu comprends pas. D'puis t'essayes de t'y habitué, de le retrouver. Ce frère qui n'est plus. Il ne l'est plus. Toi non plus. Vous n'êtes que frère d'un autre monde, d'un autre temps. D'une combinaison de molécules semblables que l'on nomme ADN. Mais toi tu l'comprends plus. Et là ce soir, il a beau redevenir un peu le p'tit gars que t'avais l'habitude de rassurer à Barcelone, y'a un pan de lui que tu ignores. Y'a cette impression d'avoir un étranger près de toi. Mais pourtant t'aimes ça. Retrouver un peu ses mots, sa voix, ses paroles. Tu sais pas... ça fait du bien, au fond.
…fatigué… Il baille. Tu dis rien, tu sais pas bien quelle heure il peut être.Tu as bien envie d'dire qu'il n'a qu'à fermer les yeux et dormir, mais il bouge de lui même te tirant par le bras alors que tu le sens venir se caler contre toi. Tu bloques. Personne fait ça. Personne n'ose venir aussi aisément dans tes bras. Tout l'monde sait que t'es pas comme ça, que t'es pas à apprivoiser. Mais il le fait. Et toi... toi tu dis rien. T'as l'souffle court, tu sais pas trop si c'est bizarre, malsain ou juste un sentiment rassurant de votre passé si lointain. Tu sais pas. Mais il s'endort trop vite pour que tu puisses vraiment y réfléchir, tu l'entends à sa respiration. A son calme impossible qu'il rencontre quand il sombre dans un sommeil profond. Tu l'écoutes respirer. Ton frère. Oui ton frère. Ici. Tu resserres un peu ton bras autour de lui, t'essaies de trouver une position plutôt sympa pour t'endormir. Tu restes contre lui quand même... et tu sombres dans un sommeil avec ta facilité habituelle à cela. Peut-être même mieux.