Ça faisait un moment que je dansais sur la piste du Ruby. La boîte était bondée à cette heure tardive, on était carrément à l'étroit mais c'est ce qui me plaisait le plus dans la vie nocturne. L'alcool continuait son chemin à l'intérieur de mes veines, altérant un peu la réalité sans pour autant la déformer grandement. Il n'y avait que le plaisir et l'amusement. J'étais un peu ici comme chez moi, il faut le dire. À ce stade, le Ruby était comme une seconde résidence. Comme a peu près tous les soirs, on s'était donné rendez-vous avec des potes pour profiter et s'amuser. Simplement décompresser. Et comme a peu près tous les soirs, j'avais répondu à l'appel positivement. J'avais attrapé un mec au vol pour danser collé-serré avec lui. Il était plutôt pas mal. Grand, cheveux sombres, un style bien démarqué sans pour autant trop sortir du lot et le regard céruléen. Ses mains sur mes hanches, quelque peu baladeuses et mon déhanchement ne faisaient que nous rapprocher. Je ne connaissais absolument pas son prénom, tout comme lui ne connaissait pas le mien et c'était tant mieux. Au bout d'une trentaine de minutes de frottements bien marqués, j'ai fini par me détacher et l'abandonner pour me rendre au bar et me désaltérer quelques instants. Je saute sur un tabouret pour m'asseoir et le barman ne tarde pas à se ramener. Vodka Redbull, s'il te plaît. Je lâche légèrement essoufflée par plus de deux heures de danse. Il faisait vraiment chaud dans cette boîte. Le barman fait glisser le verre sur le comptoir et je le saisis aussitôt pour en boire une longue gorgée. Une de mes potes se ramènent pour faire la même chose et repart tout aussi vite dans la foule en mouvement. Ce n'est qu'à ce moment-là que je me rends compte que ce connard de la dernière fois est juste à côté. Putain, la vermine, c'est tenace. Je souris ironiquement en le regardant à peine. Pourtant, je ne suis pas du genre à mépriser les gens mais les sexistes dans son genre, ça me donnait juste envie de leur briser la nuque avec le tabouret sur lequel j'étais actuellement assise.

Assise sur mon tabouret, j'aurais largement préféré ne pas tomber sur ce mec. Je ne le connaissais pas plus que ça et dans le fond, j'étais plutôt contente de m'être ravisée à son sujet. Je n'avais pas l'habitude de porter des jugements aussi agressifs envers quelqu'un mais ce genre de personne était impossible à supporter pour moi. C'est avec ce genre de cons que le monde dans lequel on vit devient dégueulasse. Heureusement, ma vodka me console pas mal et me rappelle que l'importance de l'individu n'est, au final, pas très grande. Pas de quoi me fouler pour lui répondre et inutile de savoir si oui ou non, mon comportement est irritant. Les souvenirs sont plutôt vagues, j'étais pas mal entamée d'après ce que je me rappelle mais la tournure finale de ma rencontre avec ce garçon avait été très mauvaise et je ne faisais pas partie de ces nanas qui partaient en chialant, j'étais plutôt de celles à devenir aussi violente que le dit concerné. Je vois que ta connerie est toujours d'actualité. Je marque une légère pause pour boire à nouveau avant de reprendre. Mais je te pardonne, faut pas s'attendre à une grande évolution venant de quelqu'un comme toi. Au moins, je gardais mon esprit de tolérance. C'était déjà ça.

Ce que j'espérais le plus, là, c'était qu'on en finisse une bonne fois pour toutes et tenter, pourquoi pas, de lui faire comprendre qu'il devrait remettre en question son comportement avec les femmes en général. Et ça, c'est la bonté en moi qui parle. Parce que j'avais beau ne pas l'apprécier des masses, je ne souhaitais pas qu'une autre fille se fasse traiter de la sorte. Peut-être que j'étais un peu féministe sur les bords, oui, mais je m'en foutais un peu sur le moment. Ma connerie se porte très bien, je te remercie. Mais tu sais, si tu baises avec tout ce qui bouge, faut pas t'étonner de tomber parfois sur des mecs qui ne te plaisent pas pour ce qu'ils sont. Je souris ironiquement à l'écoute de cette phrase. Franchement, il n'avait pas mieux que ça ? Ce que je fais de mon cul ou de mon vagin est équivalent à ce que tu fais de ta queue. Ça te pose problème ? Je lui demande, sérieuse. Pourquoi une meuf était obligatoirement mise dans la catégorie des salopes lorsqu'elle prenait du bon temps ? Pourquoi les mecs n'étaient pas traiter de la même façon ? Ensuite, il y a une différence entre des mecs qui ne me plaisent pas et des mecs qui sont carrément irrespectueux. Ce n'était qu'une pure constatation. Rien de plus. T'attends pas à ce que je te traite avec plus de politesse si toi-même t'en es incapable. Vraiment, je me demandais comment une logique pareille pouvait exister.