Ephram et Svetlana, everything that's broke, leave it to the breeze.
Il fait beau dehors. Les rayons du soleil parsèment le sol et l'air est tiède. Par la fenêtre, le temps passe plus lentement et l'ennui, cette atrocité insoutenable, m'a poussé à prendre mes cliques et mes claques. J'étais de bonne humeur aujourd'hui. Pour une fois que cela arrivait, je n'allais pas m'en plaindre. Une fois la voiture démarrée et la route empruntée, il ne m'a pas fallu très longtemps avant de mettre de la musique en route. Tout en roulant, je me suis mise à chanter à tue-tête (et faux) une de mes chansons préférées de Coldplay. Le trafic me ralentissant considérablement, j'essayais de m'occuper comme je le pouvais et puis j'étais fière de connaître toutes les paroles sur le bout des doigts. Évidemment, je ne faisais jamais ce genre de choses en compagnie de quelqu'un sauf si ce quelqu'un est ma meilleure amie ou Ephram. Oui, Ephram est le genre de personne avec qui j'arrive à être moi-même. Parfois un peu stupide, un peu gamine et surtout un peu beaucoup garce. Nous nous connaissions depuis un moment à présent. Le temps passe trop vite, je n'arrive pas souvent à y croire et je préfère ne pas y penser. Parfois je ne reconnaissais pas mes propres reflets, ni mes propres souvenirs. Comme si je vivais plusieurs vies dans une seule et que mes personnalités se multipliaient au rythme de mes émotions en bordel. Rien de constant ou de définitif. Des vagues, de l'écume. Une tournade, une brise. Tout un tas de paradoxes se nichait au creux de ma personne. J'avais tendance à trop penser et à ne pas assez parler. Tout exclure, jusqu'aux parties les plus personnelles de ce que je suis. Il n'y a pas beaucoup de sens à ma logique. Comme un labyrinthe immense, une idiotie humaine à laquelle on ne pourra jamais donner de direction. Mon optimisme, trop accentué à mon goût, laissait deviner mon trouble. Il fallait que je parle à Ephram. Ma vie s'apprêtait à prendre un tournant des plus décisifs et même si il est probable que la nouvelle fasse crisser un peu nos nerfs, je préférais la franchise au silence. Il le savait parfaitement. En terminant la route, j'essayais de me contenir. D'arrêter mes rires qui éclataient pour un oui ou pour un non. J'espèrais sincèrement que les nausées ne viendraient pas me prendre en pleine discussion avec le brun. Les hormones chamboulaient entièrement mes habitudes et ce que je faisais n'avait ni queue ni tête. Bon d'accord, il me prenait déjà pour une folle furieuse mais qu'importe, je ne voulais pas vraiment empirer mon cas. Arrivée sur Sunset, j'ai mis quelques minutes à trouver une place où je pourrais me garer. Chose faite, j'ai marché un court instant pour finir devant sa porte, toujours aussi enjouée que tout à l'heure, lors de mon départ. Ce n'était pas dans ma personnalité pourtant. J'étais plutôt sérieuse à l'habitude. Faut croire que rien n'est jamais programmé à l'avance. Mon doigt se pose sur le bouton de la sonnette qui retentit aussitôt. Il ne reste plus qu'à attendre que l'énergumène m'ouvre sa porte.
Epuisé, tel était le mot qui me définissait le plus à ce moment même. La nuit fut longue et rude. Nous avons été à plusieurs reprises appelé pour divers accidents, certains un peu plus grave que d'autre. Par chance, aucun mort. Mais bon nombre de blessés. Donc peu de temps pour nous poser. En même temps, nous n'étions pas payés à ne rien faire, bien qu'il nous arrivait de passer des nuits à veiller pour rien, je préférais encore les nuits comme celles que je venais de passer, dans le sens où nous étions actifs et nous veillions pour quelque chose. Sauver des vies étaient quelque chose qui m'avais toujours attiré. Depuis mon plus jeune âge, j'étais fasciné par le courage et la bravour des pompiers, ce pourquoi j'avais toujours rêvé d'en être un. Un rêve d'enfant désormais réalisé. Toutefois, même si j'aimais mon métier plus que tout, j'aimais aussi énormément mon lit, alors autant vous dire que dès que je le retrouvais, je ne voulais plus le quitter. Seulement, la sonnerie de mon appartement me réveillais en sursaut. Cela ne pouvait pas être Shya puisqu'il n'oubliait jamais ses clés. Je me levais donc la tête dans le derrière, mattant par la même occasion l'heure affichait sur la pendule. Effectivement j'avais passé la journée à dormir, et autant dire que cela faisait un bien fou, et me connaissant si personne n'était venu me déranger, je dormirai encore. Marmotte vous dites ? Parfaitement. Quoi qu'il soit en je me rendais à la porte, vêtu d'un simple boxer, il faisait beau, et j'avais tout simplement la flemme d'enfiler quoi que ce soit. Derrière la porte se trouvait Svetlana, je me passais la main dans les cheveux, lui adressant un sourire amusé. - Oh non pas elle ! lançais-je avant de me décaler pour la laisser entrer. Je ne pouvais m'empêcher de la taquiner, c'était un besoin, d'ailleurs nous passions le plus claire de notre temps à nous taquiner et nous chamailler comme deux gamins, mais dans le fond, qu'est-ce que je pouvais bien l'aimer cette fille. - Ca t'arrives jamais de prévenir avant de v'nir ? Tu m'as coupé dans ma nuit là, ajoutais-je en riant légèrement, avant de nous avancer vers le salon. - Désolé du bordel, mais hormis mes bottes, le reste appartient à Shya, précisais-je car bien que je sois un mec j'étais plutôt du genre pas maniaque certes, mais j'aimais quand les choses étaient bien rangées, et quand l'appartement était présentable. - Bon alors, qu'est-ce qui t'amènes là ? la questionnais-je tout en regagnant la cuisine pour ouvrir le frigo et regardait ce qu'il se trouvait à l'intérieur. - Qu'est-ce que tu veux boire ? Coca, jus de fruit, bière, café ?
Ephram et Svetlana, everything that's broke, leave it to the breeze.
Je n’ai pas attendu très longtemps avant que la porte ne s’ouvre. C’est un Ephram complètement dépareillé qui s’est présenté face à moi ; les cheveux en bataille, vêtu d’un simple boxer, un sourire enjoué sur les lèvres. « T’aurais pu t’habiller, Monsieur Fitzgerald. » C’était lui tout craché ! Incapable d’être convenable lorsque je prends la peine de me déplacer jusqu’à chez lui. Pourtant, ça m’amuse de le voir ainsi alors je ris, brièvement avant d’arquer une sourcil sévère à sa remarque sur ma présence ici. Il se décale tout de même pour me laisser passer, ce que je ne tarde pas à faire dans les secondes qui suivent. Il continue sur sa lancée en se plaignant, comme d’habitude. Je sais qu’il fait ça dans le but précis de m’ennuyer et c’est peut-être une des choses que je préfère le plus dans notre relation. Comme deux gosses, on ne cessait de se chercher. Qui aura le dernier mot, qui arrivera à faire taire l’autre. En général, lorsqu’on commence ce genre de jeu, on a bien du mal à définir un vainqueur car aucun de nous deux ne voulait perdre. « T’as vu l’heure, Eph’ ? Puis je te signale qu’il fait jour. » Répondis-je en me retournant, un sourire ironique sur le visage. Ensuite, je l’ai suivi jusqu’au salon en assimilant ses excuses par rapport au bordel. Je soupirais d’un air faussement agacé en continuant à faire quelques pas vers le canapé dans lequel je n’ai pas tardé à m’asseoir. « C’est vraiment le comble… » Cette fois, mes yeux roulent vers le ciel. Oui, je pouvais être une bonne comédienne. Dans le fond, je n’en avais pas grand chose à faire du bordel de l’endroit. Puisque moi-même, je n’étais pas toujours très organisée. Puis j’étais venue pour Ephram et non pour l’endroit dans lequel il vit. Je l’observe se rendre jusqu’à la cuisine lorsque sa question s’infiltre dans le creux de mon oreille. Comme une piqûre de rappel. Je posais mon sac à côté de moi tout en restant silencieuse à sa première question et heureusement, je ne pense pas qu’il s’en soit rendu compte puisqu’il enchaîne avec une autre. Plus basique cette fois et tant mieux. « Un jus de fruits fera l’affaire, merci ! » Je dis, en réfléchissant à comment j’allais formuler la raison de ma présence. J’essayais de relativiser en me disant que de toute façon, je ne pouvais pas faire machine-arrière maintenant. Ma plus grande crainte, c’était peut-être que notre relation se modifie. Car oui, Ephram n’était pas n’importe qui et son avis a toujours été important malgré toutes nos chamailleries. « Je dois te parler de quelque chose. Alors j’ai bougé mes fesses jusqu’à chez toi, n’est-ce pas mignon ? » C’est dit d’un ton léger, presque diaphane comparé à l’importance de la nouvelle en question. Le regard toujours posé sur le jeune homme, les nerfs un peu tendus, j’attendais qu’il vienne me rejoindre afin de me lancer dans quoi que ce soit.
Être pompier été ce dont j'avais toujours désiré. Sauver des vies, et mettre la mienne en danger, je crois que c'est ce que j'aimais le plus. Je n'avais pas peur de foncer dans les flammes pour sauver un enfant. Je n'avais pas peur de me faufiler dans les décombres pour en sortir une femme et son compagnon. Il fallait tout de même avouer que ce métier était à la fois physique et fatiguant, surtout lorsque je me tapais des nuits complètes et chargées. C'est ce qui expliquait pourquoi dès lors où je posais ma tête sur l'oreiller, je regagnais immédiatement les bras de morphée. Et dieu seul sait combien cela pouvait faire du bien de retrouver son lit, après une longue nuit à intervenir sur tel ou tel lieu pour x raison. Seulement, le destin avait décidé de s'acharner sur moi lorsque la sonnette vint me sortir de mes songes. A chaque fois que je fais un rêve plutôt plaisant, il faut que l'on vienne m'en sortir. Je grommelais dans ma barbe, et m'étirais de tout mon long, me demandant qui cela pouvait bien être à cette heure... Non en fait j'ai rien dis. Il est presque dix huit heures. Je me lève donc de mon lit, et me dirige donc vers la porte d'entrée. Ok, j'ai pas pris le temps d'enfiler quoi que ce soit, mais à vrai dire, je m'en tape un peu, qui que ça peut être, je porte le boxer c'est déjà ça. C'est alors qu'en ouvrant, je me retrouve face à ma meilleure amie, comment vous dire que ma tenue ne me dérange pas puisque ce n'est pas la première fois qu'elle me voit ainsi. Cependant, elle ne manque pas de me faire la remarque, qui me fais rire bien entendu. « Ca va arrêtes de faire ta prude » rétorquais-je du tac au tac, un sourire amusé se hissant sur mes lèvres. Evidemment très vite, nous commençions à nous taquiner comme d'habitude, j'ai envie de dire que c'était presque devenu un automatisme entre nous. A croire que nous ne parvenions pas à rester sérieux. De mon côté, c'était très difficile étant d'un naturel taquin. J'adorai taquiner mes proches, surtout quand ils avaient de la répartie. Je ne manquais pas de lui faire remarquer qu'elle me sortait de ma nuit. Contrairement à elle, je rattrapais ma nuit le jour, car elle avait surement pu dormir cette nuit. « Y'en a qui bosse parfois la nuit » lançais-je amusé. Voyant l'état du salon en le regagnant, je ne pus me retenir de m'excuser auprès de cette dernière. Le problème dans la coloc' c'est ça. Quand l'un est maniac et l'autre pas du tout. Et là en l'occurence, Shya avait décidé de jouer le mec qui fou tout en bordel et qui ne range rien. Pour ma part, il n'y avait que mes bottes de mises en valeur. D'ailleurs, rares sont les fois où je me déchaussais dans le salon, je devais être vraiment claqué ce matin. « Tu peux toujours rangée si tu veux, histoire de te sentir un peu utile » Ah ce que j'aimais la taquiner. Mais la connaissant, elle n'allait surement pas me laisser avoir le dernier mot. Elle me répondit toutefois à ma seconde question, donc j'attrapais deux verres, ainsi que le jus de fruit, et amenais tout dans le salon, le tout accompagné de gâteaux, car venant tout juste de me lever, je comptais bien prendre mon petit déjeuner. Mon estomac commençait d'ailleurs à crier famine. Désormais assis sur le canapé, je nous servais à chacun un verre, puis ouvrit les gâteaux, et lui en proposais un avant de me servir, autant je peux être taquin, autant je reste malgré tout poli. « Comme sa me touche » Je ne pus me retenir de rigoler. Comme quoi, même dans ces circonstances là, je ne pouvais pas rester sérieux. J'essayais tout de même, tout en croquant dans mon gâteau, de reprendre mon sérieux. « Non vas-y je t'écoute » repris-je alors d'un ton un peu plus sérieux. Je ne sais pas pourquoi mais j'appréhendais un petit peu. Ce n'était pas de son genre d'être complètement sérieuse comme elle pouvait l'être là. Elle avait troqué son sourire habituel, par une mine sérieuse. Ca ne lui ressemblait pas. Qu'est-ce qu'elle avait bien pu foutre pour être ainsi. J'essayais tout de même de relativiser, mais je craignais le pire, inconsciemment.
Ephram et Svetlana, everything that's broke, leave it to the breeze.
Malgré mes apparences hautaines et indifférentes, j’écoute ses remarques d’une oreille distraite. Distraite car le bourdonnement de mes pensées semble plus important que nos enfantillages. Je me sens préoccupée, voire pratiquement anxieuse à l’idée de lui annoncer la nouvelle. Peut-être que c’était parce qu’il était le premier à qui j’allais l’annoncer à San Francisco, peut-être parce qu’il était simplement lui et que ses réactions avaient plus d’impact que je ne pouvais me l’imaginer. Malgré mes appréhensions, je décidais tout de même de lui répondre. Histoire de masquer mon inquiétude le plus possible. « Est-ce que j’ai une gueule à faire ton ménage ? » Je lance, en lui balançant un coussin. De toute façon, vu le bordel ça ne ferait pas une grande différence. Il continuait à s’affairer dans la cuisine alors que je tentais de me détendre en tentant de relativiser tant bien que mal. Être enceinte, ce n’était pas si anormal que ça, non ? Je suis heureuse de l’être. Heureuse d’afin pouvoir me stabiliser et pourtant, j’avais du mal avec l’idée d’en parler à Ephram. Sans doute car il me connaissait bien et que tout ce qu’il se passait dans ma vie présentement ne me ressemblait pas vraiment. Non, pas du tout même. Comme si j’étais une autre personne. Moi, je ne voyais pas cela d’un mauvais œil mais je m’attendais à ce que tout ça ne plaise pas à certains. En tant que bonne pessimiste, je m’attendais toujours au pire pour éviter de quelconques déceptions. Après quelques minutes, il m’a rejoint dans le canapé en me tendant le paquet de gâteaux pour que j’en attrape quelques-uns avec joie. Je l’écoute et il rit, totalement inconscient de ce qui allait suivre dans quelques minutes. Je ne fais que le regarder sérieusement, mes prunelles fixées dans les siennes comme pour le préparer au préalable. Le temps qu’il se calme, j’ai déjà avalé un de mes gâteaux. « Tu sais que je suis fiancée. » Je marque une pause, mangeant une autre bouchée de ma friandise. Après avoir mâché et avalé cette dernière, je continue. « Et bien maintenant… Je suis enceinte. » Inconsciemment, j’ai regardé ailleurs. Continuant à manger comme si je n’avais rien dit de si incroyable que ça. Peut-être que mon attitude calmerait les choses ou atténuerait les sentiments étranges qui pourront l’habiter à l’écoute de cette nouvelle. « Tu es le premier au courant à San Francisco. » Cette fois, je le regarde afin de détailler l’expression de son visage et un court silence s’installe et alourdit l’ambiance qui était encore légère il y a quelques secondes. « SURPRISE ! » Et cette fois, je cris. Comme pour détendre l’atmosphère. Bon ok, ça, je n’aurais peut-être pas dû le faire. Mais qui ne tente rien n’a rien comme on dit et puis l’événement ne changerait rien entre nous, n’est-ce pas ? C’était ce que j’espérais vraiment au fond. Ephram fait partie de mes meilleurs amis et l’idée que ma grossesse lance un froid ne me plaisait guère. Pourtant, j’avais envisagé la chose. Plusieurs fois.