Elle hésita un peu, pas trop longtemps, cela dit. Son cœur battait, étrangement. Elle avait un sourire stupide sur le visage, elle pouvait le sentir et cela l’agaçait, vraiment. Elle se sentait revenue à son adolescence, à ses premiers émois, vous savez quand vous avez le cœur qui bat, la gorge sèche, un sourire tout ce qu’il de plus bête encastré sur vos lèvres. Oui, c’était elle. Et pour s’en débarrasser, elle fit quelques pas devant la porte de l’appartement, se mettant deux gifles avant d’entrer. Elle avait récupérer la clé de Magda pour faire une petite surprise à Heathcliff, pensant que cela lui ferait plaisir de la voir finalement à SF mais aussi pour voir comment il occupait ses nuits, pour surveiller d’une certaine manière. Vu ce qui s’était passé de l’autre côté de l’océan, elle pensait que…ce n’était pas le moment, elle se faufila à l’intérieur, discrètement jusqu’à la chambre de Strauss, prête à crier surprise mais ce fut elle qui subit la surprise. Heathcliff était bien là, et loin d’être seul, elle n’était pas stupide pour ignorer les activités auxquelles il s’était adonné. Il se sentit soudainement stupide, quelque peu conne…beaucoup. Elle devrait pourtant avoir l’habitude avec le temps. Elle sortit prestement de là, partit vers la cuisine récupérer une bouteille d’eau au frigo avant de revenir vers les tourtereaux enlacés. Avec une satisfaction non dissimulée, elle enleva le bouchon et ni une, ni deux, leur balança le contenu avec une dextérité qu’elle ne se connaissait pas. « Bonjour »

Une nuit, encore une. Depuis ton retour de Lituanie, tu les avais enchainé. Les unes après les autres, tu avais retrouvé le goût de ta liberté que tu semblais avec perdu les semaines précédentes. Ton petit voyage ainsi que ton mariage à l'autre bout de la planète n'avait eu aucun impacte sur ta vie san-franciscaine. Encore endormi, tu sens quelque chose de froid tomber sur ton visage. T'as eu besoin de quelques secondes de réaction avant de te relever subitement, la tête encore dans le cul. « Putain, c'est quoi ce bordel. », tu remarques pas tout de suite la blonde qui se trouve face à toi. Jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche. Tu relèves la tête en sa direction et tu sais que t'es dans la merde. Fin, c'est pas comme si tu t'attendais à ce qu'elle rentre aujourd'hui, du moins, tu te serais pas retrouver dans ce genre de situation. Puis bordel, comment elle est rentrée ? « Tu fiches quoi ici ? », tu te tournes systématiquement vers la meuf qui est dans le lit quand tu l'entends déblatéré des phrases incompréhensible. « C'est pas ce que tu crois. », que tu dis en faisant face à Lera, une expression étonnée sur le visage.

Elle se demandait bien ce qu’elle foutait là. Ce qu’il lui avait pris de vouloir faire une telle surprise. Au fond, elle voulait en avoir le cœur net et de l’autre elle avait espéré. Elle avait espéré que l’issue soit différente, que le manque soit réciproque et sûrement ce spectacle qui se jouait devant elle. Elle ne savait plus trop quoi penser et ne tenait pas non plus à se lancer dans une analyse avancée de ce qu’elle pouvait bien ressentir à l’heure actuelle sinon tout cela risquait fort bien de déborder. Elle observa juste la scène, se munissant de son expression la plus lisse. Ne rien laisser paraitre, c’était très difficile mais elle devait essayer…plus que ça elle devait essayer. Sa déclaration lui ôta un sourire. Froid, sarcastique, ironique…ou un savant mélange de ces trois émotions qui animaient chaque fibre de son corps. Elle alla même jusqu’à pousser un rire bref, tout aussi sarcastique. Cependant, elle ne répondit rien et se tourna vers surtout vers la jeune femme. « Bon si tu veux bien j’ai des comptes à régler avec mon mari –elle appuya bien sur ce terme avec un petit discret- tes affaires sont sur la chaussée tu ferais mieux d’aller les ramasser avant que quelqu’un ne roule dessus » Sourire aimable, regard qui pourtant contredisait le reste. Si les regards pouvaient tuer, nul doute qu’il ne resterait plus rien de la blonde qui peinait à se redresser, cherchant visiblement quelque chose. « Pas la peine, tes sous-vêtements se trouvent avec le reste, ce sera l’occasion d’aller présenter ton cul à d’autres queues du voisinage » D’une froide cordialité, elle démontra quelques signes d’impatience, l’inconnue avait tout intérêt à se dépêcher au risque de se prendre la première chose que la lituanienne attraperait. Heureusement, elle ne dut pas arriver à ce stade là, sans doute quelque chose dans son attitude qui dissuada l’autre de trop la provoquer, son côté russe sûrement. « Je fais la promesse solennelle de t'aimer, de te chérir et de t'être fidèle dans la richesse…n’est-ce pas ? »

Bordel, tu sais même pas ce qui t'as pris de sortir une phrase aussi conne. C'est pas ce que tu crois ? Sérieusement Heath ? Tu sais qu'elle est pas conne, faut pas lui faire un dessin pour qu'elle comprenne ce que toi, tu fiches dans un lit avec une inconnue. T'as pas passé ta soirée à jouer aux cartes, hein. T'avais toujours trouvé ces mecs complètement cons à sortir ce genre de phrase, au lieu d'assumer leurs conneries, et là tu te retrouvais à faire la même chose. L'effet de surprise, ouais. T'assistes à la scène sans rien dire, ni même bouger. T'arrives toujours pas à te rendre compte de la situation qui se déroule actuellement devant tes yeux. La blonde avec qui tu as passé la nuit prend la fuite aussitôt que Lera le lui ordonna et tu regrettes presque son départ. Tu sais que tu vas morfler et bordel, t'as pas envie de ça. Pas maintenant. Tu soupires à ses mots, déjà lassé de la situation. Elle fait exprès de te remettre en tête tes promesses, que tu as mise aux oubliettes une fois le territoire américain gagné. Tu la sens déçu, et mine de rien, ça te fait chier. Mais toi, tes promesses, tu les as jamais dîtes de bon coeur. Tu t'es simplement contenté de répéter ce que le prête te disais. « Commence pas avec ça, tu veux. » Et mine de rien, tu pars enfiler un pantalon, t'agis le plus naturellement possible. Faut surtout pas que tu lui montres que tu te sens dépassé par la situation. « Comment t'es entrée ? Puis, je pensais que tu rentrais pas maintenant ? », retourner la situation, ta seule issu de secours.

Elle se demandait bien pourquoi elle était si déçue ? Ce n’était pourtant pas surprenant, on parlait de Heath. Il avait trompé sa copine avec elle dans le temps et puis, il n’était pas le genre à renoncer à sa liberté, il l’avait épousé parce que c’était la dernière solution qui se présentait à ce moment là. La solution à quoi ? Il disait ne pas supporter de la savoir loin, qu’il la voulait proche de lui, c’était si joliment dit qu’elle avait fini par y croire. Ouais, elle s’était faite avoir, conne jusqu’au bout des ongles, n’est-ce pas ? Elle avait envie de se mettre des gifles mais décida cependant de les garder pour Heath, reportant sa colère sur lui, après tout il était seul responsable de cette situation, lui avoir fait miroiter…des choses qu’il ne pouvait plus assumer et les jours suivants, elle s’en prendrait à elle-seule. « Quoi, je ne fais que citer tes propos » sa voix est démesurément sarcastique, serti d’un sourire faussement amusé sur les lèvres. « Tu n’enfiles pas de boxer ? Remarque c’est beaucoup plus pratique comme ça » A nouveau elle est sarcastique, esquivant sa question, elle se sait incapable d’y répondre sans sombrer dans le sentimentalisme et faire péter les barrières qu’elle s’est imposée à elle-même.

« Je sais ce que j'ai dis, pas besoin de le redire. », tu réponds froidement, on peut dissimuler de la colère dans ta voix. Et au final, tu sais pas vraiment contre qui t'es en colère. Contre toi, de t'être fourré dans une situation pareil. Ou contre elle, d'avoir débarqué comme une fleur sans même t'avoir prévenu. Les choses ne se serait jamais déroulé de la sorte si tu aurais su qu'elle débarquait. Puis, tu la soupçonnes de l'avoir fait exprès, en y repensant. Elle voulait te prendre la main dans le sac et voilà que tu viens de lui donner l'occasion de s'en prendre à toi. Fais chier putain. T'ignores sa remarque remplit de sarcasme, tu te contentes de lui lancer un regard glaciale, lassé. Ou un peu des deux. Tu la contournes pour rejoindre le salon, tu restes naturelle, comme si elle ne venait pas de te prendre au lit avec une autre. De toute façon, c'est pas avec une broutille dans le genre que t'as vie va s'arrêter. Tu cherches ton téléphone, tu sais pas où tu la mis, t'aimerais bien savoir l'heure qu'il est. Tard, certainement. Et tu te rappelles que t'avais un rendez-vous professionnel ce matin. Bordel, c'est pas ta journée. Tu finis par t'affaler sur le canapé sans lancer le moindre regard à la blonde. « Si tu m'aurais laissé venir en Lituanie, ça ne serait jamais arrivé. », remettre la faute sur les autres. En voilà une manière bien lâche de s'en sortir. Tu te prépares mentalement à la confrontation, parce que mine de rien, sans même le vouloir, tu l'as provoque de plus en plus. Tu sais que ça va hurler, et tes voisins vont probablement venir râler le lendemain ou le soir même. Pourtant, tu te dis souvent qu'il devrait s'y faire. C'est pas la première fois que Lera vient faire l'hystérique chez toi.

Qu’est-ce qu’elle faisait encore ici ? Sérieusement, à quoi cela lui servait-elle ? Et puis, l’attitude de Heathcliff ajoutait encore à sa déception. A quoi s’était-elle attendue ? Nous parlions de Strauss après tout, elle l’avait toujours connu ainsi et elle ne le pensait pas capable de changer de comportement du jour au lendemain. Sa déception prouvait bien le contraire non ? Elle avait cru l’espace d’un instant que tout serait différent avec elle, assez long cependant pour l’accabler de tous ces sentiments contradictoires. Finalement, elle le suivit au salon, elle ne comptait pas s’attarder plus longtemps, à quoi bon ? Elle avait les informations qu’elle désirait, s’entêter de la sorte donnerait un sacré coup à son égo et elle n’était pas certaine de s’en remettre par la suite. C’était dans cet esprit qu’elle était sortie de la chambre, s’éloigner d’ici et oublier tout ça mais non, il fallut qu’il en rajoute une couche, qu’il la provoque, il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle partirait immédiatement au quart de tour, bien sûr sa réaction ne se fit pas attendre. « Tu te fous de ma gueule ?! » explosa-t-elle tout à coup, se foutant pas mal que les voisins auraient pu l’entendre, c’était le cadet de ses soucis. « Tu vas me dire que c’est de ma faute si tu ne sais pas tenir ta queue ? » Elle était hors d’elle maintenant, la colère était préférable à ce semblant de tristesse qui commençait à faire son petit chemin dans son organisme. « Me prends pas pour une conne, on sait tous que c’est pas la seule ! » Elle avait assez de passer pour la dernière des connes, au fond peut-être provoquait-elle ce type de situation. Elle devait forcément faire quelque chose de travers, dans tout les cas, un truc clochait forcément. « T’es un sacré fils de pute doublé d’un lâche »

Tu cherches comment te rattraper, tu sais que c'est Lera. Et Lera, c'est pas ton ex. Elle se contentera pas d'un de tes mensonges pour éviter la rupture, bien qu'il n'y ait aucune rupture à avoir, pour le coup. Tu l'entends exploser, et toi, t'es pas réceptif. Tu veux pas rentrer dans son jeu, pas dès le réveil. Elle hurle et tu trouves ça complètement inutile pour le coup. Comme si ça aller avancer à quelque chose, effacé ce que tu avais fait la nuit dernière - et les précédentes -. Tu te contentes de te lever pour lui faire face, le visage inexpressif. Elle te balance des insultes à la tronche et tout ce qu'elle arrive à faire, c'est te foutre les nerfs. Toi qui essayer pourtant d'éviter la confrontation depuis tout à l'heure. Putain, ça faisait un bail qu'elle t'avait pas autant énervé en une simple fraction de seconde. « Tu me pardonneras, mais quand on a une femme qui reste à l'autre bout du monde... On est bien obligé de les vider de temps en temps. » Tu gardes un tons calme, qui en énerverai plus d'un. Tu l'as cherche, et cette fois ci c'est volontaire. T'aggraves ton cas, tu le sais. Mais t'en a plus rien à foutre sur le moment tant les nerfs prennent le dessus sur ta raison. De toute façon, elle t'a jamais précisé qu'elle voulait que tu sois fidèle envers elle. Vous êtes pas en couple, marié certes, mais pas en couple. ça à l'air compliqué à suivre, mais l'important à retenir dans ça, c'est que t'as le droit de faire ce que tu veux. « T'as finis ton cinéma maintenant ? Qu'on passe à autre chose ? »

Ca lui fait l’effet d’un couteau qui s’infiltre encore et encore profondément dans sa chair. C’est douloureux, merde, elle ne s’était pas attendue à ça. Elle était justement partie pour apaiser l’autre, mais voilà qu’une nouvelle se déclarait déjà. Quelque chose clochait chez elle, quelque chose clochait dans cette situation. Il avait raison, à quoi bon poursuivre cette conversation ? L’espoir était la raison pour laquelle elle se trouvait dans une telle situation. Soudain, elle n’était même plus énervée, non plus du tout, elle se rendit peut-être compte de la stupidité de son entêtement, de son irritation. S’en prendre à lui ne changerait rien du tout aux faits, ne changerait rien à la situation, à tout ça. Et puis, elle sentait que ses barrières s’effondreraient sous peu, il valait donc mieux éviter de poursuivre cette conversation, qui était déjà stérile depuis le départ. Cela ne les mènerait nulle-part, c’était un fait certain et elle n’avait pas la force de lutter pour rien. Il n’en avait rien à battre, lui, cela lui passait au-dessus de la tête, il était à des années lumières de tout ça et ça la tuait, pour une raison qu’elle ne comprenait pas, tout ce qu’elle savait c’était que tout cela était trop vif et pour l’heure elle avait envie de se retrouver seule. « T’as raison » finit-elle par dire en levant les mains en signe de rémission « Je ne sais même pas ce que je fous encore là » Une remarque faite plus pour elle que pour lui, un sourire accompagnant tout ça. Et voilà qu’elle se sentait sur le point de pleurer, de mieux en mieux. « Je vais te laisser » Elle ne le regardait plus, se concentrant sur son sac qu’elle alla récupérer non loin de là, dissimulant des yeux brillants de larmes. « Tiens, ta clé » Elle la balança sur le premier meuble à proximité.

Tu la regardes, insistant. Tu te prépares à une nouvelle attaque mais étonnamment, elle ne dit plus rien, ne fait plus rien. Elle dépose les armes en quelques sortes et t'es complètement perdu sur le moment. Non pas que tu aurais voulu que cette dispute dure des heures et des heures, t'as pas la patience pour supporter ce genre de truc, loin de là. Mais tu t'attendais à un peu plus de répondant à tes attaques, tu te rends alors compte que y a quelque chose qui cloche actuellement avec elle, tu sais pas quoi, et tu n'oserais même pas lui demander si elle va bien ou quoi. Le tout te passe au dessus de la tête, contrairement à elle, tu n'arrives pas à passer du chaud au froid en quelques secondes et un tons sarcastique gagnerait ta voix, contre ton gré. Tu restes donc silencieux en la regardant prendre ses affaires, elle t'annonce son départ et tu te sens libéré d'une bataille perdu d'avance puisque tu avais toutes les tords de ton côté. Elle lance les clefs sur un meuble et t'empresse d'aller les récupérées. Non mais quelle idée avait eu Magda que de les lui passer ? La blonde prend par la suite la porte, te laissant alors seul. Perturber par la fin plutôt inattendu de cette altercation.