Nous avions passé la journée à la plage, pour voir Tonton Miguel, l'oncle poilu, beauf, mais franchement marrant de Gayle. C'était probablement une des dernières fois que je pouvais me payer du bon temps de la sorte. Un ami nous avait prêté son Yatch à plusieurs millions ce qui, déjà, nous permettait d'économiser pas mal. J'avais clairement des soucis d'argent. Ma maison qui allait être vendu dans les prochains jours ne couvrirait qu'une petite partie de mes dettes et je commençais à me demander comme nous allions nous en sortir pour TTP. J'avais rendez vous toute la semaine chez Universal, pour essayer de trouver un accord à l'amiable avec eux. Mais je ne me faisais pas de faux espoirs, je savais que ce n'était pas gagné. Je n'étais qu'un vulgaire pion, un mec à abattre aussi grand qu'une fourmis à leurs yeux. Ils n'avaient qu'à m'écraser et le tour serait jouer. L'industrie de la musique était vraiment un monde pourri.

Vers 22 heure, après avoir couché Simcha, j'avais demandé à Gayle et Jake de me rejoindre dans ma cabine. J'avais envie de passer un peu de temps avec ma "famille". Allongé sur mon lit, un joint dans la main, j'attendais les deux jeunes gens en écoutant en boucle le chanson qu'un artiste en devenir m'avait envoyé. Ce n'était pas trop mauvais, mais absolument pas ce que je recherchais pour TTP.

C'est bon de se sentir entourée quand tout va mal. Et en ce moment, j'ai vraiment besoin d'être entourée, bien que je prétende le contraire. Depuis qu'Arnora a mit un terme total à notre relation, je suis au plus bas, comme jamais je ne l'ai été. Même si notre histoire fut courte, elle était aussi intense que l'amour qu'on se portait mutuellement, et que je lui porte toujours. Il serait impossible pour moi de tirer un trait au marqueur indélébile sur notre histoire pour le moment, car je me nourris toujours de l'espoir que tout s'arrange à un moment donné. J'avais fauté en lui cachant la véritable identité de Simcha pendant tout ce temps et j'ai bien compris mon erreur, cependant il est impossible de faire machine arrière. Et à défaut d'avoir été une bonne petite-amie, je tente d'être une vraie mère, pour une fois, et cela depuis vendredi. C'est assez dur, d'être une bonne mère quand on ne s'est jamais considéré comme telle depuis la naissance d'un enfant.

Aujourd'hui, on a fait une escale pour aller voir mon oncle Miguel, le frère de ma défunte mère. Ca faisait longtemps que je ne l'avais pas vu, environ huit ans. Il a grossi et a de plus en plus un air de vieux beauf qui boit de la mauvaise gnôle avec les autres beaufs du quartier et qui siffle les jeunes filles une fois bourré. Il aime les blagues salaces, comme les beaufs. Mais c'était cool de le voir, vraiment. Et Simcha était content de voir "tonton poilu" pour la première fois. C'était vraiment une bonne journée.

De retour sur le yacht du pote de Blake, j'en ai profité pour passer du temps avec Simcha, me rappelant la discussion que j'ai eu avec Jesus la veille via messages, même si nos cabines ne sont pas éloignées. Que dois-je faire ? Reprendre la garde ou le laisser dans un environnement plus saint que le mien ? Je ne sais plus quoi faire, si même il était possible que je l'eus su un jour. Trop de questions envahissent mes pensées. La raison, la passion, l'instinct ? J'peux pas combiner les trois. Ainsi soit-il, ma vie est un brouillon depuis longtemps, faite d'erreurs plus ou moins graves.

Le petit couché et bien endormi, je rejoignais la cabine de Blake, qui nous avait proposé à Jake et moi-même de passer cette dernière soirée du week-end tous les trois. J'prenais une bouteille de whisky dans le mini-bar qui se trouvait dans ma cabine avant de m'y rendre et toquais religieusement à son sanctuaire.

Deux coups se firent entendre sur la porte, et à la façon dont ils étaient frappée, je savais que ce n'était pas mon frère; en tant que batteur qui se respecte il l'aurait tambouriné ou se serait permis d'entrer sans s'annoncer, il n'avait pas réellement à le faire de toute façon, je n'avais rien à lui cacher. Je regardais la jeune femme entrer dans ma chambre, avec un faible sourire, me levant du lit et terminant le joint qui était collé entre mes lèvres, en allant l'écraser dans le cendrier. Je vis qu'elle était venue accompagnée. Jack Daniels. Comme à ses habitudes. Elle avait un sérieux soucis avec cet alcool. Ou avec l'alcool. Je pense qu'on en avait un tous les deux, avec l'alcool. Je refermais mon ordinateur et invitais Gayle à s'assoir sur le canapé présent dans cette cabine. C'était celle que mon ami avait l'habitude d'occuper, la plus spacieuse. Il y avait même un bureau. Le genre de chose que seuls les plus fortunés peuvent s'offrir. Même en pleine gloire avec 30STM nous n'aurions pas pu nous le permette. Avec Jake, nous avions néanmoins acheté un bateau un peu plus petit, qui était accosté en Corse la majeur partie du temps.

" Simcha est couché ? "