Le texto de Sierra t'as intrigué il faut l'avouer. Pencher sur ta guitare à faire défiler le temps, t'avais rien de prévu ce soir jusqu'à recevoir son texto étrange. Une invitation de ta superbe colocataire ne se refusait pas. Même si depuis quelques temps vous passiez peut-être un tout petit moins de temps ensemble... ton avis depuis que tu l'as trouvé en train de sniffer de la coke est assez mitigé, ça se voit qu'elle en consomme encore, ou autre substance. Tu ne la juges pas, tu l'apprécies beaucoup trop cette fille depuis votre enfance, mais à ton avis elle part trop en live. T'as rien à dire car tu commences pas mal aussi, mais tu restes dans le naturel. Tu fumes plus pour être posé et décontracté, alors qu'elle, elle semble toujours surexcitée. Tu la trouves encore plus drôle, ouais, faut pas se voilez la face, mais tu la préférais un peu avant ta colocataire... Néanmoins tu te retrouve quand même à garer ta voiture nouvellement acquise près du port et finir le chemin à pied en cherchant la rouquine, devenue blonde. GWEN, JE SUIS LA ! T'as eu mon sms ? T'as pris ton maillot de bain alors ? Ou tu peux te mettre tout nu, je m'en fiche, j'ai déjà vu tes fesses ! Tu te rapproche la voyant descendre de la rambarde, vêtu simplement d'un bikini malgré 'heure. Tu fronces les sourcils. Hey. JE suis pas sur que ça soit un endroit pour se baigner, tu vas te blesser en sautant... L'observant regarder son portable, tu la laisse faire observant les alentours. Il fait pas forcément très chaud encore à cette période de l'année il faut dire. Toi avec ta chemise et ton pull t'es bien... Minuit quatorze, le vingt-six avril deux milles quatorze. Dans six minutes, je saute. Tu fronces les sourcils faisant un pas en avant quand elle se remete à franchir la barrière. Ok... c'est quoi le délire ?! Tu l'observes, te décallant vers la barrière ne t'éloignant pas d'elle en la gardant en ligne de vue, tu jettes un regards plus bas. Sierra, t'es sur de toi ? C'est pas très sur de sauter aussi haut surtout si t'as consommé avant... Tu réponds avec douceur et un peu de soucis.

Presque minuit. Pas vraiment l'heure à laquelle t'imagine te baigner. Surtout dans cette ville. Et pourtant Sierra te fait face, même pas habillé, sur ce point dénué de population. Tu comprend pas tellement son délire. Bon faut dire que tu comprend pas grand chose aux gens qui t'entourent. Surtout ces personnes là. T'es pas habitué. Toi les gens tu les fréquentes à petite dose normalement, le temps de deux trois concerts. Peu de gens sont avec toi constamment. Pratiquement aucun. Guitariste, batteur, bassiste, tu en change tout le temps, sur les routes tu t'attaches quelques mois et puis tu t'en vas sur ton propre chemin. Et même si Sierra tu lui a parlé toute ces années, vivre avec elle en continuité... parfois tu crains de t'en éloigner, de pas la supporter. Pas sa faute. Juste toi. Tu sais pas apprécier à longue duré. Tu te perds dans la banalité... Et ce genre d'épisode te laissent un peu dérouté... J'ai presque rien fumé, j'suis pas complètement conne. J'veux pas me noyer. Sa froideur aussi. Tu la fixes déstabilisé. Ce n'était pas un repproche, tu n'es pas la pour la juger. Même si oui t'aimerais la voir arrêter. Ses changements d'humeur non plus tu t'y habitues pas. Tu baisses le regard un instant te pinçant les lèvres sans rien dire enfonçant juste tes maisn dans tes poches. Tu veux pas la froisser, alors tu dis rien. Tu ne répliques pas. Tu ne veux pas. Tu peux le garder, s'il te plaît ? Fais attention, ne le perds pas, c'est toute ma vie. Tu relèves la tête vers elle pour regarder se qu'elle te tend. Tu t'approche doucement prenant la chaine en argent qu'elle te tend, observant et faisant doucement tourner entre tes doigts. Tu aimes la lumière que produit la lune sur le morceau d'argent entre tes doigts. Tu la fait glisser lentement dans ta poche de veste relevant le regard vers elle. Pourquoi m'as-tu demandé de venir ? Tu demandes te demandant si elle veut que tu sautes dans l'eau avec elle. Tu le ferais, sans aucun doute, même si là maintenant ça ne t'enchante guère.

Tu l'observes en silence, cette fille posté sur la rambarde comme si elle allait se suicider. T'as pas vraiment peur de ça, mais juste que l'eau glacé l'empêche de bien remonter, l'étourdisse ou que le courant ait raison de ses minuscules bras peu musclé. T'as beau pas savoir t'occuper convenablement des gens, c'est pas pour autant que tu t'inquiètes pas pour eux. Tu les laisses faire leur conneries, simplement, tu n'as pas le rôle de l'ange, tu le sais. Tu ne sais pas faire. Tu sais pas gérer, c'est un fait. T'es habitué aux fuites, aux voyages, à tourner les talons quand quelque chose te fâche. Mais plus depuis un temps, obligé. Tu observes Sierra. Depuis que tu sais pour la cocaïne, t'essayes de pas trop l'ennuyer, de pas trop trainer, essayerais-tu de l'éviter ? Oui un peu. Car tu sais que t'es censé l'en empêcher, d'en prendre, de faire ça, de se détruire. Mais que peux-tu faire si elle a décidé que sa vie ne valait pas le coup sans ce genre de truc ? Rien tu n'es rien pour décidé de sa vie. Je voulais que tu viennes te baigner avec moi, mais tu n'as pas l'air très enchanté. Tu l'observes sans rien répondre à ses paroles. C'est sur que t'es pas des plus envieux pour sauter dans l'eau glacé plus bas. Je tiens à toi et tu connais toute ma vie. J'avais envie de te voir Tu te mors la lèvre légèrement. Évidement ses paroles te touchent. Mais tu aurais aimé qu'elle soit ainsi avec quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui sache quoi faire, qui sache lui dire de se tenir droit, de pas faire-ci de pas faire-ça. Qui sache comment lui changer les idées ce soir, lui donner d'autres plans pour passer cette soirée sans doute trop douloureuse pour elle. Toi sans ton frère tu serais quoi ? Tu sais pas. Ton frère c'est toute ta vie, tu le sais. Mais toute ta vie tu l'as passé loin de lui, à le voir le plus possible mais sans faire quoi que ce soit pour venir près de lui. Ton frère tu l'aimes à ta manière, et ta manière tu sais que c'est pas la meilleure, pas la plus droite, pas la plus sereine. Et tu peux pas imaginer le perdre, et tu sais pas se qu'elle peut ressentir, ni comment l'aider. Elle semble pourtant aller mieux, mais avec Sierra t'as appris à douter. Ses lettres étaient sincère, dans la vraie vie, on ne dit pas les choses ainsi, on se cache, on dit pas... Serait-ce pour ça que tu l'aimes moins ? Non mais différemment, tu apprends se que c'est de vivre au présent, et pas par papier.
Tu l'observes faire en silence. Avant de soupirer parce qu'elle gagne. Parce que tu vas pas la laisser faire, parce que t'en as aussi un peu marre de cette vie trop plate dans cette ville qui t'enferme. Tu fais un pas la retenant doucement par la taille un instant, histoire de la déconcentrer sans la faire tomber. Puis tu la lâches et, tes pieds virant tes bottines alors que tu poses ta vestes doucement sur la sol pour pas risquer de faire échapper le pendentif. Tu retires ton jean en silence, t'as pas grand chose à dire.

Tu restes maintenant ainsi, déshabillé. Il fait pas tellement froid, tu as connu pire. Mais depuis que tu es arrivé dans cette ville, tu t'es un peu oublié, oublié tes expériences, tes décisions bizarre. T'aimerais fuir. Oui t'aimerais. C'est pas que tu tiens pas à Sierra, ou à Julie, ou même à Magda, ou encore à ton petit frère... mais... t'es bien plus chouette à distance, hein ? Tu le sais. T'en a conscience, à la longue tu perds de ton charme, tu sais pas vivre en gars civilisé. Tu te perds, c'est tout. Et ça te fait peur. Au fond. Mais tu le dis pas. Tu veux pas les blesser, pas les inquiéter, et puis quoi ? Y'en a des plus malheureux... Toi t'es juste un animal enfermé dans une cage de zoo. Avec des copains de colocations vraiment sympa, c'est sur.

Voyant Sierra tourner son visage vers toi, tu contemples un moment ses joues trempées. Tu le savais bien. Tu voulais pas tellement y penser. Tu vas pas lui en parler. Tu saurais pas. Venir t'asseoir près d'elle et lui dire que tu peux pas imaginer sa peine. Non tu sais pas. Alors ... voila, au moins t'essayes en faisant ça. Tu l'observes un long moment, très long moment avant de la voir se pencher vers toi. Tu sens ses lèvres trempé et salés par ses larmes. C'est nouveau, c'est spécial. T'aimes pas la voir dans cet état, t'as l'impression que de toute manière depuis un moment vous vous éloigné. C'était prévisible mais... ça t'embêtes au fond, mais tu le diras pas. Non tu te tais, simplement. C'est pas grave après tout... Et dans tout cela la voila qui saute alors que tu observes son corps pâle un moment suspendu dans l'air. Ni eau, ni terre, ni rien. Elle vole simplement, retenue par rien, libérée dans un sens. Tu vois ses cheveux court volé par l'air et bientôt le bruit du choc. De la rencontre de son corps et de l'eau, son corps qui disparait dans une nuée de gerbe d'eau opaque par la nuit. La disparition de son corps laisse la place à un nuage blanc dans l'eau, le calme de l'eau rompu, tu observes un temps avant de lâcher la barrière et te laisser tomber. C'est bon, c'est bien. Ce vide, qui ne dure pas. Et l'eau, gelé, glacée, hargneuse. Ça te prend la tête, les cuisses, le corps. C'est glacé, et tu met un instant à t'en remettre avant de nager à la surface d'un geste de tête virant tes cheveux en reprenant ton souffle.