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SHOCK WAVES (sierra) i'll be fine once i'll get it, i'll be good
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| | Dim 30 Mar - 23:53 | |
| Ça faisait quelques jours que l'idée me traversait le cerveau en flash intercalaire. En général, elle finissait par disparaître d'elle-même, en finissant par se perdre parmi les autres. Ce soir pourtant, pour une raison totalement inconnue, je m'étais accroché à cette pensée : il fallait que je revois cette fille aux cheveux oranges. Elle contrastait tellement avec la fadeur du quotidien. Moi qui d'habitude aimait le noir et blanc, je me sentais étrangement attiré par la vivacité qu'elle m'inspirait un peu étrangement. D'habitude, mes rétines ne s'intéressaient qu'au monochrome. À tel point que je l'avais laissé m'absorber dans sa banalité. Mais quoi que je puisse en dire, mon inconscient rêve constamment en couleurs. En de fortes couleurs. Avec la même intensité que possédaient ses cheveux. C'était con, complètement dément de donner un rencard à une totale inconnue mais c'est ce qui m'amusait le plus, je crois. Après l'interview, j'avais réussi à choper son numéro grâce à un mec qui travaillait avec elle. Déjà là, j'aurais dû capter qu'elle resterait quelque part dans le coin de ma tête puisque je suis pas le genre de mec à prendre le numéro de toutes les filles que je rencontre. J'avais terminé de bosser en fin de soirée. Il était tard et l'insomnie me collait à l'échine, alors je suis sorti et j'ai marché. Ma veste en cuir sur le dos, j'ai sorti une clope pour l'allumer tout en continuant mon chemin jusqu'à la plage. C'est là que j'ai pris mon téléphone pour l'inviter. Pas sûr qu'elle vienne, pas sûr qu'elle réponde mais qui ne tente rien n'a rien. Toujours la cigarette aux lèvres et la nicotine dans les poumons, je longeais la côte. Le bruit des vagues a toujours eu ce don de me détendre et de me faire oublier que le monde autour existait. |
| | | Sierra Desrosiersall i care about is love AVATAR : Hayley Williams.
✱ COLOCATAIRES : Son mec et sa fille.
| Lun 31 Mar - 5:22 | |
| Etre enfermée dans ma chambre devenait de plus en plus une habitude. Depuis que j'avais recommencé Charlie. J'étais à nouveau tombée dans ce cercle vicieux. Cercle vicieux qui mettait petit à petit ma vie en désordre. Pour une fille tarée et enfantine, avec le temps j'étais devenue plus rigoureuse et organisée dans mon travail. Et Charlie faisait merder tout ça. Je n'avais plus d'avance dans les articles que je devais finir, ni dans mes recherches, je devais même piétiner sur mes heures de sommeil pour finir mon travail. J'étais censée sortir ce week-end et traîner Julie, mais au final je m'étais abstenue. Après tout, qu'est-ce que j'aurais fait ? J'aurais dépensé cent dollars avec des potes ou inconnus, j'aurais plané et j'aurais fini je ne-sais-où le cerveau tout retourné, la gorge sèche et peut-être nue. J'avais donc changé mes plans pour me mettre sérieusement au travail pour le restant du week-end.
Je t'attends à Ocean Beach. Recevai-je près d'une heure du matin. Destinataire inconnu. Je venais juste de terminer mon boulot et je répondis: Qui est-ce ? Après dix minutes sans réponse, je décidai de ne pas plus réfléchir: j'étais déjà en train de me préparer pour sortir. J'étais folle. Sans doute. Même certainement, mais j'étais (trop) curieuse. C'était également une bonne excuse pour prendre un bol d'air frais marin et me changer les idées. C'est sur la route, dans ma voiture, que je commençai à me faire des films. En même temps quand on lit et regarde un paquet de trucs surnaturels, thriller, et horreur, on ne pouvait pas rester de marbre à une potentielle rencontre nocturne. Peut-être que je me livrai moi-même à un tueur en série ? Je reconnaissais que j'étais plutôt maladroite, mais en général j'avais une bonne étoile. Je n'avais pas non plus d'ennemis donc... Qui voudrait ma peau ? Malgré tout, j'avais réussi à fourrer mon mini spray dans mon petit sac à main. Je n'avais pas non plus fait des cours de self defense pour rien. Une fois garée, je sortis et commençai à parcourir le chemin le long de la mer, doucement. C'était désert, et le vent s'amusait à souffler dans mes cheveux oranges. Je me figeai quand je vis une silhouette noire à plusieurs mètres face à moi. Je ne savais pas du tout qui je devais rencontrer, si réellement je devais rencontrer quelqu'un. Je tournai les talons, décidant de rebrousser le chemin. Flipette, j'étais et je ne l'ai jamais caché. Je portais mon sac contre mon buste et ne pouvais m'empêcher de lancer discrètement des regards vers la personne qui me suivait. C'est bon j'avais mis mes docs Martens et si par malchance il fallait que je me défende, ça ferait plus mal. |
| | | | Lun 31 Mar - 17:35 | |
| À cette heure-ci, la plage est entièrement déserte. Ce n'est certainement pas moi qui allait m'en plaindre. Je restais attentif au va-et-vient constant de la mer, laissant mes poumons inspirer la nicotine pour l'expirer dans l'air frais de la nuit. Ma sociabilité exacerbée me mettait trop souvent en overdose, il m'arrivait de lâcher prise et de détester tout le monde sans raison concrète. Avec le temps, mes apparences se sont enfoncées dans ma chair jusqu'à ce que moi-même je crois en elles ; pourtant ce ne sont que des illusions. Elles n'ont toujours été que ça. Le silence m'est clairement devenu essentiel. Presque aussi essentiel que ces merdes illicites qui s'accrochent à mes veines en m'aspirant toujours, toujours plus. Soigner le mal par le mal, ça aurait pu être une de mes phrases fétiches. Les particules de mon être se dispersent de plus en plus et bientôt, je crois que je ne pourrais même plus me reconnaître dans une glace. Alors, sérieusement, qu'est-ce que ça pouvait foutre que je m'enfonce dans la dépendance ? Ce sont les murmures du vent qui me libérait de mes pensées. Valait mieux que j’arrête de faire tourner mes neurones, de les assembler en créant ainsi la réalité. Je suis plutôt du genre à la fracturer avec quelques rails de coke, pas à la nourrir pour finalement la laisser me regarder droit dans les yeux. C'est plus simple comme ça. Tant pour moi que pour les autres. Je terminais ma clope puis balançais le mégot sur la surface sablée de la plage en recommençant à marcher doucement, tout en profitant de la fraîcheur et du reste. Jusqu'à ce que je la vois, un peu plus loin. Elle me regarde l'espace de quelques secondes pour faire volte-face et reprendre le chemin qu'elle avait emprunté dans le sens inverse. Sur le coup, j'ai laissé un rire m'échapper. À tous les coups, elle me prenait pour un fou dangereux ou je ne sais quoi d'autre. Je décidais d’accélérer le pas afin de la rattraper. Une fois arrivé jusqu'à elle, je finis par la dépasser pour me mettre face à elle, un sourire amusé sur les lèvres. Mais c'est bon, relax. Je pose mes mains sur ses épaules pour la fixer en riant légèrement. C'est Saul. On s'est rencontré lors de l'interview avec le groupe, tu te souviens ? |
| | | Sierra Desrosiersall i care about is love AVATAR : Hayley Williams.
✱ COLOCATAIRES : Son mec et sa fille.
| Lun 31 Mar - 18:31 | |
| J'étais ce genre de personne qui des fois agissait sans réfléchir, au quart de tour, et qui au bout du compte finissait par regretter. Un peu comme ce soir-là, près de la plage. Le type bizarre se rapprochait, je l'entendais. Je ne m'étais encore jamais faite agresser à la plage, et je trouverais ça dommage de bannir ce lieu par la suite. Ouais, j'avais l'habitude de ne pas repasser par les endroits où on avait voulu me faire la peau: genre une ruelle vers le Ruby Skye où je m'étais pris des coups, le cimetière où j'avais failli voir le grand méchant loup puis une deuxième fois où le connard d'ex de Julie m'avait demandé de creuser des tombes pour les gorilles mafieux qui avaient voulu me coller une balle entre les deux yeux. J'avais une vie palpitante finalement, pour une nana aimant l'adrénaline. Je relevai mon coude prête à l'envoyer dans les côtes de l'individu qui... Me doubla aussi vite que l'éclair -je manque d'anticipation-. Sur la surprise, la frayeur, l'adrénaline, mon cœur battait fort contre ma poitrine et j'eus un mouvement de recul. Avant de me rendre compte que ce gars face à moi je le connaissais. Enfin connaissait était un grand mot ! Je l'avais déjà vu torse nu héhé... Dans un clip OK. Sinon, je les avais interviewé lui et son groupe il y a de ça quelques semaines. Donc logiquement, il ne me ferait pas mal. Il posa ses mains sur mes épaules, je sursautai un peu. Il rigolait. « Salut. Oui je me souviens de toi. » Je souris chaleureusement. Je me décalai de ses mains, et regardai autour de nous. Nous étions seuls. C'est lui qui m'avait envoyé un sms ? Genre le chanteur d'un groupe ? J'avais déjà fait quelques sorties avec A Day To Remember mais toute l'équipe était toujours là. Ce n'était pas pareil. « C'est toi qui m'a demandé de venir ici ? » Si ce n'était pas lui, j'allais passer pour une débile et une sorte de groupie qui s'imaginait des trucs, et c'était faux ! |
| | | | Lun 31 Mar - 19:59 | |
| Ok, mon initiative à l'inviter au beau milieu de la nuit pouvait paraître étrange. En fait, je commençais même à me persuader qu'elle ne viendrait pas mais apparemment, je me suis trompé puisqu'elle était bien là, face à moi et j'en concluais donc qu'elle était certainement aussi gelée que moi. C'est cool, ça nous faisait un point commun. J'étais plutôt satisfait dans le fond qu'elle soit venue car je souhaitais vraiment en apprendre d'avantage sur elle. Les apparences ne semblaient pas suffisantes dans son cas et disons qu'elle avait éveillé en moi la curiosité nécessaire pour que je fasse l'effort de m'intéresser à sa personne. À son sourire, je comprends rapidement que son cerveau a fait le lien et qu'elle a finit par me reconnaître. Heureusement pour moi. C'est sympa que tu sois venue. Je t'avoue que je commençais à douter. Et il y avait de quoi. Ouais, j'avais des idées étranges par moment mais ce n'était pas comme si je le faisais exprès. Je sors ensuite mon paquet de clopes pour m'en allumer une à nouveau. Un geste qui était devenu automatique avec le temps. Fumer pour rien et à toutes occasions, ça me ressemblait vachement. Je tends le paquet vers elle pour lui en proposer une. Oui, c'est moi qui t'a demandé de venir ici. Pourquoi ? Je ne sais pas. Elle devait sûrement me prendre pour un taré et elle a sans doute raison de le faire. J'ai demandé ton numéro à un des gars avec qui tu travailles et il a eu la gentillesse de me le passer. Et comme je m'ennuyais, je me suis dit que te revoir serait cool. C'était dit sincèrement. J'avais eu une sorte de pressentiment qui m'avait poussé à être ici, avec elle. |
| | | Sierra Desrosiersall i care about is love AVATAR : Hayley Williams.
✱ COLOCATAIRES : Son mec et sa fille.
| Lun 31 Mar - 20:40 | |
| Il me remercia d'être venue, ok donc le numéro inconnu c'était bien lui. Je ne comprenais toujours pas pourquoi, il m'avait invité. Quoiqu'il en soit, j'étais toujours partante pour passer du temps avec un ami ou un gars dont je ne connaissais que son nom et son pays d'origine. Je n'étais pas sociable pour rien, et trop gentille. C'est bon, il ne fallut pas beaucoup plus de temps à mon cerveau pour me balancer à nouveau l'air de Chocolate dans la tête. Je l'avais trop écouté -et trop dansé dessus mais ça personne ne le saura ha-ha. J'avais des périodes de musique, et je quittais à peine ma phase du groupe de Saul. Pourtant cette mélodie revint hanter mes esprits. Il me proposa une cigarette, j'y refusai d'un simple geste de tête. Je lâchai mon sac contre ma poitrine et le repositionnai convenablement sur mon épaule. Le brun à une coupe de cheveux bizarre (oui c'est la nana aux problèmes capillaires qui disait ça) m'expliqua qu'il l'avait prit mon numéro grâce à un de mes collègues. Ok, je comprenais mieux ! Mais pourquoi moi ? « (...) je me suis dit que te revoir serait cool. » J'étais sans cesse en train de me rabaisser, je manquais clairement de confiance en moi pour cela que j'aimais me préoccuper des autres plutôt que de moi. Ce que venait de me dire Saul me fit chaud au cœur. C'était peut-être con, mais ça faisait du bien d'entendre ça. Encore plus d'un semi-inconnu. Je n'avais pas que chaud au cœur, puisque je sentis mes joues s'enflammer. Je passais une main dans mes cheveux de feu. Toutefois, avec un peu de chance il ne verrait rien, c'était la nuit et les lampadaires éclairaient mal ouais ouais. « C'est super gentil d'avoir pensé à moi en tout cas. » Ouais parce que quand on est une star on pense à autre chose qu'aux autres (enfin après, je ne savais pas du tout si Saul était le genre de petit merdeux pourri). « On marche ? » Dis-je alors en pointant un des côtés de la rive. Nous commençâmes à marcher, je lançai directement la conversation. « T'avais un problème d'insomnie cette nuit ? » Ouais parce que logiquement, on ne se promène pas au bord de la mer à deux heures du matin. Enfin moi, j'aime bien, mais ça n'arrive pas tous les jours. |
| | | | Lun 31 Mar - 22:14 | |
| Je remets mes clopes en poche, en allumant la mienne tout en l'écoutant me répondre. Fallait-il vraiment tout justifier ? Donner une définition à chaque acte que l'on fait ? Les gens n'étaient certes pas tous pareils mais dans la généralité, les duplications étaient nombreuses. Sierra sortait légèrement de cette masse, elle était originale et ça avait certainement été le déclencheur de mon intérêt. Elle avait un charme bien particulier et j’espérais que mon avis, pour le moment positif, n'allait pas changer dans le futur. Si futur il y aurait, bien entendu. Elle m'invita ensuite à marcher un peu, ce que je fis sans lui répondre et elle continua directement la conversation. Ce que je trouvais cool tout autant car cela voulait dire qu'elle était un peu plus détendue qu'il y a quelques minutes. Je souris en coin à sa question parce que c'est tellement fréquent que c'était tout à fait normal pour moi de me promener en pleine nuit comme en ce moment même. Ouais... Enfin, pas seulement cette nuit. J'ai l'habitude. Je tire une taffe de ma cigarette en continuant à avancer sur le sable humide. Et toi ? La plupart des gens dort à cette heure-ci. Surtout lorsqu'ils bossent le lendemain. D'ailleurs, en y pensant je me disais que mon heure de rendez-vous était vachement déplacée. Désolé si je t'ai réveillée et si je t'ai fait peur, en plus. Je ris légèrement à la fin de ma phrase. J'ai tendance à perdre la notion du temps en ce moment. L'hyperactivité me bouffait les nerfs de temps à autre et je me laissais entraîner dans une frénésie plastique. Complètement fausse, créée en général par les stupéfiants. Par l'adrénaline. Par mon mode de vie qui était un sacré bordel au fond. C'était comme être en dehors de la société, en restant tout de même assez proche d'elle pour faire semblant. Va expliquer ça à une totale inconnue et il y a de fortes chances pour qu'elle ne veuille plus jamais te revoir. |
| | | Sierra Desrosiersall i care about is love AVATAR : Hayley Williams.
✱ COLOCATAIRES : Son mec et sa fille.
| Mar 1 Avr - 6:44 | |
| Je pris rapidement la parole pendant notre balade nocturne improvisée. Je n'aimais pas forcément les silences entre deux individus, puis s'il voulait me revoir autant que je lui fasse bonne impression. Jamais je n'aurais cru traîner au bord de mer à une heure pareil et avec un type comme Saul. Jamais. Il m'avoua être habitué aux insomnies. Je le plaignais. Du moins, ça se trouve ça lui plaisait de vivre la nuit, je n'en avais aucune idée. Mes pupilles s'étaient habituées à la faible luminosité due aux lampadaires plus loin. Je recouvrai ma tête de la capuche de mon sweat pour me protéger un peu du vent frais. J'étais heureuse d'avoir opté pour un jean plutôt que d'avoir gardé ma petite robe de printemps que j'avais porté aujourd'hui -enfin hier- ! « Je venais de finir de bosser et je n'étais pas fatiguée, t'inquiètes pas. » J'avais pris un rythme de sommeil pourri depuis deux semaines déjà. J'étais plutôt chanceuse de ne pas avoir besoin de sept heures minimum de sommeil par nuit, sinon j'aurais été déjà fichue. « Bon après, je suis un peu parano et assez flipette, donc voilà... » Je me mis à rire. Paranoïaque mais quand même assez curieuse pour avoir le cran de se rendre à un rendez-vous mystère. J'avais l'impression de me sentir concernée quand il parla de sa perte de notion de temps. J'hochai la tête. « Je comprends. » Après quelques pas dans le sable, je me stoppai et me tournai face à l'océan. L'eau était loin d'être calme ce soir et j'aimais ce bruit. Je fermai un instant les yeux et humai l'air frais. J'ouvris mes yeux verts et contemplai les quelques étoiles dans le ciel. Cette fois-ci, j'appréciai le silence afin d'entendre la nature s'exprimer. Je tournai enfin le visage vers mon interlocuteur et demandai: « Le Royaume-Uni ne te manque pas ? » |
| | | | Mer 2 Avr - 17:14 | |
| Tout est plus calme la nuit. Tout est plus solitaire. Elle me permettait de souffler, de me recentrer aussi quelques fois. Les instants silencieux ne me dérangeaient pas lorsque j'étais seul. Accompagné, les choses étaient différentes et je n'avais pas vraiment envie d'être silencieux avec Sierra. On avait plein de choses à découvrir l'un sur l'autre et pour ça, la communication était importante. En l'observant se couvrir la tête avec sa capuche, je me suis dis en moi-même qu'elle était vraiment mignonne comme fille. Elle dégageait quelque chose de touchant et ça me plaisait beaucoup. Le vent était encore un peu froid en soirée mais disons que ça ne me dérangeait pas plus que ça. J'avais l'habitude de l'humidité et de la fraîcheur vu d'où je venais. Elle me rassurait sur le fait que je ne l'avais pas réellement dérangé alors qu'on continuait à marcher le long de la plage. Puis elle m'avoua sa paranoïa en riant tout de suite après. Ça me faisait sourire car ça voulait dire qu'elle avait énormément d'imagination. Qu'elle soit dans le bon sens ou pas, on s'en fichait complètement. L'important, c'est qu'elle était bien là. Lui faire peur n'avait pas été mon attention. Les gens normaux auraient attendu le jour pour proposer une sortie mais faut croire que je n'en faisais pas partie réellement. J'étais content qu'elle soit là et qu'on partage un moment dans ces conditions, que ça paraisse dingue ou non ne m'intéressait pas. La notion du temps n'était clairement pas mon amie et c'était un fait que je ne pouvais pas cacher alors lorsqu'elle m'a dit qu'elle comprenait, ça m'intriguait un peu mais je décidais de ne pas relever. Je continuais à marcher alors qu'elle s'était arrêtée quelques instants pour profiter de l'endroit. J'en faisais de même, sans penser à rien pour une fois. Puis elle me parlait de l'Angleterre pour casser l'absence de paroles. Je la regardais à mon tour afin de lui répondre. Parfois, follement. Parfois, pas du tout. Les gens sont différents ici. Plus chaleureux je dirais mais j'aime l'Angleterre profondément. C'est juste que ce n'est pas vraiment le même univers. J'avais des tas de souvenirs là-bas, aussi bons que mauvais. Londres avait une sorte de morosité constante à laquelle on s'attachait facilement car elle dégageait une ambiance particulière. La Californie était plus brillante. Tu es d'ici, toi ? |
| | | Sierra Desrosiersall i care about is love AVATAR : Hayley Williams.
✱ COLOCATAIRES : Son mec et sa fille.
| Mer 2 Avr - 18:11 | |
| J'aurais pu lui demander autre chose, c'est vrai, que de savoir si son pays d'origine lui manquait. A vrai dire, c'était la seule question qui m'avait traversé l'esprit. D'ailleurs, pourquoi restait-il à San Francisco ? En général, les groupes de musique n'étaient que de passage à part s'ils étaient du coin. Enfin bref, l'avantage avec les rencontres c'est que je pourrais poser toutes les questions que je le voulais puisque je ne le connaissais pas. J'aimais bien découvrir les gens qui me semblaient intéressants. Il me raconta son sentiment mitigé par rapport à l'Angleterre. J'hochai la tête en silence. J'aimerais bien voyager là-bas un jour. Surtout l'Irlande qui me branchait plus. Avec ses paysages mystérieux, ses légendes de leprechauns, LES ROUX, la musique celtique... Saul m'interrogea d'où je venais. « Je suis née au Canada, sur la route. » J'eus un petit rire. Pour ça que j'étais siphonnée peut-être. « Au Nord de Montréal. » Je marquai une pause. « Après avec mes parents et mon frère, nous avons beaucoup parcouru les états des US avec notre van, avant de nous poser en Louisiane quand j'avais une dizaine d'années. » Je m'éloignai un peu de lui pour écarter les bras en grand et faire un petit tour sur moi-même. « Et je vis sur San Francisco depuis cinq annnnns. » C'était pas plus mal que je bouge un peu. Je n'étais peut-être pas fatiguée mais me connaissant si je ne 'bougeais' pas le sommeil me gagnerait vite. Puis, je n'avais pas non plus envie de devenir un glaçon. Toutefois, je me stoppai avant de marcher à nouveau sans lui demander son avis. « Tu as des frères et sœurs ? » Demandai-je. |
| | | | Mar 8 Avr - 12:56 | |
| J'aimais bien me souvenir de l'Angleterre, repasser dans ma tête certains moments que j'avais vécu là-bas et puis ça fait toujours du bien de se rappeler l'endroit d'où l'on vient. Ça peut agir comme une sorte de repère et lorsqu'on voyage autant que je le fais, je trouve que c'est quelque chose d'important d'avoir un point d'ancrage. J'ai été un peu surpris lors de sa réponse et je n'ai pas pu m'empêcher d'imaginer des parents en mode hippie avec un esprit vagabond. Ça me faisait légèrement rire car ça a dû être une sacré expérience pour elle. Elle confirmait mes pensées en me racontant qu'elle avait beaucoup voyagé avec sa famille durant son enfance avant d'atteindre la Louisiane. Wow. Ça a dû être une bonne expérience mais tu n'étais pas trop décalée par rapport aux autres gosses en t'installant définitivement en Louisiane ? Je l'observais gigoter en me demandant bien ce qu'elle faisait. Elle m'amusait. Puis j'ai appris qu'elle vivait ici depuis quelques années. Après avoir terminé sa gymnastique, elle s'est remise en route et je l'ai suivi naturellement. Ouais, j'ai un frère aîné. Il a trois ans en plus que moi. Tu es plus jeune que ton frère ? C'était une supposition. Je la voyais bien dans le rôle de la petite sœur. Je crois que c'est sa taille qui me poussait à penser ça. J'étais bien placé pour le dire vu que je n'étais pas immense non plus. |
| | | Sierra Desrosiersall i care about is love AVATAR : Hayley Williams.
✱ COLOCATAIRES : Son mec et sa fille.
| Mar 8 Avr - 21:40 | |
| Quand il répliqua sur mon enfance à vagabonder à droite et à gauche, je ne pus m'empêcher de rigoler. Pour être décalée, oh oui je l'étais. Rien que déjà de devoir aller à l'école et de rester assise SANS bouger pendant des heures. Ma mère avait tenu à nous faire suivre un enseignement à distance pour qu'on ne soit pas complètement à la ramasse quand nous prendrions enfin le chemin de l'école. « Oh si, c'était horrible... J'arrivais pas à tenir en place à l'école, je voulais toujours m'enfuir. » Je devais passer pour un remix de l'enfant sauvage en roux, alors que ce n'était pas ça non plus le cas. Mais en même temps quand on est habitué à la liberté, à pouvoir se promener où l'on veut comme cela nous chante, forcément il y avait des difficultés plus tard. Mes parents m'avaient toujours laissé faire. Ils voulaient que je teste mes limites et que j'apprenne par moi-même ce qui était mal ou non. J'aurais pu devenir une fille capricieuse et pourrie jusqu'à la moelle et pourtant, non. J'avais une tête à ne pas faire aînée ? Oh oui sans aucun doute. Il était comme moi, le deuxième de la famille, le plus petit. Et d'ailleurs, en parlant de ça j'étais contente qu'il ne soit pas immense ! Avec mon petit un mètres soixante, j'en avais marre de devoir lever la tête. Avec Saul, je n'avais pas trop besoin de le faire et ça c'était cool. J'hochai la tête à sa question. « Il va avoir vingt-huit ans le mois prochain... » Je me souviendrais toujours du 26 avril. J'aurais pu parler de lui au passé, mais je ne voulais pas aborder ce sujet avec Saul. Je n'aimais pas les mensonges mais ce n'en était pas un, pas vrai ? « Alors que moi, j'ai vingt-trois ans. » Si je pouvais rester à cet âge-là, ça m'arrangerait. Je ne voulais pas vieillir et j'avais un pressentiment que je n'atteindrais pas la trentaine. En même temps, on se demande pourquoi... Nous continuâmes donc de marcher sur le sable, sous la lune croissante et les quelques étoiles. Subitement, je ne savais plus quoi lui demander. En fait, j'avais plutôt des phrases pour un interview qui me venaient mais pas pour le connaître lui, sans son statut de chanteur de The 1975. |
| | | | Dim 20 Avr - 22:51 | |
| Sierra m'intriguait dans tous les sens du terme. La regarder me donnait envie de tout savoir à son sujet. Ça pouvait paraître exagéré d'un point de vue extérieur mais tant pis, c'était là et je n'avais pas vraiment l'intention de refouler la chose. Elle avait une originalité attirante mais je pense qu'elle le savait aussi bien que moi. Elle riait et moi, je prenais conscience que j'aimais l'entendre rire. Moi aussi, j'ai toujours voulu m'enfuir lorsque j'étais en internat et j'avais ressenti un soulagement immense lorsque j'avais reçu mon bac. De justesse, certes mais peu importe puisqu'il ne m'a pas servi à grand chose au final. Je te comprends. Trop de règles pour moi aussi. À part de la musique, je ne savais rien faire d'autre. Imaginer faire autre chose de ma vie me paralysait complètement. J'avais passé ma vie entre des instruments, des partitions, des feuilles sur lesquelles j'avais balancé des paroles de chanson qui reflètent ma vie. C'était mon moyen d'expression, mon moyen de vie et m'imaginer sans ça, c'était comme m'imaginer mort. Ça vous fait cinq ans d'écart donc. Presque comme mon frère et moi. Il a vingt-huit ans accompli, j'en ai vingt-quatre. Mon frère et moi, on ne peut pas vraiment dire que ce soit la joie. Pourtant, on était inséparables lorsqu'on était gosses, ça me rendait un peu mélancolique de repenser à lui car je faisais mon possible pour faire en sorte de l'effacer. Vous êtes proches tous les deux ? Je demande avec intérêt. Mon frère était quelqu'un d'important pour moi. Que ce soit dans le passé ou dans le présent, j'étais pas en mesure de le nier malgré tout ce qu'on avait pu vivre ensemble. Il me manquait. Atrocement même. Je continuais à marcher à ses côtés, laissant le son des vagues entrer dans ma tête pour effacer les mauvais souvenirs. |
| | | Sierra Desrosiersall i care about is love AVATAR : Hayley Williams.
✱ COLOCATAIRES : Son mec et sa fille.
| Lun 21 Avr - 6:20 | |
| Le brun me confirma qu'il me comprenait. Trop de règles pour lui, était-il accro également à la liberté ? Qui n'aimait pas ça après tout ! Je me souvenais alors de mon professeur préféré d'histoire au lycée, qui nous avait demandé une fois ce que c'était d'être libre. Une question qui nous avait donné du fil à retordre. "Etre libre, c'est d'avoir le choix" avait-il finit par répondre. Je trouvais ça vrai, et cette phrase ne cessait d'hanter mon esprit quand je pensais à ce sujet qui suscitait plein de débats philosophiques. Bien que j'ai suivi un cursus littéraire, je n'avais vraiment pas envie de partir dans ce sujet là en plein milieu de la nuit. Et petit à petit, je me rendais compte que j'avais fait une bêtise en lui parlant de la famille. Saul était curieux. Et c'était très bien ! J'étais moi-même curieuse, et ça montrait qu'il s'intéressait à moi, n'est-ce pas ? Mais nous en venions à parler trop en profondeur de mon frère. Je me sentais piégée. « Oui. » Répondis-je subitement à sa question. Ni plus, ni moins. Oh que oui nous avions été proches. J'étais carrément son pot de colle même. Puis, il y avait eu Ed: le début d'un conflit entre frère et sœur. Le début de la fin. Ensuite, il avait disparu. Six mois après, nous l'avions retrouvé mort. Je posai ma main droite sur mon bras gauche et le massai instinctivement. Auto-contact, signe de malaise. Je lâchai mon bras et repris: « Ton frère et toi, l'étiez ? » Mon verbe conjugué au passé sonnait faux à mes oreilles. Je n'avais pas fait exprès. Son frère n'était pas forcément six pieds sous Terre comme le mien non... Mais, il n'était peut-être pas non plus résident à San Francisco. Je scrutai le visage pâle de Saul, essayant d'y trouver une quelconque réponse avant qu'il me réponde... Et j'avais peut-être eu raison de parler au passé finalement. Mes sens s'activèrent rapidement pour trouver un autre sujet de conversation. Je levai les yeux au ciel. « Les étoiles sont belles ce soir. » Je dis ça avec sérieux, et franchise. La nature était belle. « Ça fait un petit moment que je ne suis pas sortie comme ça la nuit... Alors merci. » Je lui souris. |
| | | | Jeu 24 Avr - 17:10 | |
| Penser à mon frère, c'était redonner de l'importance aux échos faussement oubliés, à la distance qui nous séparaient aujourd'hui. Je ressentais toujours cette drôle de sensation lorsque les traits de son visage se dessinaient à nouveau dans mon esprit. Je me sentais comme étranglé par un remord impossible à définir. À force, il était devenu un sujet presque tabou. Je n'en parlais jamais. Pourtant, le fait que cela se passe avec Sierra ne me dérangeait pas autant que ça. Je ne lui avais jamais parlé en dehors de son travail et pourtant, je ressentais une confiance tacite envers elle. Quelque chose d'invisible et de trop confus pour que je puisses mettre des mots dessus. Même si notre discussion ne se perdait pas dans la profondeur, j'acceptais d'aborder le sujet et c'était déjà énorme pour moi. Sierra, quant à elle, restait assez éloignée dans sa réponse. Un simple oui. Trois lettres minuscules qui créaient plusieurs hypothéses confondues. Sûrement quelque chose à éviter. Mes pensées ne faisaient que suivre ses réactions. En marchant, je baissais le regard sur mes Doc Martens usés sans vraiment oser un contact visuel suite à sa question. Étiez, oui. Nous ne le sommes plus vraiment aujourd'hui. Parce que d'un côté, il avait sa vie et moi, j'avais la mienne. Ça devait faire un an et demi, peut-être plus, que je n'avais plus aucune nouvelle de lui et si je n'y pensais pas, je ne ressentais même plus le vide qu'il avait laissé. Lorsqu'elle s'est mise à parler des étoiles, j'ai levé la tête vers le ciel instinctivement. C'est vrai qu'elles étaient belles. Je les ai toujours trouvé fascinantes car malgré le fait que certaines se trouvaient à des années-lumières, elles brillaient assez fort pour que nous, êtres humains, puissions les voir. Je suis d'accord. J'ai parfois du mal à croire que ce n'est que de la matière morte et du gaz. Ou comment casser la beauté d'une chose en une phrase. Je croisais à nouveau le regard de la rousse alors qu'elle me remerciait. C'est plutôt à moi de te dire merci. Je dis sans réfléchir. Puisque c'est moi qui avait eu l'envie de la voir et de passer du temps avec elle, au-delà de sa vie professionnelle. J'espère vraiment qu'on se reverra. Je souris en retour en refermant un peu ma veste car oui, la nuit se faisait fraîche. Tu es venue en voiture ? |
| | | Sierra Desrosiersall i care about is love AVATAR : Hayley Williams.
✱ COLOCATAIRES : Son mec et sa fille.
| Ven 25 Avr - 16:34 | |
| Saul me répondit qu'il n'était plus proche de son frère. Je restai silencieuse, me pinçant la lèvre inférieure. Qu'est-ce que je pouvais répondre à ça ? J'étais désolée pour lui. La famille c'était important. Du moins, c'est comme cela que je voyais les choses. La famille était censée être là pour toi, tout le temps, à te soutenir, à t'aimer. Malgré la distance qui me séparait de mes parents, je les aimais et je savais que c'était réciproque. J'aimais discuter avec ma mère pendant des heures au téléphone, à rire, à pleurer, à parler de tout et de rien et du moral de mon père en prison. J'avais hâte d'aller les voir cet été. Changement de sujet à propos des étoiles de la nuit. Je ne pus m'empêcher d'avoir un léger rire face aux paroles de Saul. Il ne fallait pas le dire ça, ça cassait tout le charme de ces petites paillettes brillantes. Je passai ma main sur ma bouche pour dissimuler un petit bâillement. J'avais loupé le nouvel appel du marchand de sable. Ça sentait la fin. Le jeune homme me remercia également. Je me mis à l'observer le temps d'un court instant et une sensation étrange me traversa les tripes. Oh boy... « On se reverra. » Dis-je au tac au tac, la voix lointaine. Je savais qu'on se reverrait. Je n'étais pas devin ou que sais-je, mais je le savais. J'hochai la tête à sa dernière question. « Oui, je suis venue en voiture. » Je balayai mon regard autour de nous comme si j'allais voir un quelconque moyen de locomotion qu'aurait emprunté Saul. Oui sur la plage, sur le sable, comme si j'y pouvais voir une voiture genre normal... J'étais fatiguée. « Je te raccompagne ? » Lui proposai-je poliment alors que je rebroussais déjà le chemin. |
| | | | Mar 29 Avr - 13:03 | |
| Je me rends compte qu'il se fait tard et que le temps a caressé mon être sans que je ne m'en aperçoive. Sierra venait de me faire oublier le temps, moi dont la vie était parfois chronométrée à la minute près et ça me faisait du bien de m'évader un peu. Ce n'est pas que je haïssais mon train de vie, c'est même carrément le contraire mais je commençais à fatiguer et la fatigue avait disparue à ses côtés. Ça a été notre première discussion et je ressentais déjà l'envie de la revoir, de partager d'autres moments avec elle car elle me rendait curieux et que je n'avais pas vraiment l'habitude de l'être. Elle me paraissait différente des visages et des mentalités que j'avais croisé à San Francisco. Je trouvais en elle une certaine pureté lumineuse qui était invisible chez les autres et ça me chamboulait sans que je ne saches trop pourquoi. Elle m'avait fait repensé à mon frère, certes mais avec elle, ça ne me semblait pas si négatif qu'à l'habitude. Cette nostalgie-là est tendre et affectueuse. Lorsqu'elle me dit qu'on se reverra, je ne peux pas m'empêcher d'être ravi. Je l'observais regarder tout autour d'elle en me demandant ce qu'elle cherchait puis j'ai compris quelques secondes plus tard que son attention s'était attachée à un moyen de transport que je n'avais pas. J'étais venu à pieds, pour prendre l'air et mieux dormir en cette fin de nuit. Si ça te dérange pas, ouais je veux bien que tu me raccompagnes. J'ai répondu, en la suivant jusqu'à sa voiture. Elle a démarré puis je lui ai indiqué le chemin du loft qui n'était pas si éloigné que ça de la plage. Je suis sorti de la voiture en lui collant un baiser sur la joue en riant un peu. J'ai pas pu m'en empêcher, tu m'excuseras hein ! Merci de m'avoir ramené et bonne nuit. Je sors de la voiture en fermant la portière derrière moi et rentre dans mon immeuble. |
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