tu ne peux plus sortir de chez toi. tu peux tout juste sortir de ta chambre. samedi matin, tu as demandé à khris de venir chercher katie. tu peux pas t'en occuper. t'as été froide et distance, t'as fait en sorte qu'il mette ça sur le compte de votre relation encore et toujours chaotique. t'as même pas pleuré. t'as même souris quand katie s'est jetée dans tes bras pour te dire au revoir, ses deux couettes sur la tête et son sac à dos coccinelle trois fois trop grand pour elle. ça avait été la seule fois que tu avais souri depuis la nuit de vendredi à samedi. t'aurais pu en parler à khris. ou à lera. ou même à luca. voire elyes. ou bien nate, mais il avait bien d'autres choses à faire que s'occuper de toi. et de toute façon, tu pouvais pas en parler. t'avais tellement honte. honte de pas avoir réussi à fermer ta gueuler ce soir là. honte de pas avoir réussi à l'empêcher. honte d'avoir été aussi naïve et sure qu'il t'arriverait rien. enroulée dans un plaid sur ton lit, un joint entre les lèvres (facilement le cinquième de la journée) tu regardes par la fenêtre. il va falloir que tu sortes. on est lundi, il faut que tu ailles chercher katie chez khris. et puis il fait jour, il faut que tu arrives à ressortir le jour au moins. tu finis ton joint et tu cherches des fringues dans ta penderie. tu attrapes un legging noir et un pull beige. tu enfiles une paire de nike et ta veste par dessus. tu as dis à khris que tu viendrais dans l'après-midi. t'avais cru que t'irais mieux, que le malaise serait passé. il est pas passé, mais katie te manque trop. tu te regardes dans le miroir de la salle de bain. t'es encore un peu marquée au cou, là où le type avait appuyé son bras pour t'empêcher de bouger. tu mets un peu de fond de teint et une écharpe. tu te maquilles pas. t'as les yeux explosés, rouges, les cinq joints se font ressentir. ça va passer. pendant tout le trajet, tu tiens ton téléphone à la main, prête à appeler khris si quelqu'un s'approche trop. tu sursautes dès que quelqu'un te bouscule. t'as envie de pleurer. de rentrer chez toi. après le parcours du combattant, tu arrives chez khris. tu sonnes. tu te composes un visage serein. pour qu'il ne pose pas de questions. et que ta fille s'enfuie pas en courant en te voyant. tu plaques un petit sourire sur tes lèvres.

Samedi je suis venu chercher Katie sur demande express de Frankie. Ca m’a pas paru bizarre sur le coup au téléphone, bien que sa voix tremblait un peu, jusqu’à ce que je vois sa tête. Quelque chose n’allait pas, vraiment pas, je la connaissais assez pour le deviner sans qu’elle me le dise. J’avais pas eu le temps de lui demander quoi que ce soit, elle avait tout fait pour que je m’en aille vite. Elle me parlait froidement, toujours, surement à cause de notre dernière engueulade en date. J’y étais allé fort, je le reconnais, mais elle l’avait bien cherché. J’avais même pas réussi à savoir si elle faisait la pute ou pas finalement. De toute façon, quoi que je puisse lui dire elle n’en ferait qu’à sa tête, comme toujours avec elle. J’avais essayé de plus y penser ensuite, de profiter du week-end avec ma fille puisque je ne pas voyais pas autant que je le souhaitais. Ca fait un moment que j’y pense mais je crois que je vais me retirer du business. Je me fais vieux, j’ai plus ce besoin de danger que j’avais avant. Tout ce que je veux c’est récupérer Frankie et je suis trop con pour ça. Je trouve jamais les mots qu’il faut et ça fini toujours en dispute. Parce que je me sens toujours trahis par ce qu’elle m’a fait alors que la mort du bébé s’apaise peu à peu. Je veux lui dire que je l’aime et que j’aurais jamais du les délaisser dans un moment pareil, que je suis qu’un débile qui n’a jamais su gérer ses émotions et que j’ai préféré me cacher plutôt que de lui montrer à quel point j’allais mal. Que je ne voulais pas voir son visage si triste tous les jours, que je ne voulais pas voir Katie et imaginer comment aurait pu être son petit frère et sa petite sœur. Comment on a pu en arriver là sérieusement ? On était heureux, mariés, on allait agrandir la famille Jones. Mais non, il fallait que ça foire une fois de plus, comme d’habitude quand ça nous concerne. J’ai pas envie de partager Katie, j’ai pas envie de divorcer non plus. Je sais pas si elle va vraiment faire les papiers, je les ferais pas. Plutôt crever. Je joue avec ma fille sur mes genoux, trop heureux de l’avoir seulement pour moi. On sonne, ça peut être qu’une personne, sa mère. Je me lève, Katie toujours dans mes bras, j’ouvre la porte. Frankie sourie et je soupire intérieurement. Elle croit sérieusement qu’elle peut m’avoir avec un sourire aussi pourris ? Avec des inconnus peut-être mais avec moi, la blague. Je me pousse pour la laisser rentrer. « Rentre. » Katie se tortille dans tous les sens, en direction de Frankie. Je lui donne, elle doit lui avoir manqué, comme à moi. Je sais toujours pas quoi lui dire quand je la voie, mon cœur bat trop vite et mon cerveau devient immédiatement de la bouillie. Je repose Katie par terre et je me tourne vers Frankie. « Tu vas pas bien. », c’était pas une question non. Je le sais, ça veut juste dire que maintenant elle doit m’expliquer.

revoir khris te fend le cœur à chaque fois. tu sais jamais comment ça va se passer. un jour vous êtes presqu'en bons termes, le lendemain tu as envie de le frapper. la situation entre luca et toi n'arrange pas les choses, tu le sais bien. mais luca n'est pas là. khris est là, lui. d'accord, avec toutes les conséquences que ça représente, mais il est là. et peut-être qu'au fond, tu sais bien qu'il sera toujours là. vous deux, c'était pas pour de faux, c'était vrai. on peut pas balayer ces trois années de bonheur (et de galères) comme ça. tu sais bien que khris, tu l'aimes encore. bien sur que tu l'aimes encore. c'est peut-être même pour ça que depuis que t'as recommencé à faire le trottoir, t'as couché avec personne. tu étais juste en vitrine. oui, ça doit être pour ça. tu peux pas le nier. khris hante encore et toujours ton cœur comme s'il voulait pas en sortir. ou comme si tu voulais pas le laisser partir, finalement... tu frappes, tu souris et tu attends qu'il t'ouvre. en espérant que tout ira bien. pas de disputes, tu pourrais pas le supporter aujourd'hui. t'as même envie de tout lui dire. tout lui raconter. mais tu sais qu'il s'énervera. tu sais qu'il dira que tu l'as cherché. et t'as pas le courage de subir ça. non, tu diras rien à khris. surtout pas. khris ouvre la porte, katie dans les bras. tu gardes ton sourire alors que ton cœur se brise en mille morceaux. c'est cette image de vous que tu aimes, elle lui et toi. vous étiez tellement parfaits. parfaitement imparfaits. « rentre. » il dit. sa voix... tu t'exécutes, silencieuse. katie tend les bras vers toi. tu la prends et tu la serres contre toi. elle sent le bébé et elle sent khris. tu fermes les yeux. « tu vas pas bien. » il dit. tu sursautes presque tellement tu t'y attendais pas. qu'est-ce que tu croyais ? que ton petit manège fonctionnerait avec lui ? lui qui te connait par cœur, absolument par cœur ? « je vais bien. » tu réponds. et tu poses katie. « tu vas chercher tes affaires ? » tu dis. elle hoche la tête et part en courant chercher son sac à dos. tu te retournes et khris est plus près que tu l'avais prévu. ça te surprend. tu sursautes et fais un bond en arrière. comme si lui aussi il allait te faire du mal. comme si... comme ce que t'aurais voulu faire l'autre soir. « excuse-moi. » tu soupires. tu te frottes un peu les yeux. « je peux fumer ? ça s'est bien passé, vous deux ? » tu demandes. en attendant que katie revienne.

Je continue de m’inquiéter pour elle alors que je ne suis pas censé. Elle doit s’en foutre pas mal de si je vais bien ou pas, elle m’a quitté après tout. Frankie ne doit même pas penser qu’elle me manque chaque seconde et que je souffre de son absence. Je ne veux pas qu’elle le voit, je préfère qu’elle pense que je suis en colère plutôt que triste. Ca fait moins faible. Le visage de Frankie… toujours aussi beau et pourtant je sens que ce qui ne va pas la ronge. C’est pas une broutille du genre une engueulade avec une amie. Peut-être qu’elle s’est disputée avec Luca, si seulement c’était ça. Je sens que c’est plus grave que ça et je sens aussi que ça va pas me plaire. J’arrive à deviner tout ça juste en la regardant, elle m’évite du regard comme physiquement. Elle me cache quelque chose c’est sur. « je vais bien. », à d’autres, elle peut pas me mentir. Pas à moi. On a été en couple trois ans, elle espère quand même pas que je vais y croire et passer à autre chose, si ? Ou alors elle me prend pour le roi des cons, c’est surement ça. « tu vas chercher tes affaires ? » un hochement de tête et elle part en courant dans l’autre pièce. Qu’elle est sage. Je me demande comment on a réussi à faire une gosse comme ça, je me serais attendu à avoir un petit monstre plutôt qu’une magnifique petite fille sage. J’attends qu’elle est seize ans pour pouvoir juger tout de même. Frankie se retourne vers moi et sursaute. Un vrai sursaut. Elle a peur de moi ? J’ai jamais levé la main sur elle, je comprends pas ce qui lui arrive tout d’un coup. Elle sait très bien que je lui ferais jamais de mal. Sauf si ça concerne Katie, mais elle le sait aussi. « excuse-moi. », je la regarde, un sourcil levé, je comprends toujours pas ce qu’elle a. « je peux fumer ? ça s'est bien passé, vous deux ? », voila qu’elle change de sujet. J’aurais du le voir venir. « Ouais fumes, oui ça s’est bien passé. » Je m’assois dans mon canapé et m’allume une clope. Je réfléchis deux secondes, comment lui faire cracher le morceau ? « Bon, arrêtes de changer de sujet maintenant. Je sais qu’il y a un truc bizarre avec toi donc dis-moi tout de suite. » J’inspire une bouffée, fixant Frankie. Je ne lacherais pas l’affaire tant que je ne saurais pas quel est son problème.

« ouais fumes, oui ça s’est bien passé. » tu sors une cigarette sur autorisation de khris. tu la coince entre tes lèvres et cherche un briquet des yeux. tu sais qu'il y a en a toujours sur la table basse du salon. alors tu regardes et tu le prends, allumant ta cigarette à la suite de khris. il est assis sur le canapé. et dans la seconde, tout ce que tu voudrais c'est aller t'asseoir vers lui. te rouler en boule contre lui et qu'il te dise que ça va aller, ça va bien se passer. que tu vas tout oublier. oui bien sur tu vas tout oublier. et peut-être même qu'il t'embrasserai et que ça te donnerai pas envie de pleurer. et que ça te donnerait pas envie de vomir. parce que là, c'est ça ton problème. t'as l'impression que si quiconque te touche, tu vas gerber tes tripes et crever. « bon, arrêtes de changer de sujet maintenant. je sais qu’il y a un truc bizarre avec toi donc dis-moi tout de suite. » il te prend par surprise. bien sur tu te doutais que tu pouvais pas le tromper avec quelques petits sourires. il te connaissait aussi bien que toi tu le connaissais ; aussi tu savais qu'il ne lacherait rien tant qu'il ne saurait pas la vérité. tu songes à inventer un truc bidon, qui le contenterait. mais tu sais que ça marchera pas. tu pries pour que katie revienne et que tu puisses partir, parce que tu te sens pas d'affronter khris. pas encore. « on va pas se prendre la tête maintenant, hein ? » tu lances. sans le regarder. t'as déjà presque les larmes aux yeux. tu vas en direction de la chambre de katie. tu la retrouves en train de jouer et pas du tout en train de ranger ses affaires. tu soupires. « katie, dépêche toi, s'il te plait... » tu dis, même pas méchamment. tu retournes dans le salon. khris n'a pas bougé. il est là, il est déjà énervé par ce qu'il ne sait pas. tu sais que si tu lui dis ce sera pire. et puis, t'as trop honte, trop honte pour lui dire à lui. tu voudrais qu'il te voie toujours comme la fille parfaite et après ce qui est arrivé, c'est impossible. tu vas vers la fenêtre et tu tires sur ta cigarette. silencieuse.

J’ai envie de la prendre dans mes bras, de la serrer fort contre moi, la protéger de tout. Je veux qu’elle me dise ce qu’il se passe. Je sais bien que je pourrais rien faire, que je pourrais pas la réconforter comme je l’aurais fait à une certaine époque, quand on se considérait encore comme mari et femme, quand elle était encore à moi. Je pense même pas qu’elle me laisserait lui prendre la main si j’essayais maintenant. On est plus ensemble, une fois de plus, mais je sais pas si ça va s’arranger cette fois. On en a connu des crises, beaucoup de crises même. On s’est déjà séparé une fois et pourtant ce coup là c’est différent. J’ai l’impression que trop de choses nous éloignent l’un de l’autre. Le bébé, mon travail, le fait qu’elle veuille refaire la pute pour gagner de la thune, Luca et tous les mecs qui lui courent après. Je supporte pas de les voir là, tous à ses pieds, attendant juste le moment où elle écartera les jambes. Ca me rend malade, physiquement, ça me donne envie de vomir. Je sais bien qu’elle ne « m’appartient » plus – si elle m’a appartenu un jour- mais j’arrive pas à me faire à l’idée qu’un mec pourrait être à ma place, auprès d’elle. Je veux pas qu’un pauvre connard s’occupe mieux d’elle que je ne l’aurais jamais fait. Je veux pas qu’elle se fasse toucher par un autre, je le supporterais pas. Je veux juste pas que quelqu’un rende Frankie heureuse alors que j’y suis moi-même jamais vraiment arrivé. Je vois bien qu’elle est pas heureuse toute seule. Elle est mieux sans moi mais pas sans quelqu’un. Faut vraiment que j’arrête de penser aux trucs comme ça, je vais me faire plonger tout seul en dépression. Elle allume sa clope, comme d’habitude, comme avant. « on va pas se prendre la tête maintenant, hein ? », elle me regarde pas, je déteste quand elle fait ça. Me fuir du regard c’est me montrer que j’ai raison, si elle évite mes yeux c’est qu’elle veut me cacher quelque chose que je ne risque pas d’apprécier. Je fais non de la tête pour répondre à ça question, non on va pas se prendre la tête. Tu cracheras le morceau quoi qu’il arrive. Frankie disparait pour aller voir ce que fait Katie, ça m’étonnerait pas qu’elle soit en train de jouer, elle a pas un temps de concentration très long. Je l’entends lui parler, « katie, dépêche toi, s'il te plait... », elle veut fuir mais je l’aurais avant. Je me lève face à elle, fumant toujours sur ma clope, mes yeux dans les siens. « Frankie, s’il te plait, je vais pas te le demander un milliard de fois : qu’est-ce qu’il se passe ? » j’étais gentil et elle avait plutôt intérêt à faire des efforts. J’aurais tout aussi bien pu faire le connard et ne rien dire en remarquant qu’elle était bizarre, mais non. Je voulais pas la laisser comme ça. Si elle allait mal, j’allais mal, aussi simple que ça. « On va pas jouer au plus con, tu vas perdre alors dis-moi maintenant. »

tu tu tires sur ta cigarette silencieuse. quoi que tu fasses, dès que t'as deux secondes de répit, tu repenses à cette nuit. tu revois ce type et ses mains sur toi. c'est vraiment bien fait pour toi, t'attires toujours les emmerdes. et puis t'avais qu'à écouté ce qu'on te disait. t'es qu'une sale tête de mule. t'as voulu en faire qu'à ta tête et maintenant... et maintenant quoi ? te voilà comme une merde. tu expires en regardant par la fenêtre. khris se lève et vient se poser devant toi. tu veux pas le regarder. si tu le regardes, tu sais que tu vas perdre le peu de confiance qu'il te reste et alors tu vas pleurer et tout avouer. et il va faire une crise. vous allez vous engueuler, encore et encore. et il te dira qu'il te l'avait bien dit, que t'avais cherché la merde, que t'aurais pas du retourner sur le trottoir et rien de tout ça serait arrivé, que si t'étais moins conne et que tu prenais un peu sur toi, tu le pardonnerait et vous pourriez être à nouveau ensemble et heureux. non... ça il le dirait pas. ça c'est presque ce que tu voudrais qu'il te dise. pour avoir l'impression d'encore compter pour lui. « frankie, s’il te plait, je vais pas te le demander un milliard de fois : qu’est-ce qu’il se passe ? » tu pinces les lèvres. il parle gentiment, ça te fout dedans. t'as envie de lui sauter au cou, de pleurer et qu'il te rassure. tu esquives encore son regard. « on va pas jouer au plus con, tu vas perdre alors dis-moi maintenant. » un petit sourire peut pas s'empêcher de se dessiner sur tes lèvres. il part aussi vite. tu relèves la tête. et il te regarde. et il... il est là, quoi... c'est tout. c'est khris. il est là, et il a presque l'air de s'inquiéter pour toi. et toi tu voudrais... effacer tout ce qu'il s'est passé depuis ta fausse couche. tu oublies luca, le trottoir et tout le reste. plus rien n'a d'importance, tu voudrais retrouver ta famille. les larmes montent à tes yeux. tu vas pleurer, encore et toujours. t'es vraiment une putain de pleureuse frankie. tu jettes ta cigarette dans le cendrier. tu resserres tes bras autour de ta poitrine et puis tu vas t'asseoir. tu essuies tes yeux et puis tu lèves la tête vers lui qui n'a pas bougé. « s'il te plait... promets moi de pas m'engueuler... » tu soupires. c'est la seule condition. parce que tu sais que ça va le foutre dans une rage folle.

C’est pas ce que je voulais pour nous deux. Je voulais pas qu’on devienne aussi distants l’un envers l’autre. Je voulais faire ma vie avec elle, y’a qu’avec Frankie que je voulais ça. Toutes les autres ne sont rien comparées à elle. Il y a toujours un truc pour nous séparer. Un de nous deux foire, l’autre pète un câble – tout naturellement – et c’est partit pour des heures d’engueulade. J’ai pas envie de me disputer avec elle aujourd’hui, pas alors que Katie est dans la pièce d’à côté. Mais je sais aussi très bien que ça dépendra seulement de ce qu’elle va me dire. Que j’arriverais pas à me contenir si ce qu’elle m’avoue est trop grave, et j’avoue que j’ai peur à ce moment-là. Peur qu’elle me dise quelque chose qui nous éloignera encore plus. Je veux pas que les choses s’aggravent une fois de plus, on est déjà à un point que j’aurais jamais envisagé. Je repense à notre discussion dans le parc, à tout ce que j’ai pu lui dire. Quel con sérieux, fallait vraiment que j’arrête d’empirer les choses entre elle et moi. Je me dis que, cette fois, je vais essayer de rester calme quoi qu’elle me dise. Ouais, essayer. J’ai pas envie de la regarder, c’est trop dur de la voir devant moi et de ne pas pouvoir la toucher. On était tellement collés l’un à l’autre, de vrais niais. Maintenant je n’osais même plus la regarder dans les yeux. Je jette un coup d’œil furtif dans sa direction, faisant mine de tirer une latte sur ma clope. Elle a les yeux rouges, elle va pas se mettre à chialer ? Faut pas. Faut pas qu’elle pleure devant moi. Je suis trop faible lorsqu’elle est dans les parages. Frankie vient s’asseoir à côté de moi, je la laisse faire, sans la regarder toujours. Ca me fait bizarre qu’elle soit aussi proche de moi. D’habitude j’aurais passé mon bras autour de ses épaules et elle aurait atterrit directement dans mes bras. Pas cette fois. « s'il te plait... promets moi de pas m'engueuler... », je le sens mal. Très mal. Si elle me dit ça c’est qu’elle sait que je vais m’énerver. Je respire, essayant déjà de rester calme. Je me prépare mentalement. « Promis, c’est bon, dis-moi. », je promettais sans vraiment y croire. Si je devais péter un câble, je le ferais. Je baisse les yeux vers elle, cherchant déjà à savoir ce qu’elle pense. Pitié que ce ne soit pas à propos d’elle, qu’on ne lui ai pas fait du mal.

tu sais pas trop comment tu peux annoncer le truc sans que ça vire au drame. tu voudrais que les choses se passent bien entre vous, maintenant. et ce qui t'es arrivé ne va pas du tout arranger les choses entre khris et toi. tout ce que qui te rassure c'est que le dire à khris, c'est plus simple que le dire à quiconque d'autre. genre luca. tu pourrais jamais lui dire. il vient trop d'un monde de bisounours pour pouvoir comprendre. c'est peut-être bien ce qui te plait chez lui. c'est un gentil garçon. mais seul khris peut gérer une crise comme celle qui s'annonce. tu le sais mieux que n'importe qui. tu sais que la noirceur de ta vie ne l'effraie pas, parce qu'il a la même. il t'a déjà vu amochée. il t'a déjà vu au fond du trou. il connait tout de toi, le meilleur comme le pire. ou peut-être que si tu lui fais peur. parce qu'il peut pas te gérer, toi et ton sale caractère, toi et les emmerdes que tu attires à quinze kilomètres à la ronde. la moindre merde est pour toi. t'as besoin de la main de khris dans la tienne pour réussir à avancer. depuis que vous êtes plus ensemble c'est la décadence. et maintenant que tu t'es fait violer, ça pourrait qu'être pire. tu pourras jamais plus laisser quelqu'un te toucher. tu pourrais jamais plus faire semblant d'être heureuse, que tout va bien. tout ira bien si khris te soutient. sauf que voilà... c'est plus son rôle. vous êtes encore officiellement mariés. mais tu sais qu'il a plus aucune obligation envers toi. que si tu lui dis que tu t'es fait violé et qu'il dit « ok, démerde toi » tu pourras juste prendre ta veste et ta fille, et puis te tirer et te démerder. tu sais aussi que lui demander de te promettre de rester calme n'a aucun sens et que c'est des promesses en l'air. khris et toi avait jamais réussi à rester calmes. « promis, c’est bon, dis-moi. » il te convainc pas plus qu'il ne doit se convaincre lui même. tu joins tes mains sur te genoux et tu commences à jouer avec tes doigts. t'arrête de le regarder, c'est plus possible. « t'avais raison, c'était pas une bonne idée de retourner là bas. » tu sais qu'il sait ce que c'est « là bas » t'as pas besoin de préciser. « j'ai arrêté. c'était pas... c'était pas une bonne idée. » bon... c'est pas mal, déjà. il en restera pas là, mais là t'as pas d'inspiration.

C'est de a torture, elle me fait attendre des années avant de me dire ce qu'il s'est passé. Pourtant elle sait que je peu tout encaisser, ou presque. Et je pense pas que ce qu'elle pourra me fera plus de mal que lorsqu'on a apprit qu'on avait perdu le bébé. Katie joue toujours dans la chambre, insouciante. Si elle savait la vérité sur ses parents... On est pas des modèles de vertu, on le sait. En espérant que le jour où elle apprendra que sa mère était une pute et son père un dealeur arrivera le plus tard possible. Je pense pas que j'aurais besoin de lui expliquer à quel point ma relation avec Frankie est difficile, elle l'aura sûrement déjà comprit d'ici là. Surtout si sa mère décide vraiment de demander le divorce. Si j'arrive pas à la récupérer avant, ce que je sens arriver très prochainement. Je sais que je suis con et que c'est mon orgueil, ma fierté masculine qui m’empêche de revenir vers elle et de faire les choses bien pour changer. Je préfère jouer le connard, c'est bien plus facile et on souffre moins. Elle comme moi j'imagine. Malgré ça, j'attends qu'elle me dise qu'elle m'aime toujours. J'attends qu'elle me pardonne du jour au lendemain pour tout ce que je lui ai fait. Ça n'arrivera pas, parce qu'elle est comme moi. Je le sais que trop bien. C'est sûrement pour ça que ça ne marchera jamais entre Frankie et moi. Trop cons pour se dire qu'on s'aime, pas assez intelligents pour comprendre comment arranger les choses. Des fois je me dis que c'est irrécupérable, qu'elle et moi c'est fini pour de bon. Et que je serais plus jamais heureux de toute ma vie. « t'avais raison, c'était pas une bonne idée de retourner là bas. » Elle me coupe dans mes pensées avec ce que je redoutais le plus. Elle me confirme qu'elle est retournée donner son cul et j'ai immédiatement envie de vomir. Ils l'ont touchée, ma Frankie. Je respire pour ne pas rendre mon déjeuner sur le sol. « j'ai arrêté. c'était pas... c'était pas une bonne idée. » ça me soulage qu'elle me dise que c'est fini, elle a enfin comprit que c'était pas la chose à faire. Pour elle comme pour Katie, pour moi aussi. Je la regarde, si elle a tout arrêté c'est pour une raison et je commence à avoir un nœud dans le ventre. Ce qu'elle vient de faire ce n'était qu'une introduction, y'a autre chose qu'elle me cache et j'aime vraiment pas ça. « Pour l'instant je vais passer sur cette magnifique connerie que tu as fais alors que je t'avais prévenue et le fait que tu mériterais une claque. » Je respire encore, faut rester calme. « Désolé. », je soupire. Je prends une nouvelle clope dans mon paquet qui est posé sur la table. J'arrive toujours pas la regarder dans les yeux, je me concentre sur ses lèvres mais c'est pas mieux. « Assez joué. Tu me dis ce qui t'as fait changé d'avis. » J'ai pas envie de savoir mais je peu pas m'en empêcher.

ta cigarette finie, tu l'écrases consciencieusement dans le cendrier, histoire de perdre encore quelques secondes. voire quelques minutes. déjà t'as du admettre que t'étais retournée sur le trottoir. et avouer ça à khris ça te fout en vrac. t'arrive pas à imaginer un autre que lui te toucher. il te connait par cœur. il sait tout de toi. et les autres te traitent comme de la merde. y'a que dans les yeux de khris que tu te vois comme une princesse. y'avait qu'avec lui que t'avais l'impression de pouvoir être quelqu'un de bien. t'aurais voulu que tout soit parfait. khris tu l'aimes. tu l'aimes toujours, évidemment. à en crever. aujourd'hui encore s'il te disait de tout oublier, de tout reprendre à zéro, tu dirais oui. tu peux pas t'empêcher de penser qu'il est l'homme de ta vie. même après tout ça. et puis tu reviens à la réalité : tout ça n'existe plus. khris et toi, ça n'existe plus. ça te donne envie de vomir. tu voudrais pleurer, mais t'as déjà trop pleuré pour vous deux. les seules larmes que tu peux encore avoir, c'est à cause de vendredi soir. instinctivement, tu passes ta main sur ton cou, pour vérifier que ton écharpe est bien à sa place, en train de caché les quelques marques qui restent. « pour l'instant je vais passer sur cette magnifique connerie que tu as fais alors que je t'avais prévenue et le fait que tu mériterais une claque. » tu te mords la lèvre inférieure. c'est bien fait pour ta gueule. tu dis rien, tu encaisses. « désolé. » tu hoches la tête. il le pense pas vraiment. tu dis toujours rien. tu réfléchis à tes mots, tu réfléchis à une tournure de phrase qui fera passer la pilule un peu plus facilement. « assez joué. tu me dis ce qui t'as fait changé d'avis. » tu sais que khris peut encaisser ce que tu as à lui dire. tu sais qu'il peut survivre à ça, pas besoin de faire dans la dentelle. tu prends ton souffle. tu sors une nouvelle cigarette de ton paquet et tu l'allumes. tu te tournes vers lui. non, pas le regarder. c'est pas une bonne idée. tu tires sur ta cigarette. « j'ai... » non, pas comme ça. « un type m'a agressé. je sais pas qui c'est, alors me le demande pas. » tu dis. c'est la vérité. t'as un trou noir, tu saurais même pas le décrire. tu pourrais même pas dire s'il était blanc ou noir. tu tournes la tête vers lui. agressé ça veut rien dire. s'il demande des détails, tu sera obligée d'être plus précise. et là, tu signes ton arrêt de mort. alors que t'es terrifiée. tu peux plus rien faire, tu voudrais juste qu'il te serre dans ses bras. qu'il te laisse pleurer un bon coup et qu'il te dise qu'il est là. mais tu sais que ça se passera pas comme ça.

J'ai envie de savoir, j'ai pas envie de savoir. Je sens que le moment approche de plus en plus et j'ai déjà beaucoup trop peur. J'ai déjà l'estomac qui fait du saut à l'élastique alors que j'ignore toujours ce qu'elle compte me dire. Elle gagne du temps, toujours. C'est bien pour elle, c'est mal pour moi. L'appréhension de fait que monter en moi de minutes en minutes et la chute ne sera que plus vertigineuse lorsqu'elle m'apprendra enfin la « nouvelle ». Elle retarde les choses parce qu'elle a peur de ma réaction, sûrement, tout comme moi. Elle sait que je vais péter un câble, même si je viens de lui promettre le contraire. Elle me connaît comme je la connais, parfaitement. Et elle devrait savoir aussi que de retarder l'échéance ne changera rien à ma réaction. Mais merde, qu'est-ce que ça peut être pour qu'elle me fasse attendre si longtemps ? « j'ai... » aller, accouche bordel. J'en peux plus d'attendre pendu à ses lèvres, ses jolies lèvres. Je détourne les yeux, ne pas la regarder, c'est ce que je m'étais dit de faire. Mais c'est dur, je fini toujours par la regarder. Parce qu'elle a pas changé, elle est toujours aussi belle, comme au premier jour. « un type m'a agressé. je sais pas qui c'est, alors me le demande pas. » je comprends pas de suite, mon cerveau ne veut pas assimiler les mots ensemble. Je sais pas ce qui se passe à ce moment mais mon corps se lève de lui-même et je me retrouve dos à elle. Tant mieux, c'est ce qu'il me faut pour l'instant. Je passe mes deux mains dans mes cheveux, de l'avant vers l'arrière. J'essaye de me calmer et de bien comprendre en même temps. Ça non plus c'est pas facile pour moi. Ce gars, je sais pas qui c'est et peu importe. Je veux le retrouver et lui couper les couilles, lui briser les cotes une par une, le paralyser à vie. Personne ne touche à Frankie, ma Frankie. Personne n'a le droit de lui faire du mal, quel qu'il soit. Mais une question résonne dans ma tête, une seule et unique question que j'ai peur de poser. Je regarde dans le vide droit devant moi, les mains croisées contre l'arrière de mon crane. Je ne veux pas savoir la réponse mais je suis bien obligé de demander. Le silence m'oblige à le dire, maintenant. « Qu'est-ce qu'il t'a fait Frankie ? ». C'est fait. Je ne veux pas la regarder, je ne veux pas. Et pourtant je me tourne vers elle, laissant tomber mes bras. Je la regarde dans les yeux, parce que c'est important. La réponse qu'elle va me donner pourrait tout changer, surtout dans ma tête. « Dis-le moi Frankie. Il faut que je sache. » J'ai besoin de savoir, même si techniquement sa vie ne me concerne plus. Mais je veux savoir si elle a besoin de moi, parce que je suis là et que je serais toujours là.

« qu'est-ce qu'il t'a fait frankie ? » la voix de khris résonne dans ta tête. comment lui dire ? la vérité c’est que même toi tu voudrais oublier cette soirée. oui, ut regrettes d’avoir accepté la proposition d’elyes. mais avant ça, tu avait fait le trottoir pendant des années et il ne n’était jamais rien arrivé. et puis tu n’avais jamais été du genre à te laisser faire, personne ne t’avais jamais fait de mal. sauf peut-être la fois où tu étais allée chez khris après t’être faite castagnée. mais déjà là c’était parce que tu passais ton temps à penser à lui et pas parce que tu étais une petite chose sans défense. tout ce que tu espérais, c’était oublier cette nuit de vendredi soir. et tu regrettais soudain d’être venue rechercher katie toi-même, tu aurais du demander à gaia ou lera, ou même à noah. khris te connaissais trop bien et tu aurais du te douter qu’il devinerait tout de suite qu’un truc clochait chez toi. et maintenant, tu n’avais plus d’autre choix que de lui dire la vérité… « dis-le moi frankie. il faut que je sache. » t’as l’impression qu’au fond de lui, il sait déjà. enfin quoi… c’est khris. il sait très bien comment se passe les choses dans la rue. et il savait aussi que tu ne serais pas dans cet état si tu t’étais juste fait taper dessus. oui, t’étais certaine qu’au fond, khris savait la vérité… comment toi tu pourrais dire calmement à celui que tu aimais plus que tout que tu t’étais fait violée ? t’avais bien trop honte pour pouvoir lui dire comme ça. rien que de lui dire ou d’imaginer lui dire te foutait le moral en vrac, déjà que t’avais tendance à déprimer depuis que t’avais quitté khris… « tu le sais déjà, non.. ? » tu souffles doucement. tu lèves les yeux vers lui. ton regard se plonge dans le sien et tu voudrais juste te cacher dans ses bras pour toujours. mais tu sais que cette option n’est plus envisageable… « je suis désolée… » tu sais pas trop pourquoi tu t’excuses. pour t’être fait violée ? pour pas l’avoir écouté quand il t’as demandé de pas retourner sur le trottoir ? pour l’avoir quitté ? pour avoir perdu votre deuxième enfant ? pour avoir tout fait foiré en beauté encore une fois…

Je connais la rue comme si j'y étais né. Tous les sales coups qu'on peut vous faire, toutes les emmerdes qui peuvent vous tomber dessus. Je sais très bien ce qui peut arriver à une fille qui reste trop tard dehors, surtout si c'est une prostituée. Combien de fois j'ai vu passer des filles en sang devant moi alors que j'attendais mes clients ? Beaucoup trop. Combien de fois j'en ai vu pleurer dans le coin d'une ruelle ? Je compte plus. Quand tu travailles dans le milieu il faut s'attendre à ce genre de trucs, c'est pas un compte de fée la rue. Surtout quand t'es une fille. Frankie en est une et je sais très bien à quoi m'attendre. Je veux pas, c'est tout, je veux pas que ça lui soit arrivé. Pas à elle, je l'aime trop pour savoir qu'on lui a fait ça. « tu le sais déjà, non.. ? » sa voix résonne dans le silence de la pièce. Oui je sais. J'ai envie d'exploser un mur, à défaut de retrouver le fils de pute qui lui a fait ça pour le tuer. J'arrive pas à croire qu'elle se soit faite... le mot est trop dur pour moi. De savoir qu'un gars l'a touchée mais qu'en plus elle a sûrement crié, pleuré... Je la regarde, c'est moi qui ai envie de pleurer. Parce que je ressens sa douleur, parce qu'elle est devenue une partie de moi. J'ai envie de lui dire que je l'avais prévenue, qu'elle aurait pas du faire ça. Mais je suis pas un connard à ce point et de toute façon j'ai la gorge trop nouée pour prononcer un seul mot. J'ai envie de la pendre dans mes bras mais je peux pas. « je suis désolée… » Pourquoi elle s'excuse aussi ? J'en sais rien, je m'en fous, ce qu'elle peut dire ne compte plus. Je m’assois, pour ne pas tout casser chez moi alors que Katie est dans la pièce d'à coté. Mes poings et ma mâchoire serrés, j'ai l'impression que je vais exploser. Je voudrais lui dire que je l'aime et que je laisserais personne lui faire du mal, à nouveau. « Ca s'est passé quand ? Où ? Et il avait l'air de quoi ? » Je sais que je devrais pas faire ça mais c'est vital, je dois le retrouver. J'évite son regard autant que je peux mais mes yeux finissent dans les siens, comme toujours. Et comme par automatisme mes bras l'entourent et elle est contre moi. C'est pas bien, je sais, mais j'en ai besoin.

tu pourrais crever tellement t’as mal. devoir dire la vérité à khris était plus dur que de le dire à n’importe qui. tu t’en foutais de ce que les autres pensaient de toi. seul le jugement de khris avait toujours compté à tes yeux. et tu refusais qu’il te voit comme ça. qu’il te voit salie, violée. ça te donnait envie de vomir tes tripes. pourtant, les larmes ne sortaient pas de tes yeux. elles étaient coincées au bord de tes cils mais ne coulaient pas. tu n’en pouvais plus de toute cette douleur qui t’avait envahi depuis que tu avais quitté khris. il comptait encore beaucoup trop pour toi, alors que vous deviez divorcer. tu ne savais plus ce que vous deviez faire. tu aurais voulu retourner avec lui, là tout de suite. mais tu savais que c’était impossible parce que vous n’étiez plus… plus rien. la seule chose qui témoignait de votre amour passé c’était katie. « ca s'est passé quand ? où ? et il avait l'air de quoi ? » la voix de khris te tire des tes pensées. tu relèves la tête vers lui. tu prends même pas la peine de répondre. tu sais pas. tu sais plus où, tu sais plus qui. tu t’en fous. tu veux oublier. tu veux disparaître. tu veux quitter san francisco et ne jamais revenir. t’as mal. t’as honte. tu te sens vraiment minable. t’as pas la force de dire quoi que ce soit. tu voudrais oublier. tu voudrais ne pas l’avoir dit. mais tu peux pas, tu sais pas surtout, mentir à khris. a quoi bon essayer, il fini toujours par découvrir la vérité avec toi. t’es trop facile à cerner, surtout pour lui apparemment. sans trop que tu t’y attende, ses bras t’entoure. tes mains ne bougent pas de tes genoux, mais ta tête vient se coller contre son torse. et soudain tu te sens bien. tu sens son cœur battre et ça te rappelle votre vie ensemble et à quel point ça te manque. a quel point tu lui en veut d’être aussi responsable de votre rupture. a quel point t’aurais voulu qu’il sache te retenir. enfin alors, les larmes quittent tes yeux. silencieusement. tu les laisses couler et tu ne bouges pas, les yeux clos, contre khris. t’es bien. tu voudrais rester comme ça des heures. tes mains essuient tes yeux et puis tu te décales. tu renifles un bon coup. stop. « je vais chercher katie. » tu dis, avant de t’exécuter. tu attrapes ta fille dans tes bras et son sac à dos dans l’autre main. tu reviens dans le salon. tu penches katie vers khris pour qu’elle l’embrasse. tu n’oses même plus le regarder. « bon… à plus. » tu sais pas quoi dire d’autre.

Je sais pas ce que je suis censé faire, partagé entre détruire tout ce qu'il y a autour de moi et lui dire que je l'aime plus que tout au monde et que je vais la protéger. Je peux faire ni l'un ni l'autre pour des raisons évidentes. J'aurais déjà pas du la serrer dans mes bras, j'ai pas pu m'en empêcher. J'ai sentit qu'on en avait besoin l'un comme l'autre, j'ai pas à me justifier. C'est juste une étreinte, rien de plus, rien de moins. Et elle se met à pleurer, putain. Qu'est-ce que je peux faire moi ? Rien. J'ai mal de ne rien pouvoir faire, même pas capable de la consoler comme il se doit. Je veux pas lui dire que tout ira bien, parce que c'est pas vrai. Je vais pas lui mentir, je veux pas lui faire du mal une fois de plus. Frankie va en souffrir pendant longtemps et je ne serais pas pour là soutenir. Parce que je suis la personne la moins bien placée pour ça, étant celle qui lui a gâchée la vie. Quand c'est arrivé à Eliott je savais déjà pas quoi lui dire, j'étais resté là comme un con, incapable de réaliser la situation. Là, c'était pas mieux. J'aurais voulu me convaincre qu'elle mentait, qu'on ne lui avait pas fait de mal. Et pourtant... peu importe la force avec laquelle je rejetais ses mots qui tournaient en boucle dans mon crane, ça ne changeait rien. C'était vrai. On avait violé l'amour de ma vie et je n'avais pas été là pour la protéger. Je m'en voulais à mort. De ne pas avoir été à la hauteur pour elle et Katie. D’être qu'un con incapable de porter ses couilles. De pas avoir eu le courage de la garder avec moi, de l'avoir laissé partir alors que c'était la dernière chose que je voulais. « je vais chercher katie. » et elle se détache de moi. J'aurais voulu qu'on reste comme ça pour toujours, comme j'avais toujours voulu que rien ne nous sépare. Ça fait des mois que je ne l'ai même pas effleuré et elle s'en va trop vite. J'avais replongé quelques secondes dans ce qui était notre quotidien à New York, avant le bébé. Je me rendais définitivement compte que c'était impossible pour moi de l'oublier. D'aimer quelqu'un d'autre. Elle ne faisait qu’être Frankie, et ça suffisait largement à accélérer les battements de mon cœur. Elle revient avec notre fille dans les bras, qu'elle me tend pour que je l'embrasse une dernière fois avant qu'elle parte. Ma futur-ex-femme m'évite du regard, c'est repartit. « bon… à plus. » Elle a rien trouvé de mieux apparemment. Je me lèves pour les conduire jusqu'à la porte, même si elles connaissent le chemin. « Ouais.. salut. » J'ai vraiment pas fait mieux.