Rendez-vous chez Heath. Elle était un peu stressée malgré ce qu’elle pouvait bien montrer. Et elle ne savait même pas pourquoi. Pour son fichu coup de téléphone peut-être. Pour la fausse grossesse. Pour les mensonges qu’elle n’avait cessé de déblatérer depuis le début de cet enfant. Ou encore pour…bref, trop de mensonges en peu de temps. Elle était larguée. Et puis, il y avait aussi le fait qu’elle ait revu Yael et son putain de regard hypnotisant pour lequel elle se sentait encore succomber. Bordel, elle était trop faible. Trop faible. Elle poussa un soupir en sortant du taxi, s’engouffrant dans l’ascenseur. Elle n’était pas certaine que ce soit une bonne idée. Elle en était sûre même pas. Quelle merde. M’enfin elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Elle sonna alors à la porte et patienta que l’on veuille bien venir lui ouvrir. « Salut » dit-elle avec un petit sourire. « ca va, j’suis pas trop en retard » dixit la fille qui débarque avait trente minutes de retard.

Sa vie avait prit une tournure particulière ces derniers temps. Il allait devenir papa, lui, Heathcliff. Il avait prit un temps fou à ce faire à cette idée. Certainement parce qu'il n'était pas prêt. Pas prêt à mettre sa vie de célibataire endurci de côté. Parce qu'avec Lera, ce n'était pas la joie tout les jours. Alors, après avoir refusé cette idée à de nombreuse reprise, il a finalement capitulé. Il était temps pour lui d'être un homme mature, qu'il ait une famille, lui aussi. Bien qu'il ne savait pas vraiment si le mot famille leur conviendrait, à lui et Lera. Bien que finalement, ces derniers temps, il s'était découvert des sentiments pour elle. Il ne savait pas ce qui était le plus étonnant dans la situation, qu'il puisse aimer quelqu'un ou que cette personne soit Lera. La sonnette le sort de ses rêveries. Elle est là. Il avait peiné à la convaincre de venir chez lui, à tel point qu'il a finit par croire qu'elle ne viendrait pas, avec son retard. Il se lève, rapidement. Certainement pressé de la voir. A cette pensée, il rit de lui même, se demandant bien dans quoi il venait de tomber. Il lui ouvre la porte, sans rien dire, ne prêtant pas attention à ses dires. Non, faut pas. Il la connaît bien trop provocante et il ne veut pas rentrer dans son jeu, il ne veut pas. Ils se retrouvent pas pour ça. Ce soir, ils sont là pour parler de leur enfant. Difficile à croire. « Entre. » La porte refermé derrière elle, il rejoint à nouveau son salon, et s'assit, ou de jette conviendrait mieux sur le canapé sans la quitter du regard. « Donc on doit parler de ce qui habite en toi, c'est ça ? »

Ou plutôt ce qu’elle n’avait pas. Bon dieu, ce que cette blague innocente avait pris des proportions inconsidérées. Elle ne s’y attendait pas. Elle avait juste dit ça dans un premier temps pour déconner un minimum avec Narcissa et peut-être pour enrager un peu William, elle était forcée de le reconnaître mais la voici à jouer les femmes enceintes auprès de Heath. Bordel, comment allait-elle s’en sortir ? Elle avait beaucoup de chance d’avoir un métabolisme tel que le sien si bien qu’elle prenait difficilement de poids, même enceinte…enfin voilà l’excuse qu’elle utilisait pour expliquer son absence de ballon de baudruche à la place du ventre. « Et si on parlait plutôt de ton appel de jeudi soir ? » contra-t-elle du tac au tac, se souvenant parfaitement des mots de Strauss et ne comprenant pas pourquoi le sujet n’avait pas été soulevé après. Enfin si…mais non. C’était l’occasion non ? Puisqu’il voulait jouer avec elle, elle en ferait de même. D’abord, le ventre. « T’as rien à manger ? J’ai un peu faim » s’affamer pour conserver l’illusion de la femme enceinte à l’appétit croissant telle était son idée. Bon dieu ce qu’elle allait loin dans son jeu, l’issue n’en serait que plus difficile.

« Jeudi soir ? », il réfléchit quelques instants, cherchant à se rappeler d'une quelconque conversation avec la blonde, mais rien. Non, il voyait vraiment pas pourquoi il disait ça. Jeudi il avait passé la journée avec Ciara et la soirée seul chez lui, à boire. Boire.. Il arque un sourcil en se redressant, se retrouvant debout. « Je t'ai appelé jeudi soir, moi ? », et puis comme si il ne la croyait pas, il sort son téléphone de sa poche arrière, fouille pendant une longue minute son journal d'appel. Effectivement, il avait appelé Lera jeudi. Putain, qu'est-ce qu'il avait bien pu lui dire ? Rien de banal, elle n'aurait pas remis ça sur le tapis. Pitié qu'il n'ait pas encore une fois fais le con. « Je sais pas, je vais vérifié. Tu veux du sucré ou du salé ? », il dit, après qu'elle lui ait demandé de la nourriture. Marchant jusqu'à la cuisine, à quelque mètres seulement du salon. « Et j'ai dit quoi, ce jeudi soir ? », il ouvre un placard, cachant son air quelque peu inquiet derrière une porte.

Oh tiens donc. Voilà que monsieur ne s’en souvenait, cela l’arrangeait bien. Mais elle était résolue à ne pas le laisser s’échapper si facilement. Même bourré il avait voulu jouer avec elle et ses nerfs, eh bien soit, il n’avait plus qu’à assumer. Elle avait horreur que l’on se foute ainsi de sa gueule, gratuitement qui plus est. Bon certes, était-elle mal placée pour tenir un tel discours puisque la grossesse n’était que du vent mais dans l’absolu, il lui avait fait du mal…enfin tentait-elle de s’en convaincre. Sans doute se venger des mots blessants qu’il avait eu à son égard avant de l’envoyer à l’hosto. « Quoi, tu t’en souviens pas ? » reprit-elle avec une expression faussement vexée et choquée. Elle poussa un petit soupir, l’air de dire ‘décidément, t’es irrécupérable’. « Attends, tu m’invites à l’heure du repas sans repas ? Tu sais recevoir toi ! Cela dit, du sucré fera l’affaire » Et il partit vers la cuisine, bien sûr, en bonne joueuse qu’elle était, elle le suivit docilement, un sourire mutin aux lèvres. Elle voulait voir son expression lorsqu’elle jetterait la bombe. « Oh rien, mise à part que tu m’aimais » fit-elle finalement comme si cela coulait de source en le regardant s’activer entre les placards. « T’as dû en descendre des bouteilles pour en arriver là » elle pouffa légèrement de rire, railleuse. « M’enfin, tu voulais qu’on parle du bébé, faisons donc »

Il cherche dans le placard un paquet de gâteau ou un truc dans le genre. Faut dire que c'est un peu la crise, niveau bouffe. « Excuse moi, fallait me prévenir que tu voulais bouffer, j'aurais appeler un traiteur. », c'est vrai que c'est plutôt con, de l'inviter à vingt heures et de même pas avoir une pizza. C'était du Heath tout craché. Il pensait manger dès qu'elle aurait levé les voiles, vu qu'elle l'avait déjà prévenu qu'elle ne resterait pas longtemps. Juste le temps de régler un truc au sujet du gamin. De leur gamin. Mon dieu ce qu'il avait encore un peu de mal avec ça. Lui, père. C'était une bonne blague. Il referme les portes du placard violemment, sans vraiment sans rendre compte. Il lui avait dit qu'il l'aimait ? Il n'arrivait pas à le croire, il avait dit ça, lui ? Putain, il avait bût combien de verre, pour arriver à ce stade là ? « Ah bon ? J'ai dit ça ? », il dit rien de plus. Il reste droit devant elle, le regard vide. Il lui tend le paquet de gâteau qu'il avait sortie de l'armoire quelques secondes auparavant. « Et toi..? T'as dit quoi ? », oui parce que c'était la vérité. Il ne pouvait le nier, il aimait Lera. Il aurait bien fait toutes les choses possible pour que ça n'arrive pas, mais ce n'était pas possible. « Ah oui, le gamin. Je veux m'en occuper, finalement. Je veux dire, je sais que je t'ai longtemps fait entendre le contraire. Mais c'est à moi. Faut que j'assume ce que je fais avec.. enfin voilà. »

« Laisse » avait-elle dit simplement à sa défense. C’est vrai qu’elle n’était pas censée s’éterniser ici mais tout le monde savait ce qu’il en était, cela finirait sûrement au lit. Comme toujours avec eux, c’était ça la relation entre Lera et Heath. Elle récupéra le paquet de gâteau et compta mentalement le nombre de calories qu’elle prendrait avec ça. Elle l’ouvrit et en engouffra un dans sa bouche, en se disant qu’elle devra nécessairement faire du sport pour éliminer, heureusement pour elle, elle avait un garçon sexy à son entièrement disposition, si près qu’elle n’avait qu’à tendre le bras pour le cueillir. « Moi, que je devais réfléchir » dit-elle à nouveau comme si cela eut été normal tandis qu’elle mordait à nouveau dans son gâteau, le regard dans le vide. « Ah ? » Elle le scruta quelques instants afin de définir où était le piège. « En quel honneur ? » Elle était curieuse de savoir ce qui l’avait mené à un tel dénouement, à une telle décision. « T’es sûr de toi ? » Finit-elle par demander, moins accusatrice, son regard dans le sien « Enfin j’veux dire que c’est pas une décision à prendre à la légère, t’sais, si tu t’engages c’est pour un long moment et les désistements de dernières minutes, non merci » Elle devenait vraiment bonne à ce jeu là, les artifices, s’enlisant plus encore dans son mensonge. Bordel comment allait-elle se sortir de là ? Les mensonges s’accumulaient, encore et encore. Elle était dans la merde, ouais véritablement. « En tout cas j’aurais très bien pu m’en sortir toute seule, il y a pas des soucis, hein, je peux gérer » Ca l’arrangerait bien ouais, elle trouverait une solution pour s’en sortir à bon compte. Allez, Heath sois un connard jusqu’au bout.

Il reste calme. Étrangement calme. Il ne réalisait toujours pas la situation. Lui, Heathcliff, avait dit "je t'aime" à Lera. Il avait tout simplement dit "je t'aime". C'était le genre de chose qu'il n'avait pas dit, du moins, dans ces souvenirs le plus lointain. Pas même à ses parents, ni à qui que ce soit. Heathcliff ne montrait pas ses sentiments, il était comme ça. A tel point qu'il était facile de penser qu'il n’éprouvait rien, rien du tout. C'était complétement scandaleux, inimaginable. Heathcliff était amoureux, et le pire dans tout ça, était certainement le fait que la personne concerné ne soit personne d'autre que Lera. « Et tu as réfléchis ? » Debout face à elle durant de longues secondes, il la scrute du regard, examine le moindre fait et geste de sa part. Cette femme face à lui porter son enfant, qu'elle allait bientôt mettre au monde. Il allait devenir père. Ils allaient former une famille. Est-ce qu'il était heureux ? Il se le demandait bien. Il avait du mal, lui même, à savoir ce qu'il ressent. Il tourne les talons pour rejoindre le salon, s'assit sur le dossier du canapé, les bras croisés en l'écoutant, sans rien dire. « Écoute Lera, je sais que c'est pas un truc à prendre à la légère. J'ai eu du mal à me faire à cette idée, je te le cache pas. Mais maintenant, je suis près à assumer cet enfant. Je le veux, j'en suis certain, je ne t'aurais pas demandé de passer, sinon. » Puis prit d'un élan de je ne sais quoi, il se lève et se met face à elle. Si près d'elle que ça pouvait même en être perturbant, autant pour l'un que l'autre. Il pouvait entendre le moindre sons de sa respiration. Sa main maintenant posé sur l'avant bras de Lera, doucement, tendrement, pour changer. Cette main qui pouvait presque être rassurante. « Fais moi confiance. Je te lâcherais pas à la dernière minute. »   

«Ouais » répondit-elle simplement à sa question, ne s’attardant pas sur un quelconque développement pas pour l’instant du moins. Elle était venue pour observer, prendre des notes, analyser la situation avant de prendre une décision. La vérité était qu’elle ne le croyait pas tellement, ou peut-être ne le voulait-elle pas. C’était sûrement ça. Elle alla finalement s’installer auprès de lui, son paquet de gâteaux qu’elle dévorait distraitement, il faudrait qu’elle trouver un moyen de l’éliminer. Les calories superflues n’étaient pas ce qu’elle désirait en ce moment, sans doute la raison pour laquelle elle n’était pas prête d’être à nouveau enceinte. Elle l’écouta, analysait chacun de ses mots, se retenant de sourire. « Je vois » Lui faire confiance ? Elle n’arrivait pas à se fier à sa parole, Heathcliff avait ses habitudes, qui duraient depuis bon nombre d’années et elle savait pertinemment que rien ne changerait. Et puis merde, pourquoi tenait-il tellement à s’immiscer dans sa vie ? Pourquoi ne pouvait-il faire le connard comme d’habitude ? Les choses auraient pu s’arrêter là, elle aurait pu s’en sortir à bon compte. Mais non, il fallait qu’il complique les choses, qu’il envenime la situation. Et merde, comment diable allait-elle se sortir de là ? Prétendre qu’elle était enceinte…  « Je demande à voir en tout cas » continuer le jeu, il n’avait d’autre choix que de jouer à la future mère inquiète du sort de son enfant. « Je ne te cache pas que j’ai des doutes mais je te laisse ta chance » dit-elle avec plus conviction, jouant avec l’une des pâtisseries qu’elle tritura dans tous les sens, pensive. « On va être parents, toi et moi, qui l’eut cru » dit-elle sarcastique avant de rire brièvement. Ouais, elle était véritablement dans la merde. Une seule solution : poursuivre dans cette voie, après tout ils avaient tous les deux joués.

Ouais. Eux, parents, ça pourrait en faire rire plus d'un. On pouvait déjà imaginer le nombre de faute que l'un ou l'autre ferait, surtout Heath. Parce que la blonde, elle, elle avait déjà goûté aux joies de la maternité une fois. Elle savait certainement déjà comment s'y prendre, rien qu'un peu. Lui non, Heath n'y connaissait absolument rien. Il allait commettre des erreurs incalculables, il le savait déjà. Mais il avait décidé de prendre le risque, de passer ce cap. De grandir, de se construire une famille, en quelques sortes. Un avenir. Aussi fou que ça l'était, il s'était vu au fur et à mesure du temps intégrer Lera dans son tableau, dans son futur. Involontairement, certes. Plus son affection pour elle prenait de la place, plus la blonde apparaissait au premier plan. Pour la première fois de sa vie, il commençait à penser aux autres, et non à sa petite personne. Pour le gamin. Pour Lera. Doux jésus, Heathcliff amoureux. On en pleurerait de rire. Une fois le sujet du gamin clos, selon lui. Il s'interrogeait à nouveau. Alors comme ça, elle avait réfléchit ? Réfléchit à ses sentiments à son égard ? Putain ce qu'il était curieux de l'entendre cracher le morceau. Que ce soit positif ou négatif. Il voulait être fixé, sur ça. « Et donc, comme ça, t'as réfléchit ? », il reprend place dans le salon, à présent affalé sur le canapé. Il sort son paquet de clope de sa poche de jeans, en sortant une avant de la coincé entre ses lèvres. « Tu m'aimes aussi ? », il avait l'impression qu'on venait de lui enlever des bouts de verres de la gorge. Les mots avaient eu du mal à sortir. Après tout, c'est Heathcliff qui parle, quand même. Il déclara sa clope avant de recracher la fumé dans l'appartement.

Elle pensait échapper à la fameuse question sur ses sentiments. Elle ne s’y était pas assez préparée, se rendait-elle compte. Les sentiments ça n’avait jamais été son truc, mais quand il fallait faire semblant, surtout avec Heathcliff. Elle s’était mis dans l’idée qu’elle faisait semblant si bien qu’il n’y avait pas à tergiversé cela étant elle ne pouvait s’empêcher de se sentir quelque peu embarrassée. Les sentiments signifiaient de se mettre à nue pour sa part en tout cas et les expériences passées en plus de sa fierté mal placée lui rendaient la chose très ardue. Elle regard Heathcliff allumer sa clope sans mot dire, réfléchissant à ce qu’elle allait lui répondre sans pour autant laisser transparaitre l’imbroglio qui l’habitait. Elle ne voulait pas s’étendre sur le sujet, ni se perdre en explication qui aurait raison de son assurance et trahirait le bordel qu’était son esprit. D’un geste tendre, elle s’empara de la clope de Heatchliff et sans perdre une seconde, elle posa ses lèvres sur les siennes pour lui gratifier d’un baiser qui était censé transmettre ce qu’elle ressentait, quelque chose qui se rapprochait beaucoup de la passion apparemment, à l’image de leur relation. « On t’a jamais dit qu’il ne fallait pas fumer devant une femme enceinte ? » demanda-t-elle finalement avec un petit sourire avant d’écraser la cigarette dans le cendrier.

Il est resté sur le cul quelques instants. Non pas qu'il n'était pas habitué à embrassé Lera, et puis ils ne s'étaient jamais embrassé comme ça. Par envie. Du moins, dans ces souvenirs. C'était plutôt inattendu sur le moment. Il s'attendait à des mots, un réponse verbale. Mais la blonde avait l'air de vouloir faire à sa façon, encore une fois. Donc, elle l'aimait, elle aussi ? Putain. Il devrait certainement se pincer pour voir si c'est bien réel. Non seulement lui qui se dévoile, mais elle aussi. Quand il y repense, tout c'est passé bien trop vite. Le gamin, sa déclaration, puis la sienne. C'était bien trop venant d'eux pour ne pas avoir le vertige, rien qu'un instant. « Je dois prendre ça pour un oui ? » Question assez débile, mais c'était certainement pour se rassurer. Ne pas se faire de faux espoirs sur le moment. La blonde écrase la cigarette dans le cendrier, lui ne dit rien sur le moment. Se contentant d'assister à la scène. Il a encore un peu de mal à se rendre compte de ce qui venait de se passer ici même, dans son salon. Le genre de chose qui arrivera certainement une fois dans sa vie. « Arf, tu sais je suis pas encore très familier avec le monde des femmes enceintes. Faudra me faire un cours sur tout ça. », finit-il par dire, souriant à son tour en quittant le regard du cendrier pour le poser sur la jeune femme.

Elle sourit simplement à sa question, malicieusement. Une manière de peut-être de communiquer son assentiment. Parler donnerait trop de réalité à cette supposée déclaration et elle flipperait trop. Ce serait vrai, trop vrai et elle ne pourrait y échapper. Alors, elle sourit simplement, un sourire tendre et malicieux. Espiègle même. Elle était piégée, littéralement et pourtant elle s’enlisait, encore et encore. Pire que tout, se surprenait même apprécier ce changement d’ambiance qui se faufilait dans l’air. Toujours armée de la même malice, elle se rapprocha à nouveau de Heathcliff, passant un bras dans son cou, elle posa à nouveau ses lèvres contre les siennes, collant un peu plus son corps au sien. « Je te ferais tous les cours que tu veux » murmura-t-elle d’une voix légèrement séductrice, ses prunelles dans les siennes. Bordel, à quoi jouait-elle ? Il était encore temps d’arrêter la machine et faire demi-tour. Ouais, il était encore temps mais en voilà une tâche ardue, jouer avec lui était tentant au début mais elle craignait d’être prise à son propre piège. Il n’y avait de raison, n’est-ce pas ? Il n’y avait aucune raison. « On fait quoi maintenant ? »

Et à nouveau, ils se retrouvent les lèvres coller les unes aux autres. C'était bien trop en si peu de temps, alors qu'ils avaient une conversation des plus normales. Enfin, c'est ce que tout le monde dirait. C'était loin d'être banale pour eux, commun. Ses mains posés de chaque côté du bassin de Lera, il écoutait attentivement la moindre parole qu'elle prononçait. Bon dieu, ça se faisait si rare de les avoirs dans la même pièce, sans entendre crier, que lui même avait du mal à croire à cette réalité qui s'offrait à ses yeux. « Ah ouais ? Tu me montreras ça alors. » Il est là, à lui sourire bêtement en croyant que le sujet est maintenant clos. Mais non. La partie délicate vient alors sur le tapis. Ils font quoi ? Il se voyait mal dire adieu à sa liberté, aux filles dans son lit le soir. Mais il pouvait plus nier le fait qu'il avait des sentiments bien trop fort pour Lera maintenant. « Je suis pas contre les couples libertin moi. », dit-il tout naturellement. Après tout, c'est à prendre ou à laisser. 

Elle étudia quelques secondes sa proposition qui n’en était pas une. Cela l’arrangeait plutôt bien, elle n’était pas femme à abandonner sa liberté de la sorte, surtout pour ce qui était à l’origine un jeu. Un jeu qui prenait des proportions inconsidérées. Elle n’avait plus à gérer, elle se sentait quelque peu perdue et cette proposition lui semblait idéale. De toute façon, Heath n’était pas non plus homme à abandonner la sienne, sur ce point au moins ils étaient d’accord. Problème étant, couple ou faux-couple, elle détestait partager m’enfin, ce n’était nullement sérieux n’est-ce pas ? Juste pour passer le temps, jusqu’à ce qu’elle trouve un moyen de se sortir de là, sans trop de fracas espérons-le. Par fracas elle entendait surtout sans qu’elle ne s’attache plus que de raison. Il n’y avait pas non plus de risque, hein ? Strauss était trop détestable pour cela même si au lit c’était pire que jouissif. « Tant que je suis libre » dit-elle simplement pour lui signifier qu’elle était d’accord avec les termes de ce contrat implicite. « Et si on allait se coucher maintenant ? » lança-t-elle, malicieuse. Autant obtenir ce qu’elle pouvait avoir et la baise était sûrement la meilleure chose qu’Heathcliff pouvait lui donner en plus de lui donner une raison de continuer ce jouer, en lui faisant croire qu’il ressentait des trucs pour elle. Il l'avait dit lui-même, elle n'était pas femme à aimer.