Neuf heure. Heure à laquelle Sierra m’envoie un message pour me tenir au courant de ses douleurs. Préoccupé, journée qui passe longuement. Dix heures, je pause ma journée pour foncé à son appartement la rejoindre n'aimant pas la savoir seul et étant trop inquiet. [...] Plus jamais je t'écoute ! On devrait être à l'hosto depuis ce matin ! Enervé, mort d'inquiétude de la voir toujours aussi pâle je me gare brutalement en sautant à terre attrapant mes clefs avant de quitter la voiture et faire le tour pour venir la chercher. Je l'aide à descendre, la tenant fermement mais doucement en l'aidant à avancer. J'aime pas ça, que le bébé ait quelque chose, ou qu'il arrive trop tôt. Trop tôt. Beaucoup beaucoup trop tot ! Rien est près, j'ai pas finit la chambre, et puis il serait trop petit. Trop... non il ne peut pas venir !

Yo toi ! On a besoin d'aide, VITE ! D'humeur ni à attendre ni à être aimable je me fous carrément de passer pour un connard alors que j'aide Sierra à s'asseoir sur une chaise dans l'espace attente. Moi je tourne en rond me mordillant la lèvre en regardant l'heure. Putain je suis sur qu'on aurait du y aller plus tôt. Si elle va mal avec l'arrivé du bébé.... noway ! LA douleur est un peu moins pire ou pas ?

Je ne disais plus rien. Muette, je me laissais conduire jusqu'à Camil. Il était brusque dans ses gestes -pas avec moi- il avait l'air terriblement inquiet. On aurait dit un gars en manque de sa dose. A côté de ça, je ne disais rien. J'étais inquiète à ma façon. Je savais que quelque chose se passait dans mon ventre, et pas quelque chose de bon. Le tatoué râla près d'une dame de l'accueil et m'aida à m'asseoir.

Et là, plus rien.

Plus de douleur.

La douleur est un peu moins pire ou pas ? Je me concentrais sur ce que je ressentais. Le problème, c'est que je ne sentais plus rien. Voilà déjà des semaines que je sentais fréquemment Adriel bouger dans mon ventre et donner des coups. Et à vrai dire, le fait que je ne sentais ni ses mouvements, ni de douleurs, me fit devenir plus livide que je l'étais. « Je... Je sens plus rien. » Par chance la salle était pratiquement déserte, c'est pourquoi la nana de l'accueil accourut vers moi avec un autre guignol en blanc, peut-être un médecin, je ne sais pas, je n'en avais plus rien à foutre à cet stade-là. « Faites-moi une échographie. Maintenant. » Lâchai-je dans un seul souffle. Je me levais brusquement, et ne pris même pas la peine d'attendre la secrétaire avec un fauteuil roulant -je savais encore marcher, merde ! Je suivais alors le mec en blanc d'un pas déterminé, une boule dans la gorge, jusqu'à entrer dans la salle pour l'échographie.

Incapable de m'asseoir je fais les aller et venu devant Sierra lui demandant alors si ça va mieux. Je vous jure plus jamais je l'écoute, non mais sérieusement, s'il nait presque un mois en avance on risque trop de complication. Je veux pas le voir dans une boite en plastique avec des tubes moi. On aura du venir plus tôt, imaginez c'est elle qui a un problème ? Mon ventre se retourne alors que j'essaye de me calmer cette peur. Je... Je sens plus rien. Parfait ! Super, rassuré... mon illusion se brise aussitôt par son teint blème alors que je la rejoins en deux enjambé. Cependant déjà des médecins sont auprès de nous et en temps normal je kifferais d'une violence certaine la ton sur leuel elle leur parle. Mais là non, une autre fois. Quand Adriel et Sierra iront bien.
JE les suis donc rapidement alors que j'aide Sierra à se déshabiller de sa veste et son haut. Oh c'est bon, le môme il s'est pas créer par le saint esprit, pas de chichi. Je la laisse s'installer sur la table alors que le mec commence l'écho et que je reste à tapoter avec mes ongles sur la table d'examens l'image rassurante de mon fils apparaissant alors pour calmer mes craintes...
Hé c'est normal qu'on entende pas son tambourin de coeur ? Vous avez zappé le son. Je lance avec un demi rire... bien trop faux pour duper qui que ce soit... beaucoup trop faux. Beaucoup trop... silencieux.

En entrant dans la salle, le médecin me demanda mon nom. Je lui donnais et je n'eus pas le temps de retirer mon manteau que Camil s'en était déjà chargé. Il m'aida également à enlever mon pull et je me retrouvais bien vite en soutien-gorge et jean. Je grimpais sur la table, et rapidement le type me mit le gel froid sur mon gros ventre et passa la sonde. Je fixais le petit écran à côté de lui anxieuse. Ok, Adriel était bien là -comme s'il pouvait disparaître...- c'était déjà un soulagement de le voir. Sauf que, mon petit ami avait raison. On n'entendait pas le bruit du coeur du bébé... Je serrais les poings et j'observais le médecin bidouiller la machine. Boom boom boom. Amen ! On entendait enfin le coeur. Coeur qui allait bien vite d'ailleurs... Était-ce possible que mon fils soit aussi stressé que sa maman ? « Pourquoi son cœur bat si vite ? » Il me fit un signe d'attendre, et passa plusieurs fois la sonde sur mon ventre en long en large et en travers. Il fronçait des sourcils et regardait sa machine. Pourquoi il disait rien ! Puis, le médecin se figea comme une statut. MAIS BORDEL ! « Je... » J'allais lui faire bouffer la sonde s'il répondait pas. « Ce n'est pas le cœur de votre enfant qu'on entend, mais le vôtre mademoiselle Desrosiers. » J'ouvris la bouche et la refermai lentement. Je déglutis. Il retira la sonde de mon ventre et prit un air grave. « Je suis désolé, son cœur ne bat plus. »

...

J'aurais aimé qu'on me pince à cet instant. Ce n'était pas possible. Je crois que je ne réalisais pas. Je restais bloquée, le regard cherchant une réponse censée de la part d'une médecin. Voyant mon expression, il ajouta: « Votre bébé est mort. Je vais prévenir la sage-femme de garde qu'il va falloir qu'on vous fasse prochainement accoucher. » Il m'essuya le ventre et je le suivais du regard, prendre son téléphone et sortir de la pièce. Je ne comprenais pas, ce n'était pas possible, il y a encore quatre jours il allait bien, CE N’ÉTAIT PAS POSSIBLE. J'aurais pu crier, j'aurais pu pleurer mais dans l'immédiat, j'avais perdu la parole et mes yeux verts s'étaient perdus dans la contemplation de ce ventre rond.

Je suis désolé, son cœur ne bat plus. Il y a des phrase qu'on attend toute une vie pour entendre, des mots qu'on rêve d'entendre prononcer, qu'on s'imagine leur saveur à écouter. Y'en a qui donne envie, envie de beaucoup, envie de bien. Et y'en a qui détruisent tous. Comme un ouragan, qui frappe sans crier garde, qui démolisse tous. Qui blessent. Qui tuent.
En faite je sais même pas se qui s'est passé, si Sierra à rétorquer, si elle l'a renvoyé pour son incompétence. On devrait pas dire des choses comme ça, sérieusement vu sa gueule il a son diplôme depuis quand ? Dix ans ?! Il devrait savoir faire une écho, non ?! Votre bébé est mort. Je vais prévenir la sage-femme de garde qu'il va falloir qu'on vous fasse accoucher. Et ça refrappe, encore une autre fois. La réalité. Je perd mon souffle, enfin je sais même pas. J'entends le bruit du cœur du bébé qui bat à toute vitesse, de douleur, de souffrance, d'incompréhension. Mais c'est même pas le sien, c'est même plus le sien. Il n'en a plus, c'est ça ?! Proche de la table d’auscultation j'ai même pas la force de perdre pied, même pas le tournis. Nan, comme un mauvais trip au LSD, nan même j'aurais préféré. On est seul... avec cette infirmière que je remarque même pas mais qui ne sait pas où se mettre. On est seul. Tous les deux... Plus que tout les deux dans notre trio idéal. Abandonné, lâché, délaissé... par ce bébé même pas encore né. J'étouffe. Et ma main cherche lentement celle de Sierra. T'as pas le droit Camil ! Pas le droit ! Dans ma cage thoracique y'a une tempête qui s'étouffe, un typhon qui se bloque, prit au piège comme une bête mise en cage. C'est mieux comme ça, qu'elle s'énerve, qu'elle grossisse, qu'elle agonise, je dois m'occuper de Sierra. Ma main serre la sienne, où alors ce sont ses doigts qui broient les miens. Je ne sais pas, je me concentre sur mes autres doigts qui remontent le long de son bras. Y'a pas de mots c'est ça ? J'envoie un message à Julie juste après... ok ? Qu'est-se que je peux dire hein ?! Désolé ? Désolé d'avoir été assez con pour t'écouter ? Désolé d'avoir tué notre bébé, désolé d'avoir pas été assez fort pour t'amener plus tôt aux urgences ? Peu importe. Son visage blanc comme les draps me fait peur, mais je veux pas la perdre. Pas elle. Je me penche sur elle, caressant ses cheveux coupé trop court. Je les aime pas si court.

Pétrifiée sur la table, j'en avais même oublié que je n'étais pas seule. Je sentis la main de Camil se poser lentement sur ma paume. Petite piqûre qui me sortit de ma courte léthargie. Je réagis enfin en la serrant entre mes fins doigts pâles. Seul contact qui me semblait réel dans ce monde de fou. Quelqu'un me toucha la jambe. Deuxième piqûre de réveil. Mes yeux verts distinguèrent alors l'infirmière. « Mademoiselle, je vais vous préparer... Venez. » Elle me tendit la main pour m'aider à descendre, mais je me débrouillai seule. Sans plus attendre, elle m'aida à enfiler une tenue bleue. Elle hésita un instant à venir m'aider à retirer mes vans et mon jean mais finalement je m'en chargeais. Je ne parlais pas, j'étais presque à demi-consciente de ce qu'il se passait, de mes gestes... J'avais presque l'impression d'être camée jusqu'aux os. De rien comprendre à ce qu'il m'arrivait et de faire ce qu'on me disait de faire tout simplement. Incapable de réfléchir par moi-même. J'avais tout enlevé, j'étais désormais nue sous ma chemise trop grande. L'infirmière me donna des cachets. Je tournais mon visage vers Camil juste avant de passer la porte. Aucun son ne sortait de ma bouche mais je lui lançais un regard qui aurait pu valoir un ne m'abandonne pas.

« Voilà, votre chambre. Je repasserais dans une trois quart d'heures pour vous redonner les médicaments. Ces médicaments vous aideront à accoucher prochainement. » Elle me guida jusqu'à mon lit où je m'installai. La petite marionnette que j'étais, regardais Camil à l'encadrement de la porte. La dame lui parla: « Bien sûr, vous pouvez rester avec elle. Il y a une petite cafétéria encore ouverte au niveau de l'accueil si vous voulez. » Je me sentais mal, terriblement mal. Coupable. J'étais coupable d'avoir fait mourir mon bébé. Coupable de ne pas avoir pu le sauver à temps, de ne pas m'en être inquiétée. J'avais une impression de déjà vu. Coupable de la mort de mon grand frère. Coupable de m'être disputée avec lui, le soir de sa disparition. Coupable de l'avoir laissé quitter le domicile familial et de l'avoir ainsi laisser tomber dans la gueule du loup...

Je sais même pas qui est cette fille qui vient voir Sierra avec douceur. Infirmière ? Ouais on dirait vu la blouse, je la laisse faire, me reculant juste pour laisser Sierra se lever. Zombie, c'est se qu'elle est. C'est se que je suis à l'intérieur. Mort ? Comme notre bébé ? Comme mon fils. Nouveau coup à l'estomac, à l'intérieur je suffoque. Mais je dis rien, je laisse ma meilleure amie suivre l'infirmière, l'aider à se déshabiller. Je fais rien, j'suis pas qualifié de toute manière, hein ? Je me contente de rester là, comme un con...

[...] Et on finit dans une chambre, je rejoins Sierra après avoir envoyé un sms à Julie, peu importe ça réponse, je lui ai pas vraiment laissé le choix. Elle doit venir, Sierra en a besoin. Pas pour moi, je sais qu'elle me hait.... pas autant que moi-même à cet instant mais peu importe, je sais qu'elle viendra pour son amie. Et je rejoins donc la chambre restant à l'entré, haïssant déjà de tout mon être cette pièce qui veut tout dire...
Et je rejoins Sierra me posant qu'un tout petit peu sur ce lit où elle fait tâche avec ses cheveux, mais son teint si blanc qu'il s'en confondrait. J'ose même pas lui dire à quel point je suis désolé. Passant ma main sur celle de Sierra je finis par m'asseoir complètement à ses côtés posant mes pieds sur le matelas sans en avoir rien à foutre, l'attirant contre moi avec douceur mais sans lui laisser le choix. Maintenant on est plus que tout les deux... seuls... sans lui. Essayes de dormir. Je murmure, trouvant cette solution la meilleure pour lui faire oublier durant quelques heures l'horreur de la situation. Si elle dort et que je veille sur elle, plus rien arrivera hein ? Et durant ce temps, elle y pensera pas... Posant mes lèvres dans ses cheveux, je reste immobile le temps passant.

"Votre fils a été retrouvé mort (...)" Derrière mes parents, qui se trouvaient face au lieutenant de police, mon souffle se coupa. Mes talons pivotèrent et je courus jusqu'à la porte qui donnait sur le jardin. Je suis sortie et j'ai alors couru, couru, couru jusqu'au bosquet qui longeait la propriété de mes parents. J'avais couru jusqu'à ne plus pouvoir, jusqu'à en être tombée par terre. J'avais hurlé aussi. Et pleuré. J'étais restée alors sur le sol humide et m'y étais endormie. Ici, c'était le même scénario et je voulais fuir. Je n'avais qu'une envie: me barrer d'ici. Faible face à la réalité. Oui j'étais faible. J'avais l'impression d'étouffer mais je ne pouvais pas partir tout de suite... Avant j'avais une chose à faire. A finir. Je l'avais porté, chéri et aimé pendant sept mois. Je devais le laisser partir, qu'il se détache de moi. Je ne préférais ne pas penser à la suite des événements mais ce n'était qu'une question de temps.

Camil m'attira contre lui, et j'y tombai comme une poupée. Je fermai un instant les yeux avant de me laisser bercer dans ses bras protecteurs. « Essayes de dormir. » J'ouvris mes yeux et me retirai de ses bras. Il avait sans doute raison, je savais qu'en plus je trouverais facilement le sommeil. Bizarrement oui. Je montai sur le lit et me glissais sous le drap froid. Je restai en boule et fermai les yeux. La fatigue, la tristesse et la colère prirent le dessus et me firent tomber dans un profond sommeil.

Les heures passent, lentement. Trop lentement alors que ... à l'intérieur y'a rien, rien d'autre que le néant. Sierra endormit... j'peux redevenir meurtrit ? Besoin d'air, j'ai l'impression d'étouffer, d'me briser, bientôt j'finirais sous terre. J'pourrais revoir mon fils comme ça, non ? Que va-t-il devenir ? Et j'peux ps détourner les yeux du ventre de ma meilleur amie, tout rond, tout beau... et à l'intérieur c'est l'horreur. Son corps me donne envie d'gerber et y penser me donner envie de me tuer. Comment peut-elle juste... le supporter ? Ce corps qui nous appartient plus à l'intérieur d'elle... Les quelques coups à la porte me font sursauter, le pire c'est que je m'étais à moitié assoupit entre ses pensées merdique. Julie. Je me détache de Sierra pour la laisser avancer. J'lui parle pas, j'lui ai pas demandé d'venir pour moi.

Je sors fumer, j'sors m'injurier. Je sais même plus si j'ai le droit d'pleurer face à cette culpabilité. J'ai tué mon propre bébé, si j'avais écouté mon instinct jamais ça serait arrivé. Pas besoin d'aide, je le mérite pas. Et je refuse même d'apeller la seule personne capable de m'en sauver. Pour lui dire quoi ? Je veux même pas avoir à parler. Il me comprendrait, mais ça servirait à rien, je veux pas aller mieux. Et ma clope s'éteint sur cette décision, j'inspire en refoulant une énième fois. Il est sept heure du matin, et la vie se reprend dans l'hôpital alors que d'ici une heure on nous aura bel et bien voler notre fils. Mon Adriel. Je reviens dans la chambre où Julie m'explique qu'elle doit y aller... j'fais style de rien, je la rassure, lui dit que je vais assurer. Sierra s'est rendormie après son arrivé, et ça doit être à moi de la réveiller ?! Non, je continue de l'observer dormir, comme un psychopathe assis plus loin sur un fauteuil, dégouter de pouvoir encore une fois tant la blesser...

[...]

J'avais encore mal. Les infirmières me ramenèrent à ma chambre que j'habitais depuis la vieille. Ça y est, c'était fini. J'avais accouché. J'avais accouché de mon putain de bébé mort ! Je venais d'accoucher. Je venais de pousser, de souffler, de forcer afin de sortir un petit être MORT. MORT. MORT. Ce mot résonnait dans ma tête et s'afficher blanc sur fond noir uni devant mes yeux. Je n'avais pas voulu voir Adriel. J'aurais pu. On me l'avait proposé de le voir, ou pire de le prendre dans mes bras. J'avais refusé derechef. J'avais entendu un vague "Il est beau" et je m'étais bouchée les oreilles. Je me demandai si Camil l'avait regardé. Il ne m'avait pas suivi quand les femmes m'avaient raccompagné à ma chambre.

Je me sentais sale. J'avais besoin de me laver, de purifier mon corps si je puis dire de ce qui s'y était trouvé depuis plus de sept mois. J'étais à nouveau seule dans cette chambre horrible, et je décidai de descendre de mon lit lentement. Mes jambes étaient un peu tremblantes mais c'est bon, j'étais capable de rejoindre la petite salle de bain privée.

J'veux pas y penser. Enfermé. Bloqué. Incapable de déverrouiller. Appuyer contre cette porte close j'reste bloqué, mon front moite contre cette parois dégueulasse. Non pas sale, on est dans un hôpital, trop stérilisé. J'veux pouvoir oublier ? Pitié dites moi qu'il y a un bouton pour rembobiner ?! Dites moi où ? Que je puisse reculer, de quelques pas, de quelques couloirs, supprimer cette salle et ces blouses, Sierra et les calmants, Sierra et sa douleur, et son corps... Que je puisse enlever cette image d'horreur de fiction mal tournée. Ce visage détesté de cette infirmière, de ces mots vide de sens... " Vous voulez le porter ?" Porter quoi ? On vous a déjà proposer de porter votre grand père avant de le mettre dans le cercueil ? Porté un cadavre, mais pour quoi ?!
Haut de coeur, je sens ma peau se crispé sous l'assaut de mes ongles. J'entends encore les roues de lit de Sierra quand ils l'ont sortit. Et sur la petite table... sans un bruit, sans un putain de mouvement, entre draps et autres trucs dégueulasse. Sans un mouvement, sans une respiration. Et j'revoie la table se rapprocher, mes pieds incapable de se stopper. " Vous aviez choisis un prénom?" Sa voix est douce, et je la trouve affreuse. Tires toi sale pétasse. Mais ça reste bloqué dans ma gorge, tout comme le Adriel que je devrais prononcé. J'veux pouvoir oublié, et pourtant cette image reviens me hanter...
Juste le temps de me retourner et de recommencer à dégueuler dans cette chiotte désinfectées. Les yeux rouges, j'ai pourtant plus rien à dégobiller. Et ça continue de sortir, acide, brûlant, écoeurant. [...]

Arrivant à hauteur de sa porte de chambre, je souffle un bon coup une énième fois. J'aurais besoin d'une clope. Mais je me suis accordé bien trop de temps pour moi, j'aurais pas du y rester si longtemps. Mes doigts rencontre doucement la porte, avant d'abaisser la poignée et d'entrer doucement. WHAT ? Voyant Sierra debout, je me retiens de justesse de dégueuler de retourner au lit. Au lieu de ça, je repousse la porte venant près d'elle en vitesse, passant avec une douceur impossible mon bras autour d'elle. Tu devrais pas être debout, tu dois restés couché Sissi... Je réplique avec lenteur, douceur... Et le "Sissi" à du mal à sortir, commeune barrière entre nous deux.

Camil était rentré dans ma chambre. Je ne l'avais pas vu venir jusqu'à moi mais je l'avais senti. Il avait fondu sur moi et me tenait désormais contre lui, un bras autour de la taille. Je devrais rester coucher me dit-il. Non il fallait que je me lave. Je fis un pas en avant, m'efforçant de me dégager de ses bras, mais il me retenait. Et à vrai dire, je ne cherchais même pas à me débattre, je n'avais pas la force. Je posai lentement une main sur l'épaule du tatoué. Je pris une profonde inspiration. Il faut que je me lave. Première phrase, premiers mots que je venais de dire après plus de douze heures de mutisme. Ma voix était fébrile, étranglée et petite. Je me penchai un peu en avant et tendis le bras pour ouvrir la poignée de la salle de bain. Tu peux m'aider ? Ce n'était pas une question. Je lui épargnai le fait que je me sentais sale. Sale d'avoir accouché d'un bébé mort, d'avoir accouché de notre fils MORT. MORT. MORT. Ce mot continuait à défiler de toutes les couleurs, de toutes les polices devant mes yeux. Je frissonnai. Je regardai brièvement Camil, il avait l'air malade.

Je garde mon bras autour d'elle avec force mais douceur, la soutenant sans lui faire mal pour autant. Je laisse encore une fois mes états d'âme s'en aller, disparaitre, s'enfoncer, face à elle, je laisse tout ça pour me concentrer sur Sierra. Juste elle. Que elle. Il faut que je me lave. Je comprend pas de suite, elle est propre. Elle sort du bloc, y'a pas plus propre, mon cerveau comprend pas... jusqu'à l'illumination qui me retourne l'estomac. Me redonne presque la nausée, mais j'ai plus rien à gerber. oh... ok, mais tu te recouche après... JE dis d'une voix blanche alors qu'elle avance et que je la suis pour pas qu'elle s'éffondre. La salle de bain est minuscule, et j'aime pas les hôpitaux. Moi, j'vous signal qu'une aiguille me fait tourner de l'oeil alors là, c'est un comble. Tu peux m'aider ? Mentalement j'en ai pas la force, mais peu importe. Je hoche la tête en la suivant, mon corps agissant simplement. On entre dans sa salle de bain et 'laide à détacher doucement sa blouse qui doit pas tenir chaud. Dégueulasse, c'est comme ça que je me vois, parce que je suis incapable de regarder son corps, je me concentre sur mes gestes. Allumant l'eau dans la douche en me penchant dedans sans la lâcher. Je vire mes basket, attrape un élastique à son poignet avant de lui attacher les cheveux avec douceur. Viens... JE l'attire avec moi dans la douche, me fichant d'être trempé, me mettant contre le mur pour la laisser venir sous l'eau tiède, voir bien chaude.

C'est nue que je finis. Nue devant Camil. Je me sens gênée, pas à ma place. Je sais très bien qu'il m'a déjà vu nue et sous toutes les coutures, mais je me sens mal à l'aise. Sale. Alors qu'honnêtement, rien ne vient gâcher la blancheur de ma peau. Je suis une petite poupée de porcelaine qui se sent sale. De l'intérieur. Entre les cuisses. Dans le con. Finalement, je trouve que ce surnom était juste parfait pour désigner le sexe féminin, à cet instant. Sans rien ajouter, Camil alluma à l'eau et entra même dans la cabine de douche avec moi. Je lui avais juste demander qu'il m'aide, pas qu'il se mouille pour moi. Qu'importe, il m'attire à l'intérieur et je sursautai un peu au contact de l'eau chaude sur ma peau. Ça fait du bien, beaucoup de bien. Je ferme les yeux, profitant de ce petit instant. Camil a toujours sa main dans le bas de mon dos, je la lui pousse gentiment. Je ne vais pas tomber c'est bon. J'attrape le savon emballé dans un petit sachet que je déchire avec mes dents. Je prends le savon, mais il m'échappa de ma main tremblante. Je souffle, et me baisse, en pensant bien que Camil est derrière moi et que la cabine est pas très grande. Je me dépêche donc de ramasser le savon et de commencer à l'appliquer sur ma peau. Avec l'eau qui coule en même temps, ça sert à rien je sais, mais je ne veux pas avoir froid. Plus mes mains descendent sur mon corps plus je me dis qu'il va falloir que j'affronte le con, la scène du crime. Je me mords la lèvre, avant de tourner ma tête vers le tatoué pour savoir s'il est toujours là, et..."Vivant."