Je venais de rentrer de mon boulot – qui se situait dans la pièce d’à côté – complètement exténuée. Je me posai un moment sur le canapé avant de retirer la pince que j’avais dans les cheveux. Mal au crâne, une véritable envie de dormir, chose que je n’ai pas faite depuis plusieurs jours – trois pour être exact – je devais rendre ma partie de la conception dans deux jours et je n’en pouvais déjà plus. Pas d’ordi ce soir. Je montai à l’étage pour me changer et mettre des vêtements plus casuals que ce jean qui me serrait et me donnait l’impression que j’allais imploser. J’avais mon cours de self-defense dans deux heures et selon mon psy, ça me ferait du bien de m’y rendre pour canaliser mon énergie. Ouais, bon c’est vrai que depuis mon dernier séjour à l’hôpital, certains m’ont demandé de me calmer. Ma mère était venue en avion pour rencontrer mon père tandis que mon frère était resté avec moi. J’en avais marre que les gens fassent la baby-sitter avec moi. Grand dieu, je suis majeure et j’aurai bientôt la majorité internationale alors foutez-moi la paix. En plus, j’ai mon chien pour m’aider à surmonter mes peurs. Avoir un véritable chien de garde chez soi, c’est bien utile. J’essayai de me rendre plus potable avec un peu de maquillage avant de sortir de chez moi. Je devais traverser la ville et en plus, à cette heure-ci, cela serait de la folie. Génial. Je laissais une gamelle d’eau à Air avant de quitter mon domicile.
C’est vrai que ça défoule bien. Je revins chez moi trois heures plus tard avec encore cette peur de l’extérieur. Ayant besoin d’une grande douche bien chaude parce que j’avais sué corps et âme durant ce cours, je mis la musique à fond avant d’aller sous le jet puissant. Décidément, ces anti-dépresseurs sont réellement géniaux. Je vois la vie en rose. D’ailleurs en parlant de rose, je me regarderai bien une comédie à l’eau de rose ce soir. Je me lavai les cheveux en me dandinant sous la douche au rythme du dernier Britney Spears. Puis, je sortis pour me les sécher. Je prends soin de cette chevelure de feu comme si c’était un bébé. Tout en me déhanchant, je cherchai un pyjama en pilou pour l’enfiler. Bon il est hideux. A motifs nounours avec une couleur à vomir mais m’en foutais. Personne ne comptait venir ce soir et tant mieux. J’allumais Pascal avant de me mettre à DL un film niaiseux. Les histoires d’amour me manquent. Tiens, Twilight 3. J’allais me faire ma popote avant d’ouvrir une fenêtre car on étouffait ici. Pis bon ce n’est pas comme si Edward Cullen allait grimper à la fenêtre de ma chambre. Je finis par descendre pour faire ma soupe, faire chauffer le pop corn et sortir le fromage blanc du frigo. Je suis fan de ça. Je ne pourrais me nourrir que de céréales ou de fromages blancs. J’en mis une grande quantité dans un bol. Puis, je montai pour mettre le film sur une clé que j’allais brancher sur mon immense télé au rez-de-chaussée. Le film commençait à peine que j’avais déjà envie de tuer l’actrice. Mon dieu ce qu’elle joue mal. Je lui balançai de temps à autre du pop corn au visage avant de mettre mes lunettes de vue. Je les avais depuis trois mois parce que ma vue baissait. Je finis par me remettre dans le canapé, lumières éteintes en hurlant à chaque fois que le mec retirait son tee-shirt. Fan service bonjour ! J’allais entrer dans la grande bataille de fin quand j’entendis un bruit sourd à l’étage. « Creepy ! » Air commença à grogner et les bruits s’intensifièrent. OH MON DIEU UN CAMBRIOLEUR.
Je posai mon pot de pop corn avant d’attraper l’objet le plus offensif que j’eus près de moi. A savoir un sabre laser jedi. « Oh mais c’est un collector. » Je l’allumais pour me faire de la lumière avant de monter les marches à pas de loup. Le gars était dans le couloir, je me plaquai contre le mur avant de me jeter sur lui pour abattre mon sabre sur lui en hurlant comme une débile les yeux fermés. De ma main libre, je cherchai l’interrupteur avant d’allumer la lumière et de voir… « DRAKE ??? » Mais je l’ai pas vu depuis une décennie. Deux ans pour être exact. « Qu’est-ce que tu fous chez moi, bordel de dieu ?! » Je le menaçai avec mon sabre laser. Ce faux gothique geek commençait à me courir sur le haricot. Merde, je vais louper la scène ou Victoria se fait arracher la tête par Edward….
Je sais pas, je sais pas ! Il fallait que je me cache avant que les démons arrivent et me mangent. Je pense que j'étais en train de courir depuis dix bonnes minutes maintenant et pour l'instant, l'impression d'être suivi ne me lâchait pas. De la lumière, cherchons de la lumière... là où on n'oserait pas m'attaquer. Je plantais des pieds au milieu de la rue et regardait autour de moi avec une panique bien présente, hallucinant des grondements venus d'un autre monde qui s'approchaient depuis des buissons de chaque maison. Ils étaient là, ils étaient là, merde. Mon premier réflexe fut de me remettre à sprinter jusqu'à la première maison et j'escaladais au plus vite une gouttière pour entrer par la fenêtre, allumer la lumière de la chambre en urgence, puis me laisser tomber en position assise juste devant la porte, dans le couloir. L'espace d'un instant, je me suis cru seul, mais une silhouette menaçante ne tarda pas à surgir sur ma droite tout à coup, en hurlant et en brandissant un truc lumineux vert dans ma direction. Automatiquement, j'ai hurlé à mon tour, puis roulé sur le côté pour éviter de me faire toucher par ce rayon laser sorti de l'enfer. « DRAKE ??? » Momentanément aveuglé par la lumière, je brandis mes bras devant mon visage, puis reculais d'un ou deux mètres en me poussant avec les jambes. Qui, quoi ? Chez qui j'étais, comment me connaissait-elle ? Je libérais finalement mes yeux pour déposer deux pupilles anormalement dilatées sur la jeune femme en présence. « C'est les démons ! » Je racontais peut-être n'importe quoi, mais le premier qui osait dire que je jouais à un jeu d'acteur pouvait aller se brosser, car pour que je laisse voir une expression d'effroi total, Moi, Drake, il en fallait beaucoup. Cela ne s'arrangea d'ailleurs pas lorsqu'une forme canine dévala les escaliers pour venir voir ce qui se passait. « LE LAISSE PAS S'APPROCHER DE MOI ! »
Mais il a totalement pété un plomb ! Je laissais tomber le sabre laser avant de me tourner vers Air qui le regardait, babines retroussées. « Mais tu t’attendais à quoi aussi ? A ce qu’on t’accueille à bras grands ouverts ? » J’étais en colère, furieuse même. Pourquoi chez moi ? Et pourquoi dans cet état ? Enfin la colère n’arrangerait rien. Je le connaissais le lascar et surtout quand il pensait avoir des visions de démons ou autres. « Air, va-t-en, lançai-je à l’intention du chien qui rebroussa chemin. » Puis, je refermai la porte d’un coup de pied avant de me baisser vers lui pour voir qu’il avait les pupilles dilatées. La main partit toute seule pour s’abattre violemment sur sa joue. « Tu les vois maintenant les démons ? Parce que comparés à moi, ce sont des agneaux. » Puis, je me relevai pour l’agripper par le col et le remettre debout. Il était trois fois plus grand que moi et complètement à la ramasse. Ça n’avait servi à rien. Je vais le tuer. Non ça n’arrangera rien. « Dis moi que tu sais qui je suis au moins. Que je sois pas obligée de te rafraichir la mémoire. » Je m’approchai un peu plus pour lui faire face. « ET VOUS CASSEZ VOUS MAINTENANT, lançai-je aux pseudo-démons. VADE RETRO SATANAS. »
Je restais concentré sur le chien jusqu'à ce qu'il reparte, puis offris un petit grognement plaintif à Lilas en me frottant un œil, ainsi qu'un deuxième lorsque je reçus une gifle. J'eus le bon sens de lui envoyer un regard noir entre deux pour signifier mon mécontentement, mais dans mon état, aucune de mes répliques sanglantes habituelles ne voulait s'enclencher.
Nonchalamment, je me suis donc relevé sur mes jambes trop longues avec l'aide de la jeune femme, ne comprenant pas tellement ce qu'elle faisait ici, dans la même maison que moi. Bien sûr... je n'avais pas fais le lien qu'elle pouvait POTENTIELLEMENT y habiter. « Faut allumer une bougie pour que ça marche... » je fronçais les sourcils « Qu'est-ce que tu fais ici, Martin? »
« Putain, on s’est pas vus depuis deux ans et tu m’fais toujours autant chier. » Je soupirai avant de le lâcher pour qu’il tombe sur le lit. « Hmm, aux dernières nouvelles, j’habitai ici. Enfin bon tu sais venant de la part d’un mec défoncé qui est entré par la fenêtre poursuivi par des démons… Voilà. » Je haussai les épaules avant d’aller dans ma table de chevet pour sortir une bougie et l’allumer avec un briquet. Puis, je l’allumai avant de le laisser planter dans la chambre pour aller chercher du sel. Comme quoi regarder Supernatural sert à quelque chose. Je revins pour en mettre sur le rebord de la fenêtre et fermer cette dernière avant d’en mettre également sur le seuil de ma chambre. Puis, j’attrapai mon coupe-papier avant de tracer un symbole répulsif sur le mur. « Comme j’avais des sentiments pour un abruti de fanatiques, j’ai lu tous les manuels d’exorcisme. » Puis, je me tournai vers lui avant de le jauger. « Hmm, t’es possédé. On va devoir aller te purifier. AVANCE SMAUG. » J’ouvris la porte de la salle de bain annexe à ma chambre avant de mettre du sel partout et de recommencer à mettre du sang partout. Puis, je me bandai la main pour arrêter que ça saigne avant de me tourner vers lui. « ça te va ou faut aussi que je me saigne comme une truie que je suis en récitant l’ancien Evangile en latin. Avec le sel, ils risquent pas d’entrer. ALORS A LA DOUCHE. NOW ! »
Je restais là, debout au milieu de la pièce, à la regarder faire ses trucs sans réagir de mon côté. Juste... totalement inutile à la situation, mais restant quand même attentif à ses manipulations qui ne me valurent aucun commentaire supplémentaire. Voila l'un des seuls avantages que l'on pouvait éventuellement accorder à la drogue : au moins, avec ça, je fermais un peu ma grande gueule et même si mes réactions actuelles n'avaient rien de reposant, n'importe qui pourrait vous confirmer que c'était des vacances à côté d'un Drake qui avait toutes ses pensées à disposition.
« I am Fire. »
Pas du tout choqué de voir Lilas s'être coupée juste pour me faire « plaisir », j'entrais dans la salle de bain.
« I am Death. »
Okay, c'est bon... la zone était sécurisée maintenant... j'osais enfin souffler un coup. Enfin non, quelqu'un voulait me pousser dans la douche et moi j'avais vraiment pas envie d'être mouillé. Je voulais juste dormir sans crainte de me faire manger l'âme prématurément. Du coup... je me suis assis par terre pour m'agripper au meuble en-dessous du lavabo. « J'aime pas l'eaaaaaau, laisse-moi, I AM FIRE! Don't touch me, argh ! »
Je me tournai vers lui lorsqu’il affirma être la mort avant de prendre mon air le plus blasé. « Quoi ? » Et voilà que ça recommence ! Me revoilà deux ans en arrière avec ce gros abruti qui débite encore des conneries à tout va parce qu’il a pris de la drogue. Facepalm. Lorsqu’il s’assit sous mon lavabo, j’eus envie de me taper la tête contre un mur. « C’est bien Dracaufeu mais j’m’en fous. » Je me mis à réfléchir avant de me tourner vers la douche qui n’était pas si loin. « Tu ne veux pas aller à la douche, c’est elle qui va venir à toi. » Ne voulant pas être mouillée, je retirai mes lunettes pour les poser sur la tablette au-dessus du lavabo puis ensuite, je retirai mon haut de pyjama –j’ai un débardeur en dessous- le pliant délicatement sur la chaise prévu à cet effet et envoya mon pantalon l’y rejoindre. Je tiens à ce pantalon. Nullement gênée par le fait que je sois en petite culotte et en débardeur, je me dirigeai vers la douche avant de l’allumer pour la mettre sur eau froide. Puis, j’activai la petite douchette avant de la décrocher de son socle pour la diriger vers Drake. « Oups, t’as la flammèche éteinte. » Je l’observai complètement trempée avant de me plier en deux. « Bon cesse de faire l’idiot et viens te doucher, j’ai pas envie d’y passer la nuit. » C’est vrai, je dois finir mon film.
Inutile de préciser que ma réaction face à l'eau froide fut plutôt virulente. Je me suis replié en boule sans oublier de bien me faire entendre de ma grosse voix dans un discours incompréhensible, avant de gigoter dans tous les sens, sans pourtant avoir l'idée de sortir tout simplement de la pièce. Non, la logique m'échappait, au moins autant que la raison pour laquelle Lilas avait retiré la moitié de ses vêtements. « okay, okay... uh... » Malgré la grimace sur mon visage pâle, je finis par lâcher ma prise, détrempé, une fois que l'eau cessa d'être envoyée dans ma direction. Bien. Je me suis donc remis sur mes jambes pour retirer mes chaussures, mon jeans ainsi que mon pull. « C'est bon, je m'en occupe... je te rejoins après... » J'étais parvenu à dire ça à la jeune femme avec un air sérieux et plus ou moins 'présent', puis entrais dans la douche pour appuyer le fait que j'allais faire ce qu'on me demandait. « promis. »
J’éclatai de rire en le voyant se rouler en boule. Non mais c’est un véritable bébé, ce gars-là. Et dire que j’aimais ce mec. NON NON. Tu l’as aimé Lilas, tu ne l’aimes plus. Oui, c’est ça. Je le vis donc se relever pour me dire qu’il capitulait avant qu’il ne se déshabille. Je déglutis en voyant son corps à moitié nu. QUOI ? JE SUIS EN MANQUE OK ? Bon, certes j’ai Sidoine mais quand même. Je penchai légèrement la tête pour regarder ses fesses avant. Puis, je hochai la tête d’un air sérieux. « A d’autres Ken. » Je le connaissais par cœur comme si je l’avais fait. Je finis donc par aller vers les deux portes – celle de ma chambre et celle du couloir – pour les fermer à clé, retirer les clés que je mis dans mon soutien-gorge avant de grimper sur la poutre apparente qu’il y avait dans la pièce. « Promis, je regarde pas. » Puis, je commençai à me balancer en attendant qu’il ait fini en chantonnant la chanson The Fox tout en faisant mes acrobaties.
Porte fermée, endroit sécurisé. Je n'avais d'autre choix que de me doucher sagement, donc, avec au moins autant de vigueur qu'un paresseux. Heureusement qu'il ne s'agissait pas d'une baignoire, car si ça avait effectivement été le cas, j'aurais pu m'y endormir. Néanmoins, après dix bonnes minutes de lutte avec moi-même, la tâche fut effectuée du début à la fin. J'étais un peu moins dans les vapes, mais quand même pas assez réveillé pour adopter un comportement autonome qui m'aurait permit de rentrer chez moi. Une fois la douche terminée, j'en sortis donc et me saisis du premier linge qui tomba sous ma main afin de me sécher des pieds à la tête, puis de sécher de sol.
Oui oui, j'étais en train de nettoyer derrière moi, vous ne rêvez pas. Ma soeur avait toujours insisté pour que je répare ce genre de bêtises et c'est un peu la seule chose que je faisais sans avoir besoin qu'on me force la main. Etonnant, je sais... et je faisais aussi la vaisselle ainsi que l'aspirateur, quand j'étais saoul. Besoin de réparer mes dégâts d'une manière ou d'une autre.
Malgré ça... mes vêtements étaient inutilisables, je ne voulais pas les remettre dans cet état-là, alors je les ai suspendus à la cabine de douche et puis j'ai décidé de m'approprier ce peignoir contre la porte pour avoir quelque chose sur le dos. Finalement, ma tête se leva vers la poutre en hauteur. « C'est bon... »
J’étais en train de chanter ma chanson à tue-tête. « Ding ding ding ding ding ding… » que j’en avais oublié sa présence. Oups. Je finis donc par baisser la tête avant de le voir vêtu du peignoir… de mon peignoir. « Le rose est une couleur qui te va bien au teint. » Puis gracieusement, je sautai à terre pour me mettre face à lui avant de chercher les clés. « Tu vas rester ici cette nuit, bébé dragon et demain, je te reconduirai chez toi. » Je finis par fouiller dans mon soutien-gorge pour en sortir la clé avant de le prendre par la main pour trouver Air devant la porte qui lui montra les crocs. « Elle est rancunière. » Puis, je le fis descendre les marches pour aller au salon tout en murmurant la chanson. Enfin, j’en vins à l’asseoir dans le canapé pour aller lui chercher un verre d’eau à la cuisine. Puis, je revins pour m’asseoir et remettre le film en mode lecture. Enfin, je lui tendis le verre d’eau. « Hydrate-toi, c’est le mieux que je puisse faire. » Puis, je me penchai pour déposer un léger baiser sur sa joue. « Tu m’as manqué, bébé dragon. » Je lui ébouriffai les cheveux avant d’attraper mon bol de fromage blanc pour allonger mes longues jambes et mettre un coussin dessus. « Mets ta tête là et repose-toi. J’ai un talisman contre les démons. T’es en sécurité désormais. Personne s’en prendra à mon bébé dragon. »
Pas la force de résister. Je laissais ma carcasse se faire trainer là en bas, tout en gardant un oeil sur le chien qui n'attendait visiblement que la première occasion possible pour me sauter au cou. En même temps... je l'avais ni plus ni moins assommé d'un coup de poing brutal, lors de notre rencontre d'il y a deux ans, alors il avait de bonnes raisons de ne pas m'aimer. Et puis je ne dégageais rien de sympathique, parce que je l'étais pas. Là, ce soir, j'avais l'air tranquille parce que j'étais sous calmants, mais demain, ma léthargie cesserait et alors, le venin recommencerait à couler dans mes veines. Parfois, j'avais l'impression que mon sang était noir. J'en rêvais, la nuit. Noir.
Une fois le verre d'eau terminé, je restais assis dans ma position et me contentais d'observer Lilas qui m'avait pourtant invité à me coucher. Des bribes de lucidité me parvenaient à coup de millisecondes, mais ce n'était pas suffisant pour allumer l'électricité dans mes yeux clairs, bien qu'éteins. Et puis lentement, je me suis senti partir. J'sais pas ce qu'il y avait dans cette flotte, mais... ça m'assommait, si bien que mon corps trop grand finit par s'allonger sur le côté, comme demandé. Je remarquais enfin la gentillesse avec laquelle on s'occupait de moi et directement, ça me donna des nausées. J'aimais pas qu'on se montre gentil avec moi. J'aimais pas qu'on fasse comme si j'avais besoin qu'on s'occupe de moi. Je pouvais prendre soin de ma personne tout seul. J'voulais pas être redevable parce que c'était chiant. Je voulais pas qu'elle me touche, non plus. Mais j'ai rien fais. Juste calé un peu mieux ma tête contre son ventre, juste levé une dernière fois le regard sur un point dans le vide, légèrement au-dessus de la rouquine. Paradoxal. « ... » Je plissais des paupières, comme pour mieux voir ce qui se présentait à ma conscience. « Il y a quelqu'un... » Un petit sourire s'afficha sur mes lèvres, puis je fermais les yeux. Cela faisait bien trois jours entiers que je n'avais pas dormi... ça faisait du bien de pouvoir se laisser aller.
Même si demain, je ne serais plus là avant même qu'on puisse me parler. Je serais parti comme un voleur et le pire, c'est sans doute que je l'assumerais, à ma manière.
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