Je n’arrivais toujours pas à croire que Jules était dans cette ville ! Ah, le destin et ses jeux ! Dans tous les cas, cela avait le don de me plonger dans mes souvenirs de cette époque lointaine. Tout cela semblait tellement…loin désormais et surtout plus simple par rapport à ce qu’était devenue ma vie aujourd’hui. Surtout ma conscience. M’enfin bref, j’étais content de savoir ma vieille amie –tout était relatif- dans cette ville, quelques visages connus ne pourraient pas faire de mal à mon intégration. C’était comme de sorte des racines qui vous permettaient de garder l’équilibre et de retrouver votre chemin ! En outre, elle était encore plus jolie qu’avant –Eh, j’avais fait preuve de curiosité en tentant de regarder une de ses photos, mais n’étant pas franchement habitué par le design, je n’avais pu que contempler sa dernière photo mise en ligne et oui, elle était magnifique ! Je pris le chemin indiqué par mon GPS et me garai devant son immeuble. Tiens, j’étais déjà passé par ici durant une course, sans savoir que je m’y attarderai plus longuement les jours à venir. Sans savoir que quelqu’un qui avait compté et comptait toujours pour moi vivait ici. Le monde était tellement petit ! Je me jetai sur l’interphone. « C’est Khan » Un bruit strident signalant que la porte était ouverte, j’entrai donc et montai les escaliers –malgré l’ascenseur histoire de m’entretenir physiquement- puis frappai à sa porte une fois devant celle-ci. « Salut toi, je te dérange pas au moins ? »

La première chose qui me frappa c’était la différence de taille. L’on ne peut pas dire que la jeune femme n’avait pas vraiment poussé, à moins que j’aie grandi, en tout cas, je la dépassai d’au moins une bonne tête et demie ou plus. Cela étant, d’autres atouts avaient vu le jour, physiques tout d’abord, elle était désormais une femme accomplie et mentaux –peut-être-, elle dégageait une assurance qui ne la rendait plus que séduisante encore. « Moi aussi je suis content de te voir » un grand sourire apparut sur mon visage alors que je prenais possession de son appartement, jetant un coup ci et là pour prendre mes marques. « Tu es magnifique ! » Cela n’était pas une tentative maladroite de la séduire mais la pure vérité. Non pas qu’elle ne l’était pas avant mais avouons qu’elle s’était embellit avec l’âge. Soudain, je remarquai une petite créature tendant les bras dans son parc. Mon regard fit la navette entre le bébé et la mère, puis la mère et le bébé, hébété. « Il est à toi ? » demandai-je en m’approchant du parc. « Coucou toi, tu sais que tu s jolie toi, comme un cœur »

Mère ? Le moins que l’on pouvait dire c’était qu’elle avait évoluée ! De l’adolescente en constante rébellion qui mettait tout en œuvre pour énerver sa famille, surtout sa belle-mère, comme par hasard se mettre en relation avec un homme plus vieux. Homme plus vieux qui n’était pas franchement mieux mais pour mon excuse, Jules faisait plus que son âge malgré son style quelque peu adolescent. « Eireen, ça lui va bien ! » dis-je à la mère avant de me pencher vers la fille « Bonjour Eireen » Elle émit un clappement des plus adorables. Dieu qu’elle était adorable ! Cela me rappela brièvement cet enfant que je voulais désespérément mais que je ne pouvais avoir du fait de la dangerosité de mon métier et mes incessants déplacements. Une vie de famille était proscrite, vous vous en doutez. « Mh d’accord » Je pris précautionneusement Eireen dans mes bras, veillant à ne pas lui faire de mal et la collai contre ma poitrine. Je ne doutai pas que ma manière de faire était quelque peu maladroite mais je n’avais pas vraiment l’habitude d’enfants. « Elle est vraiment chou » Je passai mon doigt contre sa joue. « Il n’est pas là le père ? »

Khan acquiesça simplement, la dispensant d’un commentaire qui aurait pu être mal-interprété. Il demeurait néanmoins très traditionnel dans la manière dont il voyait une famille, qui devait, à ses yeux, être composé du père et de la mère. Un idéal qu’il avait chéri durant ses jeunes années et qu’il chérissait toujours encore à vrai dire. Il savait bien que les mœurs avaient évoluées et que les gens n’y prêtaient plus vraiment attention, ce qu’il trouvait dommage et triste. Ou peut-être était-ce à lui de devoir changer sa manière de voir les choses ? Accepter la situation telle qu’elle était ? « Il y a de quoi, elle est adorable » Et il le pensait. Le fait qu’il aimait les enfants n’était certes pas étranger mais il devait reconnaître qu’Eireen était tout bonnement mignonne. Comme sa maman à une époque. Il alla s’asseoir aux côtés de Jules, tenant le petit être contre son bras. « Le surf entre autres, y a une compet bientôt » Ce n’était pas un mensonge, il venait très souvent à San-Francisco pour le surf, les vagues et bien sûr les filles en bikini, m’enfin, il était inutile de préciser ce dernier point. « Si j’avais su tu habitais ici, je serai venu te voir, je passe souvent par ici »

Le moins que l’on puisse dire c’était que Khan ne s’était pas du tout attendu à ça. Comment diable une aussi jolie créature pouvait provoquer des dégâts aussi…dégoûtants ? Détrompez-vous, il n’était pas fâché et ne s’emporta de ce fait pas du tout. Jules se chargea d’Eireen tandis que lui se levait pour constater les dégâts, heureusement, ce n’était pas T-shirt à laquelle il tenait particulièrement. Après réflexion, il n’y avait pas tellement de vêtements auxquels il était attaché, il n’était pas tellement matérialiste et l’argent qu’il gagnait servait entre autres à subventionner des orphelinats dans son pays natal, il avait eu de la chance de s’en sortir, malgré tout et tenait à ce que les autres aient également la possibilité d’accéder à quelque chose de mieux. Il doutait être digne de sa bonne fortune et tenait à l’être en faisant des choses pour les autres. « T’inquiètes pas, y a pas mort d’homme » répliqua-t-il en se levant, refusant ainsi poliment l’aide que voulait lui prodiguer la jeune femme. « Où est la salle de bain ? » demanda-t-il et s’y dirigea sous indications de son amie en ôtant le dit T-shirt en chemin –oh oui, Jules, mâte-moi pensa Maya en écrivant cette partie. Dans la salle d’eau, il saisit une éponge et entreprit de se débarrasser du vomi avec l’espoir que l’odeur ne serait pas trop forte. Se redressant finalement de sa petite lessive, son coude rencontra finalement un flacon de parfum qui se brisa en un millier de morceaux avant qu’il eut le temps de faire quoique ce soit et bien sûr sa première réaction fut de vouloir d’éponger le liquide avec…son haut –comme le hasard fait bien les choses pensa à nouveau Maya. Sans doute alertée, la brune vint le rejoindre « Désolé, je crois bien que je suis trop grand pour ta salle de bain » s’excusa-t-il avec un air penaud sur le visage et torse-nu –oh oui, mâte donc Jules, okay, ma gueule.

Au moins, elle ne s’était pas emportée pour son parfum, car Khan était bien placé pour savoir que les femmes tenaient par-dessus tout à leur maquillage, vernis à ongle ou bien encore garde-robes. Les choses à ne pas toucher en somme aux risques de s’attirer leur foudre. Jules semblait bien le prendre, ce qui n’était pas pour lui déplaire, cela aurait dommage de se prendre la tête durant leur retrouvailles, d’autant plus qu’il était content de la voir. Quelqu’un d’Irlande, de son pays, même s’il n’y avait pas vécu les meilleures années de sa vie, il aimait ce pays et puis, il y était parvenu à se reconstruire. A bien y réfléchir, cela faisait bien quelques mois qu’il n’y était pas retourné, il devrait y songer et ainsi donner un coup de fil à son père, si ce dernier parvenait à capter le réseau perdu dans l’arrière pays où il devait accomplir sa mission, en espérant qu’il fût toujours vivant en fait. « Oh tu sais, les préjugés disant que les hommes ne savent pas manier un balai ne sont pas vrais pour tous les hommes » lança-t-il, moqueur. Après tout, il avait longtemps vécu avec son père et c’était à lui que revenait la mission de garder les chambres d’hôtel dans un état convenable ou bien encore des studios qu’ils louaient pour une longue durée, il prenait de ce fait en charge la vaisselle, la lessive, le ménage, une vraie petite femme au foyer s’amusait souvent gentiment Arkadiusz. « Les possessions sont éphémères ma chère » dit-il d’un ton solennel et grave avant d’offrir un très grand sourire. « T’inquiètes, je gère, après tout, c’est moi qui ai foutu ce bordel, laisse-moi au moins me rattraper en te laissant salle de bain propre » il finit de collecter les morceaux de verre, récupérant au passage ceux que tenaient Jules « Tu devrais retourner avec Eireen, ce n’est pas prudent de laisser un bébé tout seul » Alors qu’elle disparaissait au salon, il ne put s’empêcher de lui jeter un regard en biais. Bordel, elle s’était véritablement embellit avec l’âge, tout à fait son style. Dès qu’il eut terminé, il la rejoignit. « Même si je connais déjà la réponse, je tente quand même, tu n’aurais pas un T-shirt pour moi ? Un laissé par un de tes amants ou bien un des tiens ? » Un autre sourire amusé. « En fait pour tes t-shirts, il en faudrait au moins trois qu’on coudra ensemble » Non pas que ça le dérangeait de rester ainsi, il était très fier de son corps mais cela risquait d'être...quelque peu bizarre, soyons honnête.

Elle disparut dans la chambre la petite endormie dans ses bras, dieu qu’ils étaient mignons à cet âge là et encore plus quand ils dormaient. L’on pouvait passer de nombreuses à les contempler, le regard brillant d’admiration. Sans doute était-ce ce que faisait Jules dès qu’elle en avait l’occasion. D’ailleurs, cela lui rappelait une confession d’Arkadiusz, qui lui avait avoué le regarder dormir, il semblait tellement fragile dans ces moments-là qu’il n’avait qu’une envie, le protéger de tout ce qui aurait pu le nuire. Khan avait d’abord trouvé cela fort étrange même s’il était plutôt content d’avoir enfin quelqu’un pour veiller sur lui et considérer comme un père. Ils n’avaient certes pas le même sang, mais il avait bien compris que ce n’était pas ça qui faisait d’une famille, une famille. Jules revint avec un T-shirt dont il n’avait pas besoin d’essayer pour savoir qu’il trouverait à peine son ventre. Il le passa tout de même et comme convenu, celui-ci le serrait au possible et n’atteignait pas ses hanches. « Eh bien, j’ai l’air d’un village people » il prit une pose ô combien féminine, rappelant les gays qui jonchaient les rues de SF « Alors je te plais ? » sa voix se fit un peu plus aigue tandis qu’il battait des cils comme une adolescente pré-pubère devant son premier amour. Bon dieu que c’était ridicule ! Il le savait et il éclata de rire. Il esquissa un grand geste et le vêtement émit une puissante plainte. Déchiré. « Bon j’espère que la personne à qui ça appartenait n’y tenait pas trop» dit-il en récoltant les lambeaux « en tout cas, il faut croire que je sois condamné à me balader torse-nu dans ton salon, bon bien sûr, je ne t’invite pas à me rejoindre » une blague et un éclat de rire afin de détendre un peu les esprits « Ca te dérange si je fume ? » Il alla s’installer près de la fenêtre qu’il ouvrit, de façon à rester face à Jules et s’alluma sa clope. « Au fait, tu travailles dans quoi ? »

Khan s’amusait réellement aux côtés de Jules. Cela rappelait l’époque où tout était moins compliqué…enfin une telle époque avait-elle-même existé ? Disons qu’il y avait eu des temps moins rudes que d’autres. M’enfin, il captait de temps à autres des regards de la jeune femme sur d’autres parties de son anatomie, autre que son visage. En voilà une demoiselle qui ne se gênait pas pour le mâter bien comme il fallait, cela l’amusait. « Ah ouais ? Ca te va bien ! » fut son premier commentaire en rejetant la fumée « Non pas que t’as une allure morbide ou quelque chose dans le genre, c’est juste que c’est original et l’originalité te va bien au teint » se reprit-il presque immédiatement en haussant nonchalamment les épaules. Il le pensait. Après tout lorsqu’ils s’étaient rencontrés en Irlande, elle travaillait dans le cirque, il l’aurait très mal visualisée en employé de bureau ou quelque chose ayant trait à l’administration. Quelque chose de « normal », voire de « banal », même s’il l’aurait très vu strip-teaseuse également et que ce métier se banalisait à une vitesse effarante. « Chauffeur de taxi » souffla-t-il simplement. Il avait décidé de taire ses autres activités qui, déjà, la mettraient inutilement en danger et risquait fort bien de jeter un froid, bien que cela eût été quelque peu comique qu’il soit à l’origine de son boulot à elle. Il retint difficilement un rire. « Je sais, comme dirait mon père je manque d’ambition alors que je pourrais aspirer à bien mieux, m’enfin c’est tranquille comme job, du moins quand t’as pas à gérer les gens saouls qui te salopent la banquette arrière » Il s’esclaffa.

Khan était tout à fait conscient du regard de Jules sur lui et n'en était pas offusqué, loin de là. C'était bien agréable d'être reluqué par la sorte par une aussi belle femme. Cela boostait sa confiance en ses atouts physiques. Il se savait plutôt désirable aux yeux de la gente féminine mais avoir une preuve aussi tangible ne pouvait qu'être plaisant, quel homme ne le souhaiterait pas ? Strip-teaseuse, hein ? Un sourit naquit sur ses lèvres, il avait juste. "Ca aussi, ça te va bien" dit-il à nouveau. Et comment ! Il déplorait simplement avoir rater ce spectacle, car le physique de Jules n'avait plus rien de ce qu'il avait connu à l'époque, bien qu'elle était déjà plus que désirable à l'époque. M'enfin, avec un enfant en bas âge, il n'était plus possible de faire ce qui nous chantait, sans doute pourquoi à presque trente ans, il n'avait pas encore fondé sa famille même s'il en rêvait. Il est bien connu que l'on ne faisait pas toujours ce qui nous chante, n'est-ce pas ? "Oh mais, faut pas croire, chauffeur de taxi c'est très physique !" s'offusqua-t-il faussement, un grand sourire aux lèvres. Cela dit, il avait tout à fait raison, il devait souvent faire face à une clientèle réfractaire, bourrée, surtout lorsqu'il travaillait de nuit, heureusement son presque deux mètres et son physique imposait avait tendance à mettre en fuite les plus refractaires. "Culturiste ? Oh seigneur, tu vas pas m'dire que j'en suis déjà à ce stade !" Rejetant sa fumée, il inspecta son bras libre, le comparant à celui de Jules "il y a une sacré différence" A vu de nez son bras devait faire au moins quatre fois celui de la brune. "Effectivement, je n'en suis plus très loin"