Retour de ses déplacements, Lera n’avait qu’une envie s’amuser. Bon certes, elle en avait bien profité à l’étranger, avec un métier comme le sien, il était possible d’allier l’utile à l’agréable. En outre, après un shooting, elle avait pour ordre d’aller prendre du bon temps avec le reste de l’équipe afin de tisser des liens plus profonds et pourquoi pas amicaux, qui pourront se révéler utile lorsqu’elle lancera sa marque au printemps prochain. Il ne fallait pas se leurrer, dans ce milieu rien n’était jamais fait pour rien, chacun avait sa part d’arrières pensées et la blonde n’échappait pas à la règle. Cela ne voulait pas dire qu’elle n’aimait pas leur compagnie, mais puisqu’il lui était possible d’avoir plus, elle faisait en sorte de l’obtenir. Il n’y avait pas de quoi rougir, elle n’était pas la première et sûrement pas la dernière à avoir recours à de telles méthodes. Ce fut donc ravie des perspectives professionnelles qui lui tendaient les bras qu’elle avait gaiement accepté la proposition de ses amies d’aller jouer les pilier de bar, comme avant, avant Elijah s’entend. Dans l’absolu ce n’était pas une très bonne idée puisque ses soirées avec elles avaient légèrement tendance à dégénérer ; finir sur le trottoir à moitié inconsciente n’était pas vraiment l’idée du siècle pour une mère de famille, néanmoins ce soir, elle avait envie de balancer aux ordures les responsabilités qui allaient de pair avec ce nouveau statut. Après s’être fumée un joint pour débuter les festivités et avoir enfilé ce qui semblait être la robe la plus courte qu’elle avait en réserve ainsi que ses escarpins, elle s’engouffra dans un taxi. Les retrouvailles furent teintées de cris et de rires, la petite troupe était visiblement contente de se retrouver, après tout cela signifiait la suite de leurs aventures nocturnes. Elles entrèrent. Cinq verres et une ligne de coke plus tard, elles firent de la piste de danse leur royaume. La mission était de ramener le plus de mecs possible pour l’after. En parlant de mec, Lera ne tarda pas à repérer sa première proie, à quelques pas seulement de sa position. Poussée par ses amies gloussant comme des dindes, elle se lança à l’assaut du jeune homme, c’était sans compter sur cette conne qui n’avait visiblement pas appris à faire attention où elle mettait les pieds et lui renversa son verre dessus. « Mais putain, tu peux pas faire gaffe, merde ! » S’emporta Lera en faisant l’état des dégâts. Un petit tour au pressing lui sera nécessaire. C’était tout de même ironique que les vêtements de grands couturiers soient si peu résistants. La blonde leva finalement la tête et ses brunelles rencontrèrent celles d’une brune qu’elle connaissait très bien et pour cause il s’agissait d’Astor. « La thèse de l’accident est à écarté » lâcha-t-elle, mauvaise.

Bon dieu qu’est-ce qu’elle pouvait l’agacer ! Quoique cela fait bien longtemps que l’on avait dépassé ce stade ! Autant dire les choses comme elles étaient, Lera ne pouvait la voir en peinture, trop proche de Gareth à son goût. Lorsqu’on se rapprochait de son amour d’antan, on subissait forcément ses foudres, de la jalousie de base et ô combien puérile, ça aussi, elle le savait. Elle ne pouvait certes l’avoir –ceci restait encore à déterminer, à discuter, à parlementer-, elle refusait néanmoins que quelqu’un d’autre l’ait à sa place. Il restait sa propriété. Et quand bien même, une fille serait proche de lui sans forcément avoir l’intention d’en faire son amant, cela lui était égal. Si elle avait pu, sans nul doute qu’elle l’aurait enfermé dans une prison dont elle aurait égoïstement gardé la clé. Elle n’était pas sans savoir qu’un tel mode de pensée était quelque peu effrayant mais, elle n‘y pouvait rien, c’était ce qu’elle ressentait et avait toujours d’ailleurs ressenti pour Gareth. Rien d’étonnant à ce que leur réaction se soit douloureusement soldée dans le passé, bien trop malsaine pour un dénouement heureux. Ni une, ni deux, Lera attrapa le premier verre qui fut à sa portée et le renversa sur la brune. « Le savoir-vivre exige que je te rende la politesse » dit-elle avec un sourire tout aussi charmant au visage. « Ne remercie pas, ça m’a fait plaisir » rajouta-t-elle alors que son sourire s’agrandissait. James n’était pas là ce soir pour apaiser les tensions et si elles devaient continuer sur cette voie, nul doute que cela risquait fort bien de mal se terminer, car aucune des deux n’était prête à lâcher le morceau. « Et puis, ce sera l’occasion de te trouver des habits qui ne te donnent pas des airs de clocharde » Elle se tut un instant, toisant la jeune de femme de haut en bas « Enfin, si cela est possible bien sûr » Repérant une de ses amies qui lui faisait signe, Lera entreprit d’aller les rejoindre et s’amuser comme cela était initialement prévu. Assurément, Astor n’avait pas dit son dernier mot. Où était donc James lorsqu’il était nécessaire de l’avoir dans les environs ?