❝ ☇ Quand j’étais petit j’étais blond, et je voulais être écrivain. Il y a le noir fétiche, le noir de la nuit. Y’a le noir de colère et le noir du néant. Y’a une différence autant qu’une ressemblance. Dans l’obscurité y’a un goût de tout à la fois. Parce que tout se résume à un sentiment, et que le temps file et se défait. Parce que les couleurs ne compte plus, que l’odeur n’existe plus et que le pire c’est que… je ne sais plus. Poupée de son ? Non poupée sans nom, sans fonction, poupée bloqué qui semble réellement, totalement cassé. Le temps à filer, une heure, une nuit, peut-être quelques jours. Je ne me souviens plus.La Colombie. J’en ai pas de souvenir, peut-être un reste de soleil et un drap blanc volant attaché sur le fil à linge. Des rires d’enfants, une course effrénée dans un jardin où l’herbe verte était beaucoup plus rare que la terre desséchée et le sable. Pas plus de souvenir qu’un film entrevu lors d’une soirée entre copines. Rien de plus. J’y suis née, lors du voyage de noce de mes parents. Ils avaient décidé qu’il durerait un an., il avait embarqué Noham et avaient commencé leur voyage de noces familial. A ma naissance ils ont décidé de s’installer dans ce pays durant quelques temps. Nous y sommes resté quatre ans, mon frère cadet avait deux ans lorsque nous sommes partit pour retourner vivre aux Etats-Unis. Il y a des photos, il y a des souvenirs. Mais ce n’est qu’une histoire qu’on me racontait étant petite avec Joshua. Rien de plus. Rien de moins. Puis on en a parlé comme un souvenir lointain, aux réunions de famille. La Colombie, mon pays, notre pays à Josh et moi. Notre naissance, et pourtant aucun souvenir. Une contré non explorée, une vie, une ville qui font rêver sans y retourner. Je ne me souviens pas de mon enfance, enfin pas énormément comme beaucoup. Je me souviens juste que jusqu’à mon entrée au collège j’étais pas bien, à la limite de l’asociabilité, la mort de mon frère ainé n’a rien aidé. La famille a sombré, puis remonté… sans moi… Puis avec moi. Ca a tellement changé avec les années qui viennent de passer… Je dirais même que … papa et maman souhaiteraient sans doute que je n’y sois jamais entrée. La grande école, les gens différents, les cours si débloqué. Mona, Lara, Théo… et tant d’autre. Je passe mes semaines a être débordé, à me maintenir à la hauteur au niveau de mes cours, entre le temps passer à étudier et le reste à sortir… Je n’y peux rien si mon école est collé à l’université de la ville, il y a beaucoup trop de tentation. Même pour une bonne élève qui veut surtout en finir rapidement et intégrer une grande université de niveau supérieur. Non même pour moi il y a trop de tentation. Et je regarde Joshua, encore à son école et je me dis qu’il y a deux ans j’étais pareil. Il y a deux ans… alors que là… entre les mathématiques et les soirées avec mes amis…
☇ J’ai rencontré un garçon, il m’a un peu tourné la tête. Fortissimo même... Tu vois le requiem de Fauré ?! Bah être avec lui c’est pareil c’est fort c’est pur. La peur n’existe pas, comme le manque, ou bien je ne sais quel autre sentiment. En faite, c’est comme si… Il n’y a plus, il n’y a rien. Où si peu. Trop de flou, une sorte de laps temps, une sorte de… no man’s land. Oui un No man’s land immense, une arrêt sur image, un arrêt de son, de temps, de présence. C’est comme entrer dans un tunnel, un brouillard épais, un état de différence totale. Non palpable. Tu cesses, tous simplement. Je veux que cela cesse immédiatement. Sa voix énervée me fait soupirer, alors que je referme mon livre d’histoire. La discussion était inévitable, évidemment. Bien évidemment même. Et quand je dis discussion, je devrais peut-être dire dispute. Pensant pouvoir terminé mon exercice je me rends compte que non, je ne peux pas. Une demie heure déjà que mon père s’énerve sur Benjamin. S’énerver ? Pire. Encore heureux que la douceur de ma mère a au moins réussis à atténué l’envie de mon père d’aller frapper le garçon. D’ailleurs si je me suis mis à mes devoirs c’est surtout pour calmer mon cœur alarmé et paniqué à l’idée qu’il ne le face, ou bien qu’il réussisse par je ne sais quel moyen à réussir à cesser tous cela.
Il ne me force à rien papa… Je finis par répondre relevant le retard vers lui avec prudence.
ET ALORS ?!!! C’est… c’est inadmissible ! C’est…. Du détournement de mineur ! Il exploite ta fragilité et que tu sois encore jeune et naïve… Je le dévisage réellement blessé et choquée qu’il puisse me dire cela. De une parce que Ben' ne fera jamais ça, au grand jamais. Et qu’il a été le premier à essayer que tout cela n’arrive pas… Et puis, mon père, l’homme qui plus jeune était mon héro, ne cesse de répéter sans cesse que je suis beaucoup trop mature, que je devrais pas l’être autant. Que je n’ai que quinze ans, et non dix-huit… Il semble cependant que mon regard l’apaise un peu…
Winona tu as beau être beaucoup plus mature, ça n’enlève en rien le fait qu’il n’a pas à te fréquenter. Il a huit ans de plus que toi, et… Mais papa on dit bien que les garçons ont deux ans de moins en maturité, donc ça ne fait que six ans… et puis… si je suis si mature que… La main de ma mère sur mon épaule me fait taire alors que je relève la tête vers elle.
Byron, rappelles toi que nous le trouvions assez digne de confiance pour aider Winona dans ses devoirs… nous lui faisons confiance depuis des mois… et… souhaiterais-tu vraiment qu’elle fréquente ce jeune homme derrière notre dos ? Alors que je dévisage ma mère avec adoration face à sa défense, je bénis sa douceur et son savoir pour discuter et calmer mon père qui se lève contenant sa colère.
On en a pas finis… Souriant, je fixe le plafond en sifflotant. Lui, il est assis à son bureau terminant une dissertation qu’il doit rendre le lendemain. Je finis par descendre mes yeux sur lui, sa silhouette enveloppé de la fumé de sa cigarette. Je trouve que ça le rend tellement plus… mystérieux, plus vieux, plus… lui. Sa cigarette, son éternel cigarette. Je l’observe, le dévorant presque du regard.
Tom craque sur toi je crois… Sa voix me distrait de ma rêverie, alors que je me redresse sur son lit décontenancé.
Oh.. c’est… il te l’a dit ? Je demande sans trop savoir quoi répondre à ses paroles. Tom c’est un ami de Benjamin, plus jeune que lui, plus vieux que moi. Dix-neuf ans… C’est pas si vieux, alors quand on pense au vingt-trois ans de Ben… Oui je sais… on a rien en commun, c’est ce que tout le monde pensent…
Non… ça se voit c’est tout. … T’en penses quoi ? Hein ? Toujours assise sur son lit, je joue légèrement avec les draps sur mes jambes. Je pense quoi de quoi ? Où plutôt de qui ?! Restant un moment silencieuse, je sais pas quoi répondre. Je suis souvent perdu sur ce point… pas parce qu’il est vraiment plus vieux, non. Parce qu’il a la fâcheuse tendance à parler qu’à mi-mot…
Il est sympa comme copain à toi… mais je suis pas intéressée… je vois pas pourquoi tu t’en fais… Je répond avec trouble et peu de confiance.
Il a dix-neuf ans… il est vachement plus vieux que toi, non ?! … Pourtant il serait beaucoup moins troublant de… Je m’en fiche ! Je répond en le coupant sachant très bien où il veut en venir. Le devinant sans peine même. Il se retourne me fixant avec sérieux. Oui je sais, ça serait tellement plus simple si il n’avait que dix-neuf ans, où même dix-sept… mais… on y peut rien… Il éteint sa cigarette, et je me relève, tirant sur son tee-shirt que j’ai prit pour m’habiller. Il me prend la main me tirant vers lui alors que je sens l’odeur de tabac incrusté à ses vêtements… Et le reste, on s’en fiche.
Je décide de prendre un taxi pour rentrer, histoire qu’il n’ait pas à faire de détour entre ma maison et sa soirée. Il finit par accepter avec un soupire et je quitte sa maison, en sachant pertinemment qu’en rentrant j’aurais le droit au regard réprobateur de papa. Il ne dit plus rien, il est même presque polit avec Ben lorsque celui-ci téléphone à la maison… Mais, il ne l’accepte pas. Dans l’automobile, je fixe la nuit déjà tombée sur la ville, alors que je porte la veste du garçon dont je suis amoureuse, un sourire aux lèvres. Je ne vois rien arriver. Ni le camion en face, ni le bruit de ses freins. Ce n’est que le klaxon, la violence du choc, l’intensité de la projection qui dure des heures. Trop longtemps alors que je sens la cage de métal où je suis, glissé sur la chaussé, et tourné comme dans une machine à laver. Je sais pas trop si c’est dans ma tête où si j’arrive vraiment à hurler, le bruit extérieur est trop fort. Puis plus rien.
☇ J’ai pas envie de te voir t’en aller, parce que merde, j’t’aime beaucoup trop. J’ignore le déclencheur. On dit que l’on peut entendre, comprendre aussi. Je ne sais plus trop. J’en ai qu’un vague souvenir. Un doute persistant, des mots qui glissent, des voix qui filtrent… Oui. Des brides de conversations. Tête trop dans le coton, on se pense immobile, on se sent prit au piège. On entend, un peu, on comprend pas vraiment comme on peut…C’est le plafond blanc qui m’accueille. Une lumière trop brutale alors que depuis je ne sais combien de battement d’indexe je tente d’ouvrir les yeux. Je me suis arrêté à sept cent. Avant de pouvoir enfin fixer le plafond de la pièce, sans avoir à les refermer. Pourtant je ne cesse de sentir de l’eau couler le long de mon visage, mes yeux criant à la souffrance de cette luminosité inhabituelle. Un bruit incessant ne semble pas s’atténuer. Avalant ma salive, j’ai une impression horrible que ma langue semble… ignoble. Mince alors je n’ai même pas mal je suis… Flasque. Oui voila. Un bruit strident continu depuis maintenant quelques minutes. Un bruit de porte me détourne de cela alors que je baisse les yeux vers le bout du lit, un homme en blouse entrant en trombe avec trois infirmières. […] Ne comprenant rien de ce que l’on me raconte je réclame mes parents, terrorisé. Les mots raisonnant dans ma tête. Coma. Des années. Accident de voiture. Incompréhension. Coma censé être définitif. Fonction cérébrales longtemps atteintes. Miracle…" Parlez melle Downey, s'il vous plait" […]
Maman !!!! Ma voix terrorisée ne résonne même pas alors qu’une femme entre. Ma mère et pourtant ma voix refuse de sortir… Les mots des médecins me reviennent en tête. Des années… des années passées sur le visage de cette femme tellement plus âgée. Des rides, des cheveux grisonnants par-ci part là, on regard strié de rides. Mon cœur rate quelques battement, alors que cependant je sens ses bras se refermer sur moi je sais que peu importe… c’est maman. Et mon père derrière qui semble tout aussi vieux, tout aussi dépassé, tout aussi fatigué.
Estomaqué le jeune homme face à moi, qui se tient dans l’encadrement de la porte. Un look décontracté, des cheveux en bataille, un visage fin. Mon petit frère. Mon petit frère ? Vraiment ? Pourquoi semble-t-il tellement plus âgé que moi ?... Je sais que c’est faux, je sais que si on nous place côte à côte je parais au même âge que lui… Moi et ce corps transformé, moi et ces années. Le monde si différent… Je le regard approché alors que je sens ses lèvres sur mon front.
Et en plus maintenant en plus d’être magnifique, il y a tes yeux et ton sourire… J’ai beau avoir dix ans de retard, j’entends sa voix tremblé alors que ses bras m’étouffent à moitié… Il s'écarte sourit en voyant l'ardoise posé sur ma table, je hais ce truc, je hais ma gorge, je hais ce silence dans ma propre bouche. Il me tend un bonnet avec un sourire malin, non c'est bien mon petit frère, avec ce même air de pirate qu'il avait en se déguisant.
Tu m'expliques pourquoi t'a accepté qu'ils te rasent l'intégralité du crane alors que cinq centimètre suffisaient ?!!!!…Oui maman m'a dit.Je rie en "sourdine", je commence à lui expliquer mais on a pas eut la même chance à dix ans d'apprendre à comprendre le langage des signes en vitesse normale. Je finis par le lui écrire, que c'était très moche sur le côté de ma tête, et que quand ça repoussera tout sera à la même taille. Que maman m'a dit que les cheveux court c'était très à la mode. Et puis le temps passe et sans comprendre j’écoute mon petit frère me prouver que tout n’est plus comme avant, me prouver qu’il a tellement grandit, qu’il est si… grand. Onze ans. Onze années que les parents et lui restent là jours après jours, persuadés que je vais ouvrir les yeux. Quatre première années passées à se battre pour ne pas qu’on me débranche, mon corps ayant eut longtemps besoin de respirateur pour me faire vivre. Quatre années à promettre que je n’étais pas morte, que j’allais m’améliorer… Premier miracle… 1458 jours après, mon cerveau recommençant à au moins permettre de me faire vivre. Assez pour rester dans un hôpital, pas assez pour me réveiller… J’écoute mon frère me parler avec un ton et une maturité tellement nouvelle, me dire que j’aurais du avoir tellement de dommage cérébraux. Deuxième miracle. Incompréhension de la science. Miracle. Je n’y comprend plus rien. Du tout. Onze années que le monde continue de tourner et que mon corps grandit alors que je reste inconsciente. Et d’un seul coup le prénom que je m’obligeais à taire devant les visages si réjouis et fatigués des parents réussit à sortir…
Et Ben ? Mes doigts écrive son prénom sur l'ardoise blanche. Je vois mon ‘petit’ frère baisser les yeux puis fixer la fenêtre, j’avale ma salive. Un sentiment étrange,je glisse mes doigts sur son bras le forçant à me regarder, j'agite les doigts pour m'exprimer.
je… je l’ai pourtant sentit… sa voix… Après un moment, Joshua revient près de moi, glissant ma main dans la sienne.
Oui, il était là. Il est venu… De longs mois… il était là chaque jours avec toi… puis… le temps à passé… la vie semblait se figer sur toi mais… mais dehors la vie continuait. La sienne aussi… Il pouvait pas s’arrêter de vivre… il a finit tant bien que mal l’université… à partir de là il a commencé à seulement venir te voir une ou deux fois par mois… Il tournait peu à peu la page sans t’oublier mais… Win’ tu… ça a été tellement… long. Il a déménagé à New-York, revenant juste pour tes anniversaires qu’on fêtait encore ici puis… j’ai appris qu’il était revenu vivre ici mais… Ces mots me font secondes après secondes un peu plus mal. Je sais qu’il a raison, que c’est normal, que c’est normal que Benjamin est continué sa route mais…
Il vit en ville ? Josh’ hoche la tête en caressant avec douceur mon avant-bras.
La dernière fois qu’il est venu c’était il y a six ans pour ton anniversaire… et… pour nous annoncé son mariage. Il est avocat dans le gros cabinet du centre je crois que sa femme est enceinte… Onze ans, et je n’ai plus aucune vie dans ce monde…
Reprenant ma veste posé sur le siège je l'écoute parler d'une seule oreille. Comme toujours ma mère est ici, parce qu'elle me prend encore pour une enfant de seize ans. Se qui d'après elle est exact vu que pour moi seulement quelques semaines se sont écouler. C'est vrai mais... légalement j'en ai vingt sept. Elémentaire mon cher Watson ! Mais je dis rien, parce que dans ces rendez-vous sa présence m'aide à tenir. A ne pas pleurer quand le médecin annonce que pour le moment rien n'est certain, qu'ils veulent encore attendre avant un intervention, voir si ma voix reviendra d'elle même. "Onze ans sans faire fonctionner ses cordes vocales... il fat être patient mademoiselle." Je lui en ferait bouffer des mademoiselle. Ils m'ont scalpé la tête dès mon réveil pour voir si tout allait bien dans mon cerveau, maintenant j'ai les cheveux qui tombent à peine sur mes oreilles, on ne voit plus la cicatrice avec les repousse mais moi je m'en souviens de mon crâne chauve durant deux semaines. Et il est là à m'annoncer d'encore attendre, que mes rééducations en si peu de semaines est tellement miraculeuse que je ne peux pas tout demander. Miracle, miracle, miracle. Je le sais, mais on m'a volé onze ans de ma vie, je veux retrouver ma voix. Une seule tare me suffit.