❝ Je m’appelle Rachel Delta mais appelez moi juste Delta. Je n’ai pas trop de présentation à faire, je vais vous raconter ce qu’il me reste comme souvenir de mon histoire. Et après, vous comprendrez peut-être et prendrez surement conscience que la vie mérite d’être vécue et qu’un accident est vite, très vite arrivé.
Ma mère m’a fait voir les premières lueurs de la vie un certain 9 septembre 1992. Je suis le premier enfant de Peter et Rita Teixeira. D’ailleurs, je resterais leur seul enfant. On m’a appelé Delta. « Parce que c’est joli ! Ca fait original ! » comme le disais si bien ma mère. Ca me fait sourire aujourd’hui étant donné que c’est l’un des seuls souvenirs que j’ai.
J’ai grandis dans une famille composée de gouvernante et de domestiques. Enfin, à ce que m’ont raconté mes amis et mon journal intime. Je suis une jeune fille pourri gâtée mais ça ne me rend pas heureuse, bien au contraire. Mes parents sont tout le temps absents. Mon père réalise des films aux quatre coins de la terre et ma mère est son assistante. Il faut croire que j’étais une erreur de parcours et qu’ils n’ont pas eu le choix de ma venue. Tant pis pour moi, je ne peux pas revenir en arrière et eux non plus.
La vérité, c’est que, de mon passé, je ne me souviens de presque rien. Je n’ai que les histoires racontées par mes amis et les médecins. Ma vie est un canyon. Du vide, du vaste, su vague. Je n’ai rien de certain. Je ne sais rien. Mon passé est semblable à du vide.
- Qui suis-je ? Quel âge ais-je ?
- Delta Teixeira, tu as 19 ans.
- Pourquoi je suis là ?
- Ta voiture a été percutée par un bus. Tu t’es encastrée dans un mur.
L’explication, c’est celle des médecins que j’ai. Rien de concret, rien que je puisse me souvenir.
« Vous avez subit un traumatisme crânien qui vous a plongé dans un coma profond de plusieurs semaines. Voilà la cause de votre amnésie. »
Amnésie. Le mot résonna dans ma tête. Amnésie. Oubli. Je n’ai plus de souvenirs, plus d’enfance, plus rien. Je suis vide de passé. Je vois tout le monde autour de moi pleurer. Celui qui se dit être mon petit ami, ceux qui se disent être mes amis. Je dois reprendre tout à zéro. Je dois me souvenir des 19 premières années de ma vie.
Et pour certains, je dois m’en souvenirs rapidement. Personne ne comprend que j’ai réellement oublié tout ce qui faisait ma vie. Mes relations, mes habitudes, même ma propre adresse. Les gens autour de moi me lâchent. Disent que je mets trop de temps, comme si j’avais le choix moi. Je n’ai pas choisis que ce foutu bus me rentre dedans.
Plusieurs mois s’écoulent et mon petit ami ne supporte plus. Il me laisse. Seule avec mes parents, qui d’ailleurs, ne peuvent pas plus m’en dire sur moi-même. C’est là que je vois vraiment a quel point ils n’ont jamais été là pour moi. Ils ne savent rien de mon enfance, mon adolescence. Rien. Je ne suis qu’une personne mise au monde. Pas autre chose. Je ne suis même pas leur fille. Je ne suis qu’une inconnue.
J’ai donc du réapprendre à vivre. A me faire des amis, à sortir, à retrouver mes souvenirs en écoutant de la musique ou en regardant des photos. Grâce au soutient d’un ami fidèle, j’ai pu retrouver la trace de quelques relations mais mon passé n’en reste pas moins flou. J’ai retrouvé une partie de mon identité.
Après de nombreuses épreuves surmontées, j’ai décidé de reprendre mes études. Mon but ? Devenir psychanalyste. Pouvoir aider les gens en fouillant leur passé étant donné que je sais a quel point c’est dur de ne pas se souvenir du sien. Je suis parti en faculté de psychologie.
Un peu plus tard, je décide de partir faire mes études ailleurs. Je prends un point sur la carte et tombe sur la Californie. C’est donc là que je décide d’aller. Je veux me refaire une vie ailleurs et je sais que mon meilleur ami suivra quand il le pourra et quand il aura terminé ses études. Je ne peux pas avancer sans lui c’est certain. J’ai cette envie de partir depuis longtemps et c’est là que j’irais. Je sais que c’est quelque chose à faire dans une vie d’étudiant et je sais désormais que tout peut basculer en l’espace d’une seconde. Je profite désormais de la vie comme elle vient. On ne sait pas de quoi est fait demain.