« Tchou-Tchou fait le train quand il passe. Assis sur le tapis je regardais mon mini circuit avec sa locomotive tourné sur le cercle que j’avais installé. Tchou-Tchou ses deux mots que ma bouche faisait sortir de ma gorge. J’applaudissais de mes deux mains, heureux. Noël était passé depuis un bon mois, mais je ne me lassai pas de ce jouet. Constamment entrain de le regarder tourner. Il me faisait penser au mot liberté. Il se faisait tard, minuit approchait. Je pouvais le lire sur l’horloge du mur. Mais je ne pouvais cesser. Je devais continuer à le faire circuler. Soudain tout se stoppa. Des bribes de voix parvenait d’en bas. Bizarrement quand j’entendis ce bruit sourd venir tout droit de la cuisine, le train s’était aussitôt stoppé. Alors je m’étais redressé de toute ma hauteur, si je peux dire. Et d’un pas lent, peu assuré, je descendais lentement, extrêmement lentement les marches de l’escalier. Jusqu’à arrivé quasiment en bas. Ma tête se faufila entre les barreaux en bois et le spectacle qui s’offrait à moi me fit échapper un cri d’horreur. Ma main se plaqua contre ma bouche, et hurlement se transforma en étouffement. Horrifié mon regard était planté sur le corps de maman. De là où j’étais je pouvais apercevoir des égratignures sur son visage. Les larmes qui y perlaient. Ce qui me choqua le plus c’était sa peau, devenu pâle presque translucide comme si, elle ne respirait plus. Au dessus d’elle je voyais papa en pleure. Il sanglotait, sans cesse. Une bouteille d’alcool était éclatée par terre. Puis il se tourna vers moi. Mon regard tomba dans le sien. Et ne comprenant plus rien je me levai, courant jusqu’à lui et je lui fonçais dedans. Il vacilla et tomba au sol. Moi agenouillé sur le corps inerte de maman. La tête sur sa poitrine essayant d’entendre son cœur battre. Rien. Plus rien. J’avais neuf ans. Plus de mère. Un père assassin. »

« Tout ça c’est des bêtises. » Que je lui avais dit un soir. Oui je m’étais légèrement révélé. Peut être avais-je été fragile un instant, une infime seconde ? Pourtant elle ne m’avait pas cru. Mettant ça sur le coup de la dope et l’alcool. Certes j’étais complètement arraché. Mais ne dis ton pas que sous l’emprise de la boisson il se peut qu’on révèle certaine chose. Elle avait préféré faire comme ci, de rien était. Elle-même signait la certitude, me donner le droit de la briser. Comme à mon habitude j’acceptais. De toute manière à quoi d’autre étais je bon ? Détruire, faire pleurer. J’étais capable de ça simplement. De quoi je parlais ? De tout, de tout ce que j’étais, de tout ce que je faisais subir et sans même réellement savoir pourquoi. Je me vengeais sur les autres de mon passé. De mon enfance que je détestais. Je leur crachais à la gueule toute ma haine. Mais réellement le méritaient-ils ? Puis elle semblait si différente de toutes ses trainés que je ne voulais que sauter. Bien sur je ne dis pas que je pensais à lui faire des mômes, la demander en mariage ou à une de toutes ses conneries. Non je pensais peut être qu’avec elle je pourrais être, au moins un petit moment, clean. Mais elle avait cette putain de confiance en moi. Ça m’avait rendu dingue sur le coup. Pourquoi elle croyait en un type comme moi. N’écoutait-elle pas les gens autour d’elle ? J’étais perturbé. La haine était montée en moi, avait fait bouillir mon sang. Et j’avais faibli, enfin j’avais préféré devenir faible. Le soir même je m’étais retrouvé dans notre lit mais avec une autre. Une de celle qu’on ramasse dans les bars quand on est à bout. Une des trainés auquel je lâchai des sous pour les salir encore plus que si je leur crachais à la gueule. En toute franchise le lendemain matin quand j’ai vu cet inconnu dans mon lit je l’ai dégagé aussitôt. Attrapant mon téléphone j’appelai Calypso, ma Calypso. A sa voix au bout dû file je raccrochais. Pourquoi ? Je ne serai vous le dire. Peut être que je voulais tout lui révéler de ma nuit passé ? Peut être que j’avais peur de faire cette erreur et de débuter un vrai commencement avec elle ? Mais dans le fond je savais pertinemment que tout ça c’était faux. Évidemment j’avais peur. Mais peur qu’elle ne me dise pas « Je te pardonne. » Alors je m’étais tu j’avais fait comme ci de rien était. Les jours passaient et elle ne semblait pas être au courant. Jusqu’à ce soir. Le fameux, le plus terrible de tous. Celui où je compris enfin que je devais avoir un cœur, un vrai. Surtout qu’il ne me servait pas juste à respirer, à vivre. Non il battait pour elle, si fortement. Que quand elle me quitta. Je le sentais arraché. Le voyait dans ses mains, et elle le serra. Jusqu’à ce que je semble en étouffer sur place. »