Lundi matin ou le jour de repos de la jolie Plum. Repos bien mérité puisqu’entre les préparatifs de sa réception de charité, ses ventes ainsi que son travail à l’association, elle n’avait pas eu un moment à elle. Alors elle accueillait cette journée avec joie, même s’il était tout à fait certain, la connaissant, qu’elle terminerait l’après-midi dans les locaux de l’Anja Fondation. Comme elle le disait si bien, les drames, eux, n’attendaient pas, de même que ces femmes en situation de précarité à qui elle avait le devoir de porter son aide.

La laisse de Lucky mise, elle sortit enfin de son appartement pour se rendre au parc le plus proche afin de profiter un peu du beau temps qui s’annonçait et l’air frais. Plum adorait la nature, ce qui expliquait sans doute qu’elle passât le plus clair de son temps, lorsqu’elle était libre cela va de soit, dans ce parc. Remarquant qu’il n’y avait pas grand monde, elle se permit de libérer son chien de son emprise, bien que cela fût interdit. Lucky était bien dressé, elle doutait qu’il attaque qui que ce fut et puis c’était plutôt vide alors…

Cependant, ce dernier, à peine libre et excité comme une puce, lui tourna au tour pendant un moment avant de s’enfuir, c’était le signal pour que Plum lui courre après, un jeu entre eux. Ni une, ni deux, elle le suivit mais il était sacrément rapide le bougre et l’on ne pouvait pas dire que les tongs facilitaient sa course. Elle s’arrêter un instant pour les enlever, les tenants d’une main et sa longue robe de l’autre, elle se lança à la poursuite de son chien.

Me beau temps semblait de retour à San Francisco. En toute honnêteté, je ne l’avais jamais vu ici. Mais le soleil qui se reflétait dans les vitres de mon appartement ne me donnait qu’une seule envie : sortir d’ici.
Lera n’était plus là depuis quelques temps. J’avais bien conscience que sa grossesse l’avait perturbée et qu’il devait être difficile pour elle de l’accepter. La connaissant, je me doutais bien que tomber enceinte ne faisait aucunement partie de ses plans (supposant que Lera avait des plans). Mais je ne me sentais pas responsable de ça (je ne l’étais pas, d’ailleurs) et je ne préférais pas m’en mêler. Assez de gens étaient autour d’elle pour s’occuper de ça pour que je ne sois pas une de ses personnes. J’étais au contraire celui qui n’en parlait pas, une sorte de répit.
J’attrapais ma veste et mes cigarette et décidait d’aller prendre l’air dans un parc. Le lundi était un jour agréable pour flâner dans les parcs, les enfants étaient à l’école et les adultes au travail. J’espérais être tranquille. Depuis l’épisode Ambre, la seule chose à laquelle j’aspirais c’était le calme et me tenir le plus éloigné des drames. Surtout que la brune semblait faire partie de ces personnes ciblées par la commère de San Francisco : Gossip Girl. Et s’il y avait bien une personne que je voulais tenir éloignée de ma vie c’était elle, encore plus que je voulais tenir Ambre loin de moi.
Une fois arrivé au parc, je me laissais tomber sur un banc, laissant le soleil me réchauffer. J’allumais une cigarette. Je n’étais pas installé depuis cinq minutes, qu’un chien vint se mettre à me renifler. Je baissais la tête vers lui et par reflexe, je lui caressais la tête. Quelques instants plus tard, une jeune fille blonde arriva vers moi, je ne mis pas longtemps à comprendre qu’elle courrait après ledit chien. Elle semblait affolée. Je laissais un petit sourire se dessiner sur mes lèvres. « J’imagine que c’est le votre ? » lançais en montrant le chien qui venait de gripper sur le banc et de poser sa tête sur mes genoux.

Tandis qu’elle courrait, elle se fit les pires scénarios…enfin pire était sans doute exagéré. Simplement, elle craignait que Lucky fût allé embêter quelqu’un qui n’aspirait qu’au calme et ce dernier, agacé, aurait reporté l’incident à une autorité avoisinante ou bien encore aurait martyrisé le dit Lucky, d’autant plus qu’il était interdit d’abandonner son animal ainsi sans surveillance.

Elle trouva Lucky en compagnie d’un jeune homme brun qui ne semblait pas le moins du monde perturbé par la petite bête. Bien au contraire, néanmoins Miss Strahovsky tenait à présenter ses excuses.

« Je suis vraiment désolée qu’il soit venu vous déranger, il est intenable ces derniers temps ! »

Déclara-t-elle avec son expression la plus coupable qu’elle avait en réserve, sincère. Plum n’aimait pas importuner les gens, ni les mettre dans une situation dans inconfortable, si tel était le cas, elle tentait de son mieux de rectifier la situation.

« Eh bien, il semble beaucoup vous aimer ! »

Dit-elle quelques instants plus tard en souriant. Il était rare que Lucky se montrât si familier avec quelqu’un, il avait tendance à aller vers les autres mais de là à leur monter dessus, ce n’était encore jamais arrivé. L’idéaliste en elle se dit que ce jeune homme devait être quelqu’un de bien, après tout les animaux, plus particulièrement les chiens étaient capables de percevoir ce que les humains étaient incapables, donc l’inconnu devait avoir un bon fond.

« Mince je manque à tous mes devoirs, je suis Plum, Plum Strahovsky… »

Se présenta-t-elle avec un grand sourire, tendant la main dans sa direction.

J’aimais bien les chiens. A l’appartement, tout ce que nous avions était un chat. Un chat qui était celui de Lera mais qui avait tendance à envahir mon espace vital. Je devais bien admettre que je m’habituais bien à la présence de ce chat.

A la suite de ce chien était arrivée en courant, essoufflée, une petite blondinette, qui semblait affolée à l’idée de déranger. Je n’étais pas le genre de personne qu’on dérangeait, depuis que je ne travaillais plus, je faisais rarement des choses assez importantes… J’avais d’ailleurs songé à reprendre la photo. C’était comme des fourmis dans mes mains, je ne sentais nu sans mon appareil photo et même si pour moi, ça représentait une vie passée, je ne pouvais pas vivre sans ça.

« Je suis vraiment désolée qu’il soit venu vous déranger, il est intenable ces derniers temps ! » J’eus un petit sourire et leva les yeux vers la blonde en face de moi. Elle avait l’air de se sentir tellement coupable que j’avais envie de la rassurer. « Eh bien, il semble beaucoup vous aimer ! » J’esquissais un sourire. La vérité - j’avais pu le constater avec le chat de Lera - c’est que les animaux avaient toujours tendance à bien m’aimer. Ce n’était d’ailleurs pas pour me déranger, au contraire. Leur compagnie m’était parfois préférable à celle de certains humains…

« Mince je manque à tous mes devoirs, je suis Plum, Plum Strahovsky… » Je quittais des yeux le chien pour les reporter sur mon interlocutrice qui me tendait la main. Plum. Comme son visage, son prénom était doux. Je seras la main qu’elle me tendait. « Jim Katz. Vous savez, y’a pas de soucis, hein. Il me dérange pas, j’vous assure, j’aime bien les chiens. » En même temps que je parlais, je sortais une cigarette de mon paquet que je coinçais entre mes lèvres. Je le tendis à Plum. « JVous fumez ? »