Je me suis endormi comme une masse hier soir. Il faut dire que ce nouveau confort m’était agréable. J’étais bien loin de ma couchette dans ma cellule et en plus de cela, j’avais droit à une présence féminine. Je n’en revenais toujours pas de ce qu’avais fait Ava pour moi. Accueillir quelqu’un qu’on connaît à peine dans son appartement, je ne connaissais pas beaucoup de personnes capable de faire cela. Son odeur m’apaisait, je laissais tomber mes gardes habituelles et me détendait, elle dans mes bras. C’est le bruit d’une porte qui se referme qui m’a réveillé. Je me réveillais dans un sursaut pour découvrir que je ne me réveillais pas dans ma cellule, mais dans la chambre d’Ava. Or, elle n’était plus là. Tandis que je tentais d’émerger, j’entendais un bip incessant. Je soupirais et lançais « Ava, je crois que ton téléphone sonne ! ». Pas de réponse. Je me levais et sortait de la chambre en le frottant les yeux « Ava ? ». Toujours pas de réponse. Marlow n’était pas là, elle était sortie le promener. Pourtant, son téléphone n’arrêtait pas de sonner. Au bout du compte, je me disais que c’était peut-être important, elle n’avait oublié. J’enfilais un t-shirt et un jean. Je ne regardais pas les messages, je me contentais de le mettre dans ma poche afin de lui apporter. Je m’emparais des clés et refermais derrière moi. Je me disais qu’elle avait dut emmener Marlow à la plage comme hier, alors je pris la direction de cette dernière. Sur la plage, il n’y avait aucun signe de vie, elle était immense, elle pouvait être n’importe où. Soudain, je vis Marlow accourir vers moi, il semblait complètement excité, tentant de me monter dessus en poussant des couinements « Hé mon vieux, qu’est ce qu’il t’arrive ? ». Il aboyait à nouveau, courant dans tous les sens, il revint vers moi, aboya à nouveau et se rua vers l’océan. Je le suivais en courant. C’est là que j’ai vu ses vêtements, ils étaient trempés à cause de la marée. Alors, en quelque seconde, je compris. Je jetais son téléphone sur le sol « Ava ! » je me ruais dans l’eau. Les vagues m’éclaboussaient, tentaient de m’emporter. Je luttais, m’avançant jusqu’à ce que je vis la forme d’une tête. Je me débattais comme je pouvais et plongeais. Je n’y voyais rien, l’eau était glacée, brûlant chaque partie de mon corps. J’étais à court d’air. Je remontais à la surface, me prenant une vague au passage, repris mon souffle et replongeais. Son corps coulait, je voyais un peu mieux. Je fonçais vers elle et parvins à lui attraper le bras pour la tirer vers moi et la remonter à la surface. Marlow ne cessait d’aboyer depuis le rivage. Je nageais de mon mieux, gardant la tête d’une Ava inconscience, à la surface. Je rejoignais le rivage et la posais sur le sable « Ava ! ». Marlow s’approchait de sa maîtresse en poussant des petits couinements, complètement agités. Je pressais sa poitrine et la mis sur le côté afin que l’eau ressorte de ses poumons, je recommençais l’étape « Ava répond moi ! ». Je prenais son pouls, au moins, son cœur battais.

La première question qui me venait en tête, c’était : pourquoi ? Pourquoi avait-elle fait ça ? Je ne comprenais pas. C’était pour cette raison qu’elle était si pensive hier soir ? C’était comme un puzzle. Il y avait énormément de pièces, mais on ne savait pas ce que donnais le puzzle terminé. Je tentais de trouver dans ma mémoire un geste, un signe qui montrait parfaitement qu’elle avait prit cette décision. Ce n’était pas quelque chose qu’on prenait à la légère, elle ne s’était sûrement pas levée ce matin en se disant qu’elle allait mettre fin à ses jours. Je me sentais idiot de ne rien avoir vu venir, j’ai pourtant passé toute la journée d’hier avec elle. Cela faisait deux nuits que nous passions ensemble et je n’ai rien vu. J’en cherchais la cause, l’évènement déclencheur. Elle m’avait dit qu’elle n’avait pas eu une vie facile et qu’avec les hommes, c’était pareil, elle se faisait toujours avoir. Étais-ce ça ? Étais-ce aussi ma faute ? Je compliquais le tout m’avait-elle dit.

A cause de la marée, les vagues étaient extrêmement fortes. J’avais du mal à voir où j’allais. A la moindre seconde, je pouvais me ramasser un rouleau en pleine figure. Pourtant, il fallait faire vite, pour Ava. En plongeant sous l’eau, je n’y voyais rien. Je ne voyais que de l’écume et le sel me brûlait les yeux. De plus, je commençais à manquer d’air, en voulant remonter à la surface, ce fut une vague qui m’accueillait. L’eau rentrait partout y compris dans mon nez. J’éternuais, une deuxième passait. J’allais finir par y rester aussi si je ne me dépêchais pas. Je repris une nouvelle fois mon souffle. Je la vis. Son corps s’enfonçait dans les ténèbres de l’océan. Je mis toute la force possible dans mes bras pour la rattraper, lui attrapant le bras et la tirais. Je n’ai jamais fait de sauvetage, je ne savais pas comment ça marchais. Mais c’était une situation d’urgence, je n’allais pas la laisser se tuer. Elle n’avait pas le droit. Nous remontions à la surface, me démenant comme je pouvais pour nous ramener au rivage sans couler. J’y arrivais. Marlow courrait dans tous les sens, complètement paniqué. Il semblait comprendre que sa maîtresse était en danger. Je tentais un passage cardiaque afin d’enlever l’air dans ses poumons, je la mis sur le côté. Son cœur battais, d’un coup, elle fut prise de soubresauts et recrachais l’eau. Je soufflais, elle était vivante. C’était un véritable soulagement que de la voir tousser. Marlow se mit à lécher la jambe de sa maîtresse. Elle semblait frigorifiée, il ne fallait pas rester là. Je la serrais contre moi, en profitant pour lui faire enfiler ma veste. « Ava, ne me refais plus un coup pareil, t’as pas le droit ! » J’attachais Marlow et pris les affaires d’Ava. Je soulevais cette dernière. Heureusement, l’appartement n’était pas très loin. Je la serrais le plus possible contre moi afin de la réchauffer avec la chaleur de mon corps. Nous arrivions à l’appartement. Ava était inconsciente. Je n’aimais pas ça. Je trouvais toute serviette et couverture capable de lui tenir chaud et je l’emmitouflais dedans, la déposant sur son lit. Je l’appelais, aucune réponse. C’était sûrement le contre coup. Je pris son portable afin d’appeler son meilleur ami. Il semblait énerver, je me retenais de décharger toute ma frustration sur lui, en tout cas, il arrivait. Je ne comprenais toujours pas quelle mouche l’avait piquée. Je restais là, à ses côtés.

Je ne comprenais pas. La seule question était : pourquoi ? Comment ? Cela faisait deux questions. Deux questions auxquels je ne pouvais répondre. Je ne pouvais que me sentir coupable. Après tout, si je n’étais pas venu avec ma lettre à deux sous, si nous n’avions pas couché ensemble, je n’aurais pas mis du bazar dans son esprit, je n’aurais pas semé le trouble. Ava se serait remise doucement de ses peines de cœurs avec Ethan. Je ne serais pas apparu dans sa vie. J’étais en parti responsable de cela et je me sentais tellement horrible que cela l’ai poussé à vouloir mettre fin à ses jours. Il en fallait pourtant pour vouloir faire cela. Je ne comprenais toujours pas comment j’ai été si aveugle. Normalement, il y avait des signes avant-coureurs, des petites choses qui faisaient comprendre que c’était la fin. J’ai passé toute la journée d’hier avec elle et je n’ai rien vu venir. Comment ai-je fais pour ne rien voir ? Etais-je si aveugle ? J’ai cru qu’elle était heureuse ou du moins, pas malheureusement à ce point… J’avais tort semblerait-il… Que ce serait-il passé si je n’avais pas décidé de la rejoindre ? Elle serait morte à l’heure qu’il est, sans même me dire au revoir, sans même pouvoir la serrer contre moi une dernière fois. Je paniquais, je ne savais pas quoi faire, Marlow ne cessait de japper comme s’il comprenait la situation. Elle vient à recracher l’eau emprisonnant ses poumons, elle est vivante. Cependant, elle tremblait. Je lui passais ma veste autour des épaules et m’empressait de l’emmener à l’appartement. Elle avait perdu connaissance, c’était sûrement le contrecoup. Je m’occupais d’elle afin qu’elle cesse enfin de trembler. Je prenais plusieurs serviettes, l’entourant dans ses dernières, tentant de lui parler. J’essayais aussi de rester calme, de ne pas réfléchir à tout ça, mais c’était beaucoup trop fort pour moi. Elle n’avait pas le droit de me laisser comme ça. Je l’allongeais sur son lit, relevant une grosse couverture sur elle. C’est peut-être débile, mais je n’ai pas osé la déshabiller. Peut-être devrais-je afin qu’elle soit totalement au sec ? Elle cessait enfin de trembler. Je la regardais un instant, passant ma main sur son visage, le regard inquiet. Je pris alors son portable pour prévenir celui qui, je pensais était la personne la plus importante pour elle – cela m’arrachait déjà le cœur. Je cherchais le nom d’Ethan dans son répertoire. Je me sentais presque agressé lorsque je lui annonçais la nouvelle, je ne pouvais pas m’empêcher de m’énerver. Parce que un : j’étais sur les nerfs à cause de cette histoire et deux : parler au mec qui fais que t’es reclassé au deuxième rang derrière lui, c’est assez frustrant. Il ne mit pas longtemps à venir. A ce moment-là, je me faisais plus discret. Il voulait rester avec elle, soit, je le laissais. Mais qu’il ne s’attende pas à ce que je quitte l’appartement comme ça. Je ressentais cette pointe de jalousie dès l’instant qu’il touchait sa main ou son visage. Ce fut ainsi toute l’après-midi, je serrais les points et me la fermais, même si de nombreux commentaires voulaient passer la barrière de mes lèvres. Or, je me retenais, ne voulant pas déclencher une guerre en plein milieu alors qu’Ava pouvait se réveiller d’une minute à l’autre. Cependant, Ethan décidait de partir, son petit ami l’attendait semblait-il. Il laissait une peluche et partait. Je passais l’heure suivante à fixer cette dernière puis Ava en enchainant cigarette sur cigarette. Je m’installais sur le fauteuil, veillant sur elle. Je vagabondais dans mes pensées lorsque soudainement, elle se redressa non sans mal. Lorsqu’elle me vit, elle se rallongeait aussitôt. Je me redressais à mon tour et alors, m’avançait vers le lit. Alors que normalement, la question serait « comment tu te sens ? » je lui lançais « Qu’est ce qu’il t’as pris de faire ça ? Sérieusement Ava, tu m’as fichu une trouille bleu ! Tu te rends pas compte, si je ne t’avais pas rejoint, tu serais morte Ava, morte ! Putain… Mais pourquoi t’as décidé de faire un truc pareil ? Pourquoi ?! » les mots partaient tout seul.