L'elbo room était l'un des bars les plus fréquentés de San Francisco. J'aimais beaucoup l'ambiance qui planait dans cet endroit. C'est ce qui expliquait ma venue ici, ce soir. L'envie de décompresser. Ces derniers temps, j'avais énormément de boulot, mes journées étaient pleines, le soir, il y avait les répétitions avec le groupe. Ewan était très à cheval sur nos répétitions, je le comprenais, mais il y avait des moments où nous, être humain, ressentions le besoin de s'évader, de décompresser, se changer les idées. J'étais un grand fêtard, j'adorais sortir en boîte, mais ce soir, j'avais choisi le bar. Bière en main, queue de billard de l'autre, je portais mon verre à la bouche, buvant ainsi quelques gorgées de cette dernière. C'était à mon tour de jouer, je reposais mon verre sur la petite table qui se trouvait à côté de la table de jeu, et avant de me mettre en position, je regardais le plateau de jeu, afin de savoir quelle boule je tenterais de mettre dans le trou. La verte, elle me semblait pas mal du tout. Je contournais la table, et me plaçais à l'endroit que je jugeais être le mieux pour que d'un coup de queue la boule blanche ne cogne la boule verte, et paf, celle-ci rejoindrait le trou, et un tir de plus pour moi. Alors que je me baissais légèrement, je fermais mon oeil droit, fixant la boule blanche et la boule verte de l'oeil gauche. Alors que je m'apprêtais à donner un coup dans la boule de billard, mon regard se posait tout droit sur une jeune fille à la chevelure rouge qui ne m'étais pas du tout inconnue. A ses côtés, se trouvait un jeune homme. Tout deux étaient entrain de discuter, j'ignorais ce qu'il se tramait en moi, mais je n'aimais pas que ce mec soit si proche d'elle. Stymest, oh réveilles toi mec, tu nous fais quoi là ! s'exclamait ma mauvaise conscience. On t'en pose des questions à toi ?!rétorquait ma mauvaise conscience. Je m'efforçais alors de baisser le regard, pour me focaliser sur la fameuse boule verte, que je devais plonger dans le trou le plus proche de celle-ci. Un... Deux... Trois, je donnais un coup dans la boule blanche et... Manqué. Je soupirais, et secouais négativement la tête. Je me décalais, repartant vers la petite table, m'emparant de mon verre, pour le terminer. Je posais ensuite le derrière de la queue de billard au sol, et vins reposer mes deux mains sur le bout de cette dernière, j'essayais de me concentrer sur la personne qui s'apprêtait à jouer, mais impossible, mon regard lui avait décidé de regarder Sierra en compagnie de ce type qui n'avait d'yeux que pour elle, un peu de plus et la bave finirait par couler le long de son menton. Répugnant. Ce dernier me lançait un regard, je pense que ce n'était pas la bonne chose à faire. N'ayant pas froid aux yeux, s'il pensait que j'allais daigner baisser le regard, il pouvait se mettre le doigt dans l'oeil. Je savais qu'il serait le premier à baisser le regard, afin de retrouver celui de Sierra. J'ignorais si la jeune fille m'avait vu, mais la connaissant, je ne pense pas, sinon elle serait venue me saluer. Je reportais toute mon attention sur la partie de billard, qui n'était pas en ma faveur. Un autre joueur passait, et se fut encore à mon tour. Je visais encore et toujours cette fameuse boule verte. Une nouvelle fois, mon regard se portait sur ces deux jeunes gens. Le mec semblait avoir gagné de l'assurance à tel point que j'avais l'impression qu'il ne cessait de se rapprocher de Sierra. Je serrai alors les dents à cette vue. Comme si cette image m'énerver. Pourquoi ? Je n'en n'avais strictement aucune idée. Toc... La boule regagnait le trou, c'était donc moi qui menait la danse. Alors que je me redressais, je me fis violemment bousculer par une personne, lorsque je me retournais, je me retrouvais face au type qui n'en pouvait plus de Sierra. Un sourire narquois arborait son visage, je serrais fortement mes doigts autour de la queue de billard. Mais s'en était trop, et mon côté impulsif prit le dessus, me poussant à lui donner un violent coup de poing. Une nouvelle fois, je déclenchais une bagarre. J'étais malheureusement bien trop impulsif, et j'avais du mal à me contrôler, même si j'essayais je n'y parvenais pas. Et le fait que j'ai vu ce dernier tourner autour de Sierra me poussait encore plus dans le vice. J'avais l'impression de ne plus me comprendre. C'était quelque chose qui avait le don de m'énerver, ce pourquoi j'en profitais pour me défouler contre ce dernier, sortir tout cet énervement, toute cette incompréhension de moi-même. Je le ruais de coups, mais il ne se laissait pas faire.
Jason « Putain mais qu'est-ce tu branles Stym' arrêtes là »
Il essayait d'attraper l'un de mes bras pour m'arrêtais dans ma fureur, mais impossible. L'autre me cherchait. Et sa façon de parler de Sierra ne me plaisais pas du tout. Finalement, sous ses airs de gentleman se cachait un véritable connard, qui prenait les femmes pour des objets. Pourtant, j'avais couché avec bon nombre de filles, pour le plaisir et non pour enchaîner les conquêtes.
Inconnu « Tu sais où est-ce qu'elle va finir la rouquine ce soir ? Dans mon lit » me lançait-il, avant de me rire au nez. Et un poing de plus dans en plein visage, un. Inconnu « Qu'est-ce qui va pas la tapette t'es ... jaloux ? »
ajoutait-il en insistant sur le mot jaloux, et en avançant son visage tout prêt du mien. Mauvais. Je serrai fortement les dents, et lui donner un joli coup de boule, visant principalement son nez. Je savais que le nez était l'une des parties du visage des plus sensibles et des plus douloureuses qui soit. Pour m'être battu à de nombreuses reprises, je pouvais dire que j'étais un expert en la matière. Il pissait du sang, rien de plus jouissif, le voir pisser le sang. Il me bousculait violemment se jetant sur moi, l'arrière de ma tête vint cogner le sol, qui était relativement dur. Je vis quelques étincelles, et bougeais instinctivement la tête. Outch, ça faisait mal, mais je n'en restais pas là et lui donnais un coup de genou dans le ventre.
Ce samedi soir, je me trouvais au Elbo Room en compagnie de Jake. J'aimais bien ce bar, je m'y étais rendue plusieurs fois et l'ambiance était vraiment pas mal. Ce Jake là, je le connaissais depuis presque trois et demi heures. Il m'avait contacté sur facebook la veille, voulant faire connaissance. Toujours partante pour faire de nouvelles rencontres, je lui avais proposé de se voir ce soir ici. Ce n'était en aucun cas un rencard. Enfin, peut-être que ce mec l'avait vu comme ça mais pas moi. Le contact passait bien. J'étais émerveillée. Il avait les mêmes goûts que moi. Je le soupçonnais d'avoir étudié parfaitement tout ce que j'avais aimé sur facebook, d'ailleurs. Ce qui était bien quand je sortais quelque part avec un homme, c'est que j'avais l'habitude de tomber sur des galants qui me payer tout. Depuis notre arrivée, j'avais bu deux verres de soda -à force de parler comme une piplette j'avais soif- et là il venait juste de repartir chercher à boire. Je fus surprise quand il ramena de shooteurs de... « C'est un blowjob, crème de café et crème de whisky, surmonté d'une touche de crème chantilly. » Un blowjob... Il était sérieux, là ? Douteuse, j'amenais le petit verre à mon nez pour renifler. Je n'aimais pas les alcools forts. Je ne pouvais pas boire ça. En plus si je buvais ce truc, ça se trouve il allait comprendre que je voulais finir dans son lit et lui faire une... Voilà. Je reposais le verre. Gênée. Jake se rapprocha de moi avec sa chaise. « Je ne peux pas boire ça, désolée. » « Pourquoi ? Le nom te gêne ? Les rousses sont réputées pour être de grandes coquines. » Il avait posé son bras autour de mes épaules que je repoussai immédiatement. Mais pourquoi ne continuions pas à parler de littérature ou de phénomènes paranormaux ? Pourquoi il me faisait son Dom Juan. « Je... Vais aux toilettes, je reviens. » Je me dépêchais de partir de notre table pour rendre aux sanitaires. Bon, qu'allais-je faire ? Je regardais autour de moi et vis une fenêtre. Je pouvais m'enfuir par la fenêtre et il se retrouverait seul comme un gros con, haha. Ou alors, je pouvais franchement lui dire que je n'étais pas intéressée et que c'était honteux de me faire des avances parce que j'étais mariée et j'avais deux beaux enfants. Ouais, allez scénario peut crédible mais fait ! Je ressortais de la pièce pour retourner à notre table et il n'était pas là. Peut-être qu'au final, je lui avais fait peur en lui racontant que j'avais publié un livre avec des nouvelles tristes et morbides...
« Putain mais qu'est-ce tu branles Stym' arrêtes là ! » Mes pieds ne firent qu'un tour pour me tourner vers cette voix. Voix que je ne connaissais pas, mais le diminutif je le connaissais et... C'était bien Stymest, plus loin en train de se battre avec Jake ! Oh non ! J'ouvris mes yeux comme des billes. Ça gueulait et ça cognait partout. Mon ami venait de lui mettre un vilain coup de boule. Je choppai mon sac à main et partis vers les hommes. Tel le rôle habituel de la femme, je voulus les arrêter. Je ne doutais pas des performances physiques de Stymest mais je n'avais pas envie qu'il me l'abîme. Me ? Tu ne serais pas un peu possessive à tout hasard ? Pas du tout et ferme la. « Putain mais arrêtez ! » Criais-je. Jake sauta sur Stymest qui finissa au sol. Un léger cri de peur sortit de mes lèvres et je courus près du jeune homme qui envoya un coup de genou dans le ventre du vilain. Je lui attrapais un bras pour le retenir et le faire reculer. Je ne comprenais pas pourquoi ils se battaient comme ça, qu'est-ce qu'il s'était passé ?
Finalement, ce fut le barman qui nous éjecta dehors. Il les avait séparé mieux que moi et nous avait ordonné de sortir tous les trois. Je pensais qu'ils s'étaient enfin calmés. Nous passâmes la porte d'entrée du bar, Jake d'abord, ensuite moi et Stymest. A mon tour, je poussais une gueulante contre Jake. « T'es complétement stupide, toi. Et ton blowjob à la con, tu vas te le foutre où je pense ! » Contre toute attente, il me donna une magnifique claque sur la joue gauche. Ma joue rougit rapidement vu que j'étais blanche. J'étais scotchée. Je me mordais fortement les lèvres et furieuse, je m'approchais vivement de lui pour lui donner un féroce coup de genoux dans les parties. Il s'agenouilla. On frappe pas une femme non mais.
Que faisait Sierra avec cet homme ? Le plus souvent, c'est avec moi qu'elle se retrouvait, mais ce soir c'était avec cet individu qu'elle se trouvait. Cela me rongeais de l'intérieur, et j'ignorais pourquoi. Le fait d'ignorer avait le don de m'agacer. J'avais beau essayé de me concentrer sur cette partie du billard dans laquelle je menais les rênes, mais très vite, dès lors où mon regard s'était posé sur la jeune fille et son partenaire, mon regard se voulait être plus fort que ma volonté, et me forçait à jeter un coup d'oeil de temps à autre en leur direction. A plusieurs reprises, l'homme en question m'avait choppé, me regardant lui même avec insistance. Penché sur la table de billard, m'apprêtant à donner un coup de queue dans la boule, je jetais un dernier regard en leur direction et constatais qu'ils n'étaient plus là. Je me posais tout un tas de questions qui demeuraient sans réponses. Je n'aimais pas du tout ça, j'avais l'impression de ne pas me comprendre moi même. Elle te plaît, sa se voit Stym. Ma conscience, encore elle. Non. Arrêtes de nier, tu n'as qu'à te regarder. Oh tu vas te taire oui, t'as déjà vu Stymest tombé amoureux d'une fille ? Retournes donc d'où tu viens pauvre sotte. Ma mauvaise conscience avait tout dit. J'avais l'impression de devenir fou rien qu'à entendre ma bonne et ma mauvaise conscience se disputer. Comme ils n'étaient plus là pour me distraire, je tirais dans la boule, et cette dernière tombait tout droit dans un trou. Un coup supplémentaire pour moi. Coup que je ne pourrais jamais jouer, étant donné qu'un imbécile venait de me bousculer, et pas n'importe quel abruti. Celui qui tournait autour de Sierra. Son sourire qui me fit perdre le contrôle de moi même. Mon poing partit tout seul rencontrer le visage de cet abruti. Mon plus grand problème et ce depuis toujours était mon impulsivité, j'avais toujours eu du mal à contrôler ça. Ce n'était pas faute d'essayer, mais quand quelque chose n'allait pas dans mon sens, je partais vite au quart de tour, déclenchant souvent des bagarres. Ce n'était pas la première fois que je me battais pour Sierra. C'était la deuxième. La première fois, c'était parce que le mec voulait la forcer à boire un verre, j'avais donc eu toute les raisons de lui en foutre une, hors ce soir, a en croire mon attitude, c'était plus une question de jalousie qu'autre chose. Jalousie que je ne voulais pas admettre. Comme si j'avais une raison d'être jaloux de quoi que ce soit. Ainsi débutait donc une bagarre, dans laquelle j'étais encore aux premières loges, nous nous ruions tour à tour de coup. L'ami avec lequel je jouais au billard, essayait de m'attraper pour me calmer, mais à chaque fois, je l'esquivais, pour ne pas qu'il m'attrape. J'avais besoin de faire sortir tout ce que j'avais au fond de moi qui me rendait si bizarre. Une voix féminine retentit, pas n'importe laquelle, celle de Sierra. Elle était donc toujours là elle aussi. Je n'eus pas le temps de la regarder que son ami se jetait sur moi, me faisant tomber à terre. Bam, ma tête en prit un coup, ainsi que mon visage. Rapidement, je lui donnais un coup de genou dans le ventre. Des videurs vinrent nous séparer, bien plus baraqué que lui et moi, ils n'avaient donc eu aucunes difficultés, quant à nous attraper, et nous éloigné l'un de l'autre. Le barman se plaçait entre nous, et nous demandait de quitter le bar sur le champ. Je serrais les poings, et quittais le Elbo Room, accompagné de Sierra, et de l'autre. Arrivé à l'extérieur, je m'éloignais d'eux, parce que je savais qu'étant dehors, j'aurais été tenté de lui sauter sur le paletot. Il me poussa cependant à le faire, lorsqu'il gifla Sierra. J'entendis le claquement de sa main contre la joue de la jeune fille. Je crois qu'il avait signé son arrêt de mort. Je me ruais sur lui, le plaquant violemment contre le mur, ma main agrippant son cou. Sierra lui avait déjà donné un coup entre les jambes, j'en fis de même, ayant plus de forces que cette dernière, je visais avec excellence son entre-jambe avec mon genou. J'entendis un cri de douleur s'échapper d'entre ses lèvres.
Stymest « Bien fait pour ta gueule connard »
Je lui donnais ensuite un coup de boule, ainsi qu'un coup de poing dans le ventre, alors que je le voyais agoniser, je sentis un coup métallique dans ma bouche. Du sang. Je lui crachais au visage, et le lâchais enfin. Je ne comptais pas non plus le tuer, juste lui faire comprendre qu'il n'aurait jamais du faire ça. J'essuyais la commissure de ma lèvre d'un revers de la manche. Je me retournais ensuite vers Sierra afin de m'assurer qu'elle allait bien. Elle avait la joue rosée. Il n'y avait pas été de main morte. Je restais toutefois loin d'elle, étant toujours énervé. Je m'adossais un peu plus loin contre le mur, levant la tête vers le ciel, les yeux fermés, essayant de me calmer.
Je n'aimais pas qu'on me prenne pour une fille facile. Je savais que c'est ce qu'on pouvait penser de moi malheureusement. J'étais trop sociable et trop gentille. En étant comme cela, les mecs pensaient que c'était open bar entre mes cuisses. Ce qui n'était pas du tout le cas ! Et Stymest ? Lui, c'était différent. En quoi ? Pourquoi t'es open bar qu'avec lui ? Hein ? Je t'en poses des questions moi ? Non, alors chut laisse-moi. Je ne saurais répondre en fait. J'aimais bien Stymest et ça ne me dérangeait pas de m'envoyer en l'air avec lui. Mais pourquoi tu ne le fais QU'AVEC lui ? Cela ne m'intéresse pas d'avoir 20 plans culs vois-tu. Stymest n'est qu'un plan cul à tes yeux ? Un ami aussi. Ce n'est pas la réponse que j'attendais... Oh, t'es vraiment pénible toi. Pendant que je me disputais avec ma conscience -j'avais l'impression d'être folle- Jake, Stym et moi sortions du bar, calmement. On s'était fait viré comme des pros de l'Elbo Room alors que... Moi je n'avais rien fait en plus. Bon anyways, j’espérais qu'ils n'allaient pas encore se taper dessus et qu'ils réagiraient comme des adultes et non comme des bêtes. Je fis d'ailleurs une remarque à Jake et PAF mon visage partit rapidement sur la droite. Il venait de me gifler comme une chef. Ma joue me piqua immédiatement. Je sais, j'étais la première à dire qu'il fallait rester calme même dans des moments comme ça mais disons que cette fois-ci je faisais l'inverse. La moutarde me monta au nez aussi vite que Buzz l'éclair partant dans l'espace. Je lui décrochai un coup de genoux dans son entre-jambe et à peine eus-je le temps de reculer que Stymest débarqua de nulle part pour littéralement le défoncer ! Je posai une main sur ma bouche étonnée, les regardant faire. Cette fois-ci, je laissais faire mon ami. Je me demandais même si à un moment il allait le laisser ou le taper jusqu'à la mort. Il arrêta. Difficilement mais sûrement Jake partit en pensant devant moi. Je le regardais, méprisante et m'assurais qu'il partait pour de bon du coin.
Une fois qu'il fut partis, je passais enfin ma main sur ma joue endolorie. Je la caressais doucement comme pour la consoler -ce qui était totalement stupide en soit, de consoler une joue. Je me tournais pour voir ce que faisait Stymest. Il s'était reculé plus loin contre le bâtiment. Je puais ou quoi ? Il avait plutôt l'air d'essayer de se calmer. Va le voir et l'embrasser follement ! T'es tarée toi, si je fais ça je vais m'en prendre une aussi. Il faut qu'il se calme. Bon attends un peu qu'il se calme après va l'embrasser follement ! Tête de mule, j'ai pas envie de faire ça. Après quelques instants d'hésitation, j'avançais doucement vers lui. Gênée, j'arrivais à sa hauteur je lui adressais la parole pour la première fois de la soirée: « Ça va ? Que s'est-il passé dans le bar ? » En soit, j'attendais qu'il me dise pourquoi les deux hommes s'étaient retrouvés à se taper dessus. Sur mes lèvres se dessina un sourire.
Être impulsif ne me facilitait pas la tâche. Pourtant, se n'était pas faute d'essayer de prendre sur moi, mais je crois que dans certaines situations, c'est mon inconscient qui se jouait de moi. Parfois, j'avais même l'impression de ne plus réussir à me contrôler. Que les coup partaient tout seul, sans que je n'ai eu le temps de ne dire quoi que ce soit. C'est ce qui était arrivé encore ce soir au Elbo Room. Je n'avais pourtant pas bu des litres d'alcool, je ne pouvais donc pas donner l'excuse de l'alcool, j'étais pleinement conscient de chaque coups de poings que j'offrais à l'amoureux transit de Sierra. J'espérais toutefois qu'elle ne m'en veuille pas, car du peu que j'avais vu, elle semblait bien s'entendre avec lui. Nous y voilà donc, t'es jaloux Stym faut t'y faire ! Vas te faire foutre. A croire que tu as un coeur. Ta gueule. Ta réaction.. Ta gueule il t'as dit, remballes tes conneries et vas voir ailleurs. Cette bagarre m'avait valu une nouvelle fois une exclusion temporaire du bar. La dernière fois, je m'étais fais exclure de la boite de nuit où je m'étais produis quelques minutes auparavant, et maintenant je me faisais exclure d'ici pour une énième bataille. Sierra était elle aussi virée par ma faute. Afin d'éviter une bagarre de plus, lors de notre sortie, la rouquine se trouvait entre son prétendant et moi même. A l'extérieur, je prenais mes distances afin de me calmer, mais la claque que mit le type à Sierra me mit hors de moi. Je pense qu'il aurait du tout faire, sauf ça. Il n'y avait rien de plus lâche que frapper une fille. Alors que je le ruais de coups, voyant ce dernier faiblir, je le lâchais, il s'écroulait alors au sol dans un premier temps. Intérieurement, je me sentais bouillir, comme si un nouveau coup allait partir, mais, comme j'avais pour habitude de faire pour me calmer, je serrais des poings et des dents. Mon premier réflexe après cette altercation était de lancer un coup d'oeil en direction de Sierra afin de m'assurer que tout allait bien pour elle. Vas la voir. Ma bonne conscience, encore et toujours. J'avais l'impression qu'elle me poussait littéralement dans les bras de Sierra. Même de loin, et ce grâce au spot lumineux, je pouvais voir sa joue rosée dû à la claque que l'autre gigolo lui avait mit. Quel enfoiré. Comment avait-il pu oser ? Malgré mon impulsivité, et même si la pire des garces essayait de me pousser à bout ce n'est pas pour autant que je la toucherais. J'avais beau être ce que j'étais, je ne pouvais pas concevoir que l'on puisse toucher à une fille. Cependant, je ne voulais pas lui infliger ma colère, ce qui expliquait mon retrait. Adossé contre un mur de pierre, les yeux clos, j'entendais des bruits de pas. Je baissais légèrement la tête, ouvrant les yeux pour faire face à Sierra. Je plongeais ma main dans ma poche de jean afin d'attraper ma petite boite métallique dans laquelle se trouvait rangées mes cigarettes. J'en attrapais une, la portant à ma bouche pour l'allumer avec l'aide de mon briquet.
Sierra « Ca va ? Que s'est-il passé dans le bar ? »
Par pitié Sierra, épargnes moi ce genre d'explication. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir lui inventer ? Je me voyais mal lui dire "écoutes ce mec là, il te collait comme la peste, c'est pas un type pour toi, je l'ai seulement écarté de ton chemin, rien de plus". Ridicule. Complètement. Je savais pertinemment que si je lui disais la vérité, elle me torturerait d'avantage afin de savoir pourquoi j'avais réagi ainsi. C'est vrai, j'aurais très bien pu laisser couler. Le type m'a bousculé, bah ok, c'est cool. Mais non, ce n'était pas n'importe quel type. Ma réaction n'aurait pas été la même si cela avait été quelqu'un d'autre. Mais ce mec là, il l'avait tout simplement fait exprès. J'ignorais si mon côté impulsif se voyait sur mon visage, mais il avait su me faire monter la moutarde au nez.
Stymest « Ta joue ? Comment va-t-elle ? »
Abruti. Je t'emmerde. Si sa continuait, j'allais finir par troquer ma bonne conscience avec une autre, un peu plus réfléchi que celle-ci. Tu n'oserais pas. Putain, voilà qu'elle m'énervait elle aussi. C'était le gros bordel dans ma tête. Ca aussi, sa n'arrangeait rien à mon état actuel. J'espérais que Sierra ne fasse pas trop attention quant à mon changement de sujet, même si cela était plutôt flagrant, j'espérais qu'elle ne soit pas trop têtue pour s'aventurer sur ce terrain là. Je me verrais dans l'obligation de fuir. Fuir. Je crois que c'était un truc de la famille Ainsworth ça, ma soeur était pareille. Et même si je lui reprochais, finalement, je me rendais compte que j'étais pareil.
Je m'etais timidement rapprochée de Stymest qui tentait tant bien que mal de se calmer dans son coin. Je ne voulais pas le brusquer, ni le déranger. A vrai dire, cela faisait la deuxième fois qu'il tapait un homme et que j'étais dans les parages. J'avais l'impression que j'attirais les emmerdes, bien que ce soir quelque chose m'échappait. Je me demandais à quoi pouvait-il bien penser et surtout que pensait-il de moi ? Je devais être un aimant à boulets à ses yeux. Je savais très bien que j'étais maladroite et ça m'embêtait qu'il doive en subir les conséquences. En fin de compte, je me sentais coupable de lui apporter des emmerdes et c'était un sentiment affreux. Moi qui voulais toujours tout faire les choses bien, et rendre les gens heureux autour de moi c'était un peu raté sur ce coup-là. J'allais finir par rester enfermer chez moi, au moins Stymest ne serait pas obligé de se mettre dans un tel état et de frapper un inconnu.
Je venais juste de lui demander le pourquoi du comment, les hommes s'étaient mis à se battre. J'attendais la réponse, impatiente, parce que ça m'intriguait. A vrai dire, je ne savais même pas que Stym était là ce soir, je ne l'avais pas remarqué bien. Vu comment il te fait de l'effet, c'est bizarre que ton radar ne l'ait pas repéré. Mais... Roh, t'es chiante. Haha, tu ne sais plus quoi dire. Tu fais pitié, j'ai même pas envie de te répondre. Bon okay, j'avoue, j'avais une bonne vue pour repérer mes amis et mes proches. Surtout pour repérer les mecs qui te plaisent. Allez, je vais te faire plaisir en disant: oui. Donc, non je ne l'avais pas vu, j'étais plus occupée à discuter avec le type qui était pire qu'une piplette et surtout qui voulait m'attirer dans son lit. En plus il n'était même pas de mon style. C'est sûr, tu préfères les bruns tatoués. La ferme ! C'est vrai ! Entre Had et Stymest... Me parle pas de mon ex.
« Ta joue ? Comment va-t-elle ? »
Légèrement déconnectée à cause de mon monologue/dialogue avec ma conscience, je mis un temps à réagir. Mais... Pourquoi il me parlait de ma joue ? Instinctivement, je touchai ma joie de mes doigts. Je le regardais silencieuse, en me pinçant la lèvre inférieure. Il venait de changer de sujet, non ? Je voulais savoir moi, la curieuse que j'étais ! Je n'avais même pas envie de répondre à sa question pour la peine. Viole-le. Pardon ? Non mais t'as qu'à changer de sujet aussi pour la peine. Ouais, t'as raison. Ma joue avait encore un peu chaud mais je n'avais plus mal. Le temps frais dehors me faisait du bien. Je m'approchais un peu plus de Stymest et fis quelque chose que je n'avais jamais fait en public -du moins dehors et non chez lui ou chez moi en tête à tête: je déposais un petit baiser sur ses lèvres. Après ça, je me reculais en m'appuyant aussi contre le muret. NON, C'EST TOUT ? Oui. « Je suis forte aussi pour changer de sujet, t'as vu. » Je l'observais fumer alors sa cigarette, il se pourrissait les poumons comme ça. « Tu vas m'expliquer ou bien... ? Tu peux tout me dire. »
Adossé contre le mur, Sierra ne semblait pas me laisser filer aussi facilement. J'ai eu l'espoir ne serait-ce que quelques secondes qu'elle ne rentre chez elle, mais non. Je me doutais que je devrais faire face à une montagne de questions, dont je n'avais franchement pas envie de répondre à l'heure actuelle. Dans ma tête c'était le foutoir, alors si en plus Sierra me posait tout un tas de question afin de savoir pourquoi j'avais fais ça, c'était le pompom sur la garonne. Sentant sa présence, mais aussi son parfum qui vint embaumer mes narines, j'ouvris doucement les yeux pour la regarder. Dans le plus grand des silences, je m'attrapais une cigarette, j'étais sûr d'une chose : cela me calmerais. Rien qu'à la première latte, je me sentais déjà plus calme. A mon avis, c'était plus psychologique qu'autre chose, mais au moins, cela fonctionnait. Tandis que j'avais le visage amoché, Sierra quant à elle, avait la joue belle et bien rouge. J'ignorais ce qu'elle avait bien pu lui dire pour se récolter une claque en pleine figure, mais à mon avis, c'était loin d'être quelque chose qui avait plu à monsieur. Tu n'aimes pas qu'on touche Sierra, n'est-ce pas ? Putain mais sa t'arrives jamais d'aller te coucher à toi ? Avoues-le. Je n'ai rien à avouer. Depuis quand ma conscience cherchait à me contrôler, et à me faire faire ce qu'elle voulait ? J'étais loin d'être un soumis, qui fait ce qu'on lui dit de faire. Quelques minutes de silences passèrent, et Sierra ouvrait enfin la bouche. Si elle ne l'avait pas fait, me connaissant, je ne l'aurais pas fais non plus. Je n'avais aucunement envie de m'expliquer quant à la bagarre que j'avais crée quelques minutes auparavant. D'ailleurs, j'ignorais si elle était au courant de la personne qui était à l'origine de cette bagarre. Si elle le savait, alors je n'avais plus qu'à me planquer dans un trou de souris. Car on sait tous que les filles sont les plus grandes curieuses, et qu'elles arrivent toujours à savoir le pourquoi du comment. J'ignorais comment, mais elles y parvenaient. J'étais dans la merde, deux choix s'offraient à moi, lui répondre en lui disant la vérité ou au contraire, fuir en changeant de sujet. Je choisissais la solution la plus simple pour moi, celle de fuir. Mon seul échappatoire était sa joue. Je lui demandais alors comment allait cette dernière. A mes mots, elle posait le bout de ses doigts sur cette dernière, comme pour s'assurer qu'elle ne ressentait plus aucune douleur. Elle restait toutefois silencieuse, j'en faisais de même, savourant ma cigarette, qui se consumait à chaque latte que je tirais sur cette dernière. Sierra s'avançait alors prêt de moi. Je la regardais faire, plantant mon regard dans le sien, comme pour chercher ce qu'elle s'apprêtait à faire. M'embrasser. Voilà ce qu'elle fit. Le goût de ses lèvres, la sensation que cela pouvait me procurer, retrouver ses lèvres me fis un bien fou. Je posais ma main derrière sa nuque, pour répondre à son baiser. Et tu vas me dire que l'embrasser ne t'as rien fait ? Mais ta gueule putain ! Elle est bonne au lit c'est tout. Non mais ça va vous deux, barrez vous de là, allez voir ailleurs si j'y suis ! Baiser rompu, elle se plaçait à mes côtés, adossée elle aussi contre le mur. Ma cigarette arrivait à sa fin. Je l'écrasais contre le mur derrière moi, et la balançais le mégot un peu plus loin, sur la route. Cramé. Elle t'as cramé mon pote. Je me demandais quand est-ce que ma conscience allait me lâcher, parce que là, elle était bien partie pour me faire chier durant toute ma fin de soirée. Gentiment, elle me demandait si je comptais lui en parler. Ajoutant que je pouvais lui parler du tout. Elle était sérieuse ? Est-ce que moi, Stymet Ainsworth avait une tête à se confier ou autre ? Je ne crois pas. J'étais tout sauf ce genre là. Parler, ce n'était pas fait pour moi ça.
Stymest « Qu'est-ce que tu veux savoir ? Que ce type est un abruti ? Maintenant tu le sais »
J'espérais qu'après cette explication elle ne me pose plus aucune question à propos de ça. Mais bon, étant une fille, je me doutais qu'elle chercherait à en savoir plus. Ce que j'entends par là, c'était savoir de quoi était partie la bagarre. Pourquoi lui et moi en étions venus à se foutre sur la gueule aussi rapidement. A vrai dire, je pense que personne n'avait compris ce qu'il s'était passé. Le mec m'était rentré dedans et en l'espace d'une seconde, il se retrouvait à terre, après que mon poing n'ait percuté son visage.
Je l'avais embrassé furtivement, il avait répondu à mon baiser -je supposais que ça lui plaisair- puis je m'étais retirée. Je lui avais ensuite demandé de me parler de ce qui c'était produit quelques minutes avant dans le bar. Pitié Stymest, réponds-moi. Vilain défaut ou qualité, la curiosité avait une grande place dans mon caractère. Comme le fait de fouiner dans mes affaires qui n'étaient pas la mienne. J'avais d'ailleurs envie d'en savoir plus sur le copain de Julie qui me semblait louche. A voir, quand je jouerais la détective privée pour suivre Elyes Sullivan. Bref, revenons à nos moutons. Je pense que tu aurais dû l'embrasser plus longtemps. Pourquoi ? Parce que c'était trop bien, recommence ! On verra plus tard. Là, j'attendais qu'il me dévoile l'explication de cette bagarre. Entre temps je sentis mon téléphone portable vibrer dans ma poche alors je le sortis et regardais. Oh génial, c'était Jake qui m'envoyait un sms pour s'excuser. Lui pouvait peut-être me dire pourquoi ils s'étaient battus. Même si je comptais supprimer ce numéro il pouvait m'être encore utile dans la soirée. Je lui répondis immédiatement en lui demandant pourquoi il s'était battu avec mon ami.
C'est d'ailleurs à cet instant que Stymest ouvrit enfin la bouche, après avoir terminé sa cigarette. « Qu'est-ce que tu veux savoir ? Que ce type est un abruti ? Maintenant tu le sais. » Son ton était froid et sec, je n'aimais pas. Sierra, il est jaloux ! Mais, non ? Si. T'as vu comment il parle de Jake ? Ouais mais en même temps, il n'a pas tord c'est vraiment un abruti. Tu m'énerves quand tu fais ta blonde. ALLÔ quoi, le mec il te tend une perche là.Ne sachant pas quoi dire, je confirmais sa pensée « Oui, je l'ai bien compris ça. » Mon portable vibra à nouveau. Jake me disait que c'était Stymest qui avait cherché la merde parce qu'il était jaloux. TU VOIS. Non mais t'es au courant que le gars peut mentir. Je rangeai mon téléphone sans répondre. J'essaye de lui demander ? A tes risques et périls. « Ne t'énerves pas mais... Là le type m'a dit que c'est toi qui avais cherché la merde en premier et que tu étais jaloux... » J'attendais sa confirmation. Je risquais peut-être de me prendre une claque sur la deuxième joue mais qu'importe je voulais comprendre ce qu'il s'était passé. S'il est vraiment jaloux, ça voudra dire que... Oh c'est trop bien. Trop bien ? Cela voudra dire que tu lui plais et vu que toi aussi tu lui plais... Je fermais un instant les yeux pour éviter de répondre quoique ce soit à cette conscience embarrassante. Mes yeux verts se rouvrirent. J'attendais sa réponse.
Le baiser de Sierra m'avait comme apaisé. Comment était-elle parvenue à me calmer en un simple baiser ? Je peux répondre ? Non. T'es pas drôle. Je sais. Saleté de conscience, à chaque fois que j'avais l'impression de m'être débarrassé de cette dernière, elle réapparaissait comme ça, l'air de rien. A mes côtés, Sierra semblait occupée par son téléphone portable, moi de mon côté, je m'attrapais une nouvelle cigarette, la nicotine, pire qu'une drogue. Si j'étais accroc ? Pire que ça. Remarque, il valait mieux être accroc à la nicotine, qu'à la cocaïne et j'en passe. Quoi que... Dans un sens comme dans l'autre, la drogue ruinait notre organisme, mais la cigarette n'en n'était pas loin. Elle ruinait nos poumons en cendre. Je secouais négativement la tête. Non mais sans déconner Stym', à quoi tu penses là ? Tu es entrain de philosopher sur les risques que peuvent causer la cigarette et la drogue alors que t'as d'autre chose à penser là. Comme Sierra. Ta gueule ! Raaaah. Qu'est-ce qu'elle pouvait m'agacer quand elle s'y mettait celle là. Cigarette en bouche, briquet en main, je rapprochais ce dernier de l'autre extrémité de ma cigarette pour allumer cette dernière. Ah ce que ça fait du bien. Je jetais un bref coup d'oeil en la direction de la jolie rousse, pour remarquer qu'elle était toujours scotchée devant son téléphone, surement entrain de composer un message. Une véritable addict. Je recrachais la fumée de la bouche, quand Sierra ouvrit pour me dire que l'autre connard, car là c'était le mot, lui avait expliqué ce qu'il s'était passé. Je compris rapidement qu'ils s'étaient échangés le numéro. Je n'en revenais pas. Le mec l'avait giflé, mais elle avait quand même répondu à son message. Sa valait bien la peine pour moi de lui casser la gueule.
Stymest « Attends t'es entrain de me dire que c'est avec lui que tu communiques par message ? Le mec il te fou une claque monumental, et tu trouves le moyen de lui répondre, t'es sérieuse là Sierra ? »
Rien que parler de cet énergumène m'énerver. Et le pire dans tout ça, c'est que Sierra avait trouvé le moyen de répondre à ce crétin après ce qu'il lui avait fait. Elle se fou de moi, c'est pas possible. Elle essaie peut être de te faire réagir. N'importe quoi. Le mec il a dit que t'étais jaloux, tu vois j'avais raison. Putain mais lâches moi toi. Et tu sais que j'ai raison. Vas te faire foutre. Pourquoi tu t'énerves comme ça ? Parce que tu me saoules. Ca veut tout dire. Ca veut rien dire du tout. Jaloux ! Ta gueule ! C'est pas possible, j'avais l'impression d'être en guerre avec moi-même. Déjà que ce soir il m'en fallait peu pour m'énerver, alors si ma conscience se jouait de moi, sa allait être pire. Surtout que de nature impulsive, j'allais finir par péter un plomb tout seul, et Sierra ne comprendrait surement rien. Je m'éloignais un peu de cette dernière, ayant du mal à la cerner pour le coup. A quoi jouait-elle ? Essayait-elle d'en savoir plus ? Voulait-elle savoir si j'étais vraiment jaloux de ce type ? Moi, jaloux ? Impossible. Ce n'était pas mon genre. Ah ouais ? Et pourquoi tu ne supportes pas que l'on approche Sierra ? Quoi ? Ne joues pas l'innocent avec moi Stym, la dernière fois, cette fois-ci, tu comptes casser la gueule à tous les types qui l'approcheront ? N'importe quoi. Ahahahahahah, essais de faire preuve de bonne foi au moins une fois dans ta vie. Je ne tâchais même pas de répondre à cette dernière puisqu'elle disait n'importe quoi. Quoi que... Et si elle avait raison ? J'ai raison. Putain, je vais vraiment finir par devenir fou avec cette putain de conscience.
Stymest « Tu sais quoi, vas le rejoindre. Moi je me casse chez moi. On se voit dans la semaine pour les répétitions »
Désormais j'entamais ma marche en direction de ma voiture, qui se trouvait sur le parking, afin de rentrer chez moi. Je n'avais plus rien à faire ici.
Intelligente comme je l'étais, j'avais répondu au message de Jake -dixit le mec qui avait osé me baffer-. Au moins, il s'était excusé c'était un bon début. Mais s'il pensait que je comptais le revoir il pouvait se mettre le doigt dans l’œil jusqu'au coude ! C'était tellement facile de s'excuser. J'estimais qu'une excuse était valable quand le geste était involontaire. Ce qui n'était pas du tout le cas. En quelque sorte, je l'avais provoqué en lui disant qu'il était stupide -en plus, quelle insulte de fou!- et que je n'étais pas intéressée par ses avances. Encore une fois, je prenais le risque en parlant du sujet qui fâche avec Stymest. Sujet qui fâche d'après moi puisque depuis le début il évitait ma question et changeait de sujet. Il était pénible à faire ça, j'étais avide de connaître la réponse.
Je me doutais qu'il le prendrait mal. « Attends t'es entrain de me dire que c'est avec lui que tu communiques par message ? Le mec il te fou une claque monumental, et tu trouves le moyen de lui répondre, t'es sérieuse là Sierra ? » Je le regardais, bête, ne sachant plus quoi dire. Bravo, alors là je t'applaudis. Maiiiiiiiiiiis je veux savoir. Des fois, il vaut mieux se calmer et foutre sa curiosité en mode pause. Attends c'est toi qui me disait que je pouvais en savoir plus ! Ouais... Mais non. Tu ne sers vraiment à rien comme conscience. Tout comme toi. Je soufflai, respirant au passage la fumée toxique qui se dégageait de sa cigarette. Je crois que oui... Cette fois-ci, j'aurais dû me la fermer. J'avais l'impression de le décevoir et c'était horrible comme sensation. Surtout qu'il était la dernière personne que je voulais décevoir. C'est mignon. Je ne fis même pas attention. Tu devrais des fois, ça t'apprendrait à éviter de dire des phrases de trop. Putain mais... J'avais l'impression d'être Jessie dans le roman de Stephen King. Menottée à un lit, avec le mari mort au pied du lit, livrée à elle-même dans sa maison paumée dans les bois et en train de parler avec des voix dans sa tête... Ouais, enfin t'es pas menottée à un lit. Encore heureux ! Mais c'était pour illustrer que je me sentais folle à parler avec moi-même. Tu es folle. Merci de me rassurer.
« Tu sais quoi, vas le rejoindre. Moi je me casse chez moi. On se voit dans la semaine pour les répétitions »
...
Je crois que le ciel venait de s’effondrer sur ma tête. Oh putain. Il tourna ses talons et commença à partir vers le parking. NON ! Retiens-le. Je l'avais vraiment déçu, c'était affreux. Sidérée, je me laissais glisser le long du mur. Tu vas pas te mettre à pleurer et te couper les veines ! Je le voyais s'éloigner de moi, ma gorge se noua. BOUGE TON CUL SIERRA. Je bouillais à l'intérieur. Il n'avait pas le droit de me laisser comme ça, quelle tête de cochon. J'avais envie de... De ? De lui arracher la langue avec mes dents. Pour une fille qui a vécu 10 ans dans un van avec des parents hippies, je te trouve plutôt détendue comme nana. LA FERME. Je sautais sur mes deux jambes, et avançais à grande enjambés vers lui. Je me stoppais en plein milieu. Mais tu fiches quoi ? Cours après lui comme dans les films d'amour et cris lui que tu l'aiiiiimes. J'étais perdue. Je lui en voulais qu'il puisse croire que Jake m'intéressait, je lui en voulais qu'il fasse son rageux à ne rien me dire mais en même temps il me plaisait terriblement je ne pouvais pas me mentir. Enfin tu avoues ! Je n'ai jamais rien caché. Tu te fiches de moi ?
« AINSWORTH ! » Criais-je à plein poumons, comme une nana saoule. Je me mis à courir jusqu'à lui pour le rejoindre. J'étais proche de lui, il ne s'était pas encore retourné. « Je t'interdis de penser que ce type m'intéresse ou que je ne lui en veux pas pour ce qu'il a fait ou que... » Je m'embrouillais, merde. « Bref, tu m'énerves mais... » Il se retourna à ce moment, là. Gênée, je perdis le fil de mes mots. Je soufflais à bon coup pour me redonner du courage et lâchai: « C'est toi que je veux et uniquement toi. » O.M.G. Un peu perturbée par la bombe du siècle que je venais de lui lancer, je me dépêchais de sauter dans ses bras pour l'embrasser follement.
Sa valait bien le coup que je me batte avec l'autre abruti pour que quelques minutes après, Sierra se retrouve là, à communiquer avec lui par message. Je n'en revenais pas. Pas un brin rancunière la fille. Le mec, il avait osé la gifler, et elle osait encore lui répondre. J'avais l'impression d'être prit pour un con, je l'avais vengé pour au final... Rien. A savoir ce qu'ils étaient entrain de se dire. S'il faut, ils étaient entrain de flirter par message, alors que j'étais juste à côté. Ca me dégoûtais. Je voulais cependant être sûr qu'elle parlait avec lui, ce qui expliquait l'origine de ma question, qui à mon avis était plus rhétorique qu'autre chose, étant donné qu'elle avait plus ou moins vendu la mèche. Il n'avait pas eu le temps de lui dire lorsque nous étions dehors, étant donné que leur échange ne fut que de courte durée. J'en avais alors rapidement déduis que c'était lui qui lui avait envoyé un message, pour qu'elle soit le regard rivé sur son écran de portable. Son silence voulait en dire long. Je compris rapidement que la réponse était telle que je la connaissais. T'as pas les boules ? De ? Qu'elle ait le numéro de l'autre crétin ? J'm'en tape, elle fait ce qu'elle veut. C'est fou ça ! Quoi ? Que tu fasses autant preuve de mauvaise foi, c'est pas humain. Je t'ai jamais demandé de me parler. Peut être mais moi j'aime ça. T'es là pour quoi au juste ? Te mener sur le bon chemin. Le bon chemin c'est le mien, alors laisses Stymest tranquille ! Et voilà que ma mauvaise conscience s'y mettait elle aussi. Je passais ma main sur ma tête, fermant un court instant les yeux. Ces voix dans ma tête étaient insupportables. J'avais l'impression de ressembler à un schizophrène. Si elles continuaient, j'allais finir par devenir dingue. Quoi que... J'étais à deux doigts de me taper la tête contre le mur. Afin de mettre un terme à tout ça, je jugeais que le mieux était que je ne rentre chez moi. De toutes les façons, elle avait surement mieux à faire, comme rejoindre son copain. T'es vraiment de mauvaise foi ! Putain faites quelque chose avant que je ne disjoncte. Sa n'allait surement plus tarder. Je tournais désormais les talons pour regagner ma voiture. J'avais les nerfs, et à l'heure qu'il était, je ne savais pas vraiment comment mettre un terme à tout cet énervement. Dormir serait peut être la meilleure solution. Cependant, alors que je me trouvais à mit-chemin, j'entendis Sierra m'appeler par mon nom de famille. A mon avis, ça c'était tout sauf bon. J'hésitais à me retourner, je stoppais toutefois ma marche, sans pour autant lui faire face.
Sierra « Je t'interdis de penser que ce type m'intéresse ou que je ne lui en veux pas pour ce qu'il a fait ou que... [...] Bref, tu m'énerves mais... »
Mais ? Ce mot me poussait à me retourner, encore hésitant, je fini finalement par me retourner, lui faisant face. J'étais bien trop curieux de connaître la suite de sa phrase qu'elle avait laissé en suspend, comme si elle avait fait exprès, sachant que je lui ferais face. Je la regardais et ... Boum bada boum.
Sierra « C'est toi que je veux et uniquement toi »
Ok. Et là, je suis censé réagir comment moi ? Non parce que là, je ne savais vraiment quoi faire, ni même quoi dire. Quoi que... Elle ne me laissait pas vraiment le choix, et me sauter au cou, m'embrassant. Mes bras se resserrèrent automatiquement autour de sa taille afin de la retenir pour ne pas qu'elle tombe. C'était de la torture ce qu'elle m'infligeait là. Elle était dingue. C'était officiel. Dingue de vouloir un type comme moi. Putain mais qu'est-ce que t'es con, c'est pas possible. Qu'est-ce que t'as toi encore ? Alors tu pètes ta durite quand un mec s'approche d'elle, et là t'as la fille qui te fais fondre qui te dit qu'elle te veut toi et uniquement toi, et tu trouves le moyen de tout gâcher. Bordel que t'es con c'est pas humain. Coucou, tu viens d'où là ? De la planète Mars ou bien. Oh mais vas-y, vas voir ailleurs si j'y suis là ! Elle surgissait de nul part au moment où je m'y attendais le moins celle-là. Pourquoi avais-je une conscience aussi fatigante que la mienne. J'avais tout, sauf de la chance pour le coup. Ses lèvres, leur douceur, leur goût, j'en étais accroc. A chaque fois qu'elle m'embrassait, je pouvais être sûr qu'il me serait difficile de rompre le baiser. Et si... ? Non, non, non, ce n'était pas possible. Ma langue jouait avec la sienne, tandis que nos souffles chaud s'entremêlaient. Je sentais mon coeur tambourinait dans ma poitrine, comme s'il allait en sortir d'une minute à l'autre. Une sensation de bien être se fit ressentir. Des frissons aussi. Putain Sierra, comment tu parvenais à provoquer toutes ces sensations en moi. L'amour mon coco. Toi... Casses toi ! Ce n'est pas possible, je ne pouvais plus penser par moi-même sans que cette fichue conscience ne s'incruste dans mes pensées. Ca en devenait gavant. Par manque de souffle, je me voyais contraint de rompre ce baiser, même si à l'instant même où nos lèvres étaient séparées, les miennes les réclamaient, en redemandant encore et encore.
Stymest « Tu es folle »
Et toi t'es con. Putain mais tu me faisais beaucoup moins chier quand tu hibernais toi. Je restais un instant planté là, à la regarder, sans savoir quoi dire, ou encore quoi faire. Là, j'étais plutôt dans l'incapacité de parler. Sierra descendait de mes bras. Je n'avais jamais été un as des grands discours. Dire ce que je ressentais ce n'était pas mon genre, je ne trouvais jamais les bons mots. Et puis, je ne savais même pas quoi lui répondre. Peut être que pour une fois, ma conscience avait raison, j'étais con. Tout en la regardant, je me mordillais légèrement la lèvre inférieur, ayant envie de l'embrasser de nouveau. Chose que je ne tarda pas à faire. Elle embrassait divinement bien. Je crois que c'est surement pour cette raison que j'aimais l'embrasser et que mes lèvres ne cessaient de réclamer les siennes dès lors où quelques centimètres les séparaient. Je mêlais mes doigts dans sa douce chevelure rousse, tout en intensifiant notre baiser. Un baiser différent de tous les autres, je l'avais moi-même senti. L'amour mon petit, l'amour. Je vais te faire bouffer l'amour, tu vas rien comprendre toi. Ahah, arrêtes de t'énerver comme ça. C'est ta faute ! Non, c'est après toi que tu en as, parce que tu es complètement bouleversé par l'aveux que vient de te faire Sierra. Pfff, n'importe quoi.
Stymest « Il est tard, on ferait mieux de rentrer tu ne penses pas ? »
Je pense que s'en était assez pour ce soir. Nous avions tout deux besoins de rentrer chez nous, loin l'un de l'autre afin d'avoir les idées plus claires. Parce que là actuellement, entre ma réaction face au mec qui lui tournait autour, ma conscience qui ne cesse de s'incruster dans mes pensées, et l'aveux que venait de me faire Sierra, je pense que pour ce soir s'était bon. J'attendais sa réponse afin de bouger.
Après coup, je me demandais si je n'aurais pas dû fermer ma grande gueule. Non, c'était génial ce que tu as fait ! Ouais... Je savais que j'allais regretter. En attendant, mes lèvres étaient collés aux siennes. Il avait rapidement eu le réflex d'attraper mon corps pour ne pas que je glisse. J'enlaçai son corps de mes jambes et son cou de mes mains. J'avais l'impression de vivre une scène d'un film à l'eau de rose. Nos langues se rencontrèrent. Je me sentais tellement bien, à cet instant présent. Une bouffée de chaleur m'envahit. Eh t'excites pas trop. Oh laisse moi profiter de ce moment, toi ! Nous fûmes contraint de rompre le baiser lorsque l'air nous manqua. Stymest me déposa sur le sol. « Tu es folle » Je fis un petit sourire gênée ne sachant pas vraiment comment prendre sa remarque. Ce n'était pas la première fois qu'on me disait folle. Tu sais, ça se trouve il te prend pour une psychopathe et tu le dégoutes. Pfff. Je le fixais espérant qu'il me dise quelque chose ou qu'il me mime quelque chose, j'en sais rien, mais il ne pouvait pas rester comme ça sans rien faire, bordel ! Mais qu'est-ce que tu peux être tendue, chérie. Je ne restais pas tendue trop longtemps car le jeune homme se rapprocha de moi pour reprendre possession de mes lèvres. Je me laissais faire car après tout, j'en avais autant envie que lui. J'aimais tellement l'embrasser. Mes bras passèrent sous sa veste, sous son tee-shirt et je pouvais sentir son dos chaud. C'était tellement... Romantique ? Ouais, voilà... Euh, non. Enfin, je ne sais pas trop, c'était mignon et je sentais mon cœur s'emballer. Ce n'était pas comme d'habitude et ça me plaisait. Au final, peut-être que j'avais bien fait de lui avouer ce que je pensais de lui...
« Il est tard, on ferait mieux de rentrer tu ne penses pas ? » Dit-il après qu'il ait couper le contact de nos lèvres. Il n'avait peut-être pas tord. Je me reculais vivement de lui, comme si j'avais peur de lui. « Tu as raison. »Disais-je à contre cœur. J'étais subitement mal à l'aise, comme s'il ne s'était rien passé comme si je n'avais rien avouer. Je sortis mes clés de voiture en même temps que les siennes apparemment. Notre chemin ensemble s'arrêtait là et bientôt nous rentrerons de notre côté. Je sentais d'ores et déjà que cette semaine allait être longue, je savais très bien qu'il ne me parlerait pas et moi non plus. Je me stoppais, non loin de ma voiture. « Bon... A la prochaine. » Petite sourire, petit signe de main et je tournais les talons. Non mais t'es sérieuse, là? On aurait dit que tu disais au revoir à un inconnu ! ... Je sais. Je me dépêchais de rejoindre ma voiture et de m'y réfugier dedans. Je sentais mes yeux me piquer. Cette première nuit allait être longue et une torture pour mon cerveau. Hadryin m'avait quitté mi-décembre, c'était possible que je puisse...? Oui, Le cœur a ses raisons dont le cerveau ne sait nul.
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