CHAPITRE I - Maman elle est papa ?
Tokyo, qui ne rêve pas d'habiter une telle ville ? Pas moi, j'ai pas spécialement de bons souvenirs du Japon. J'y ai vécu un moment pourtant, mais lorsque l'on n'est pas asiatique, on ne s'y fait jamais à être exclue sans cesse.
Je rentre de l'école, je prend le même chemin depuis je dirais 2 ans, c'est rare que je puisse rentrer seule ! J'ai 8 ans et je vais à l'école privée et américaine depuis que j'ai 6 ans. Je ne suis pas née ici, je suis née en Californie, pourtant oui je vis bien à Tokyo. J'ai été adoptée toute petite, je ne connais pas mes vrais parents et je crois que je ne veux pas les rencontrer, après tout ils m'ont abandonné, pourquoi chercher à les retrouver? C'est un couple richissime qui est venu m'adopter dans l'orphelinat où j'étais à Sacramento. Je ne m'en souviens pas, il y a des vidéos que j'aime regarder. Ma mère est japonaise et mon père américain, mais il a toujours voulu vivre au Japon. J'ai eu de la chance de tomber sur une famille comme eux.. car au moins je n'ai jamais manqué de rien.
Je traverse l'immense boulevard, ma jupe vole avec l'air pollué de la circulation. Mes parents sont de riches hommes et femmes d'affaires. Chacun étant à la tête d'un empire qui vaut des millions. Héritage parental oblige. Je les vois peu souvent, mais j'adore lorsqu'ils sont avec moi c'est gnéial. Je rentre chez moi, un immense loft au sommet d'un de ses grands buildings. Je prends l'immense ascenseur qui me monte 20 étages plus hauts dans notre penthouse. Les parois s'ouvrent. Il se passe une chose étrange, mon père est là, il n'est jamais là d'habitude, toujours en voyage d'affaire. Ma mère c'est pareil, d'ailleurs elle est surement en voyage d'affaire elle. Mon père semble effondré, je n'y fais pas attention, je lui fonce dans les bras trop heureuse de le voir.
- Papa !! Il se met à pleurer, je crois qu'il est content de me voir mais je ne comprend pas tellement. Il me serre dans ses bras, je vois Jean ma nourrice ou gouvernante, pleurer. Elle est jeune, je dirais qu'elle a 20 ans pas plus, mais elle est formidable ! Je ne comprend pas, et j'ai peur, je me met à pleurer.
- Papa elle est où maman ? Mon père me serre plus fort. Pourquoi ? Je ne comprend toujours pas ce qui c'est passé. Où est ma mère ? Je pleure parce que je me sens perdue et déboussolée ! J'insiste pour savoir où est ma maman, je veux la voir ! Mon père se dégage de mes bras et me regarde dans les yeux, ses mains autour de son visage, il sèche mes larmes de peur.
- Willa, il va falloir être courageuse, papa est là, il ne te laissera jamais, je te le promet ! Maman est partie très loin, elle ne reviendra pas. J'entends Jean pleurer encore plus. Je commence à comprendre les choses. Je pleure. Ma maman est morte.. elle est partie au ciel..
- Chut Willa, ta maman t'aimera toujours, elle sera toujours avec toi.. tu sais où ? - je fais non de la tête -
Dans ton coeur ma puce ! Il pose sa main sur mon coeur. Ma maman vient de mourir.. et dans d'affreuses conditions. Un attentats à New-York. Nous sommes le 11 septembre 2001.
CHAPITRE II Tu n'auras qu'à cligner des yeux et papa t'offrira tout ce que tu veux.
Je me souviens l'enterrement de ma mère. Il pleuvait, tout le monde était vêtu de blanc. C'est la coutume asiatique, le blanc est symbole de mort. Ma petite robe blanche fut rapidement tachée dans la boue mais les bras de Jean me protégeaient. Jean a toujours été ma deuxième maman. Elle est d'origine Japonaise peut-être d'autres pays aussi asiatiques. Elle est belle et je l'adore.. Je ne veux jamais qu'on me la retire.
Aujourd'hui j'ai 13 ans. Ma mère est morte depuis 5 ans et elle me manque toujours autant. Mon père me fait voir un psy, car les images violentes des attentats de New York sont passées en boucle à la télé, il a peur que je sois choquée.. Je sais qu'elle est morte dans l'un des deux avions percutant les tours jumelles, je ne veux pas savoir lequel, de toute façon ils ont terminé dans le même état. Personne n'a survécu. Jean essaie de combler le vide de ma mère, elle s'occupe beaucoup de moi et je me demande si elle arrive à avoir une vie avec tout ça. J'ai bien conscience que je ne suis pas une petite fille facile.. mais j'aimerais tout de même qu'elle soit heureuse.
On n'a évidemment rien retrouvé des effets personnels de ma mère. Mon père m'a offert la bague de fiançailles qu'il lui avait offert. Elle portait seulement l'alliance après le mariage. Celle ci est autour de mon cou, sur une chaine en or avec un pendentif que j'ai reçu d'elle juste avant sa mort. Lorsqu'on ouvre ce pendentif on y voit toute la famille réunie. Même si nous n'étions pas souvent ensemble, nous étions soudés ! Elle me manquera toujours mais comme mon papa me l'a dit, elle est toujours avec moi, dans mon coeur.
Aujourd'hui on doit prendre l'avion. On quitte Tokyo. Je ne suis pas très enchantée à cette idée, mais mon père qui se met en quatre pour que j'aille bien sans ma mère pense que quitter la ville serait mieux pour moi. Direction San Francisco, sa ville d'origine. Bien sûr Jean vient avec nous, elle a accepté.. je n'aurais pas accepté de partir sans elle de toute façon. Elle a presque 26 ans maintenant, et elle devient de plus en plus jolie ! J'aimerais tellement lui ressembler ! Seulement je ne sais pas à qui je ressemble.
Nous laissons nous nos meubles ici, par question de vendre l'appartement, de toute façon mon père a largement les moyens de tout payer. De plus ma mère sur son testament m'a légué la moitié de sa fortune et l'autre pour mon père. Jean touche aussi une somme d'argent, pour m'avoir élevé. Je déteste déjà les Etats-Unis, je n'aime pas la chaleur, je n'aime pas les gens, et je déteste mon collège. Je me sens dépaysée ! Je veux Tokyo ! Moi qui me plaignais de cette ville... Quelle ironie du sort. J'ai presque envie de dire que la pollution de manque ! La mer est froide.. les gens sont fous.. je n'aime les coutumes.
- Papa je veux rentrer ! S'il te plait ! Nous sommes dans l'avion, première classe, mon fauteuil est celui d'une grande personne et je me sens seule. Je me lève pour aller sur les genoux de Jean, elle discute avec lui. Ils s'entendent plutôt bien tous les deux.. et j'aimerais bien que mon papa la choisisse en tant que nouvelle femme. Jean me serre contre elle.
- Chérie - mon père parle -
Tu vas adorer San Francisco, on aura une grande maison et tu auras une plage pour toi !
- Je veux pas y aller, on quitte maman ! Je vois le sourire de mon père s'éteindre, je n'aurais pas dû dire ça. Jean embrasse mes cheveux tressés.
- Ecoute Will, tu n'auras cas cligner des yeux et je t'offrirais tout ce que tu veux..
Je cligne des yeux et je les fais rire.
- Je veux rentrer ! - Tout sauf ça ma puce ! CHAPITRE III : C'est le début du reste de ma vie !
Finalement je me suis plutôt bien habituée à San Francisco. Mon père a tenu ses promesses, j'ai eu tout ce que je voulais. Je n'ai encore une fois manquer de rien. J'ai grandit et Jean a trouvé un mari, mon père. J'ai contente pour eux. Elle ne me materne plus autant, elle travaille avec lui maintenant. Je suis assez grande pour vivre seule et pour pouvoir me débrouiller. Aujourd'hui 19 ans. Je suis surement une des gamines qui pèse le plus lourd en dollars. Je sais qu'on pourrait m'enlever ou des trucs comme ça, mais sérieusement je m'en fiche. Je crois que je n'ai plus peur de la mort depuis qu'on m'a détecté une tumeur au cerveau.
Tout a commencé il y a un an, j'avais de violents maux de tête, parfois des hallucinations et la nausées ! J'ai passé des examens, ils s'est avéré qu'elle était là, la maladie et à une stade bien avancé. Située dans une zone à risque de mon cerveau. Les médecins m'ont opéré en urgence mais ils n'ont pas pu tout retirer. Le risque était aussi gros, j'aurais pu finir en fauteuil roulant, ou alors paralysé tel un légume, ma mémoire aurait pu être affectée et à ma demande ils m'ont donné une solution. Un traitement pour ralentir sa croissance. Elle ne pourra surement jamais être enlevée du coup, le jour où j'ai appris cela c'était le dernière jour du reste de ma vie. D'après les médecins j'ai moins de trois ans à vivre, je ne pourrais pas supporter d'être constamment opérée, et la tumeur deviendra plus forte. Je n'aurais surement pas une belle morte, à moins que je mette fin à mes jours avant.
Ma vie est comptée, mon temps est compté ! Je veux profiter de tout, je veux avoir tout fait, aussi bien dans le bon sens du terme que dans le mauvais, surtout dans le mauvais. Je ne veux pas me pourrir la vie, je veux juste profiter un maximum, je peux mourir à n'importe quel moment, la tumeur peut atteindre des zones de mon cerveaux à tout instants et me paralyser me laissant dans un état végétatif à n'importe quelle seconde d'une journée comme celle ci.
Je ne m'en fais pas, je n'ai pas peur de la mort. Elle m’accueillera en vieille amie, et je retrouverais ma mère. Je ne serais pas seule après je le sais. Je suis des traitements à l'hôpital, pas de chimio, je ne veux pas qu'on voit ma maladie, je ne veux pas qu'on est pitié, je ne la cache pourtant pas, mais j'ai beau une fille égoïste, fille à papa et tout ce que vous voulez, je déteste qu'on s'apitoie sur mon sort, alors du coup j'essaie de rester en forme, c'est pas toujours facile, j'aime aussi oublier ma maladie, l'alcool la drogue, le sexe.. depuis un an ma vie rime à cela. Et pourquoi pas ?
Oh oui il y a bien une chose que j'adore, une chose aussi qui n'est pas nocive. La danse et la musique, en tant que bonne petite fille mes parents ont commencé à Tokyo à m'inscrire à un conservatoire. Puis mon frère a continué les inscriptions à San Francisco voyant que j'étais douée dans ce que je faisais. Je suis danseuse de classique et contemporain et je joue du violoncelle et piano. Ce sont les choses qui me font tenir aussi.. oublier.. je me sens mieux sans être dans un état second.
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