♫Je regarde, j’observe, je me retrouve hypnotisé et je n’en reviens finalement pas. Je n’en reviens pas d’être ici alors que je n’y connais rien en danse classique, ballet, ou quoi que ce soit. S’il y a eu des imperfections dans la prestation de ce soir, je ne les ai pas vues du tout… j’étais bien trop occupé à essayer suivre la pièce dans son intégralité même si c’était très difficile puis-ce que Katniss occupait toute la place sur scène avec le rôle principal, et toute mon attention par la même occasion. Même si je sentais les yeux de Bliss et Peter se tourner dans ma direction de temps en temps, j’arrivais pas à me détacher de ce que j’avais en face de moi. C’était… je pouvais même pas dire ce que c’était, mais j’avais un truc qui s’était bloqué dans ma poitrine lors de la première entrée de Kat et qui était resté jusqu’au tombé du rideau. S’il fallait mettre des mots sur ce que j’avais ressenti durant la représentation, je dirais que j’avais fais un rêve éveillé. Et il a fallut qu’on me secoue pour que je revienne à la réalité. Les rires de mes deux nouveaux amis acteurs à côté de moi me firent baisser la tête de gêne, sur le coup, lors des applaudissements, puis je retrouvais mes moyens progressivement.

Après le ballet lui-même, un micro fut installé à l’avant de la scène et quelques personnes débarquèrent pour faire un speech sur la nomination de la nouvelle danseuse étoile. De mon côté, j’avais croisé les bras et plaqué un smile sur mon visage. J’étais pas juste content, j’étais fier de Katniss. Et par la même occasion, fier d’avoir Katniss. Son personnage était en contraste total avec la jeune femme qu’on voyait au dehors, mais j’étais définitivement dingue des deux. My god, regardez-la. Enfin non, ne la regardez pas de trop près… heureusement qu’il n’y avait que des gens d’un certain âge ici, ça limitait les risques que quelqu’un s’excite sur elle. J’attendis sagement que les choses se déroulent et eu malgré tout un léger mouvement de recul en voyant le frère dont ma copine m’avait parlé à plusieurs reprises. Putain, c’était qui ce type ?! Il avait la même tête qu’Hannibal Lecter. Mouais… ben tant qu’ils s’entendaient bien, ce qui apparemment était le cas vu comment ça se passait, c’est ce qui comptait, je suppose ? Quoi qu’il en soit, Bliss, Pete et moi n’avons pas attendu la toute fin des speech et sommes sortis avant que la foule ne se crée, direction les coulisses. Apparemment le timing était bon puis-ce qu’il y avait du tutu et du pantalon moule-biloute qui débarquait en masse, mais je laissais Ms. Jenkins me passer devant pour aller à la recherche de sa pote la nouvelle danseuse étoile. Pour ma part, j’avais autre chose à faire dans l’immédiat. J’interceptais la première danseuse qui passa devant moi pour lui demander si elle pouvait informer son chorégraphe que le directeur de l’opéra de Vancouver –au bol- voulait lui parler, puis attendis sagement dans mon coin, un peu à l’écart.

Il ne fallut pas deux minutes avant que l’autre pédé se ramène, et je ne lui laissais pas le temps de me reconnaître –on s’était vaguement croisés une fois en semaine– avant de le balancer, littéralement, dans la pièce vide la plus proche en le tirant par le col et en le poussant dans le dos. J’entrais à sa suite en jetant un coup d’œil dans le couloir pour vérifier que personne n’avait vu ce que je venais de faire, puis refermais la porte.

« J’espère que t’as une bonne assurance vie… »

Mon visage habituellement amical revêtit une toute autre expression en une fraction de secondes, et je fondis sur l’homme pour le ramasser et le coincer contre un mur en le soulevant à moitié du sol dans un grondement de fond de gorge. Je ne sais pas si ça faisait du bruit dehors, mais tant pis.

« Si je te vois encore UNE fois lui tourner autour, t’es un homme mort ! C’est clair ?! »

Il tenta de se dégager un peu en gigotant et je le remis en place en montrant les dents, puis en lui collant une gifle.

« Est-ce que c’est CLAIR ?! »

J’avais le trac complet. Juste avant de faire mon entrée dans la seconde scène du premier acte en tant que princesse cygne, j’avais reçu des mots d’encouragement de la part de tout le monde. Mais ce n’était pas suffisant. Les jambes en compote, les mains moites, je me dirigeais vers l’orée de la scène pour entamer ma danse. L’avantage est que j’oubliais tout quand je dansais. La mélodie entrait dans mon être pour ne faire qu’un avec moi-même. Elle guidait mes pas, mes bras, même jusqu’à mon expression faciale, j’étais comme envoutée. Jouer deux rôles en même temps, arriver en symbiose dans ma crise de schizophrénie entre Odette et sa sœur jumelle. Le prince a été parfait tout le long de la prestation et nous ne formions qu’un professionnellement parlant. Mais il y avait une scène que je redoutais tout de même. La mort du cygne était éprouvante car je la jouais toujours d’une manière bien particulière. Certains se contentaient de sauter du haut d’une fausse falaise alors que je me laissais tomber rudement au sol, sans vie. La fin était brutale. Je ne me suis jamais faite mal, j’ai réussi à m’en sortir indemne mais je savais que ce soir, cela serait différent. Il y avait du beau monde dans la salle et pendant l’entracte je me surpris à rester dans les bras d’une autre danseuse alors que Tim arriva. « Bon bouge mon ton gros cul et retourne sur scène. » Connard ! Je le regardai d’un air mauvais avant de reprendre ma place pour partir sur sept minutes de danse intense. Quand mon corps atterrit au sol et que j’entendis tous les applaudissements, tout le monde se leva et nous applaudit. Mon ami m’aida alors à me relever avant qu’on se mette à tous saluer pour remercier le public.

Quand je vis le directeur de la troupe et notre metteuse en scène arriver, mon cœur s’arrêta. « J’ai le plaisir de remettre moi-même et avec toutes mes félicitations pour cette interprétation à couper le souffle une fois de plus, le statut d’étoile à Miss Blackford. » Mes jambes se dérobèrent sous mon poids et heureusement que quelqu’un me soutenait sinon j’aurai fini au sol. Les larmes se mirent à rouler sur mes joues due à l’émotion et je revins pour saluer tout le monde tandis que William venait me remettre un bouquet de fleurs et de me prendre dans ses bras. Je restais un moment dans ses bras tandis que le rideau se fermait et que je dus retourner saluer tout le monde laissant la place aux autres pour faire le speech tandis que j’allais me changer. Une fois dans ma loge, je détachai mes cheveux avant d’entendre quelqu’un frapper. Surement William. Je lui ouvris avant de lui sourire quand il me dit qu’il avait ramené un présent. Un collier en forme d’étoile. De nouveaux pleurs, un nouveau câlin et il m’accrocha mon nouveau porte bonheur autour du cou. Je l’embrassai à nouveau sur les deux joues avant de voir Bliss et Peter. « Vous n’auriez pas vu Liam ? » Quelqu’un m’indiqua une salle d’où provenait des éclats de voix. Pas bon signe.

Faisant attention à ne pas tomber à cause de ma longue robe, je relevais le tout avant d’entrer et de voir Liam qui plaquait Tim au mur, l’intimant de ne plus m’approcher où il le tuait. Perturbant… Et incroyablement sexy. « Liam, demandai-je d’une voix douce. » Tim m’aperçut et me supplia du regard. « Liam, lâche-le s’il te plaît… Il n’en vaut pas la peine. » Je m’approchai alors de lui pour poser délicatement ma main sur son avant-bras, lui jetant un regard à la dérobée par-dessous mes cheveux en battant des cils.

♫C’est terminé, je n’entendais plus ce qui se passait autour de moi. Je ne me trouvais plus dans l’Opéra de San Francisco, mais simplement dans une pièce où j’allais régler son compte à un type qui n’avait plus de moyen de pression sur Katniss à présent qu’elle avait officiellement son étoile. C’est au moment où j’avais armé mon bras et fermé le poing dans l’intention de l’abattre sur la mâchoire du gars en face de moi dont je me fichais bien du nom et des qualifications qu’un miracle se produit pour lui.

« Liam »

Je m’immobilisais sans pour autant que le danger soit écarté pour mon « adversaire ». Un mot de travers, et le coup partirait tout seul, ce n’est pas l’envie qui m’en manquait. Cependant, je sentis une main se poser sur mon avant-bras, et mon attention se détourna sur la voix qui me parlait bien que mon regard restait fixe. Lentement, je finis par lâcher prise et laissais filer l’homme en le suivant des yeux, paupières plissées. Ce n’est qu’une fois que la porte se referma que je me tournais vers ma locutrice, et en voyant la robe qu’elle portait, mon attitude changea du tout au tout.

« W... w… waoh. »

Je dû m’éclaircir la gorge et me reprendre un peu, sur le coup.

« Hum… désolé pour… ça. Mais je t’ai dis que je le ferais. »

Une, deux, trois, et toute l’agressivité qui émanait de moi s’évanouit pour laisser place à mon enthousiasme habituel. J’affichais alors un sourire particulièrement enjoué.

« J’ai regardé que toi tout du long, Bliss et Peter ont du me secouer pour que je me réveille à la fin, hahaha… j’suis trop fier de toi. »

Je l’observais quelques secondes, le temps de bien sentir que je tombais sous le charme de cette fille, puis me penchais pour venir l’embrasser doucement en lui prenant une main au passage. Je savais que ce serait mes dernières minutes en solo avant que tout le monde commence à lui tourner autour dehors, alors autant en profiter… juste un peu.

Je restais figée devant la scène. Bon je mentirai si je n’avais pas maté les fesses de Liam au passage mais le voir coller Tim au mur était impressionnant. Je n’avais pas peur. Non. Bien au contraire. Mais je ne voulais pas me prendre un coup à la dérobée alors je fis gaffe en m’approchant. Il était impressionnant quand même. Un géant dans un costume en train de tabasser quelqu’un… Pour moi ? ça me touchait au plus haut point parce que je ne pouvais pas ignorer complètement mes sentiments. Je posais donc délicatement une main sur son avant-bras tandis qu’il se tourna vers moi. Aussitôt sa prise sur Tim se desserra et je lui fis un sourire timide tandis que la bulle se refermait autour de nous. Il avait ce don de me mettre dans une bulle qui me faisait oublier tout le reste. Je souris à sa remarque sur ma tenue avant de balayer ses excuses d’une main. « Pas grave. Je t’ai trouvé… wow… Impressionnant. » Je levai la main pour caresser son visage du côté de son œil invalide doucement du bout de mes doigts. Sous le charme complètement. C’était le premier geste tendre que j’avais envers lui. Enfin, je crois. Je suis trop brutale mais ma peur de lui faire du mal avait pris le dessus sur mon côté brute. « Honnêtement, j’étais dans mon monde. Mais je crois que je me suis faite un bleu en faisant la mort du cygne. Je suis contente que tu aies aimé. » Je lui fis un sourire timide tandis qu’il se penchait pour m’embrasser. L’une de mes mains vint se loger derrière sa nuque tandis que j’approfondissais le baiser, sur la pointe des pieds. Je ne voulais pas retourner dans le bain de foule. Faire des photos, donner des déclarations. Je m’écartais doucement pour coller mon front contre le sien tandis que j’entendis qu’on m’appelait. « Il va falloir qu’on y retourne, chuchotais-je, reste avec moi… Je me sens plus en sécurité quand tu es là. » Je détestai paraître fragile mais comparé à lui, je n’étais qu’une brindille. Je le lâchai alors gardant sa main dans la mienne avant de me mordiller la lèvre pour l’embrasser à nouveau plus furtivement avant d’ouvrir la porte pour voir que tout le monde attendait. Deux-trois sourires, des étreintes et ce n’est que quand les flashs se mirent à crépiter à la sortie de Bliss et Peter que je commençais à me sentir mal. Je haïssais la célébrité.

Ouais… quand faut y aller, faut y aller. J’expirais un bon coup en jetant un dernier coup d’œil à Katniss, puis sortis de la pièce à sa suite. Dieu ce que c’était bondé de partout… entre les danseurs, les gens en costumes qui avaient des allures d’officiels et d’autres personnes venues simplement pour les félicitations, tout cela était impressionnant. Je restais à côté de ma petite-amie le temps que ça dura, calmement, et avec la pensée que tout cela me faisait bien rire quand on savait que Kat n’aimait pas les gens de manière générale alors que là tout le monde semblait l’apprécier. J’en avais, de l’affection pour cette jeune femme, et je peinais par la même occasion à garder ma distance de sécurité dans le cas où elle finirait par trahir la confiance que je lui accordais. Comme on dit, qui ne prend pas de risque peut manquer sa chance d’être heureux… alors je faisais de mon mieux pour me laisser aller.

Lorsqu’on en eu terminé avec les coulisses, les choses se compliquèrent cependant… parce qu’une fois dans la Hall principal, il y avait une masse de photographes et de journalistes que je ne m’attendais pas du tout à voir. Dans l’immédiat, je restais tranquille, mais plus le temps passait, et plus tout semblait tourner autour de moi. Je ne distinguais plus tout à fait toutes les voix dans la foule et les mots semblaient se déformer dans mes oreilles. Instinctivement, ma prise sur la main de Katniss se referma peu à peu.

J’échangeais des sourires, des brèves paroles avec tout le monde, gardant la main de Liam dans la mienne. Ce n’est que quand je vis les paparazzis que je grimaçai. Cependant, je me repris vite et je m’apprêtais à aller dans le bain de foule, pressée d’en finir au plus vite quand je sentis la prise de Liam se resserrer sur ma main. Je me stoppais donc brutalement avant de me tourner vers lui pour constater qu’il était tout pâle. « Liam ? ça va ? » Question con. Bien sûr que non, cela n’allait pas. Me mettant sur la pointe des pieds, je voyais Bliss et Peter faire des remarques à la presse, obnubilée par leur présence pour rebrousser chemin en prétextant que j’étais fatiguée à mon directeur qui hocha la tête. Je ferai une conférence de presse la semaine prochaine pour me rattraper. Puis, j’emmenais Liam dans les coulisses avant d’arriver jusqu’à ma loge où je le fis entrer en premier.

Puis, je fermais la porte avant de regarder à droite et à gauche. Le vrai bordel là-dedans. Fermant d’un coup sec mon PC, je pris place sur la coiffeuse, lui laissant le siège avant de fouiller dans mon sac pour en sortir une bouteille d’eau. « Bois ça. Ça te fera du bien. » Il avait été là pour moi quand ça n’allait pas, il était normal que je fasse de même. Nous étions un couple après nous, à nous soutenir dans les moments difficiles. Je m’agenouillai alors devant lui avant de lui prendre les mains que je caressai doucement. « Parle-moi. »

Je voulais partir d’ici. Je ne pouvais pas rester ici. Les flashs commençaient sérieusement à m’angoisser et je me sentais comme prit au piège au milieu de tout ça. Ma tête commençait à me faire mal, et mon œil gauche aussi… la douleur fantôme qui revenait… non, je ne voulais pas me rappeler ce qui s’était passé ce soir là, par pitié, tout mais pas ça. Je m’étais instinctivement mit à reculer en détournant la tête des photographes le plus possible et sans entendre ce qu’on me racontait. Je sentis alors qu’on me tirait sur le côté et ne pris pas le temps de réfléchir à ce qui se passait : je suivis simplement mon guide jusqu’à ce qu’elle s’arrête et me fasse asseoir. Impossible de capter ce qui était en train de ce passer, je ne comprenais plus rien du tout mais une angoisse poignante me lacéra la poitrine et je quittais la chaise dans la précipitation après quelques secondes pour m’asseoir au sol, contre le mur, en haletant sans contrôler des décharges de tremblements irrégulières.

« Nehaj, prosim ustavite ... Ne želim iti v ta kraj še enkrat… Žal mi je! »
« Stop, s’il vous plaît, arrêtez… je veux pas retourner dans cet endroit… je suis désolé ! »

Merde. Mais qu’avais-je fait ? J’étais agenouillée devant lui quand je le vis se lever d’un bon, m’envoyer au sol (enfin, me faire basculer en arrière) et aller se mettre dans un coin. Ah, il fait une crise d’angoisse. Me remettant debout, je regardai si ma robe n’avait rien avant de tenter de me rappeler ce qu’on m’avait dit à l’hôpital psychiatrique quand ma mère faisait ses crises. Je me mordillai la lèvre avant de fermer les yeux et de bouger mes doigts comme si je faisais du piano. Il fallait que je le calme. Avec ma mère, j’utilisais des moyens mémo techniques mais je ne connaissais pas encore assez Liam. Donc, j’allais essayer la douceur en premier temps et ensuite la violence s’il ne réagissait pas. Je me positionnai alors devant lui en me penchant avant d’inspirer doucement. « Liam, chantonnai-je. » Je ne parlais pas sa langue. Je parlais d’innombrables langues mais toutes latines. Enfin, j’avais quelques notions de Russe. Je déglutis avant de tendre la main pour caresser sa joue du bout des doigts. Puis, je me mis à genoux afin de mettre à sa hauteur pour attraper sa main qui tremblait. Il la retira mais j’insistai. « C’est Katniss, murmurai-je toujours calmement avant de lui faire parcourir ma joue de sa main, tu as vu… Katniss… Je ne vais pas te faire de mal. » Puis, je reposai sa main avant d’écarter quelques mèches de ses cheveux et de me pencher à son oreille. « Je te ferai pas de mal, je te jure. Je te ferai pas de mal. » Puis, je l’embrassai du bout des lèvres sans appuyer avant de chuchoter. « Je t’aime. » Je le répétais dans toutes les langues que je connaissais, espérant le faire réagir. Je finis par embrasser son front avant de coller le mien au sien et de m’humecter les lèvres. « Ne m’oblige pas à te blesser s’il te plaît. » Une larme roula le long de ma joue et j’attrapai sa main en la serrant. « S’il te plait, murmurai-je à nouveau. » Je ne voulais pas le gifler. Je n’en avais pas envie.

C’est dingue comme ce genre de moments-là pouvait vous ôter tout sens de la réalité. Je me sentais tellement, tellement mal. À ce niveau-ci, ce n’était même plus de la panique car je me sentais purement et simplement terrorisé par quelque chose que mes souvenirs étaient en train d’inventer. Si vous m’aviez demandé où je me trouvais à l’instant-même, j’aurais été incapable de répondre, et c’est presque si la présence de Katniss dans la pièce n’existait plus depuis quelques instants. Je me suis recroquevillé le plus possible contre moi-même comme s’il m’était possible de disparaître de la vue du monde malgré ma taille imposante, puis ne bougeais plus que par des tremblements plus ou moins violents suivant les bribes de mémoire qui me revenaient. J’avais cette impression de tomber dans un gouffre qui n’avait pas de fond et de me retrouver dans le noir le plus total. Par-dessus le marché, mon œil gauche me brûlait… non, je ne contrôlais absolument plus rien ni n’entendais plus quoi que ce soit.

Je ne sais pas exactement ce qui m’a sorti de là… je n’arriverais pas à le dire, mais ça a finit par arriver. Au bout d’un moment, j’ai commencé à sentir qu’on me caressait avec gentillesse et qu’on me parlait. C’était plutôt lointain tout ça, mais je me suis résolu à ouvrir les yeux même si j’avais une peur bleue de ce que j’allais trouver en face de moi. Mais c’était Katniss, c’était juste Katniss. Je reconnaissais son odeur avant tout et cela fit tomber mon rythme cardiaque progressivement. Son odeur, puis ses mains et ses lèvres, sa voix… je redescendais sur terre et me décrispais légèrement en cessant de trembler. On était là. San Francisco. À l’opéra, juste les deux, en sécurité. Un très grand soupir s’échappa de mes lèvres et j’appuyais un peu mon front sur celui de la jeune femme avant de passer mes bras autour d’elle pour la serrer contre moi.

« J’ai fais un cauchemar… »

Je la relâchais pour me redresser un peu et la regarder en face. L’une de mes mains chassa la larme qui coulait sur sa joue tandis qu’une grimace coupable apparut sur mon visage.

« …il faut quand même que je te parle de moi aussi, je crois. »

Il tremblait. Je tentais de le calmer, je tentais de lui faire sentir que c’était moi, que j’étais là pour lui mais c’est comme s’il était ailleurs, comme s’il était incapable de revenir, je l’avais perdu. Cela réveilla quelque chose en moi, et je compris alors qu’il comptait énormément pour moi. Que je l’aimais, ce qui est inconcevable quand on sait que nous sommes ensembles depuis si peu de temps. Je priais le ciel pour que sa crise se calme, que je sois capable de le calmer, de lui faire sentir que c’était moi, que je ne lui ferai aucun mal. Ma mère était pareille, je faisais la même quand la réalité m’échappait mais je sentais que c’était plus grave. Alors, je lui disais que je l’aimais, que je ne pouvais pas être sans lui, toutes ces choses qui auraient pu me le faire revenir, je me sentais totalement impuissant. « Liam, s’il te plaît, Liam. » J’aurais pu le secouer mais la manière forte ne me le ferait pas revenir, je le sentais, j’en avais conscience. Agenouillée dans ma longue robe, je le voyais les yeux clos qui murmuraient des paroles incompréhensibles. « Reviens-moi s’il te plait. » La panique commença à monter mais ce n’était pas le moment pour moi de partir également, il avait besoin de moi. Je caressais son visage, je prenais ses mains avec douceur, je tentais de l’embrasser et je le sentis peu à peu se décrisper.

Je n’avais même pas remarqué que je pleurais à chaudes larmes sauf quand je sentis sa main sur ma joue. Alors, je me jetais dans ses bras pour le serrer contre moi sans un mot. Ma tête enfouie dans son cou, je humai son odeur tandis qu’il me rendit mon étreinte. Un cauchemar éveillé, un cauchemar à cause des paparazzis alors je me détachai pour le regarder. « J’ai eu peur, murmurai-je alors honteuse d’avoir manqué de perdre mon sang-froid. » Il était plus facile de lui murmurer des mots doux alors qu’il était parti. Maintenant qu’il était face à moi, je pris peur à nouveau de mes sentiments et je sentais que si je ne lui redisais pas, il ne me croirait. « Je pensais ce que j’ai dit. Je… » Ma voix s’étouffa dans ma gorge, incapable de faire sortir les trois mots que je lui avais murmuré dans toutes les langues. Je me collai alors de nouveau contre lui avant de le reprendre dans mes bras. Mes lèvres embrassèrent doucement son cou tandis que je lui murmurai à l’oreille. « Je t’aime. » Pouf ! J’avais peur qu’il ne me rende pas mes sentiments alors je plantais mon regard dans le sien sans pour autant le lâcher. « Je t’écoute, murmurai-je du bout des lèvres tandis que mon regard se mit à fuir le sien. » J’étais pleinement consciente que cela devait être grave ce qu’il avait à me dire et que donc il devait avoir toute mon attention. Je restai donc alors sérieuse attendant qu’il se mette à parler, toujours les larmes aux yeux.