Bonjour et merci d’avoir accepté de répondre à quelques questions de notre magazine sur l’art !
C’est avec plaisir !

Alors pour commencer, Jacek, parlez-nous un peu de vous. D’où venez-vous exactement ?
Je suis originaire de Pologne, de Wrocław plus exactement, mais je ne suis pas certain que cela vous dise quelque chose. J’ai vécu les six premières années de ma vie dans mon pays natal avant de venir aux Etats-Unis, suite au divorce de mes parents et de la volonté de ma mère de voyager et de mettre le plus de distance entre elle et mon père. Zenia, ma sœur de quatre ans ma cadette, ma mère et moi-même avons donc posé nos valises à San José par la suite.

Oh. Et ce déménagement soudain vous a rapproché de votre famille ?
Je ne sais pas si l’on pourrait dire cela ainsi, même s’il est certain que comme nous ne connaissions personne, nous ne pouvions qu’être proches les uns des autres. Il est indéniable que je suis très attaché à Zenia et que la simple idée qu’il puisse lui arriver quelque chose me fait peur. Je tiens à elle comme à la prunelle de mes yeux. En partant pour les Etats-Unis où ma mère a dû trimer pour que nous puissions vivre décemment, elle savait qu’elle allait devoir nous laisser ainsi souvent livrés à nous-mêmes, ce qui n’a pu que nous rapprocher davantage, ma sœur et moi. Mais au fond, cela nous a bien aidés à prendre également de l’indépendance. Voyez-vous, nous avons été élevés de manière à ce que nous voyions le bien en chaque chose, car tout n’est pas tout blanc ou tout noir. C’est un savant mélange des deux, allant du gris presque blanc à celui tirant vers le noir. Mais jamais complètement. On nous a appris à ne jamais baisser les bras, et je pense que cela a dû jouer grandement pour que mon caractère se forge ainsi. Et peut-être croyez-vous que je m’égare, que je fais du hors-sujet, mais tout a rapport. Notre mère s’est battue pour nous donner une vie comme celle des autres, et malgré que cela n’ait pas été toujours simple, nous avons toujours continué à voir le bien partout. Nous étions heureux et le sommes encore, sans pour cela être très riches, et cela nous convient tout à fait.

Je vois très bien ce que vous voulez dire. Vous avez donc vécu la majeure partie de votre vie à San José. Qu’est-ce qui vous a poussé à venir à San Francisco ?
D’abord le fait que la ville soit bien plus importante et non loin de San José, et donc que pour continuer à m’améliorer dans le domaine de l’art, il serait plus aisé que je vive ici. Ensuite parce que c’est une ville que j’ai toujours aimé et admiré, et que je ne pouvais pas passer à côté.

A ce propos, qu’est-ce qui vous a poussé à devenir peintre et dessinateur ?
Il me semble que j’ai toujours aimé cela. Même petit, j’avais grand mal à voir une surface blanche sans pouvoir la colorer, la rendre plus attrayante au regard. Malgré nos origines modestes, ma mère a tenu, lors de notre arrivée en Amérique, à ce que je prenne des cours, et contrairement à beaucoup d’autres, je n’ai pas abandonné. Ce n’est souvent qu’une passion pour nombre de personnes. Pour moi, c’est quelque chose sans lequel je ne pourrai vivre. J’ai besoin d’avoir toujours une feuille et un crayon à portée de main pour pouvoir dessiner si l’envie m’en prend. C’est ma manière d’exprimer mes émotions. Grâce à ces cours, j’ai pu expérimenter des techniques très différentes les unes des autres mais à travers lesquelles j’ai toujours la possibilité de modeler ce que je dessine à mon aise. Aquarelle, acrylique, fusain, pastels ou même le feutre. Vous n’avez pas idée de tout ce qu’il est possible de réaliser. Certains expriment leurs sentiments avec des mots, une photo ou tout bonnement leur visage. Moi c’est à travers ce que je dessine et que je peins que je m’y prends.

Vous êtes donc venu à San Francisco à l’âge de 18 ans dans le but de vous améliorer ?
C’est cela. J’ai suivi divers stages, ai visité plusieurs ateliers, expérimenté toutes les techniques possibles et imaginables. Je continue actuellement de prendre des cours pour me perfectionner tout en en donnant moi-même à de jeunes enfants. J’espère pouvoir un jour avoir autant de technique que les maîtres de l’art, tout en sachant que c’est presqu’improbable. Mais cela me motive, et si un jour je peux m’installer pour mon propre compte et arriver à vendre mes toiles et mes dessins, j’en serai ravi.

Merci pour vos réponses !