Voilà, c’est moi : Kacee Tamara Tchaikovski. Je suis née dans un des plus beaux pays au monde, la Russie. C’était un jour d’hiver, en février. Je naquis dans une famille où mon père était médecin généraliste et ma mère, serveuse dans un bar. Deux métiers bien différents, il fallait l’avouer. Depuis mon plus jeune âge, ce fut ma mère qui se dévoua complètement pour moi. Mon père, je ne le voyais que très peu souvent. Ma mère avait l’habitude de me dire que c’est parce qu’il travaillait beaucoup. A cet âge là, j’étais plutôt naïve donc je ne me posais pas trop de questions. Je le voyais une ou deux fois par semaine. Ça ne me suffisait pas, évidemment, mais c’était comme ça.
Je grandissais donc sans le moindre problème. Je traversais les étapes de ma scolarité tranquillement. Je n’étais pas une tête, mais je me débrouillais pas mal. Par contre j’excellais en sport et particulièrement en natation. Je fis même plusieurs concours où je gagnais presque aisément. Ma mère insistait même à ce que je passe des concours de beauté. Ma vie était plutôt tranquille, monotone, sans problèmes. Mais malheureusement, il y a toujours un mais.
Un jour, alors que j’avais neuf ans, mon père vint me voir dans ma chambre. Ce qui était rare car je le savais très occupé. Il s’agenouilla pour être à ma hauteur et me dit « Tamara, tu as un grand frère. Il s’appelle Edward. Mais lui, il ne sait pas qu’il a une petite sœur. Alors pour ne pas le brusquer, il faut que tu dises que tu es sa cousine. Tu as compris ma puce? ». J’étais petite, je ne savais pas différencier les bonnes choses des mauvaises choses. Puis j’étais tellement suspendue aux lèvres de mon père que je ne voyais que très rarement, que j’avais accepté sans broncher. Sans savoir où cela me mènerait.
Quelques jours plus tard, je fis la connaissance de mon grand frère. Ou plutôt, de mon supposé cousin. Je jouais le jeu et mon père aussi. Il me présenta à lui comme sa cousine. Moi je ne faisais que sourire et observer curieusement Edward. Autant vous dire tout de suite que nous avions accroché en un clin d’œil. Je devins rapidement très proche de lui. Je lui racontais tout, il me racontait tout. Mais sauf que moi, je gardais mon secret bien au chaud. On grandissait donc ainsi, toujours presque collés l’un à l’autre. Il savait tout de mes aventures, de mes problèmes, de mes amours. Tout quoi. Et c’était réciproque. Je n’imaginais pas me séparer de lui. Même si mon secret, au fur et à mesure que je grandissais, me démangeait de plus en plus. Je me sentais coupable de ne pas lui dire la vérité. Et à chaque fois, je repoussais le moment où je souhaitais le faire car j’avais peur que quelque chose change entre nous.
Les années passèrent jusqu’au jour fatidique. Le jour où Edward disparut. Littéralement. Je ne le voyais plus, il ne répondait plus à mes coups de téléphone, ni à mes messages. Mon père et le reste de la famille n’avaient aucune idée d’où il était. Inutile de vous décrire l’état dans lequel j’étais. Le vide total. Je pensais au pire. Il ne pouvait tout de même pas être… J’étais déprimée, je me sentais seule. Même les études ne m’aidaient pas. Mes résultats à la fac de médecine tombaient en flèche. Mon père prit la décision de m’envoyer dans une autre université à l’autre bout du monde, pour me donner des forces : à San Francisco. Pendant ce temps, j’essayais de reprendre goût à la vie même si c’était dur. Je sortais tous les soirs, je couchais avec n’importe qui… Bref, j’essayais de penser à autre chose qu’à Edward.