Non j'déconne. Enfin, on aurait pu y croire, et là j'aurais carrément été le mec parfait. J'suis quand même pas mal beau. C'est vrai ça. Je suis un canon, et j'aime qu'on m'aime. Si en plus de ça j'avais été un intellectuel, j'aurais eu le prix Nobel de la perfection au masculin. Mais c'est pas le cas. On s'en fout. Aujourd'hui ça compte plus tout ça.


J'aime briser des coeurs, j'aime faire du mal aux gens et prendre un petit air innocent, un petit air fragile, l'air de souffrir aussi alors que je ne ressens rien. C'est assez drôle. J'aime bien être supérieur. Enfin, j'ai des amis quand même, non, non, moi je ne fais ça qu'avec mes conquêtes, mes proies, mes victimes. Sinon le jeu aurait perdu de son importance. Je ne tiens pas particulièrement à finir ma vie seul. Je tiens juste à me faire le plus de fille possible et j'y prends un plaisir particulier. Je suis comme une sorte de monstre, je prends ce qui m'intéresse en elles, jusqu'à les vider de leur fluide vital, et les laisser là, larmoyantes, les cris déchirants leurs poitrines. Haha. Je crois que je ferais ça tout ma vie.


Quoi ? Que dîtes-vous ? Quand je serais un vieillard je ne pourraîs plus m'adonner à ce genre d'escapades ? Arf, que vous êtes stupides. Je ne serais jamais vieux ; Puisque je suis un jeune. Vous me faîtes rire.

Freedom est un type totalement ignoble. Il est drôle, il peut être agréable, parfois, si vous êtes son ami. Mais je vous déconseille formellement de le cotoyer dans votre lit. Il est arrogant, impulsif, et vous laissera tomber aussi vite qu'il vous aura piégé. Ceux qui le connaissent bien savent tout ça. Mais quant à ceux qui le connaissent vraiment, eux, sont des gens rares, et qui ne peuvent plus juger son présent, une fois qu'ils connaissent son passé...

▬ FLASH BACK ▬

Freedom courait. Il faisait nuit, il faisait froid, et Freedom courait. La fatigue se faisait sentir dans ses jambes, et il était déjà pleins de courbatures, qui se mêlaient à sa peur. Il se sentait pleurer. Un garçon qui pleurait, il avait honte de soi-même. Mais à 16 à peine, comment ne pas être effrayé, quand on est seul, quand il fait si noir, et quand on a si mal ? Il était tellement courageux d'habitude, mais là, c'était... C'était trop. Il se demandait pourquoi il était venu à cette fichue fête, au final. Ce n'était pas un endroit pour lui. Non, Freedom était un lycéen rejeté, un garçon qui aimait lire Verlaine et Rimbaud, pas celui qui était populaire et buvait comme un trou. On l'avait invité pour se moquer de lui. Il l'avait senti. Il aurait du s'écouter, s'écouter...


Il se retourna, par réflexe, pour regarder derrière lui, si son poursuiveur l'avait abandonné. Il s'était enfui de la maison de Josh, le fameux organisateur, et quelqu'un l'avait appelé, un homme qu'il ne connaissait pas. Freedom avait cru reconnaître un objet tranchant dans sa main et s'était mis à courir, apeuré. Combien de fois avait-il entendu aux infos ces terribles criminels qui passaient dans San Francisco. Il ne voulait pas faire partie de leurs victimes. Il souffla et quand il fit volte face, il reçut un coup de poing au visage.


Surpris, et ne s'y attendant pas, il tomba au sol, avant de s'évanouir, contre l'asphalte dure.


Il s'était réveillé plus tard. Quand le petit matin allait arriver. Ses vêtements déchirés, laissant entrevoir son torse, perlé de sang, et une odeur affreuse dans l'air. Il avait mal, partout. Il était à moitié dévêtu. Freedom n'avait pas besoin d'explications. Il savait ce qu'il s'était passé. Il s'était pris la tête entre les mains, avant de pleurer. Longtemps. Longtemps.


Freedom partit, en réajustant sa chemise, les mains tremblantes. Il laissa son manuel d'Arts Plastiques au sol, pour ne plus jamais le revoir, se promettant de ne plus jamais lire à nouveau.