« Cette fille n’était qu’un obstacle virtuel à la base. On m’avait prévenu que Patrick allait se marier, qu’il venait d’adopter une petite fille avec sa copine de longue date mais ça ne me faisait pas peur. J’adore les challenges, celui-ci promettait d’être corsé mais j’avais confiance en moi. J’ai rencontré Patrick (le hasard n’a bien évidemment rien à voir là-dedans) à une soirée du sénateur. Sa fiancée en déplacement, personne ne ferait à attention à moi. Qui fait attention à deux hommes qui discutent ensemble ? Personne. Il ne m’en fallait pas moins pour lancer le rouleau compresseur. Patrick est quelqu’un de bien, on doit bien lui reconnaître ça. Mais je suis capable de venir à bout de toutes les résistances. Toutes. Un mois plus et plusieurs rendez-vous plus tard, j’ai réussi à l’attirer dans mon pied, comme tous les autres. La phase 1 était terminée, j’avais réussi à coucher avec lui. Pas simple avec un hétéro, c’était la partie la plus dure : lui faire avouer qu’il pouvait être attiré par les hommes. Maintenant je devais réussir à lui faire quitter sa copine dont il était « fou amoureux », le faire passer outre sa culpabilité. Il m’a fallu un mot de plus d’efforts intensifs. Heureusement je suis patient. Son couple a fini par voler en éclat, il a rompu leurs fiançailles, il a quitté femme et enfant, pour moi. Là où je ne voulais que son fric. Même pas son cul. Gros naïf. L’affaire était réglée. Ca devait en rester là. Jamais l’ex et l’enfant ne devaient devenir réelles. Sauf que je ne pouvais pas les contrôler, elles. Le fait est que Patrick était en droit de voir sa fille. Et que Sora avait besoin de la faire garder souvent, je me suis retrouvée nounou malgré moi. Quand je l’ai rencontré pour la première fois, chuis restée sur le cul. Elle était juste… sublime. Ses cheveux étaient à peine retenues par des barrettes et encadraient son visage, malgré la tristesse au fond de ses yeux, elle souriait. Elle n’a pas eu une parole déplacée ou méchante, elle s’est contentée d’être polie voir gentille. Soit cette fille n’avait aucune fierté. Soit elle était trop gentille pour son propre bien. Je venais de lui piquer l’homme de sa vie et elle, elle était sympa avec moi. J’avais envie de la frapper. Je voulais qu’elle change d’attitude, qu’elle me haïsse, qu’elle le montre, qu’elle pleure, qu’elle hurle. Je voulais qu’elle réagisse comme un humain normal et non pas comme mère Theresa l’aurait fait ! Alors j’ai commencé à la « harceler ». C’était pas vraiment du harcèlement, c’était pas mon genre. Simplement je me suis imposé à elle dans chacun des moments de sa vie où elle n’aurait pas voulu de moi. Je l’ai obligé à me supporter quand elle en était le moins capable et je continue. Parce que je veux qu’elle craque. Je veux la soumettre… »



« Je le déteste, je le déteste mais je n’ai aucun droit de le détester : William. Oui, il m’a arraché Patrick. Oui il a déchiré ma famille. Mais je n’ai aucun droit de lui en vouloir. Si j’avais été mieux, si j’avais été celle qu’il lui fallait vraiment, je n’aurais jamais perdu Patrick, William ou pas William. Il n’est pas à blâmer pour son existence, même si elle me fait mal. Alors je reste polie, je reste aimable, je reste gentille. Je fais ça aussi pour Blair. Elle ne mérite pas de grandir dans un univers où ses deux parents se déchirent sans arrêt. Je pense à elle avant tout, toujours. Mais ce mec… me pousse à bout, comme s’il prenait un malin plaisir à me torturer comme une petite souris épinglée à un tableau de liège. Qu’est-ce qu’il me veut ? Pourquoi il fait ça ? Il souffle le chaud et le froid, il me pousse à bout. Mais pourquoi ? Il n’a plus rien à craindre de moi. Je n’essaie même pas de lui disputer l’amour qui lui revenait de droit. Alors pourquoi se faufile-t-il ainsi dans ma vie ? Pourquoi essaie-t-il de me briser ? Je ne le connais pas, je ne l’ai jamais connu et je n’ai pas envie que ça change. Je ne peux pas échapper à sa présence, je n’essaie même pas. Et comment ne pas le voir, comment l’ignorer ? Il est… tellement beau, tellement charismatique, il dégage une telle présence ! Je comprends pourquoi Patrick est tombé amoureux de lui. Et puis… plus je le vois et plus j’ai envie de le prendre en photo. Quel gâchis, il ferait un mannequin tellement… parfait ! J’ai envie de le prend en photo, souvent. Je l’observe à la dérobée je l’avoue, quand il fait autre chose ou quand il pense. Il a cette nostalgie dans ces moments-là… Je ne peux pas mettre le doigt dessus, c’est étrange. Ca m’attire, comme si j’avais besoin de la gommer de ses traits. Mais ce que j’ai vraiment envie de gommer, c’est la souffrance que j’éprouve. Il m’a brisé le cœur. »

Ils se sont rencontrés car ils sont arrivés à peu près au même âge à San Francisco. Et vu leurs caractères vraiment très proches et leur goût très prononcé pour les soirées bien arrosées et tout le reste, il va sans dire qu'ils se sont très vite bien entendus. Ils ont commencé à écumer la ville ensemble tous les soirs sans exception, se lançant des défis et autres paris stupides pour se tester mutuellement. Ils ne le disent pas mais ils sont vraiment proches.

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