« Avant de commencer à parler de moi et de mon histoire on va tout d’abord s’attarder quelques instants sur celle de mes très chères parents, après tout c’est grâce à eux si je suis aujourd’hui. Un peu de reconnaissance voyons, je ne suis pas égoïste à ce point la. Nous allons donc prendre quelques minutes et faire un petit retour en arrière jusqu’à la rencontre entre ma mère et mon père qui peut tout bonnement s’appeler un « coup de foudre », tout bêtement. Vous inquiétez pas, en voyant le type de parents vous allez comprendre comment ils ont pu mettre au monde un mec comme moi… ».
Au Brésil il y avait une chose qui se faisait beaucoup avant c’était le trafique avec les prostituées – enfin ça c’était ce que ma mère m’avait dit – et justement l’homme qui à présent était mon père faisait parti de ce trafic, non pas en tant que trafiquant mais plus comme consommateur. En effet à l’époque il était un homme très solitaire, ayant beaucoup de mal à aller vers les autres il était d’une timidité impressionante, ça en devenait même maladif, et personne ne pouvait éternellement supporter la solitude et sa solution à lui était d’aller voir les dames de joies. D’après lui aucun autre remède ne s’offrait à lui. D’autant plus qu’il n’était pas très riche, loin de la il était un brave ouvrier qui travaillait à l’usine et le peu qu’il gagnait il le dépensait dans ce genre de service, heureusement je n’étais pas du genre à juger et pour moi personne ne doit jamais avoir honte des choix qu’il fait. C’est lors d’une énième soirée ou il allait à la recherche d’un peu de compagnie qu’il rencontra pour la première fois ma mère, elle était également brésilienne et avait été enrôlé dans tout ce système malgré elle, elle l’avait fait pour sa famille. Instantanément ce fût le coup de foudre, l’un comme l’autre se plaisaient et c’était flagrant, des le premier premier regard on pouvait deviner que quelque chose de spécial allait naître entre eux, tout ceci faisait très cliché comme dans les films bien qu’ici les décors étaient un peu moin romantique que ce que l’on pouvait voir à la télévision. Etrangement le premier soir de leur rencontre il n’y eut aucun contact physique, alors qu’à la base c’était bien pour cela qu’il venait, à la place ils ne firent que discuter toute la nuit et étrangement ça leurs convenaient, à l’un comme à l’autre. Tout deux venaient de passer une superbe soirée, une comme ils n’en avaient pas passé depuis bien longtemps et toute la semaine qui suivait mon père n’avait qu’un seul prénom en tête « Mikayla. », ma mère. Durant des semaines ils ne firent que discuter, une fois par semaine, aucun contact et pour que le patron de la femme croit que tout se déroulait comme il se devait mon père continuait de la payer pour des séances de discussions nocturnes qui au final lui revenaient très chères. Avant ça il ne s’était jamais rendu compte du prix que lui coûtait ses petites visites régulières, mais à partir du moment ou il n’y avait plus de contact il se rendait compte à quel point son manque de compagnie lui était coûteux et c’est alors qu’il proposa à ma mère de partir. Bien évidemment elle accepta, mon père dépensa pratiquement tout ce qu’il avait pour que le patron de Mikayla accepte de la laisser partir et 1 ans plus tard je voyais le jour.
Les années passèrent et la tribu Douglas s’agrandissait en accueillant trois nouvelles filles dont deux jumelles, avec mon père j’étais donc le seul homme d’une famille essentiellement constituée de femmes. Tout jeune mon père me donna la charge de prendre soin de mes sœurs et me soulignait bien qu’il n’était pas éternel et qu’un jour ou l’autre il partirait et que quand ce moment arriverait je devrais être capable de m’occuper de ma famille car il n’y avait rien de plus important dans le monde que la famille. C’est en grandissant dans cette optique que je devenais très protecteur envers les femmes de ma famille, aussi bien avec mes sœurs qu’avec ma mère et en grandissant ça n’allait pas pour s’arranger. Ma mère, elle, avait définitivement stoppé ses anciennes activités, pour son plus grand plaisir, et restéit femme au foyer, en ces grandes périodes de crises il était difficile de trouver du travail.
« Ezeckiel tu as bien compris ce que je t’ai dis ? Tu rentre dans le magasin et tu vas distraire le monsieur pendant que maman va emprunter quelques bricoles d’accord ? ». Regardant ma mère droit dans les yeux avec un air des plus sérieux je faisais un léger hochement de tête en signe de compréhension, à ce moment la je me sentais comme James Bond qui était sur le point de partir en mission secrète, les gadjets en moins j’avais un objectif à accomplir et l’essentiel de la mission reposait sur mes frêles épaules. Ce n’était pas la première fois qu’avec maman nous faisions ce genre d’entourloupe, depuis tout petit elle me disait que mon imagination pouvait servir à toutes la famille, en effet financièrement ça n’allait pas pour le mieux et mes parents devaient s’occuper des filles qui étaient encore trop jeune pour se prendre en charge toutes seules. Papa devait doubler les heures à l’usine pour au final voir sa paye à la baisse mais ne pouvait rien dire au risque d’être licencié, c’était la grande mode, tout le monde se faisait virer. Fermant donc les yeux je pris une profonde inspiration pour ensuite souffler de toutes mes forces, en aggissant ainsi j’avais l’impression d’évacuer tout le stress qui était en moi, prenant mon courage à deux mains je poussais la porte du magasin ou un son de clochette se fit entendre au même moment ou je pénétrais dans l’enceinte du petit supermarché. Les yeux légèrement triste je prenais une mine désespérer avant de me rendre vers le comptoir ou se trouvait celui qui semblait être le dirigeant de ce petit commerce. Une fois à sa hauteur je pris la parole l’air désemparé « S’il vous plait monsieur aidez moi…J’ai…J’ai perdu mes parents…Je…je me baladais avec eux et puis ils se sont arrêté pour discuter avec des monsieurs et moi je suis partis jouer avec le sable et puis…et puis quand je suis revenu ils étaient plus la… », un jeu d’acteur parfait, j’étais vraiment très fier de ma prestation et l’homme au comptoir semblait y croire, suite à mon histoire il m’emmena dans l’arrière boutique pour téléphoner au comissariat et signaler une disparition. Tandis que l’homme semblait concentrer dans sa déposition je jettais quelques coups d’œil dans le magasin pour voir comment ma mère se débrouillait, cette dernière semblait avoir fini ses petites emplettes. Je tira alors sur le tee-shirt de l’homme et lui demanda avec une mine de chien battu « monsieur est ce que je peux prendre une sucette ? », ce dernier acquiesça d’un signe de main, je retournais alors dans le magasin, pris une sucette et sortis le plus vite et discrètement possible de la boutique pour rejoindre ma mère. Cette dernière m’attendait au bout de la rue avec un sac à la main qui semblait être bien rempli.
« Nan nan y a vraiment pas moyen qu’il aille à l’arrière de l’avion avec les bagages, si il y va j’y vais avec lui. Non mais sérieusement regardé comment il est tout petit, si y a que ça je le met dans mon sac, ho allez s’il vous plait, en plus imaginé qu’il y ait un problème de ventilation à l’arrière de l’avion et qu’il meurt étouffé, après je vais être obligé de traîner la société en justice pour que Chips puisse ensuite reposer en paix. ». Chips était mon chien et oui tout ce cinéma était pour lui et non je n’avais pas honte de m’emporter autant pour une si petite bête. C’est vrai qu’il était tout petit mais après tout il faisait partit de la famille, depuis que je l’avais trouvé errant dans la rue le jour de mes 13 ans il ne me quittait jamais. Il était vrai que j’avais légèrement tendance à m’emporter et en faire un peu trop mais après tout rien n’était trop beau pour Chips et si l’hôtesse ne voulait toujours pas accepté mon petit chien dans l’avion il me restait toujours l’histoire du père mafiosa, c’est assez courant ce genre de truc. Finalement la jeune femme en face de moi cèda, certainement par agacement elle me laissait monter à bord avec mon chien à condition qu’il ne soit à la vue de personne. Une fois installé dans l’avion je n’attendais plus qu’une seule chose : le décollage. C’était la première fois que je prenais l’avion et on m’avait toujours dit que c’était le décollage le plus dur, ou bien l’attérissage, je ne suis plus très sur, certainement à cause que lorsque l’on m’avait dit ça je pensais encore à autre chose. Pour moi le Brésil c’était terminé, en effet à présent je m’apprêtais à prendre la direction des Etats-Unis, la réputation de ce pays n’était plus à faire et cela me semblait être l’endroit idéal pour poursuivre mes études, d’autant plus que la bas il y avait Hollywood, mon plus grand rêve, seul petit problème : je ne parlais pas un seul mot d’anglais. C’est pourquoi ma première année sur le continent américain je ne m’inscrivis dans aucune universités, bien au contraire j’ai immédiatement cherché du travail pour pouvoir me payer un logement et de quoi manger. Le premier jour j’étais aller dans un restaurant pour du boulot et la première chose que j’avais dit au responsable était « I want to clean. » et au final cette petite phrase d’approche eut la réussite car je décrocha un emploie dans ce restaurant. Après un an sur le continent Américain je pris la décision de reprendre mes études, c’était un peu pour ça que j’étais venu, bien que j’avais toujours un horrible accent brésilien, je maîtrisais beaucoup mieux la langue anglaise.
Durant cette même année je perdis ma mère, une perte dont je ne réussissais pas à faire mon deuil, suite à cela je devais de nouveau mettre mes études de côté pour retourner dans mon pays natal et assister aux funérailles de ma défunte mère. Pendant ce voyage je rencontra d’ailleurs la jeune femme qui était à présent ma petite amie, Catalina. Sa mère était une amie de longue date de mes parents et elle aussi avait perdu l’un de ses deux parents et nous avions tout deux la haine envers la vie qui nous avait arraché une personne chère à nos cœurs alors qu’elle ne le méritait. Suite à cela je me faisais très rapidement viré de mon université à New York, devenais violent, je haissais tout le monde sans de raison valable, j’avais juste le besoin d’extérioriser toute cette haine que j’avais accumulé depuis le décès de ma mère, je n’étais pas prêt de faire mon deuil, et le serais je vraiment un jour ?
Me faisant ensuite renvoyer de deux autres écoles je prenais la décision de changer d’air, j’en avais besoin, le besoin de m’éloigner le plus loin possible de tout ce que je détestais à présent. C’est pourquoi je pris la direction de San Francisco, certes ce n'était pas le bout du monde comme je le souhaitais mais c'était l'endroit le plus loin possible ou mes peu de revenus m'autorisaient à aller.