Je ne sait pas s'il faisait beau lorsque je suis né. Ou bien, s'il pleuvait, si le vent cognait violemment contre la fenêtre. Je ne sais pas non plus si ma mère a souffert, ou si mon père était heureux ce jour-là. Je ne sais même pas s'il était présent. Peut-être était-il à la maison. A regarder la télé. A critiquer tout ce qui l'entourait. La passion de mon père : Se placer en moralisateur invétéré et complètement aveuglé par son ego et ses propres représentations. Voilà mon univers, celui dans lequel j'ai grandis. Rien ne pouvait changer les choses. Quand vous entrez dans un cadre déjà bien fixé, que faire à part s'y plier ? Et c'est ce que j'ai du faire. Mon enfance, ce n'est pas une période de ma vie que j'aime me remémorer. D'ailleurs, je n'en ai que de vagues souvenirs - le cerveau humain fait bien les choses. e pense que mes parents m'aimaient. Possible. Il y a du avoir une faille quelque part.. Ou bien, je n'ai pas fait assez d'effort pour capter leur « amour ». Ce qui est sûr, c'est que je me suis élevé seul, en observant les autres, en trouvant d'autres modèles, en transférant mes fantasmes et mes désirs sur d'autres personnes.
New York et sa culture m'a accueilli à bras ouvert. A 12 ans, j'étais un résidants de foyers, me considérant comme orphelin. Je me suis éduqué comme je l'ai pu. Brooklyn est devenue ma terre d'asile ; les odeurs des plats et les spectacles de rue : mon quotidien. Je ne me plaint guère. Je considère sincèrement que j'ai eu la plus belle des leçons de vies, en traînant dans la rue. J'y ai trouvé plus de soutient que dans ce foyer familiaux, que dans cette norme sociétalement admise. P*tain, je déteste les normes. A l'âge de 16 ans, j'ai quitté le système scolaire. De toute façon, ça ne m'aurait pas aidé, j'étais pas fait pour ça. Qui a dit qu'on ne peut s'en sortir qu'avec les études. J'emm*rde tous ces médecins narcissiques qui se font du fric dans le dos des patients. Humanisons-nous, et le monde entier se portera mieux. Je suis du genre militantiste, toujours en décalage, jamais vraiment content de ce qui se passe autour de moi. J'avance seul en général, je n'ai pas beaucoup d'amis, je suis un solitaire dans l'âme. J'ai ma musique, ma petite guitare, et croyez-moi, ça me suffit. Et pourtant, paradoxalement, je suis sûrement l'homme le plus social que vous comprendrez. Je parle, sans jamais m'arrêter, je partage, j'essaye de comprendre l'autre, sa façon d'être. Et puis, ensuite, je pars, je me distance, et je continue mon chemin, seul. Petit débouillard impulsif et entier. J'ai entendu un jour cette prof dire ça de moi. Elle m'a cerné, et pour ça, je l'en remercie.
CHAPTER TWO : « I don't know. I felt something. She put her eyes on me. Since then, I really though I had known her for ever. As if I had always love her. »
J'avais 20 ans, aucunes vraies formation, si ce n'était la plus importante, celle de la vie. J'avais réussi à me trouver un taf de déménageur, faut dire que c'était dur et galère, donc parfait pour moi. J'aimais mon taf. Je rencontrais des gens en continu, je voyageais, je récoltais mes sous à chaque fin de déménagement. Et un jour, j'ai gagné le plus faramineux des salaires : ma femme.
Walter. Un homme que j'avais installé dans cette maison de retraite, un endroit que j'aimais absolument pas. Plutôt mourir. Je me rappelle avoir mis du temps à le quitter, quelque chose en lui m'avait marqué. Je n'avais plus aucun contact avec mes grands parents depuis bien longtemps. Étaient-ils vivant ? Étaient-ils mort ? Aucune idée. En sortant de là, je l'ai vu. Katrina. J'ai remarqué ses yeux. Son regard. Je pense que là seulement j'ai cru en l'existence du coup de foudre, de l'amour en un regard. J'ai compris à cette instant que je la voulais pour l’Éternité. Complètement fou hein ? Attendez que ça vous arrive. Elle m'a regardé, j'ai souris, j'ai souris encore, j'ai fait mon truc avec mes yeux, et elle a fermé la porte. Et là, je suis resté bloqué bien quelques secondes là, planté. Et je me suis barré. En sachant que cette maison de retraite serait notre lien, celui que je devrais exploiter pour la voir. Et l'avoir.
Cette nuit, je me souviens comme si c'était la nuit dernière. Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. J'ai discuté avec mon collègue le lendemain. L'amour aussi flagrant existe t-il ? Comment une femme peut s'imposer à moi de cette façon. Sa aurait pu rester une énigme, si je n'avais pas été la voir, de nouveau. Seulement, les choses se passent rarement comme on veut. J'avais retrouvé le médaillon de Walter où lui et sa femme apparaissait plus heureux que jamais. C'était donc une bonne excuse pour moi. Seulement, je fis alors face à une pièce vide. J'ai alors compris que la vie donne, et reprend. C'est ce qu'on peut appeler le cycle de la vie. Et , j'ai toqué à la porte en face, l'esprit légèrement lourd. C'est fou ce que les évènements extérieurs peuvent vite influer sur moi. Je compris alors que la jeune femme que j'avais croisé quelques jours plus tôt n'était pas là. Katrina. Esperanza Katrina.
Sur le chemin du retour, la chance a forcé mon destin. Et, je pense qu'il m'a fallut un peu de courage pour me lever de ce siège & traverser le bus, ma guitare à la main ainsi que ce médaillon. Et, au moment de m'asseoir, je lui en ai demandé la permission. Avec bien sur toujours cette pointe d'humour qui me correspondait. Nous avons passé une des plus belles soirées de ma vie. A trainer dans les rues, à parler de nos vies. Et depuis cette nuit, nous ne sommes pas quittés. Je n'vous raconterais pas ce qui s'y est passé, concrètement, c'est bien trop ... personnel. Imaginez, tout simplement.
Elle est devenue ma raison de vivre. Celle à qui je pouvais ma raccroché, peut importe ce qui me passait par la tête. J'étais plus âgé qu'elle de 4 ans, et j'ai tout fait pour qu'elle se sente le plus à l'aise possible. Mais le naturel était là, avec nous. Nous étions nous-même, chacun complétait l'autre. Elle me rendait plus calme, plus posé. Et moi, j'essayais de lui rendre cette confiance en elle qu'elle avait perdue depuis bien longtemps. Elle a évolué dans un cadre dur, un peu comme moi, sauf qu'elle, c'est une fille. Sauf qu'elle, elle est plus faible. Je ne dis pas ça par péjoration. C'est juste un fait, elle le sait, je le sais, tout le monde le sait. Je savais que maintenant, j'avais un but dans ma vie. Moi qui n'avait jamais voulu devenir un mari, un père, elle a fait de moi ce que je n'aurais jamais soupçonné. J'avais des potentiels, mais ils n'ont jamais vraiment été jusque-là développé. En fait, elle est devenu ma force, et je n'avais que comme unique faible sa perte.
Et puis, un jour, elle m'a annoncé une nouvelle, celle qui a changé nos vies. Elle était enceinte. Seulement, je n'était pas le père. Et ça, j'ai eu le temps d'une seconde l'envie de la gifler. Et j'ai tapé le grillage. Suite à ça, je m'en suis voulu d'avoir envisagé un seul instant la toucher. Elle qui était mon Tout♥. Depuis ce jour-là, j'ai toujours été présent pour elle : A son non-avortement, tout d'abord. Seulement, j'en ai payé le prix fort. Mais bon, il faut bien passé par là. Et puis, qu'est-ce qu'une dizaine de bleus en échange d'une vie passée avec elle ?
Nous vivions notre idylle, et bien sur que je l'ai demandé en mariage. Ah son père n'était pas d'accord. Mais je pense que pour l'énerver au plus haut point, elle a accepté. Bon, parce qu'elle m'aimait aussi, certes. Et que l'on s'aimait. En bref, nous étions fait pour être ensemble. Je me rappellerais toujours de cette attente monstrueuse devant la mairie, où les couples sortaient tous mariés. J'avais qu'une envie, que le temps passe, passe, passe. Nous nous sommes juré cet amour éternel. On était alors loin d'imaginer ce qui se passerait ensuite. Mais, on était heureux, et je pense que ça nous suffisait.
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Notre vie était parfaite. Je nous avais trouvé une petite maison, Kat a accouché, et j'ai joué pour cette petite le rôle de père. Surement le meilleur qu'elle aurait pu avoir, et je dis ça avec toute la modestie possible. J'ai toujours considéré que Frankie est ma fille. C'est moi qui l'ait éduqué, c'est devant moi qu'elle a fait ses premiers pas, alors que Katrina était à sa maison d'édition. C'est à moi qu'elle a dit Papa, et qu'elle n'a eu de cesse de le répéter. Je lui avais construit une petite cabane au fond du jardin , et nous y jouons avec le chien. J'étais jeune, et pourtant, j'avais une vie rodée, déjà plannifié. Moi qui n'avais jamais voulu être le père de quelqu'un, le mari d'une femme, moi qui pensais que je finirais ma vie à vagabonder de ville en ville. Nous formions une seule et même entité, un seul et même système. Oui mais , tout comme le chateau de carte que l'on s'éperdue à préserver de la chute, notre amour n'a pas réussi à combattre les affres du temps...
CHAPITRE TROIS : Tell me what I have to do. What should I do ? What do you want me to do ? Tell me I'll do it, I'll do it...
Et puis, comme rien ne dure jamais, elle s'est éloigné. Non pas qu'elle me trompait, ou bien qu'elle y pensait seulement, non. Juste que ces sentiments ont commencé à s'évaporer. Nous qui étions si complices, si amoureux avons finis par se détester. Enfin, elle. Moi, je n'ai jamais cessé de l'aimer. Je peignais des baraques toutes la journée, je rentrais chez moi le soir et profitais de ma famille. C'était la meilleure des vies pour moi, 6 ans après notre mariage. Mais, porter seul un mariage, c'est pas simple, et finalement, ça mène à rien. Comment pouvoir l'obliger à m'aimer ? On ne force pas quelqu'un à aimer, c'est complètement fou ! Et croyez-moi, j'ai pourtant tout essayer pour. Je me rappelle lui avoir proposer une nuit en amoureux à l'extérieur, alors que notre chien venait de mourir à cause des maladresse de ma femme. J'en avais été durement affecté, et nous avions laissé notre fille chez son grand père. Mais, différent lieu, même combat cependant. Elle me repoussait comme si j'étais la pire des monstruosités, et avec l'alcool, vint la violence et la défiance. Elle m'a poussé à bout durant plusieurs bonnes heures, et finalement, nous n'aurions jamais du y aller. J'ai compris alors que je l'avais perdu. J'ai eu beaucoup de mal à me calmer, et il m'a fallut une bonne dose d'alcool pour m'endormir. Le meilleur des somnifère, la cuite. Le lendemain elle n'était plus là.
Je l'ai suivi au travail, mené le pire des scandales / drames familiaux dans un endroit comme celui-ci - une maison d'édition - et j'ai récolté un « Je veux divorcer » sincère de la part de ma femme. Je ne sais pas si je le mérite, et non plus la raison de tout ça. L'alcool. Le manque de volonté. Ou alors le temps tout simplement... Nous ne savons pas vraiment quoi faire , notamment en ce qui concerne la petite. Elle a quitté la ville pour San Francisco. Le seul truc, c'est que je la suis. Je peux pas me retrouver à des kilomètres de ma femme et de ma fille, malgré ce qu'il se passe entre Kat et moi. J'abandonne pas ma famille, point. Peut-être que ça s'arrangera, qui sait... Ou alors, je finirais par croire que le coup de foudre s’essouffle indubitablement...
Like the End.