Quelques semaines à peine après mon départ, j'avais l'impression d'avoir quitté mon Angleterre natale depuis des années. Les kilomètres de verdure, les troupeaux de moutons, le ciel gris et même la pluie me manquaient. C'était inouïe. Tout était trop grand ici, trop chaud, trop sec, trop inconnu. Ce n'était pourtant pas la première fois que je quittais l'Angleterre. Je m'étais toujours dis que j'aimais les voyages, les découvertes, que je pouvais vivre n'importe où, que le manque de ma famille et de mes amis serait gérable mais finalement non, j'étais comme tout le monde, faible et trop sensible.
Je m'efforce depuis toujours d'être à la hauteur de la réputation de ma famille. Naitre dans un château entraine forcément un mode de vie différent de celui des enfants dits "normaux". Pourtant, ce n'était pas l'ambiance old-school psychorigide, mais plutôt "fais ce que tu veux du moment que tu gardes ta dignité."
Malgré cette liberté qui m'était offerte, je ne sortis jamais du "droit chemin". J'ai passé mon enfance dans les meilleures écoles privées de York en compagnie des filles et fils des plus hauts gradés du centre militaire. Tous les matins, je passais devant les vieux bâtiments en briques rouges de l'Université et tous les matins je me disais que je ferais mes études ici, que c'était ce pour quoi j'étais née. C'était notre rêve à tous, faire de grandes études, rendre nos parents fiers de nous. Car oui, dans l'ensemble, nos parents étaient peu présents et il nous fallait faire un tout petit peu plus d'efforts que les autres pour les rendre fiers de notre travail, de nos capacités. Mais cela ne m'a jamais posé de problème. J'aimais travailler, apprendre, découvrir. En arrivant ici, les gens me pensaient froide et incapable de m'amuser. Pourtant, je sais faire la fête, rire, plaisanter, je n'ai tout simplement pas besoin d'être ivre morte ou complétement stone pour ça. Je sais être raisonnable et modérée.
La seule chose non-modérée dans ma vie était mon amour pour ma petite sœur. Bien entendu, elle était la plus énervante des sœur, elle me faisait rager et son but dans la vie était sans doute de me rendre complétement cinglée mais malgré tout, j'étais prête à tuer pour elle. Elle était la personne qui me manquait le plus ici. Avec elle, tout aurait été... plus familier. Elle avait beau être plus jeune, à chaque fois que j'avais besoin de parler, je m'adressais à elle que ce soit un problème avec un petit ami ou en cours ou même pour n'importe quoi.
Mais pourtant, malgré le manque de ma famille, mes amis, mon pays, j'aime ma vie au Etats-Unis. J'y ai été très bien accueillie, intégrée, et puis il faut l'avouer, les USA sont un pays absolument génial ! Tout y semble plus facile, d'un seul coup. Et j'ai Hadryin.
Hadryin, ce frère que je ne connais que depuis quelques mois seulement mais que j'aime autant que si nous avions grandi ensemble. Je savais depuis presque toujours que j'avais un frère, Papa m'en avait parlé, un jour, mais ce fut tout de même un choc de voir ce jeune américain tatoué en jean déchiré arriver dans la famille. Il avait passé un mois avec nous et nous avions rattraper le temps perdu. Je lui avais fait visiter York, Manchester, Leeds, il m'avait raconté sa vie, son business, ses amis, ... Et puis, l'idée de repartir avec lui avait traversé mon esprit. J'avais toujours rêvé de passer du temps aux Etats-Unis, et SF est une ville tellement mythique ! ... Nous en avons très peu discuté en réalité parce qu'il approuva aussitôt l'idée de me ramener dans ses bagages. Quelques jours plus tard, mon billet en poche, je survolais l'Atlantique en compagnie de mon grand frère, j'étais heureuse, j'avais l'impression de changer de vie, de commencer quelque chose d'autre et cela me plaisait énormément.
Je logeais chez la famille d'accueil d'Hadryin, ils étaient charmants avec moi, même si je sentais qu'ils se seraient peut être passés de la présence d'une adolescente de plus dans la maison. Je tâchais donc de me faire la plus discrète possible, ce qui était plus facile à dire qu'à faire. Les frère adoptif d'Had me détestait littéralement. je me sentais fusillée à chaque fois que mon regard croisait le sien. Il ne m'adressait pas la parole mais je sentais la haine monter en lui comme un volcan près à exploser. Bienvenue à SF, je te souhaite de trouver le bonheur Leila.