Plantée devant les Simpson, je regardai mon écran d'ordinateur et vis que le téléchargement des données progressait mais pas assez. Donc, je soupirai un bon coup avant de décider d'aller me balader. Depuis que Christopher avait disparu, les cauchemars étaient revenus. Tellement horrible, tellement détestable que même un homme d'age mûr ne pouvait plus me supporter alors comment pourrais-je me supporter moi-même ? Mettant un gilet et prenant mon sac, je sortis pour me mettre à errer dans les rues de San Francisco. J'avais pour habitude de faire ça auparavant, me balader seule dans la nuit. C'est vrai que vu ce qu'il m'était arrivé, on aurait pu croire que j'allais me contenter de rester à la maison mais non. Je ne supportais plus l'enfermement, cependant je ne supportais plus les gens du tout. Depuis que mon ex m'avait quitté et que j'avais perdu mon bébé, je ne pouvais plus me rendre à la fac. Trop de monde. Et puis pourquoi avais-je choisi la biochimie comme spécialisation ? Après tout, c'est sa mère qui enseignait cette matière mais c'était avant tout pour rester avec lui que j'avais choisi ça. Donc j'avais arrêté mes études, devenue une hacker et prenais une bonne année sabbatique. C'est vrai, je n'étais pas sortie depuis un an de cette maudite cave, que je commençais les conneries.
Marchant vite et depuis un moment, je commençai à fatiguer quand je me rendis compte que je venais d'entrer dans Chinatown. Un quartier qui craint. Un peu paranoïaque, je sortis ma bombe lacrymogène pour longer un peu les murs. Je n'avais pas confiance, surtout à cette heure avancée de la nuit, il y avait souvent des vols, meurtres, viols ou autres. Je peinais à respirer quand soudain des coups de feu retentirent dans la ruelle juste en face de la mienne. Je vis quelqu'un tomber et des gens partir en courant. Sans trop réfléchir, je traversai la rue pour essayer d'aider ce malheureux.
J’étais sorti faire en tour en ville. J’avais besoin de me changer les idées. Depuis qu’Ariadna m’avait plaque sur facebook, j’en avais plus que marre. En plus, la voir chaque jours à l’appartement me faisait plus que chier. Il fallait absolument que je parte à la recherche d’un nouvel appartement. Je ne pouvais plus rester enfermer dans ces quatre murs avec elle. J’étouffais littéralement. Ce n’était plus possible.
J’étais sorti ce soir, errant dans San Francisco. Comme a presque tout les soirs en vérité. Je ne passais presque plus de temps a l’appartement. Cela devait déjà faire une bonne heure que je vagabondai dans les ruelles de San Francisco. Je ne savais même pas ou j’étais. Personnellement, je n’avais rien à faire. Tant que j’étais lion de cette blonde, j’étais heureux.
Je marchai tranquillement, jusqu’à ce que j’entende des coups de feu provenir d’une petite ruelle. Putain mais j’étais où. Je regardai autour de moi. Chinatown. Super, le quartier craignos. Je continuais mon chemin jusqu’à me retrouver moi-même dans une petite ruelle. Faudrait que j’apprenne à regarder là où je marche. Une interpellation. Non, surtout pas. J’ai rien fais moi.
« Eh toi, le mec là-bas. Qu’est-ce que tu fous ici ? »
Je me retournai pensant que c’était à moi qu’on parlait. Mais non, il y avait encore quelqu’un derrière moi. Je me retournai à nouveau pour voir le type derrière moi. Il avait un revolver à la main. Un coup de feu. Une vision floue. Qu’est-ce qui se passait ? Je sentais mon cœur se vider d’énergie. S’il vous plait. A l’aide. Que se passait-il ?
Être témoin d'une fusillade, c'était toujours impressionnant et par réflexe de survie, je me cachai dans un coin pour voir les mecs passer en courant, enregistrant leurs description physique dans ma tête et de me diriger dans vers la ruelle d'où il sortait et où j'avais vu le mec tomber. Ni une, ni deux, je sortis mon portable et composai le numéro des urgences. « Bonjour, non, non, ne me mettez pas en attente... » Trop tard, je m'approchai pour me pencher, mettant une mèche de cheveux derrière mon oreille et voir que je connaissais la victime. Je le connaissais même très bien. « Alan ?! » La panique s'empare alors de moi et un flashback remonte soudainement à la surface. Je voyais le ravisseur baigner lui aussi dans son sang, tué de mes propres mains sous le coup de la panique et il me semblait que je revivais cette scène sauf que là, tout était réel et même si la personne n'était pas mon ami, je me devais de l'aider. Je collai à nouveau le cellulaire contre mon oreille pour voir que non, non, il n'y avait personne au bout du fil.
« Alan, Alan, c'est Lilas. Est-ce que tu m'entends ? » Je pose délicatement ma main sur son cou pour tâter le pouls et vois qu'il est encore vivant. Je pousse alors un soupir de soulagement mais bien malgré moi, les larmes fusèrent. Je ne pouvais plus les arrêter. Alors, je pris sa main pour la baiser doucement du bout des lèvres. « Je suis là, Alan, chuchotai-je en caressant ses cheveux. Je suis là. Je suis là. » Je ne cessai de répéter ses mots avant d'entendre une voix à l'autre bout du fil. « Oui, bonsoir, mon ami vient de se faire tirer dessus. Envoyez moi une putain d'ambulance à l'angle de Chinatown juste en face de la supérette. » Je savais par principe qu'il ne fallait pas bouger les gens blessés. Puis, je sentis quelque chose mouiller mon pantalon. Oh non. « Alan, regarde moi, parle moi, dis moi quelque chose, s'il te plait... Alaaaan. » Je commençai à paniquer. Les pleurs redoublèrent et je posai ma tête sur son torse en sanglotant légèrement, tenant toujours sa main et caressant machinalement ses cheveux.
Ma vision se flouait. J’entendais des voix autour de moi. Une seule voix a vrai dire. Une jeune fille. Je reconnaissais la voix. Lilas. La meilleure amie de Charlotte. Je ne la connaissais pas vraiment, ni ne l’appréciait fortement, mais le fait qu’elle m’ait trouvé, c’était quelque chose. J’avais froid. J’entendais toujours sa voix. Faiblement. Comme un écho lointain. Où est-ce que j’étais ? je ne savais pas. La pénombre s’emparait de moi. D’une voix faible, j’essayai d’appeler la jeune rousse. « Lilas.. »Mais je n’entendais pas mes paroles sortir. J’avais froid. Il faisait froid. Pourtant, il n’avait pas spécialement fait froid ce soir là. Au contraire, il faisait plutôt beau. Lilas me prit la main. J’essayai en vain de la serrer mais l’énergie de mon corps s’était vidée. Je tremblai. « J’ai froid…j’ai mal… » La douleur dans mon abdomen était exténuante. De l’aide. S’il vous plait. Que cette douleur s’arrête. Elle m’emportait. Mal. Froid. Sang. Energie. Je ne sentais plus rien. Doucement, je me faisais emporter par la pénombre. Un gouffre de noirceur. J’entendis une dernière fois mon prénom se faire appeler avant que je succombai totalement à la pénombre et la douleur. Au revoir beau monde. C’était peut-être ce qui était mieux pour moi.
Je ne savais plus trop où me donner de la tête, Alan gisait là devant. Comment devais-je réagir ? Comment devait réagir ? Que devais-je faire ? Je l'entendais murmurer mon nom alors je relevai la tête, essayant de le calmer, de lui dire qu'il devait s'accrocher. Mais je sentais qu'à la quantité de sang qu'il perdait il était en train de mourir. Mon pantalon était taché de sang, complètement imprégné et j'essayai de trouver l'origine de l'hémorragie mais ne la trouvait pas. Il avait froid. Je retirai alors mon gilet pour le poser sur lui. « Ça va aller mieux d'accord. Ça va aller. Je suis là, je reste avec toi. Je ne t'abandonnerai pas. Je t'en prie Alan, reste. Reste avec moi. » Mais non, je vis ses yeux se fermer petit à petit et je poussai un hurlement. « Que quelqu'un m'aide, que quelqu'un m'aide. » Je posai ma tête sur son torse secouée de soubresauts, les mains pleines de sang, sentant ses doigts lâcher prises. « Non, non, non, reste avec moi. Alan, je t'en prie. » Je pris son visage à deux mains essayant de le faire reprendre conscience quand les bruits de sirène se firent entendre. « Je reviens. » Déposant un baiser sur son front, je séchai mes larmes, barbouillant mon visage de sang pour partir en courant chercher les ambulanciers.
Les hommes me suivirent en courant et les autres s'agenouillèrent devant la corps frêle d'Alan et je m'adossai au mur toute tremblante. « On s'en occupe, Mademoiselle. » Un homme se posta devant moi et prit mes mains mais je le repoussai. Quand ils montèrent le corps dans l'ambulance, je me battis avec un des gars pour qu'il me laisse monter. « Laissez moi aller avec lui, s'il vous plaît. » L'homme acquiesça et je pris place à ses côtés tenant sa main, sanglotant toujours. Je vis les hommes l'intuber, déchirer son tee-shirt pour calmer l'hémorragie. « Votre ami s'accroche mademoiselle. » Oui, c'est bien. J'acquiesçai pour caresser les cheveux. « Accroche toi Alan, on s'occupe de toi, murmurai-je doucement. Ça va aller. Ça va aller. » Je tentai de me rassurer moi-même mais j'étais consciente que j'allais vivre la plus longue nuit de ma vie.