La dernière semaine avait certainement été la plus difficile de toute ma vie. Vendredi dernier, je vous aurais certainement dis la même chose quand à ma semaine précédente, mais maintenant que j’y repensais, ce n’était rien. En effet, deux semaines et demi plus tôt, Crystal m’avait laissé. Cette seule fille que j’ai jamais aimé m’avait largué comme un vulgaire déchet et j’avais passé la semaine et demi à me morfondre, à refuser de sortir et à rester chez moi tel un ermite dans sa cave. Le vendredi venu, Duke, dans son imbécilité habituelle avait décidé de me jouer le pire coup de sa vie. Si vous voulez mon avis, le pire dans tout ça été bien le résultat de sa blague. En effet, tentant ultimement de me changer les idées, il m’avait payé une escorte pour passer la soirée avec moi. Le fait est, l’escorte en question était… un mec. La soirée avait plutôt mal débuté, se ponctuant de cris, de provocations et de coups. Pourtant, d’une façon complètement inattendue, elle s’était terminée nu et nous avions couché ensemble. Pour Yuri, rien de bien surprenant. Il était gay et c’était son job. Pour moi, c’était loin d’être naturel et je ne l’acceptais pas. Moi, Landon Shawn Harris, j’avais couché avec un mec? Non, impossible. Moi qui étais à cinq cent pour cent hétéro, je n’avais pas pu faire ça et… aimer autant.

Quoi qu’il en soit, depuis je n’arrivais plus à dormir et j’avais même récidivé en revoyant Yuri et en couchant de nouveau avec. Il était ma nouvelle obsession et j’étais visiblement la sienne. Pourtant, mon côté macho demeurait en force dans mon esprit et, dès que je le pouvais, je retombais dans mes bonnes vieilles habitudes avec les filles. Coucher avec elles me faisait oublier que j’étais attiré par un homme. Bien entendu, je devais l’admettre, c’était beaucoup moins bien qu’avec Yuri, mais c’était quand même un bon échappatoire. Aujourd’hui, alors que j’étais là à glander sur facebook entre deux cours, Denver –une avocate que j’avais rencontrée grâce à mon père- vint me parler. Depuis peu, elle avait accepté d’être mon mentor. C’était bien amusant, puisqu’elle était plus jeune que moi. Pourtant, ça ne me dérangeait pas plus qu’il faut, elle était vraiment canon.

Me demandant si j’étais en train d’étudier, j’eu une idée d’enfer. Je lui dis que oui, mais que j’avais de la difficulté, j’aurais bien besoin d’elle pour comprendre quelques notions. Au fil de la conversation, j’avais réussi à l’en convaincre et elle m’avait même invité à passer chez elle pour réviser le tout à deux. Heureux de ma petite victoire, je lui avais dis que je passerais après les cours, ce que je fis après un rapide saut chez moi pour me doucher. Enfilant un simple chandail à manche longue gris, un jeans plus ou moins moulant de style skinny en moins emo et beaucoup plus classe, je complétai la tenu avec de simple basket. Sac sur l’épaule, je me rendis à ma bagnole et conduisis jusqu’à chez elle.

Arrivé, je me passai une main dans les cheveux en me regardant dans le miroir central de ma voiture. Ma coiffure était impec’ et mon sourire aussi. Parfait. Je marchai d’un pas nonchalant vers la porte et sonnait, attendant tout sourire qu’elle vienne ouvrir. Lorsque Denver ouvrit finalement la porte, vêtue d’un simple short j’eu envie de siffler. Elle était canon mademoiselle l’avocate.

« Salut! Vas-y entre. »

« Salut! Merci. »

Je la suivis jusqu’au salon, regardant autour de moi et enregistrant les détails de la pièce. Un mur dégagé, une table juste à la bonne hauteur, des sofas relativement grands… Cet endroit était parfait pour… Enfin. Je me raclais la gorge pour revenir à moi-même.


« Viens, on va se mettre sur cette table. »

« Oui, parfait. »

Je m’installai à la table avec elle à mes côtés et posai mon sac sur cette dernière pour en sortir mes bouquins de droits. L’envie d’étudier était bien loin de moi et, c’est avec peine que je choisis rapidement livre ainsi qu’un mensonge à lui raconter.

« Alors, dis-moi où tu bloques dans tes notions? »

Je l’attendais celle-là, j’avais bien fait de prévoir le coup. Ouvrant le livre comme si je connaissais le chapitre sur lequel je bloquais par cœur, je lui montrai vaguement un passage que je ne comprenais pas, écrit en tout petit caractère. Pas le choix, elle devrait se pencher pour le lire et j’en profiterais pour sentir son odeur enivrante.

« Je crois que c’est ce bout là. Oui, regarde, c’est petit, tu peux t’approcher… Le prof nous en a parler il y a une semaine, mais je n’étais pas à mon meilleur alors j’écoutais seulement à moitié. Tu veux bien me l’expliquer… ?»