This was once in my life, but it won't be twice. Because past is always past.
Certaines personnes se demandent ce qu’elles ont bien pu faire pour en arriver là à un âge aussi précoce, tandis que d’autres l’ont pourtant bien mérité. Moi, je ne me suis jamais posée aucune question, me mettant simplement en tête qu’il avait été un homme violent et que cela devait se rapprocher du fait qu’il soit alcoolique. Comment ma mère avait pu épouser un homme tel que lui ? Sans doute parce qu’elle avait pensé qu’il pourrait changer. Mais demander à une personne de changer, c’est comme demander à un phoque de voler : vous aurez beau tout essayer, il n’en aura pas les capacités. Pourtant, il me semble que pour moi, ce fut plus clair que pour ma mère : que l’on tente ou que l’on ne tente pas, les résultats resteront les mêmes, car cet amour pour l’alcool était encore plus fort que celui qu’il avait pour ma mère. D’ailleurs, je me demande si ce monstre ne l’avait pas simplement épousée pour son argent ; ce qui ne m’étonnerait pas un instant. Peut-être que jusqu’ici, vous vous posez des questions sur ce qui a pu m’arriver ? Non, ce barbare était loin d’être mon véritable père. Ma mère avait simplement décidé de recommencer sa vie sentimentale à zéro, avec un mâle totalement différent, dans tous ses traits et ses comportements. Pour faire bref, ce faiblard n’était que mon beau-père, et je n’avais jamais aimé qu’on me rattache à lui ou que l’on remarque toute relation. Je doute bien que l’un d’entre vous aurait apprécié d’être ainsi traité, comme un animal sauvage, que l’on bat pour tenter de dompter, même si au final, ce dernier n’a presque aucune chance de ressortir indemne. Ce passage de ma vie avait sans doute été le plus horrible depuis toujours, et le restera sûrement pendant encore de longues années. Au final, ma mère avait été plus idiote qu’une autre, au contraire de ce qu’elle se faisait croire à elle-même. Pour sauver ma peau, je n’avais eu qu’une seule option : couper tout contact avec ces personnes et me tourner vers mon père, sans doute l’homme le plus doux que je n’avais pu côtoyer jusqu’ici.
Homme extraordinaire, demandé et aimant, c’est ce qu’avait toujours été mon géniteur à mes yeux, et ce depuis ma plus tendre enfance. Ne le voir qu’un week-end sur deux me faisait mal, parce que cela ne me permettait pas d’en être aussi proche que je l’aurais espéré. Mais cela ne brisait en rien la relation que nous avions, quelque chose de plus fort qu’un père et une fille ; nous étions et sommes encore de très bons amis, entre qui la confiance est mot d’ordre. Un secret ? Lequel ? Aucun secret ne réussi à rester entre nous, l’un ou l’autre le devine bien assez rapidement. La seule chose qui aurait pu me déranger chez lui, ce n’est pas son caractère, ni sa célébrité, mais plutôt son absence constante. Mais quelque part, s’il ne l’était pas autant, cela voudrait dire qu’il n’exerce pas son métier comme il le faut, qu’il ne serait simplement pas un bon acteur. Et cela serait plus qu’étrange, puisque c’est la chose qu’il fait sans doute le mieux. Cette popularité aurait pu poser problème à mes yeux, mais cela ne m’a jamais réellement dérangé, et j’y ai même très vite pris goût. Les paparazzis se tournent certes vers mon père, mais ils ne m’ignorent pas bien longtemps non plus. N’ayant jamais caché mon existence, il m’a très vite introduit dans sa vie comme une princesse, une enfant prodige ; et je ne sais pas si c’est véritablement le cas, mais rien ni personne ne pourrait me surpasser dans mon domaine : la création. Mais là n’est pas la question. Depuis des années, mon père prend soin de moi bien plus que d’un bijou, et me répète sans cesse que je suis sa fierté, ce qui ne me déplaît pas du tout. Sa fierté, oui, mais pas l’unique. Lorsque j’ai atteint mes quinze ans, je lui avais fait part de mon désir de quitter cette ville qu’était New-York. La raison ? Savoir que ma mère vivait ici me répugnait, et pouvoir la recroiser un jour dans la rue m’horrifiait. Et sans attendre, il me donne une réponse positive ; et là, j’avais senti que tout allait aller bien mieux encore. La ville choisie ? San Francisco. Il m’avait fait part de quelques villes qui auraient pu nous intéresser chacun, et ce fut celle-ci que je choisi. Mon choix était fait, et le départ ne tarda pas plus que sa réponse. Pour moi, ce fut comme si ma vie recommençait à zéro. Quelques années plus tard, peu après mes dix-sept ans, une femme s’était présentée chez nous, affirmant porter l’enfant de mon père. La femme en question ? Une jeune métisse afro-américaine n’atteignant même pas les trente ans. Elle ne semblait pas vouloir vivre avec nous, et encore moins garder cet enfant. Mais, je ne sais comment, elle avait fini par changer d’avis après une discussion avec mon père, qui semblait lui avoir promis de s’occuper de ce bambin dès sa naissance, le prenant sous son aile, à condition qu’elle ne se remontre pas et ne cherche plus à le retrouver. Et ce fut accepté. Voilà qu’après quelques mois, on se retrouvait à trois dans cette grande maison. L’enfant s’était révélé être une fille, et ce fut avec joie que je l’avais accueilli ici, avec pour pensées qu’elle deviendrait une sorte de mascotte et de poupée. Oui, ma poupée, ma petite sœur.
Nouvelle ville, nouvelle vie, nouvelles rencontres. Et sans doute certaines s’étaient avérées des meilleures. J’avais intégré, à San Francisco, une école regroupant de nombreux grades scolaires, ce qui m’avait permis d’y imposer mes lois, et bien souvent aux plus grands. Cela avait été une sorte d’amusement pour moi, un jeu, l’un des plus simples qui soient. Dans ces rencontres, il y en avait eu une exceptionnelle. Il avait dix-huit ans et j’en avais quinze, trois ans nous séparaient bien, mais le courant était bien vite passé entre nous et cette relation était rapidement devenue fusionnelle. Il m’avait observé de loin pendant quelques temps avant de venir me voir, et il m’avait bien intriguée à ce moment-là. Je me posais plusieurs questions ; était-il timide ? N’avait-il eu aucun cran pour m’approcher auparavant ? L’impressionnais-je ou lui faisais-je peur ? Je ne lui avais jamais demandé, j’avais préféré en faire mes propres déductions. Selon moi, je l’avais surtout impressionné ; peut-être n’avait-il pas l’habitude de voir une personne bien plus jeune imposer ses propres lois ? Pourtant, ce n’était pas si rare que cela. Pâris J. Berkeley, était devenu l’un de mes meilleurs amis, ou sans doute le seul. Les quatre-cents coups ? Ceux-ci, nous les avions très vite accomplis, et peu après notre rencontre. Semer la pagaille devenait déjà l’un de nos passe-temps favori, et mon envie de régner sur tous ces sujets s’amplifiait. Grâce à lui ? Sûrement.
I swear I'm not the one you thought,
I'm a hundred times better. Because
I'm the one and only best female.
Aujourd’hui, je conduis ma propre vie, sans avoir grand besoin d’une autre personne à mes côtés, mis à part cet homme, avec qui, selon de nombreuses personnes, je pourrais former un formidable couple. Mais quel genre de couple ? Je suppose que je peux dire « certes amoureux » puisque mes sentiments sont bien présents et que je prie pour que les siens également, mais sans doute serions-nous encore plus imprévisibles ainsi, plus imposants. Au fil des années, jusqu’à présent, il avait réussi à sérieusement s’implanter dans ma vie et m’était devenu indispensable, principalement pour mon moral. Une raison de vivre ? Lui – en plus de ma petite sœur, évidemment. Pour moi, il était devenu une sorte de soleil ; vous savez, lorsque vous aimez et que seule cette personne peut réussir à vous faire vivre et sourire comme il le faut ? Et bien, c’est exactement mon cas. Peut-être ne sommes-nous pas ensemble pour le moment, mais je suis presque certaine que ça ne saurait tarder. Une chose qui me fait bien plaisir ? Le fait que les passants et autres personnes nous prennent régulièrement pour un couple. Je crois bien qu’il est l’unique personne avec qui je me sens si bien, en qui j’ai autant confiance et avec qui je suis si douce et adorable. Oui, la seule et l’unique. Après tout, un être extraordinaire nous le fait devenir à notre tour, pas vrai ?
Aujourd’hui, ma sœur a deux ans et est devenue ma perle. Je prends le temps de lui faire découvrir la vie petit à petit, puisque la personne qui s’en occupe le plus est sans doute moi-même – mon père étant régulièrement absent. Bien sûr, je ne suis pas la seule à m’en occuper, il y a bien cette femme que mon paternel a engagé ; mais je ne sais pas pour quelle raison, je n’arrive pas à lui faire totalement confiance. Elle a un air de sortie de prison, quelque chose de menaçant, dont vous avez presque peur de vous faire manger. Qui sait, peut-être a-t-elle mangé ou tué toute sa famille et a été mise en cage ? Sans doute est-ce un cannibale. Mais croyez-moi, si un jour il arrive une seule chose à Aloyis, ma petite sœur, elle sera la première que je soupçonnerai, et je ne la lâcherai plus. Qu’elle prenne garde. Mais là n’est pas le sujet d’origine. Régulièrement, lorsque je me promène avec cette petite puce, les gens m’arrêtent pour me dire qu’elle me ressemble, excepté sa couleur de peau, en me prenant pour sa mère. Mais ce n’est pas le cas. Et je ne sais pas si j’aimerais avoir un enfant à vingt ans seulement.
Depuis quelques années, je m’étais découverte une passion pour le stylisme, dessinant toutes sortes de vêtements originaux, en arrangeant d’autres. Longtemps intéressée par les plus grands, qu’ils soient spécialisés dans les accessoires tels que les sacs comme ce dieu qu’est Louis Vuitton ou qu’ils le soient pour tout ou le prêt-à-porter tel que Gucci, ils ont été une source d’inspiration à mes propres œuvres, bien que mon imagination ait fait la majorité du travail. Ainsi, me trouvant un réel talent dans la mode, je me suis lancée dans ces études de stylisme, où je suis presque sûr de réussir sans grand problème, étant l’une des meilleurs étudiantes de mon rayon, actuellement. Certes, je n’avais jamais réellement eu un don pour une quelconque autre matière jusqu’ici, mais cela ne m’a empêché en rien de le devenir. De ce côté-ci, on pourrait me qualifier comme « étudiante sérieuse », bien que je ne loupe pas une seule soirée. Je m’applique, simplement.
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