Andrew m’avait appelé il y a deux jours de cela pour m’annoncer qu’il déménageait à Los Angeles… C’était une bonne et mauvaise nouvelle, étant donné qu’il quittait, mais quittait pour un travail. Bref… je me demandais si Robbyn était au courant vu qu’ils ne sont plus ensemble. Je me préparais rapidement pour sortir et quittait la maison après avoir embrassé mes enfants et mon mari. J’avais l’impression que j’étais obligé de faire ça.
Je cognais à sa porte et il ne tarda pas à m’ouvrir. J’étais légèrement trempée à cause de la pluie, notamment mes cheveux comme je n’avais pas de parapluie… Mais Robbyn l’était aussi. Est-ce qu’il venait d’arriver de quelque part ? Est-ce que je le dérangeais ?
Mary ?
Je soupirais et baissais la tête. Il se rappelle encore de mon prénom, au moins. Salut Robbyn... Je crois qu'il faut qu'on parle.
Oulah... c'était quoi, ça? J'avais presque oublié à quoi ressemblait Mary Jude lorsqu'elle était sérieuse et sûre de ce qu'elle voulait dire. Le simple fait qu'elle soit ici me laissait dans l'incompréhension, en fait.
Parler de quoi?
Je fermai la porte et la suivis jusqu'au salon en commençant à me faire des films. Quoi? Qu'est-ce qui s'était passé? Il était arrivé quelque chose? Je ne pus m'empêcher de penser au pire immédiatement et croisai les bras en rentrant les épaules sous mon t-shirt un peu trop grand depuis quelques jours. C'était pas de ma faute si j'avais plus faim du tout.
Qu'est-ce qui se passe?
Mes yeux clairs se posèrent à nouveau sur son visage avec une attention toute particulière, attendant la suite.
Il me laissa rentrer, ce que je fis. Je me dirigeais vers le salon comme si je connaissais l’endroit par cœur et m’assis sur le canapé. Je me demandais vraiment si j’étais en train de lui annoncer quelque chose dont il ne s’attend pas, ou s’il était déjà au courant. Quoi qu’il en soit, j’étais mal à l’aise. Qu'est-ce qui se passe ?
Je me pinçais les lèvres avant de les mouiller et soupirais.
C'est à propos d'Andrew... Il a...
Je déglutis un moment. À l’annoncer comme ça, il devait se faire des idées plutôt noire. Je me pinçais à nouveau les lèvres et le regardait droit dans les yeux. Dire que Maël s’inquiétait à propos de mes sentiments pour Robbyn… S’il saurait que j’étais à son appartement…
Je ne supportais pas d'entendre ce prénom. Ma réponse fut immédiate.
Quoi? Il a quoi?!
Je m'approchai rapidement de Mary pour me planter devant elle de toute ma hauteur. Évidemment que je me faisais des idées. Que pouvait-on espérer d'autre? Andrew était stone H24, je n'étais même pas certain qu'il arrivait à tenir debout ni qu'il était encore en vie vu son état la dernière fois que je l'ai quitté. Je ne savais pas non plus s'il était malade à cause moi, ni quoi que ce soit d'autre. Je ne savais rien! Il ne venait même pas travailler au shop.
Déménagé
Un silence prit place dans la pièce et je me détournai vers la fenêtre calmement avant de saisir tout à coup un cendrier posé sur la table pour le jeter contre la vitre qui céda naturellement. Une veine apparut au niveau de ma tempe, j'étais vraiment... indigné. Oui, c'est le mot. Indigné, déçu, dans une colère noire contre la lâcheté de Danny. Pour le moment, la tristesse n'avait pas sa place. C'est dans un geste vif que je me retournai vers la jeune mère à côté de moi en me forçant à désserrer les poings.
Ton frère est un lâche.
Il fallut que je ferme les paupières pour me calmer plus ou moins et ne pas casser autre chose devant MJ, mais je parvins à poser un regard doux sur la jolie brunette malgré tout. Dites merci à mon self-control.
.. merci de m'avoir prévenu. Je vais faire le nécessaire
Alors là, j’étais sur le cul. Andrew était un lâche ? Je regardais Robbyn un instant puis tournais le regard vers cette pauvre vitrine qui s’était écroulé après avoir reçu un cendrier. Il était légèrement impulsif, non, il était impulsif et franchement… je ne sais pas exactement où en était leur couple, la raison exact de leur rupture mais je ne méritais pas une réaction comme tel.
... merci de m'avoir prévenu. Je vais faire le nécessaire
Je me levais du canapé et le regardait droit dans les yeux. Il était grand et j’étais légèrement plus petite… Bordel. Je détestais ce regard. Ce regard allait me tuer un jour ; si beau, si serein. Je me pinçais les lèvres et avant que je ne puisse dire un seul mot pour défendre mon frère, je me suis mise à pleurer.
Pourquoi est-ce que ça fais si mal d'être amoureuse de toi hein ?
Je me pinçais les lèvres et baissais la tête, en me mettant à pleurer. Mes larmes n’avaient rien à voir avec la tristesse… c’était de la douleur. J’avais mal à la poitrine et ce nœud que j’avais à la gorge n’améliorait pas les choses.
Elle venait de se mettre à pleurer. Pourquoi est-ce qu'elle pleurait? Pourquoi maintenant? Je ne pus m'empêcher d'avancer une main vers elle pour la poser sur son épaule, mais mon geste fut arrêté très rapidement.
Pourquoi est-ce que ça fais si mal d'être amoureuse de toi hein ?
Je crois que mon cœur venait de rater un battement à l'instant. En tout cas, je m'étais immobilisé en une fraction de secondes avant de baisser lentement mon bras et de tourner la tête sans avoir le moindre mot à dire. Qu'est-ce que j'étais censé répondre à sa question? Je ne pouvais rien faire pour elle... je ne partageais pas les mêmes sentiments... c'était logiquement impossible. Mais le simple fait de l'avoir face à moi, dans cet état, me fit réfléchir encore une fois à la situation. Quand j'ai mis fin à ma relation avec Mary Jude, c'était en raison de mon travail de nuit. Si je considérais notre relation comme non envisageable aujourd'hui, c'était à cause de mes préférences. Je ne suis jamais allé chercher plus loin. Pourtant, à l'époque, je ne faisais pas plus attention que ça aux hommes... c'est venu plus tard. Mais quel con, pourquoi je remet en question ma propre personne? Ça va pas ou quoi?
Je suis désolé. Je suis désolé...
Il n'y avait rien d'autre à dire, mais je me sentais vraiment mal parce que le mal être de la jeune femme parvenait clairement jusqu'à moi. Et puis, qui aimait voir pleurer une fille? Le pire dans tout ça, c'est que je savais que je n'avais pas le droit de la toucher.
Sa main sur mon épaule, je n’avais qu’une envie : la retirer le plus rapidement possible. Mais il me devança, en la retirant lui-même. Je continuais de pleurer en tenant mon ventre avec mes deux bras. J’avais soudainement très froid… Je n’avais jamais réellement réalisé à quelle point c’était dur, d’être dans ma peau.
Je suis désolé. Je suis désolé...
Je me suis rassise sur le canapé, par manque de force. J’aurais pu m’écrouler sur le sol et pleurer à genoux… Mais j’avais le canapé pour me soutenir juste derrière moi. Je mis ma tête entre mes mains. Le pire dans tout ça, c’est qu’il n’y avait absolument rien à faire. Je n’arriverai jamais à oublier tout ça, parce que ça représente beaucoup trop de mauvais souvenirs… que j’aimerais oublier mais que je n’arrive pas.
T'excuse pas… si tu ne l’est pas.
Je reniflais et tournais la tête sur le côté pour regarder à nouveau la vitre éclatée sur le sol… Je sentais un pincement à ma poitrine.
C'est moi qui s'excuse de jamais avoir eu le courage de te retenir... de te dire que je t'aimais et que j'voulais qu'on reste ensemble malgré tout...
Si, j'étais désolé d'avoir fait ça sans même essayer de lui expliquer la situation. Peut-être qu'elle l'aurait acceptée et qu'on serait aujourd'hui toujours ensemble malgré le retour de Maël. Peut-être. Ou peut-être que nos différences auraient fini par nous faire prendre de plus en plus de distance. Je ne sais pas... mais plus elle me parlait, et plus j'avais l'impression d'être enfoncé dans le néant. J'avais fais souffrir cette fille alors qu'à la base, je l'avais aidée à se soigner d'une peine de coeur. Depuis cet épisode, plus rien n'avais jamais été comme avant. La frontière était trouble entre nous, et je m'étais refusé à la franchir coute que coute.
...ne pleurs pas, s'il te plaît
J'étais le seul fautif dans cette affaire... j'avais manqué de confiance en Mary au moment où il fallait choisir entre lui révéler la vérité ou alors la lui cacher.
C'est Maël qui te donne tout ce dont t'as besoin... pas moi.
Pourtant, je les ai aidés financièrement. Pourtant, j'étais là aux moments clés, pourtant, j'aurais très bien pu m'occuper de la jeune femme, pourtant, j'avais mis énormément d'argent de côté uniquement dans le but de pouvoir gérer une famille dans le futur. Ce fric, je ne savais même pas exactement quoi en faire maintenant que j'étais plus seul que seul.
Je pleurais encore… reniflais jusqu’à devoir m’essuyer les joues avec le manche de mon chandail. J’avais les joues toutes rouges, je manquais d’air et aussi puis maintenant, je commençais à avoir horriblement chaud. Je pris mon courage à deux mains et levais les yeux pour regarder Robbyn qui priait déjà pour que j’arrête de pleurer comme une madeleine.
...ne pleure pas, s'il te plaît
Il n’arrivait pas à comprendre… ce que ça faisais. J’aimais mon ex, l’ex de mon frère, car il est gay, alors que je suis mariée et mère de deux magnifiques enfants. Vraiment, je ne vois pas qui voudrait être dans mes shorts en ce moment.
C'est Maël qui te donne tout ce dont t'as besoin... pas moi.
Je plissais les sourcils. J’avais attrapé le hoquet, je respirais probablement trop mal lorsque je pleurais. J'avais mal à la poitrine, probablement le cœur. Je baissais les yeux… Maël me rendait heureuse, oui. Mais je ne pouvais pas complètement me laisser faire avec mes sentiments pour lui dans les parages.
T'as une belle vie.
J’hochais la tête et levais celle-ci pour reposer à nouveau mes yeux sur Robbyn. Puis, je me levais et m’approchais de lui pour me glisser dans ses bras… Je pris une grande respiration et sourit en posant ma tête sur son épaule.
Fille ou Garçon... Je suis sûre que tu trouveras toi aussi.
Je pris une grande inspiration. Par-dessus tout, il sentait bon. Et ça me tuais un peu de l’intérieure…
Je t'aime... Robbyn. Mais j'abandonne. Et je sais que c'est ce qui est le mieux à faire...
Bon sang, mais pourvu que tout cela s'arrête au plus vite, je n'en pouvais plus. Le moins qu'on puisse dire, c'est que je fus extrêmement surprit de voir Mary se lever tout à coup pour venir se coller à moi et plonger sa tête contre mon épaule calmement.
Fille ou Garçon... Je suis sûre que tu trouveras toi aussi.
Un vague sourire nerveux passa sur mon visage et je finis par fermer les yeux un instant. Lorsque mes paupières s'ouvrirent à nouveau, j'avais baissé le visage sur la silhouette de Jude qui luttait visiblement contre ses émotions.
Je t'aime... Robbyn. Mais j'abandonne. Et je sais que c'est ce qui est le mieux à faire... ...
Je finis par passer les bras autour de la jeune femme pour la serrer contre moi doucement. Dans le fond... j'aimais entendre ces mots qu'elle me réservait, ça me faisait étrangement plaisir, même si c'était un peu malsain pour Maël. Ce qui se passait à chaque fois que je revoyais MJ, c'était un jeu de casse tête chinois, en fait... et aujourd'hui, je commençais enfin à trouver la solution au problème. Mauvaise solution, je pense... mais au moins la vérité était apparue, plus ou moins, dans mon esprit.
J'aurais pas du te laisser ce jour là... j'en ai jamais vraiment eu envie, en fait. Je pensais que ça serait plus facile... mais je me rends compte que non.
Ses bras s’enroulaient autour de moi, je gardais les yeux fermés très fort… J’avais du mal à m’en remettre... Je lui ai finalement dis, clairement, que je l’aimais. Si Maël savait… je me demande quel genre de sermon j’aurais droit. Je le serrais un peu plus fort en espérant qu’il ne me lâche pas… Je ne voulais pas quitter ses bras… Merde… pourquoi est-ce qu’il faut que je sois toujours attirée par l’impossible ?
Je n’aurais pas dû te laisser ce jour-là... j'en ai jamais vraiment eu envie, en fait. Je pensais que ça serait plus facile... mais je me rends compte que non.
Ça y est. C’était probablement ce que j’avais toujours rêvée d’entendre… Mais une fois dit, je suis sous le choc, et je n’arrive pas à réaliser ce que ça pouvait signifier. Robbyn m’aimait aussi, notre rupture n’aurait jamais dû avoir lieu et ça avait été aussi difficile pour lui que pour moi. Je serrais son chandail mouillé entre mes doigts et gardait les yeux fermés. J’avais à nouveau la gorge nouée mais me retenait de pleurer de toutes mes forces…
Est-ce qu'on... peux rester comme ça... encore un moment ?...
Je ne sais pas pourquoi je lui avais dit ça. Peut-être que je n'aurais pas dû... ce n'était pas correct envers Maël avec qui je n'ai jamais cherché à entretenir une quelconque concurrence. Suite à la demande de Jude, je me contentai de rester immobile un moment, puis reculai jusqu'au mur à quelques mètres de là avant de me laisser glisser par terre en gardant la jeune femme entourée de mes bras. Mes paupières se refermèrent, ma tête se posa contre la sienne, et ce fut le silence complet pendant au moins deux minutes. Vers la fin, j'avais commencé à jouer avec le bout de ses doigts, mais ma conscience me ramena à la réalité et je finis par défaire mon étreinte.
Alors c'est ça la vérité... hein...?
Mon regard restait posé au sol tandis que j'allongeais l'une de mes deux jambes repliées. Je me sentais très gêné par la situation, en fait. J'étais censé en penser quoi, de ça? Une chose certaine; elle et moi, c'était fini. Une chose incertaine; j'en étais où avec moi-même? Je n'étais même plus certain de la légitimité de l'affection que je portais à Andrew. Ne me dites pas qu'il avait uniquement servi à attirer l'attention de sa soeur sur moi. Non... non. Je suis intensément amoureux de cet homme. Je n'aurais jamais fais un truc pareil.
Il recula jusqu’au mûr derrière en m’apportant avec lui. Puis, il glissait son dos le long du mur pour s’y asseoir au pied, et je le suivis, tout naturellement. Je me suis assise entre ses jambes… et nous étions là, tous les deux, comme deux cons assis par terre dans son appartement, dans les bras de l’autre. Pas la peine de vous préciser à quel point j’étais bien… Je gardais les yeux fermés… j’aurais très bien pu m’endormir juste là, comme je le faisais si bien à l’époque. Au fond, Robbyn avait toujours été une source de grand confort et malgré notre séparation, c’était un point qui n’avait jamais changée.
Il a pris ma main et s’est mis à jouer avec mes doigts, avec le bout des siens… Je n’avais même pas réalisé que ce qu’il faisait était mal, je n’avais même pas porté attention en fait. Je le laissais… tout simplement faire et je profitais de ces derniers instants calmes que je pourrais avoir avec lui. Je savais que dès que je mettrai les pieds hors de cet appartement, ça ne sera plus jamais permis de nous rappeler comment nous vivions dans le passé…
Alors c'est ça la vérité... hein...?
Il m’avait lâché… j’avais froid. Je levais les yeux pour le regarder, mais il fuyait mon regard. J’avais peur… est-ce que j’avais tout bousillée ? Robbyn, est-ce que c’était de ma faute ?
...tu devrais rentrer
Je me pinçais les lèvres et hochais la tête…
... J'ai été... violée...
C’était un coup de tête… je ne sais pas pourquoi. Moi qui m’était tant acharnée à garder le secret…
Comprenez qu'une phrase pareille, ça laisse un peu perplexe. Je n'avais pas encore tout à fait enregistré l'information qu'elle venait de me donner, et croire à une déclaration pareille était d'autant plus délicat. La preuve, je pensais qu'elle cherchait juste un moyen pour que je m'occupe encore un peu d'elle. Mais je n'en avais pas vraiment le courage ni l'envie. Il fallait que je réfléchisse à tout ça, et seul.
... Le soir où tu m'as quitté.
Je fronçai les sourcils en l'observant, puis levait les yeux au ciel un instant plus tard.
Si tu voulais me faire culpabiliser, t'étais pas obligée d'inventer une histoire pareille, tu sais.
C'était il y a environ un an et demi maintenant, je doutais de ne pas être déjà au courant si ce qu'elle me racontait était vrai. Pourtant, il y avait quelque chose dans le regard qu'elle venait de me lancer qui me criait que j'aurais dû la fermer. Alors je me tus tout d'un coup en la fixant dans les yeux pendant de longues secondes, jusqu'à la voir se remettre à pleurer. À ce moment-là, mon visage se décomposa très vite et avec un temps de retard, j'eus un mouvement de recul avant de me relever maladroitement et dans la précipitation. Mon regard se perdit alors nerveusement dans le vide.
Si tu voulais me faire culpabiliser, t'étais pas obligée d'inventer une histoire pareille, tu sais.
Ça m’avait pris tout mon pauvre petit change pour lui dire… Moi qui en plus, ne voulais pas lui dire. Je ne voulais pas de sa pitié, mais j’ai su gardé le secret pendant plus d’un an, ç’en est assez, il fallait que j’en parle. C’est assez vague avec Maël, puisqu’il s’en veut de m’avoir laissé ici toute seule… Alors j’essaie de ne pas trop raviver ce temps-là. Je me suis remise à pleurer alors qu’il se leva pour me fuir, je m’accotais contre le mur et enfouis ma tête entre mes mains.
Non... non !
Je restais assise sur le sol, le dos contre le mur. Je me sentais tout à coup très mal, de lui avoir dit ce que j’avais sur le cœur.
Je crois qu'on ne pouvait pas s'imaginer ce qui était en train de se passer en moi à l'instant même. J'avais juste envie de disparaître ou d'inventer une machine à remonter le temps afin de pouvoir corriger le passé, mais ni l'une ni l'autre des propositions était envisageable. Si j'avais attendu un jour de plus, ça ne serait pas arrivé. Si j'avais été avec elle, ça ne serait pas arrivé. C'était partiellement de ma faute si une telle chose était arrivée. Et qui était au courant de ça? Est-ce qu'elle en avait parlé à qui que ce soit? Ses frères ne devaient pas être au courant puis-ce qu'ils ne m'en ont jamais voulu.
Tu as gardé ça pour toi jusqu'à maintenant...?
Je n'osais pas la regarder dans les yeux, ni même m'approcher d'elle, comme si le fait qu'elle se soit faite agresser sexuellement le soir-même de notre rupture faisait de moi son violeur. Ce n'était pas logique de penser ça, hein? Personne ne pouvait savoir qu'un tel accident arriverait, mhh? Alors pourquoi est-ce que je me sentais si honteux?
Je t'ai pas abandonnée...
Je fronçai les sourcils avant de me décider finalement à revenir vers la jeune femme pour m'asseoir à côté d'elle.
tu le sais, hein?
Parce qu'après tout, nous avons gardé contact après ça, et lorsqu'elle avait besoin de quoi que ce soit, j'étais à disposition, toujours prêt à la soutenir, et ce même lorsque Maël est revenu.
Je suis désolé...
À nouveau, je baissai la tête et rassemblais mes jambes contre moi sans savoir quoi dire de plus. Il n'y avait plus que cette phrase dans mon esprit. Je n'allais pas en dormir cette nuit, à coup sûr.
J’hochai la tête… Mes larmes étaient figées dans mes yeux… Je n’arrivais pas à m’en débarrasser. Chaque gestes, chaque fois qu’il capturait mes lèvres… Il était haletant alors que je me contentais de crier de douleur. Je pouvais me rappeler de tout ça, suffisait d’évoquer la rupture avec Robbyn… Puisque c’était le même jour.
Je ne t’ai pas abandonnée...
Il s’approcha de moi et s’assit à côté, un peu comme tout à l’heure, sans me toucher. Je tremblais et j’avais froid, je passais mes mains sur mes bras pour les frotter un peu… Il ne m’avait pas abandonné ? Pourtant… J’avais tellement l’impression qu’il l’avait fait. Et quand il s’est mis avec Andrew… que pensez-vous de ma réaction ?
Tu le sais, hein ?
Je baissais les yeux et tentait de penser positivement. C’est vrai… qu’il avait toujours été là en cas de besoin. Pour l’argent, pour le soutien, pour l’amitié… pour Andrew. De chaudes larmes coulaient à nouveau sur mon visage, mais cette fois j’étais silencieuse et je fixais le vide.
Je suis désolé...
Ses jambes se ramenèrent contre son torse et je fis de même. Je ne savais pas quoi faire de plus… Je tournais la tête vers Robbyn et essuyait mes larmes.
Blanc. Silence radio. Et maintenant, quoi? Je savais même pas quoi dire ou faire, c'était très gênant. Le fait qu'il n'y ait pas de bruit dans la pièce me laissait l'occasion d'entendre chaque battement de coeur, et bon sang ce que je n'avais pas envie que ça arrive maintenant. Cette nouvelle de viol qui me tombait dessus... c'était assez dur pour nous deux.
Lentement, je finis par baisser les yeux sur l'une des mains de Mary pour la saisir délicatement, puis tournai la tête dans sa direction jusqu'à ce qu'elle finisse par me regarder. Il s'écoula une petite minute durant laquelle aucun mot ne fut prononcé mais qui me permit de remettre mes esprits à leur place. S'il y avait une chose que je savais, c'est qu'il ne pouvait plus rien se passer entre cette fille et moi. Je n'en avais pas envie, non seulement par principe mais aussi par respect envers Maël et leurs enfants. Le passé pouvait être beau, difficile à laisser derrière nous parfois, mais ça devait rester le passé. Aujourd'hui, tout était différent et bien d'une autre manière. J'en suis convaincu. Oui... "mais".
Okay. Let's just give an end to this.
Une main dans la nuque de Jude, et le reste fut automatique; je me contentai de tirer son visage vers moi pour lui accorder ce baiser qui était resté en suspens pendant plusieurs mois. Si elle cherchait à l'éviter, je l'obligerait à rester en place jusqu'à ce que ce soit terminé. À force de tout faire à moitié, on n'irait nul part.
Ce silence tuait l’ambiance… même si l’ambiance ne valait pas la peine d’être vécu. J’avais mal au cœur en ce moment et j’osais penser que Robbyn devait se sentir tout aussi mal. Pourquoi est-ce que je ne me lève pas et que je ne quitte pas ? Je n’en sais rien. Quelque chose me force à rester ici, assise parterre aux côtés de mon ex petit-ami.
Okay. Let's just give an end to this.
J’arquai légèrement le sourcil, je me demandais ce qu’il allait faire. Il avait déjà agrippée ma main alors que l’autre se déposait à ma nuque. Il s’approchait de moi afin de poser ses lèvres sur les miennes. J’ai mis du temps à faire le lien entre le geste qu’il venait de causer ainsi que sa dernière réplique… Je l’ai repoussée, du moins j’ai tentée, mais il me retenait. Une fois le baiser terminée je posais mon front contre le sien, pour reprendre mon souffle
Ouais, ben merde... c'était le mot. Mais après ça je me sentis un peu mieux, en ne refusant même pas son baiser à elle parce que ça ne servait à rien de se retenir maintenant. Je voulais juste en finir avec cette histoire et me débarrasser des frustrations qui... Oh, fuck it. Je mérite de me faire abattre, moi. * * *
Le corps de la jeune femme bascula sur le côté, rapidement suivi par le silhouette du grand brun qui laissa les prolongations se poursuivre. Il y avait ce quelque chose qui disait 'stop', et puis l'autre voix intérieure, toujours plus criarde qui incitait à continuer. Mais y'en avait marre de toujours faire comme si on n'entendait pas ces pulsions qui répétaient sans cesse "allez, fais-le", n'est-ce pas?
* * *
Je ne savais pas comment cela se passerait pour Mary, mais de mon côté, il n'y avait pas d'autres moyens d'exorciser les restes d'un amour douloureux. Et je lui avais fait mal, oh oui, dieu sait combien je lui avais fait mal alors qu'elle ne le méritait pas. Ma culpabilité au sujet de cette histoire était grandissante à chacune de nos rencontres, et il fallait vraiment y mettre... un terme. Quitte à me faire haïr par certaines personnes. Je suis peut-être égoïste, mais tant pis... ouais, tant pis.
Après une paire de minutes, je me rendis compte que ma main se trouvait sous l'élastique de la culotte de la jeune femme, et le blocage qui s'en suivit fut immédiat. Je ne pouvais pas vraiment aller plus loin que ça.
Il m’avait embrassé… et je me demandais si c’était exactement une bonne idée. J’en avais horriblement envie depuis le début de la soirée et depuis bien plus longtemps que ça. J’en avais envie depuis le moment où j’ai commencé à penser à lui plus fréquemment… à sentir mon cœur brûler en le voyant avec mon frère… À regretter… Je n’avais pas uniquement envie de l’embrasser. J’rêvais de beaucoup plus la nuit, parfois même au petit déjeuner… Je souhaitais être avec lui et avoir ses « bon matin » comme j’avais autrefois. Merde. Moi qui a toujours voulu de Maël je me retrouve à vouloir quelqu’un d’autre… Mais je ne peux pas choisir, Maël est parfait comme il l’a toujours été…
Je m’allongeais sur le dos et il me suivit. Le baiser ne s’était pas cessé, il devenait même de plus en plus langoureux… Je me laissais aller, je tentais de ne penser à rien d’autre qu’au moment présent… Ce que nous faisions était déjà très mal, alors lorsqu’il passait sa main sous mon jean… Je frissonnais, mais ne réagit pas. J’étais figée au sol en prolongeant le baiser… Tout d’un coup, je me suis mise à avoir énormément chaud…
Mais bon sang, qu'est-ce que j'étais en train de faire? Allez Robbyn, arrête ça. De toute façon, j'allais passer pour un dégonflé, maintenant. Après avoir laissé ma main immobile un bon moment, tout comme le reste de mon corps qui évita les lèvres de Mary, je me retirai lentement et en silence. Oké... et maintenant quoi?
J'ai...
Pas la vérité. Pas la vérité. Elle est moche, la vérité.
j'ai pas envie de faire ça à Maël.
De quoi, lui sucer la queue? Nan, ça non plus. PUTAIN, nan! EHHHHH mais c'est pas possible combien l'esprit humain est dégueulasse, sérieux! Je veux dire non, je pourrais pas dormir après avoir couché avec sa femme. Dieu sait combien j'en avais pourtant envie... mais premièrement, ce n'était pas une bonne idée au niveau des conséquences, et deuxièmement, j'avais pas de préservatifs sur moi. Voila.
Nous nous embrassions sur le sol alors que Robbyn retira sa main de ma culotte… Il cessa le baiser également et j’ouvris les yeux pour le regarder. Il était en mode panique, ce qui m’amenait à l’être aussi…
J'ai...
Il…? Je le regardais en attendant qu’il finisse ce qu’il avait à dire. J’avais peur qu’il regrette ce qu’on venait de faire alors que moi, je ne regrettais même pas… même si je savais qu’
j’ai pas envie de faire ça à Maël.
Je soupirais et baissais les yeux en me redressant. C’est vrai que c’n’était pas une très bonne idée… Cependant je me demandais comment il a pu passer de « je suis gay » à « je mets ma main dans ta culotte » en moins de deux. Il m’avait donc menti tout ce temps pour mon bien ? Je m’approchais à nouveau afin de l’embrasser, puis, je me décollais.
…Ose me dire en me regardant droit dans les yeux que t'en a pas envie.
…Ose me dire en me regardant droit dans les yeux que t'en a pas envie.
Contre toutes attentes, c'est un sourire en coin qui finit par s'afficher sur mon visage au fur et à mesure que je l'observais dans les yeux, une main posée derrière ses reins. Sans rien ajouter, je m'approchai ensuite de son oreille pour m'y pencher et murmurer quelques mots.
j'ai une maladie qui te gâcherait la vie si j'acceptais de faire ça avec toi. Et j'ai rien sur moi pour me protéger ce soir.
Après un petit baiser dans le cou de la jeune femme, je reculai à nouveau pour me retrouver à une vingtaine de centimètres de son visage, à nouveau yeux dans les yeux, à nouveau avec un petit sourire sur mes lèvres.
J'en ai très envie, ouais.
Oh, ouah. Ca va faire un an que ça ne m'a pas fait ça avec une fille. Normalement, je suis totalement blasé à ce moment là de la relation... et quand je dis blasé, c'est vraiment rien.
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