histoire

_____Ils voulaient un garçon, ils comptaient l’appeler Charly. Mon père était américain, ma mère coréenne. Il l’avait rencontré là-bas, dans son pays natal lors d’un voyage et s’était éprit d’elle. Qu’elle belle histoire d’amour me direz-vous, puisqu’il avait déménagé en Corée pour elle. Personnellement, je n’en ai rien à foutre. C’n’est pas de moi qu’ils voulaient, je le sais bien. Un garçon donc. Il serait fort et beau comme son père. Travaillant et courageux comme sa mère. Par une fille, maigrichonne et timide. Pas une nana bonne à rien sauf être mignonne, et encore, c’est beaucoup de dire mignonne en parlant de moi. Je ne crois pas qu’ils me détestent néanmoins, je sais simplement que je ne les rendrai jamais complètement satisfait de leur progéniture. J’ai un prénom américain, mais un nom coréen, la faute à maman. Enfin, elle voulait que je n’oublis jamais d’où je venais réellement. Bundang-gu, Seongnam, Gyeonggi-do, Corée du sud. C’est ce qu’on retrouvait à l’époque sur les lettres qu’on recevait à la maison. Je ne me souviens pas très bien de quoi tout ça avait l’air… Simplement que je tentais par tout les moyens de me faire aimer à l’époque. J’étais jeune, naïf aussi. Je mettais toujours de jolie petite robe pour plaire à maman et je faisais de mon mieux pour apprendre l’anglais et le coréen à la fois. Aujourd’hui je connais les deux sur le bout des doigts, ça aura eu du bon me direz-vous…


_____J’avais environ cinq ans lorsque nous avons quitté la Corée pour venir nous installer aux États-Unis. Je ne sais pas exactement pourquoi nous avons déménagé, je crois simplement que mon père voulait donner une chance à ma mère de découvrir le pays dans lequel lui était venu au monde comme il avait découvert le sien. Moi je suivais, qu’aurais-je pu dire ou faire de toute manière? Albany Park, Chicago, Illinois. Voilà la nouvelle adresse qui figurait sur notre courrier. Le quartier coréen de la place pour faire simple. Pendant quelques années j’ai continué de faire comme avant. Je tentais de plaire à mes parents, être la petite fille parfaite. Seulement ce n’était pas moi et pas ce qu’ils voulaient vraiment non plus. Conservant mes cheveux longs, j’ai commencé à l’âge de huit ans je crois à mettre des fringues beaucoup moins féminines. J’en avais marre de toute manière. Mes amis étaient pour la plupart tous des mecs à l’école. Quelle fille voulait d’un amie qui n’aimait ni les poupées ni le maquillage? Rien à foutre. Les mecs étaient tous impressionné parce que j’adorais les petites voitures et que je n’avais pas peur de me salir.


_____Chicago, y’en a marre. Ma mère avait prit goût à cette vie en Amérique et elle rêvait maintenant d’aller en Californie. Mais pas à Los Angeles, c’était trop dur la vie là-bas selon elle. Non, ma mère rêvait du grand pont de San Francisco. Alors SF ce sera. J’avais dix ou onze and lorsqu’on a enfin emménagé ici. Je dis enfin, c’est qu’on est jamais repartit ensuite. Plus je vieillissais et plus les gens croyaient que j’étais un mec. C’est exactement ce que je voulais, je crois. J’avais toujours un corps aussi mince et frêle qu’autrefois, mais au moins là, je ressemblais beaucoup plus à ce que mes parents voulaient. Est-ce qu’ils aimaient le fait que je ressemblais autant à un mec? J’en sais rien et j’men fou complètement. Mes potes étaient encore presque tous des mecs, rien à faire des nanas qui passaient leur temps à parler de trucs rose et trop chou. Ça me puait au nez et je ne crois pas que ça ait vraiment changé. À ma sortit du lycée je me suis fait tatoué. Les vieux n’étaient pas d’accord, mais lorsque je leur ai dit qu’il fallait me faire tatouer pour qu’il me remarque, ils ont fermé leurs gueules et m’ont laissé faire. Na Yung est venue me parler ce soir là. Ma mère, au cas où ce n’était pas clair. Elle est venue me dire que peu importe ce dont j’avais l’air et ce que je faisais de mon corps, elle m’accepterait. Je ne l’avouerais jamais, mais je crois que ça m’a fait du bien au fond d’entendre ça.


_____Le jour où j’ai réalisé que je m’intéressais aux filles plus que je ne le croyais et ne voulais l’admettre reste flou dans mon esprit. Néanmoins, je peux vous dire qu’aujourd’hui, je n’ai pas du tout de difficulté à l’assumer. Qui a-t-il de mal de voir un mec et une nana ensemble? Rien… Donc voilà. J’ai rencontré Sydney dans une fête. Ne me demandez pas où, ni quand, mais j’ai été attiré par sa voix. Elle chante Syd, voilà pourquoi. Ce soir là, elle était avec sa sœur, Pixie. Toutes les deux ont une voix à faire tomber et des corps de déesse. J’aurais été une fille que j’aurais voulu leur ressembler. Enfin, vous voyez c’que j’veux dire. Depuis ce jour là, on a une drôle de relation toutes les trois. Je ne saurais expliquer exactement ce qui nous lie. Est-ce qu’on est amies? Difficile à dire puisque, comme je vous l’ai dit, je n’ai pas d’amie du sexe féminin. La seule –ou presque- à ce jour c’est Leaven. Une de mes meilleures copines d’ailleurs. Remarquez, elle non plus n’est pas très… féminine. On a couché ensemble quelques fois, c’était pour le plaisir, je n’ai pas de sentiment pour elle. Peu importe. Moi, Syd, Pixie, c’est un triangle aussi intriguant et mystérieux que le triangle des Bermudes. Et, et tant qu’on y est avec les confessions du pieux, vous connaissez Ole? Un bon pote à moi celui-là aussi. Détient-il simplement la clé de mon corps… je ne saurais dire.

caractère

Est-il nécessaire de vous préciser que je ne me laisse rien imposer? Que je fais ce qui me plait lorsque ça me plait et au diable ce que les autres en penseront? Je ne crois pas non plus qu’il soit nécessaire que je vous dise à quel point je suis têtu et déterminé. Je ne suis peut-être pas le plus travaillant ou alors le plus courageux, mais je peux tout de même affirmer avec certitude que je suis très débrouillard, travaillant, organisé et stratégique. Je ne fais rien pour rien, pourquoi se compliquer ainsi la vie? Nous n’en avons qu’une après tout, aussi bien en profiter à fond sans la remplir de chose indésirable. Vous aurez par ailleurs remarqué que je parle de moi au masculin. C’est ainsi, je ne m’en rends même plus compte. Si je crois que je suis un mec, pas totalement. Si je crois que je suis une nana, pas vraiment. C’est un genre de conflit intérieur auquel je ne porte plus attention depuis des années maintenant. J’ai apprit à accepté qui je suis, comme je suis. Jaloux, parfois possessif. Mais généreux et attentif. Froid et distant avec certain, mais amical et sociable avec d’autre. Je m’adapte tel un caméléon à son environnement –sauf que moi je ne louche pas.-