40 longues heures. C’était le nombre heure depuis la dernière fois qu’Imogen avait dormi. Elle n’avait pas réussi à dormir lors du vol Londres – New-York. Le fait de ne pas savoir l’empêcha de fermer un œil. Le vol JFK-SFO était encore pire. Imogen avait eu message de Robbyn lui signalant qu’Andrew était à l’hôpital, qu’il avait été attaqué lors de la transaction. La jeune fille avait eu un mauvais pressentiment. Les larmes avaient coulé sans cesse depuis. Elle n’avait pas pu expliquer à sa fille Zaara pourquoi. Bien que la petite n’ait pas arrêté de lui demander pourquoi elle pleurait, elle n’arrivait pas à répondre. Lorsqu’elle vit Maël à l’aéroport, Imogen était un peu soulagé. MJ devait être resté à l’hôpital. Elle le salua mais sans plus. Elle n’avait absolument pas envie de parler à quelqu’un. La première qu’elle fit en arrivant à l’hôpital, c’était de courir vers Robbyn. Imogen avait réussi à arrêter de pleurer mais en le voyant les larmes revinrent sans avoir été demandé. C’était horrible et Zaara était là à regardée sa mère souffrir. Imogen devait faire quelque chose pour que sa fille ne la voie pas dans cet état. Evelyn. Sa sœur pouvait la prendre pour quelque jour. Cependant, Imogen ne savait pas si elle voulait encore lui parler. Depuis qu’Evelyn avait appris qu’Imogen avait couché à avec Sonic, c’était devenue très froid entre les deux sœurs. Imogen s’était jurée de ne plus jamais lui adresser la parole. En tout cas, pas avant un certain temps. Mais la situation faisait qu’elle avait besoin de quelqu’un pouvant s’occuper d’une petite fille de 7 ans. Après être rentrée chez elle, Imogen envoya un sms à sa sœur lui demandant si elle pouvait prendre sa nièce pendant un certain. Imogen ne dit rien sur la situation d’Andrew. Donc après qu’Evelyn lui avait répondu que ça ne la dérangeai pas prendre la petite, Imogen fit une petite valise pour la semaine. Elle ne savait pas combien de temps elle allait rester seul ou avec Robbyn ni si Dr. Roberts allait la faire hospitaliser. Parce que le stress de la dernière semaine ne lui avait pas vraiment fait du bien. Imogen n’était même pas allé le voir en arrivant. Perdue dans ses pensées et dans le rangement de ses affaires, Imogen fut un petit sursaut lorsque la clochette retentit. Evelyn était déjà là. C’était rapide. Laissant ses affaires là où elles étaient, Imogen vient ouvrir la porte à sa sœur. Elle ne savait pas vraiment quoi faire. Elle ne lui avait pas parlé depuis une semaine. Sans y réflechir et avant même qu’Evelyn puisse dire quelque chose, Imogen enlaça ses bras autour de sa sœur et les larmes coulèrent à nouveau.
Parfois la vie ne pouvait être qu'une incroyable salope. Le destin, un énorme connard. Je ne savais pas trop comment réagir face à tous ces nouveaux évènements. Pendant de longues heures, j'avais médité sur mon téléphone après le message de ma soeur m'indiquant que j'étais tante. Je ne savais pas trop comment réagir. Devais-je mal le prendre ? Le fait qu'elle réutilises ses mots employés un mois plus tôt lui annonçant que j'étais enceinte. Mais la vérité était que j'étais trop lasse de me prendre la tête avec elle et trop contente qu'elle me le dise. Parce que j'étais au courant qu'elle avait adopté une petite fille. Je ne savais pas comment elle avait fait pour adopter une petite fille aussi rapidement alors que j'avais mis des mois à avoir Stuart mais je m'en fichai et puis mon père biologique avait du faire pression pour qu'elle ait l'enfant plus rapidement que la normale. Je lui indiquai donc que j'étais contente pour elle en priant pour ne pas me faire insulter cette fois-ci. Je lui avais pardonné pour Sonic, depuis le premier jour. J'avais ressenti une vague de colère, je voulais ne plus rien à faire avec elle mais elle était ma seule famille et ce bébé à venir se retrouverait peut être orphelin dès ses premiers instants si je ne survivai pas. Chaque jour qui passait me rendait de plus en plus vulnérable et je ne savais pas trop comment le prendre. Les malaises, les vomissements, les crises, tout ça s'enchainait comme un film d'horreur qui ne voulait pas prendre fin. Je me sentais vaseuse, démunie, prête à mourir. Mais mourir sans avoir vu Jasper pour la première fois, sans avoir vu ma fille, son visage, ses rires, ses pleurs, tout me demandait de survivre. Je tapais un bon coup du poing sur la table avant de me laisser aller. Les messages de Hans se faisaient de plus en plus nombreux, la panique s'installait dans ma vie. La peur de le croiser à chaque détour. Je ne voulais plus vivre ici et si Imogen me repoussait encore une fois, j'abandonnerai cette vie sans rien laisser derrière moi. Si peut être Sonic mais depuis quelques temps, ses crises, les miennes, je m'éloignai de lui. Mon portable se remit à sonner et c'est la main tremblante que je le saisis pour voir le nom de ma soeur s'afficher sur l'écran. Priant silencieusement pour ne pas avoir de messages d'injures, j'ouvris son sms pour me retrouver à la fois surprise et soulager.
Hey, est-ce que je pourrai te demander un service? je sais que tu as probablement pas envie de me parler en ce moment, mais c'est assez important.
Bien entendu qu'elle pouvait me demander un service. N'étais-je pas sa soeur ? Je lui répondis donc à l'affirmative, me demandant de quoi il retournait et quand j'appris que je devais garder la petite, je sautais dans une robe. Certes, une robe de femme enceinte mais une robe quand même et partis la rejoindre. Cependant la peur de tomber sur Hans me rendit parano et je décidai de prendre un taxi faute de pouvoir conduire. Je me tairais sur mes ennuis de santé bien qu'ils se voyaient comme le nez au milieu de la figure et je dus me retenir de vomir pendant tout le trajet. Une fois devant sa porte, je sonnais et fus accueillie par un câlin. Pas une parole mais par Imogen en pleurs qui se jetait dans mes bras. Je lui caressai doucement les cheveux, respirant à intervalles régulières. « Tout va bien se passer, murmurai-je doucement en la berçant, tout va bien se passer. Je suis là maintenant. » La retrouver me fit un bien fou et j'embrassai ses cheveux, espérant que rien ne grave n'était arrivé. Il était rare de voir Imogen dans cet état mais ne voulant pas paraître indiscrète, j'attendis patiemment qu'elle m'en parle, la gardant dans mes bras, profitant de ce moment qui était rare et précieux.
« Tout va bien se passer,tout va bien se passer. Je suis là maintenant. » J'avais oublié à quel point ma soeur pouvait être attentionnée lorsque les gens n'allaient pas bien. Elle ne me demanda pas pourquoi j'étais comme ça, et je lui en étais reconnaissante. je ne sais pas si je pouvais lui dire ni si je saurai. La blessure était encore trop fraiche pour en parler avec quelqu'un. Nous restions comme ça pour une bonne minute avant que j'essuie mes larmes avec le revers de ma manche et que je laisse Evelyn entrer dans la maison. «Je vais aller chercher sa valise. Elle joue dans le jardin. » Je monta vite dans ma chambre, et prit la petite valise qui était désigner pour Zaara. Ne sachant pas ce qu'elles allaient faire, je mis un peu de tout dedans: un maillot de bain parce que j’étais sure qu’Evelyn allait lui montrer la plage de San Francisco, ses robes favorites, un pyjama et quelques petits trucs qu’elle aimait bien porter pour s‘amuser. Lorsque je redescendis, je vis Evelyn jouer avec Zaara. En à peine 5 minutes, elle avait réussit à se faire aimer par la petite. J’avais eu raison de demander à ma sœur. Elle adorait tellement les enfants et savait comment être avec eux. Durant les prochains mois, j’aurai besoin de son aider pour m’occuper de Zaara. Je savais que le bureau des enfants allait venir toquer à ma porte s’il ne me croyait pas apte de m’occuper de Zaara. Je n’avais que 19 ans et que pouvais-je bien savoir des enfants. Mais si on me la retira, je ne sais pas ce qu’il arrivera avec moi. Retournerai-je en Nouvelle-Zélande? Même si je me suis promis le contraire. Mais vivre ici, là où tant de souvenirs me font souffrir, où tant de choses me rattacheront à elle. C’est difficile de savoir ce qu’on veut alors qu’on n’a même pas vécu un quart de siècle. Cependant, je sais ce que je veux, et ça c’est ne pas perdre l’enfant que je viens d’acquérir. Je m’avançai donc vers les deux membres de ma famille. Me voyant, Zaara accourut et me regarde avec un grand sourire: « Maman, Tata Eve elle est trop sympa. Je l’aime déjà. C’est vrai que je vais rester avec elle ? Et elle m’a dit qu’elle avait plein de chiens avec qui je pouvais jouer. » Je n’étais pas surprise qu’elle me dise tout cela. Voyant ma sœur s’avancer vers nous je murmurai « Merci. »
Voir Imogen dans cet état là me fit mal au cœur même si nous n'étions pas en très bons termes. L'arrivée de sa fille allait surement arranger les choses mais je ne préférais pas faire de pronostics. Alors, je la regardai. Elle était tout pâle et avait encore maigri. Je ne voulais pas lui faire de remarques sur sa peau, sur son physique, alors je choisis de me taire pendant qu'elle allait chercher les affaires de Zaara. Cette maison, la maison de mon père biologique. Je ne me sentais pas à l'aise dans ces lieux que je haïssais tant. J'étais venue quelques fois voir Imo quand nous n'étions que des amis et que j'ignorai encore que la génétique nous liait. J'avais parlé à cet homme qui empêchait mon ami de grandir, qui me rejetait alors que je ne lui avais rien fait. Du coup, après avoir appris qu'il était mon paternel, j'étais allée le voir pour lui demander des comptes. J'aurai du m'abstenir. « Tu n'es qu'une erreur. Seule Imogen compte, toi tu n'es rien. » Je n'avais rien ressenti puisque je ne le connaissais pas et que je savais par avance que je ne comptais pas pour cet homme détestable.
Comme ci je connaissais la maison, je parcourrai l'entrée pour aller au fond et me rendre dans le salon. Je regardai par la baie vitrée une enfant qui jouait dans le jardin. Elle semblait contente et cueillait des fleurs. Je souris en posant une main sur mon ventre pour apaiser Mélodie qui commençait à s'agiter. Ma fille réagirait-elle comme celle d'Imogen ? Ma sœur de dix neuf ans était mère d'une petite d'au moins six ans à ce que j'en voyais alors que moi, je ne connaitrai peut être jamais la mienne. J'espère survivre réellement. Peu de personne connaissait mon angoisse. J'actionnai l'ouverture et sortis dans le jardin pour difficilement m'abaisser vers la petite brune qui comptait ses fleurs sans se soucier de moi. « Bonjour, murmurai-je, comment tu t'appelles ma petite ? » L'enfant releva la tête et me regarda visiblement étonnée. « Zaara. T'es ma tata Evelyn ? » J'acquiesçai doucement avant de me mettre à parler de Debussy, des chats et de la grande maison dans laquelle j'habitai avec ma meilleure amie qui aimait beaucoup les enfants. Les yeux de la petite s'illuminèrent à la mention de mon chien et je cueillis une fleur que je mis dans ses cheveux. Ensuite, elle s'élança dans la maison en appelant sa mère et je me retrouvai à sourire pour la suivre difficilement.
J'avais tellement grossi que mes déplacements se faisaient de plus en plus douloureux et rien que le fait de rester debout me donnait envie de tomber par terre. Alors, je pris appui au mur pour me rendre jusqu'à l'entrée où était Imogen et je me redressai pour ne rien laisser paraître de mon état. Je ne voulais pas alarmer qui que soit. Surtout pas Imogen. A quoi bon, elle était malade et je n'avais pas à l'embêter avec mes problèmes. C'était la première fois qu'on se reparlai depuis l'incident. Je m'avançai difficilement vers elle et je la regardai avec un sourire timide. « Il n'y a pas de quoi. Tu sais que même si on s'est engueulées, je ne déteste pas. Je ne pourrais jamais. Et puis la petite est jolie comme tout. » Je sentis un nouveau coup de pied et je fermai les yeux sous le coup de la douleur. Cette grossesse avait été une mauvaise idée. Je le savais. J'aimerai Mélodie mais cet enfant me faisait souffrir. « Tu veux parler cinq secondes ? Me raconter ton voyage au pays de la reine ? Ou est-ce que tu veux que je partes tout de suite avec la petite ? »
« Tu veux parler cinq secondes ? Me raconter ton voyage au pays de la reine ? Ou est-ce que tu veux que je partes tout de suite avec la petite ? » J’avais vraiment de la chance d’avoir Evelyn comme sœur. Elle était là pour moi quand j’en avais besoin. Je n’avais pas remarqué cela auparavant. C’est vrai que c’était lors de nos pires moments qu’on remarquait à quel point nos proches nous étaient importants. J’avais déjà remarqué cela il y a deux ans lorsque je perdis Drake pour toujours. Bien qu’ici c’était différent. Je n’allai pas perdre Evelyn, enfin je l’espérai bien. Parce que si je la perdais, je ne sais pas comment je ferais. Elle avait sa place dans mon cœur et je ne voulais que cette place soit vide. Je la vis s’adosser contre le mur. Elle n’avait pas l’air bien. Sa maladie et sa grossesse devaient lui prendre toute son énergie. Doucement, je lui tendis ma main et elle l’a prit. « Reste encore un peu. » Puis je lui serrai la main. Nous restions comme ça pour quelques secondes. J’étais bien là, dans le silence à tenir la main de ma sœur. C’était un de ces rares qui me manquait. Depuis que je lui avais annoncé que j’étais sa sœur, notre relation s’était quelque peu dégradée. Cela avait été de ma faute. Je lui avais cachée que j’étais sa sœur pendant huit mois. En faite, sa réaction avait été tout à fait compréhensible quand j’y repense. Après un petit moment, je lâchai sa main et me dirigea vers le comptoir du salon. Dessus était posée une enveloppe que papa m’avait donné en Angleterre. Elle était destinée à Evelyn. Je ne savais pas de quoi il s’agissait. Je ne voulais pas savoir. C’était une affaire entre eux. Puis je reviens là où elle était. Elle parlait avec Zaara. C’était bien si elles s’entendaient. Je ne savais pas combien de temps il me restait encore. Evelyn pourrait pour sur s’occuper de la petite si je mourrai dans les prochaines années à venir. De toute façon, il me restait techniquement six ans. Je ne voulais pas y penser. Je tendis l’enveloppe. « Tiens c’est pour toi. C’est de la part de Papa. Je ne sais pas ce qu’il y a l’intérieur. Ce ne sont pas mes affaires. »
J'étais mal à l'aise en présence de ma sœur. Elle m'avait dit des choses tellement horribles et moi aussi. Je ne savais pas comment me comporter. Je ne voulais pas la blesser. Tout était si facile quand nous n'étions qu'amies, quand je la voyais et qu'on rigolait en se bourrant la gueule, que je lui parlais de tout et de rien. Maintenant, je ne la voyais plus comme telle. Un peu comme une étrangère à mes yeux mais je ne mentais pas quand je disais que je serai toujours là pour elle, quand je la soutiendrais dans tous ses choix. J'avais eu du mal à accepter la tromperie avec Sonic mais, c'est vrai que ça arrive. Je lui avais bien pardonné à lui alors pourquoi pas à elle ? Si elle avait été mon amie, aurais-je réagi comme je l'avais fait ? Non, probablement pas. Je ne pense pas que je lui aurais fait une crise de cette ampleur. J'avais envie de pleurer. Sans doute les hormones et je me sentis pâlir. Quelque chose clochait et je ne savais pas quoi. Alors, je lui pris doucement la main et lui souris. « Je suis tellement désolée, Imogen. Je n'aurais pas... Enfin, c'était déplacé et je voulais te dire que je te pardonne mais seras-tu capable de le faire ? De me pardonner ? Je sais que tout n'a pas été simple mais je veux... être là. Et pas seulement pour Zaara. Pas seulement en tant que soeur. J'aimerai... que... qu'on soit comme avant. » Je savais que cela ne serait pas possible mais je pouvais toujours essayer. Quand elle me tendit la lettre de son père, je regardai un moment l'enveloppe sans oser l'ouvrir. Que faire ? Cet homme qui m'avait dit que je n'étais qu'une erreur. Je ne voulais pas l'ouvrir mais s'il avait pris la peine de m'écrire, je devais faire un effort. Alors, je m'assis un moment, presque en pleurs et déchirai le cache pour contempler la petite feuille de papier et essayer de lire l'américain que j'avais du mal à comprendre.
«Evelyn, Je ne sais pas trop quoi mettre dans cette lettre tellement j'ai été horrible avec toi ces derniers temps. J'ai été horrible avec tout le monde. Mais comprends-moi, tu es ma fille ainée, celle que j'ai abandonné alors que je n'étais qu'un adolescent et oui, c'est vrai, tu es une erreur. Une erreur de jeunesse en quelque sorte. Cependant, je sais maintenant que si c'était à refaire, je le referais. J'ai vraiment aimé ta mère. Elle a été gentille, prévenante, avec un sale caractère dont tu as hérité et tu lui ressembles beaucoup. Voilà pourquoi je t'ai repoussé. Tu me rappelles cette femme que j'ai aimé et qui est maintenant décédée. (Oh, ma mère biologique était donc morte). Récemment. Sa maladie l'a emporté. Je t'en parle maintenant parce que je sais que tu en as hérité et que j'aimerai que tu fasses attention. Sauf que ce n'est pas la seule chose dont je voulais t'entretenir. Je ne sais pas comment t'annoncer ça mais je pense que tu as le droit de savoir. Tu es mon ainée comme je l'ai dit et je voudrais que tu me rendes un service. Prends soin de ta sœur. Elle est tout ce que j'ai dans ce monde. Seulement, Imogen est très malade. Je ne sais pas si c'est mortelle, je pense que oui. Mais depuis quelques temps, elle ne me parle presque plus. Voilà pourquoi j'ai appuyé pour qu'elle ait Zaara. Je sais, je sais. Une adoption ne se fait pas en cinq minutes, que ce n'est pas une décision qui se prend à la légère mais j'ai pensé que... qu'elle prendrait ses responsabilités. Qu'elle deviendrait adulte et accepterait de se faire soigner pour son enfant. Elle refuse le traitement vois-tu. Aide-la avec cet enfant. Stuart est bien élevé, c'est un enfant génial et j'aimerai que tu lui montres la marche à suivre. En plus, tu es enceinte. Je t'en prie, Eve. Je ferai n'importe quoi pour effacer nos disputes mais il s'agit d'Imogen. Ta sœur, ma fille. Mon aimée. Je sais que tu me détestes. Je sais que tu ne veux plus entendre parler de moi mais sois là pour elle. Fais en sorte que... qu'elle accepte. Qu'elle veuille rester en vie. J'ai pris conscience d'une chose quand elle a eu ses premiers malaises. Vous êtes tout ce qu'il me reste. Toutes les deux. Je t'ai dit des choses horribles et j'en suis navrée mais tu devais savoir pour ta mère. La maladie de Tay-Sachs est une maladie épileptique qu'on ne décèle que trop tard. Va te faire dépister. Pour tes enfants, pour ta sœur. Ne lui dis rien. Ne rajoutes pas tes soucis aux siens et SURTOUT, ne lui dis pas que je t'ai mis au courant pour sa cardiomyopathie. (Oh putain! Bon dieu de merde, on est vraiment une famille de merde!). Sois normale avec elle. (Tu parles, merci de me dire pour ma maladie et la sienne alors que j'attends un gosse et que c'est déjà ASSEZ dur comme ça). Je sais que ta grossesse se passe mal. Fais attention à toi. J'ai pris conscience de certains trucs et j'aimerai que tu passes me voir une fois que je suis rentrée. Fais le. Je veux être là pour toi, pour tes enfants. Je sais que tu accepteras de prendre soin d'Imogen. Elle te mettra au courant quand elle sera prête (c'est-à-dire jamais et tu le sais 'Papa'). Je vais te laisser. Je t'écris bientôt. Donnes moi ton adresse. Tiens moi au courant. Elle ne me dit plus rien quelques temps. Avec toute mon affection Ton père... »
Je relève doucement la tête après avoir fini la lecture. Oh mon dieu, Imo allait mourir, j'étais plus malade que prévu. « Oh putain. » Je baisse la tête difficilement et sens les larmes affluer. Puis, je regarde Imo avec un grand sourire aux lèvres. « Ton père est pas croyable. Il me demande de lui pardonner pour ce qu'il m'a dit. » C'était un demi-mensonge. Mais pas totalement. Je déchire la lettre sous ses yeux. Après tout, je ne voulais pas qu'elle prenne le risque de tomber dessus et qu'elle sache que je suis au courant. J'étais bonne comédienne donc je pourrais faire en sorte qu'elle ne le sache jamais. « Bon alors... raconte moi ton séjour, je veux tout savoir de ta rencontre avec la petite puce, murmurai-je en souriant. »
« Je suis tellement désolée, Imogen. Je n'aurais pas... Enfin, c'était déplacé et je voulais te dire que je te pardonne mais seras-tu capable de le faire ? De me pardonner ? Je sais que tout n'a pas été simple mais je veux... être là. Et pas seulement pour Zaara. Pas seulement en tant que soeur. J'aimerai... que... qu'on soit comme avant. » Lui pardonner? Bien sure que je pouvais lui pardonner pour sa réaction après qu'elle avait appris pour Sonic et moi. C'est vrai que j'avais été horrible avec elle...ma propre soeur. Que tout redevienne comme avant? Je ne pouvais pas dire. Tant de chose s'était passé entre nous que je n'étais plus sure si je voulais qu'on redevienne comme avant. Tout avait été plus simple en faite avant que je dise à Evelyn qu'elle était ma soeur. Mais elle avait eu le droit de savoir qui j'étais vraiment et ne pas lui mentir pour l'éternité. Evelyn prit la lettre et l'ouvrit. Elle s'était assise une des chaises hautes près du comptoir. Elle commença à lire en silence. Je ne l’interrompit pas. Zaara était venue près de moi et je la pris dans mes bras. Elle me demanda ce qu'il se passait. Je lui répondis en chuchotant qu'Evelyn avait reçu une lettre de grand-papa et qu'il fallait la laisser lire en silence « Ne jamais interrompre quelqu'un qui lit. C'est mal-poli. » lui dis-je en lui tapotant son petit nez. Elle allait me manquer cette semaine. Cela était sure, mais j'avais besoin de mon recul vis-a-vis de la situation avec Andrew. Et Zaara n'avait pas besoin de m'entendre pleurer d'avantage qu'elle ne l'avait déjà. Après quelques minutes de silence, Evelyn laissa échapper un « Oh putain. » Je la regardai d'un air abasourdi. Qu'avait bien pu écrire mon père? Ma question fut répondu juste après. « Ton père est pas croyable. Il me demande de lui pardonner pour ce qu'il m'a dit. » C'était super ça. S'ils se liaient, ils pourrait se soutenir mutuellement lorsque je serai morte. Puis ma soeur déchira la lettre. Il ne devait pas avoir que cela. Je ne suis pas conne pour me douter qu'il devait y avoir un rapport avec moi. Faisant comme si de rien n'était je lui souris. « C'est super! On sera une vraie famille maintenant. » « Bon alors... raconte moi ton séjour, je veux tout savoir de ta rencontre avec la petite puce » Zaara était toujours assise sur mes genoux. je la regardai. « Tu veux raconter ou je le fais? » La petite secoua la tête. « Ok je vais le faire » lui dis-je en rigolant. « Zaara était sous la garde temporaire de mes cousins à Peel sur l'Isle Of Man. Après le fiasco de dimanche passé, papa m'a ordonnée d'aller me reposer chez eux. Je n'étais pas vraiment très contente. j'avais envie de finir la tournée avec lui. » Je m'arrêtai, rememorisant la scène de dispute. En effet, je n'avais pas été contente du tout. « Donc après le concert à Sheffield, il m'envoya directement à Peel. Lorsque je suis arrivée chez mes cousins, on me prévint qu'il y avait une petite orpheline indienne qui vivait la-ba. Le lendemain, la petite miss pointe son nez pendant que je prenais des photos du paysage. Elle était tellement chou et timide » dis-je en me tournant vers ma fille. « Elle n'osait pas me parler. Mais elle m'observait de loin. je suis allée la voir et lui proposai de faire des photos avec moi. » Je me rappellerai toujours de ce moment: ma rencontre avec ma fille, Zaara. « Je ne sais pas ce qu'il s'est passé après mais je savais qu'elle était faite pour me compléter. »
Apprendre que ma sœur était malade me mettait intérieurement sans dessus dessous. Je ne savais pas trop quoi penser, que faire mais jouer la comédie me paraissait être une très bonne solution. Je la regardait avec un air heureux sur le visage. Nos relations étaient si chaotiques que me réconcilier avec mon père me semblait être une bonne idée. Je lui étais reconnaissante de faire appel à moi de la sorte, pour protéger notre famille qui allait maintenant voir le jour et essayer d'oublier tout ce qui c'était passé. Je l'écoutai faire son récit heureuse pour elle avant de lui prendre la main. « Je pense que je vais pardonner à Papa et on l'aura notre famille. Tous les six. Vive les réunions de famille, hein. » J'éclatai de rires avant de tendre les bras pour prendre ma nièce sur moi à mon tour. Elle était tellement légère et je lissais doucement ses cheveux d'un geste de la main, heureuse qu'Imo ait trouvé la paix. Que quelqu'un la responsabilise un peu. Elle était malade, je l'étais aussi mais j'avais appris à gérer ma maladie, à voir les choses du bon côté. Après tout, j'en étais à la moitié de ma vie selon mon père et je ne voulais pas tout gâcher. « Bon, tu seras gentille avec tata hein sweetheart ? » La petite hocha la tête avant de partir en courant et je souris, bienveillante. Je caressai mon ventre du revers de la main, silencieuse quand mon bébé donna un coup. « Bon je pense qu'il est temps pour maman ours de rentrer dans sa tanière. J'ai été ravi de te revoir Imogen. Tu m'as manqué petite soeur. Et promis, je prendrai grand soin de ton petit bout de chou. Le mien rentre en fin de semaine. On s'appelle, on se voit. » Je l'embrassais sur la joue avant d'appeler Zaara et de lui mettre son manteau et de prendre son sac. « Prends soin de toi. » Une fois dehors, je m'assis dans le taxi et là, je commençai à pleurer. Ma petite sœur était malade, ne voulait pas m'en parler et allait peut être mourir. Trop d'émotions, tant de choses à voir. Qu'allais faire pour la sauver ? Comment y parviendrai-je ? A la faire changer d'avis...
Evelyn et Zaara partirent. La maison était vide. Je me retrouvai maintenant seule dans l’entrée après avoir refermer la porte derrière ma sœur et ma fille. Un silence s’installa. Je contemplai le salon vide de la maison. J’étais seule et personne ne viendrai me rendre visite. Personne ne savait que j’étais rentrée sauf Robbyn, Maël, Mary Jude et Evelyn. Je tenais toujours la poigné lorsque je m’effondrai par terre en pleure. Je pleurai toute les larmes de mon cœur. Je n’arrivai pas à m’arrêter. Tout me faisait mal, mon cœur, ma tête. J’avais l’impression que j’allai exploser. J’en pouvais plus, j’en avais marre de tout. C’était comme si un tourbillon d’horreur m’avait entrainé au fond d’un gouffre duquel je ne pouvais pas ressortir. Je ne savais pas combien de temps j’étais assise par terre mais cela me semblait une éternité. Comme si le temps s’était arrêté pour toujours, figé à jamais dans cet espace qui n’était ni temporaire ni spatial. Après quelque difficulté, je me relevai enfin. Mes jambes tremblaient toujours et j’avais des frisons froids dans le dos. Je montai doucement dans ma chambre puis entrai dans la salle de bain. J’enlevai mon jeans et mon t-shirt et les balançai dans un coin. Je voulais oublier cette journée et tout ce qui avait en rapport avec celle-ci. J’allumai l’eau de la douche, et m’installai en dessous. Je laissai l’eau coulée. J’étais concentrée dans mes pensées. Tellement que je n’avais pas remarqué que l’eau brûlait ma peau. Cependant, je n’éteignis pas l’eau. Je voulais que l’eau me brûle. Je voulais ressentir la douleur. C’était le seul moyen de me rappeler que j’étais encore vivante, que mes nerfs somato-sensoriels fonctionnaient toujours parfaitement. A nouveau, les larmes coulèrent. Vivante, je ne savais pas combien de temps j’allai encore l’être. Mais pour sur, j’allai mourir dans pas longtemps. Nous mourrons tous un jour, et chacun a sa date. Nous ne devons pas changer le destin.
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