I'm doing all I can
Hoping that you'll
stay wrapped up in innocence

C’est à exactement 13h46 le 7 septembre 1990 à Orlando en Floride que je suis né dans l’espace qui servait de salon à cet appartement. Ma mère n’était pas très riche, surtout depuis que mon père – si je peux seulement l’appeler ainsi – était parti. Probablement trop lâche pour accepter les responsabilités qui venaient avec le fait de devenir père. Enfin, c’est ce que ma mère m’a souvent répété quand je lui ai demandé qui était mon père. Vous dire que je n’ai jamais souffert de cette absence serait vous mentir. Ma mère – qui est partie trop tôt à mon avis – a tant bien que mal tenté de m'élever, mais je crois qu’elle n’a pas réussi son job. Enfin, son enfant a étudié, c’est déjà ça, mais je crois qu’elle aurait attendu plus de ma part. J’ai une attitude de garçon manqué je fumes, je bois comme un trou dans les fêtes ou je suis invité, je suis lesbienne, je me teints les cheveux de dix milles couleurs différentes, bref une vraie erreur de la nature.

Enfin, voilà donc, commençons par le commencement. C’est effectivement dans ce petit appartement miteux que j’ai vu le jour. Ma mère, accompagnée d’une sage-femme était allongés là, sur le plancher peu confortable, il faut l’avouer. Elle me donna naissance après environ six heures de travail. Une belle petite fille, enfin, pour un poupon. Les années passèrent et je n’était pas une enfant trouble, du moins je crois. Hormis ma passion inconditionnelle pour le chant, la musique et l’art en général, j’ai grandi sans faire trop de bruit. J’étais une petite fille relativement sage. Mon parcours scolaire se fit sans difficulté et sans anicroche. J’ai toujours su bien m’entourer également et je n’ai jamais été du genre délinquante, j’ai toujours fait ce qu’on me disait et m’exigeait une auto-discipline que peu de gens auraient pu avoir. J’ai commencer à travailler comme camelot, je livrais les journaux aux gens, ramassant ainsi un petit peu d’argent, aidant ma mère, qui avait beaucoup de difficulté à payer les comptes et à amasser suffisamment d’argent pour que sa fille puisse vivre convenablement. Je ne fus pas pour autant la risée des écoles où j’ai étudié, non. Ma mère qui était couturière, m’avait montrée comment coudre, et ainsi, j’ai rapidement modifié les vêtements que ma mère m’achetais. J’ai rapidement appris à me contenter de ce que j’avais, et à accepter le refus.

J’ai grandi, jusqu’à mes sept ans, dans le bonheur le plus grand, l’absence d’un paternel ne me dérangeant pas du tout. J’étais très complice avec ma mère, mais il a fallu qu’un cancer l’emporte loin de moi lorsque je fus âgée de treize ans. J’ai du déménager chez Heather, ma meilleure amie, la fille la plus géniale au monde. Nous nous sommes rencontrés elle et moi alors que nous étions encore toute jeune, nous avions toutes deux cinq ans je crois. Enfin, nous avons passé la majeure partie de notre temps ensemble. C’est surtout grâce à elle si je n’ai pas trop souffert du fait de ne jamais avoir connu mon père puisqu’elle était un peu comme ma grande sœur et elle était toujours prête à m’épauler quand j’en avais besoin. C’était donc une simple évidence et quelque chose de naturelle que je m’installe chez elle lorsque je suis devenue orpheline. Elle et moi, on était comme les deux doigts de la main. Elle et moi on s’est promis de toujours se soutenir et être là l’une pour l’autre quoi qu’il arrive. Elle fut d’ailleurs la première personne à tout savoir de ma relation avec Drew, les avancements et compagnie. Ouais bon, il faut dire que vivre dans la même chambre qu'elle, ne pas pouvoir sortir sauf si elle est avec moi, on finit vite par tout savoir l'une de
l'autre.


And kiss me again underneath the moonlight.
You're more than a friend, oh.
I knew it from the first sight, yeah.
Hold me, feel my heart beat.
Put your arms around me.
And kiss me again.

Je me souviens encore de notre première rencontre mon amour. C’était au courant de l’été 2001, au Vans Warped Tour. Nous étions à quelques mètres, j’étais avec Heather, tu étais avec ton groupe d’amis au beau milieu de cette foule. J’avais remarqué à quel point, seulement de profil, tu était mignon. Et le spectacle a commencé. Mon attention n’était portée que sur le groupe et leur musique. Puis, ces idiots sur la scène ont commandé un circle pit. J’ai cru que j’allais mourir. J’ai perdu Heather de vue, mais je t’ai trouvé. Je ne sais de quelle façon nous nous sommes retrouvés côtes à côtes. J’allais m’écrouler sur le sol, manquer d’air, mais tu m’as secouru. Tu m’as fait sortir de la foule et m’a aidé à reprendre mon souffle. Puis tu t’es présenté. Drew. Un sourire s’est alors dessiné sur mon visage. « Drew », répétais-je. Puis je me suis présentée et tu as, toi aussi, répété mon nom. Tu m’as demandé quels groupes j’étais venus voir, je me souviens de ta réaction quand j’ai dis que j’étais là pour Blink-182. Ton sourire s’est élargi et tu m’as dis que, toi aussi, tu les aimais bien. Et on a continué à discuter de tout et de rien, tu m’as dis que t’aimais bien mes cheveux qui, à l’époque, étaient rose bonbon. Puis, le set s’est terminé et tant tes amis que ma meilleure amie sont venus nous rejoindre, nous interrompant dans cette fascinante discussion que nous avions. Prochain artiste en liste? Quel heureux hasard. Blink. Je me souviens, on a couru comme de vrais débiles pour arriver le plus tôt possible. 3 groupes à l’avance. Et on s’est faufilé à travers la foule pour finalement se retrouver accoudés aux barrières. Heather à ma droite et toi à ma gauche. Les discussions allèrent de bon train dans le petit groupe que nous formions désormais. Nous devions avoir l’air de grands immatures aux yeux des autres qui nous dévisageaient, mais on s’en foutait. On ne se souciait que du moment présent. Et après environ une heure et demi, Blink sont finalement apparu sur scène. On a chanté, sauté, crier, headbanger comme des sauvages, mais mon dieu, c’était probablement le plus beau moment de ma vie. Te souviens tu, quand ils ont commencé à changer The Rock Show, du regard que tu m’as lancé. Comme si, à l’instant ou la première note a résonné, tu savais que quelque chose de spécial allait se produire. Je devais avoir l’air royalement ridicule à danser comme si mes membres étaient désarticulés, à manquer de me cogner la tête sur la barrière et pourtant. Heather m’a dit que t’arrêtais pas de me regarder comme si j’étais la huitième merveille du monde. Pourtant, je n’ai rien remarquer. Trop absorbée par la voix de Tom probablement. Et puis tout ça s’est terminé et nous sommes partis voir d’autres groupes, nos chemins se sont séparés. J’avais peur de ne jamais te revoir, parce que te retrouver parmi tous ces gens allait être un défi immense, mais au moment ou mes espoirs tombaient à l’eau – c’est à dire quand je pris la direction de la sortie – je t’ai vu assis sur le trottoir. La, ma mine déçue s’est transformée en le plus beau des sourires. J’ai avancé à pas rapide, j’espère que ça n’a pas trop paru, vers toi et tu m’as dit que c’était impossible que tu parte sans au moins avoir un moyen pour me contacter. Nos numéros de téléphones échangés, nos avons marchés un moment avant que nos chemins ne se séparent à nouveau. Mais avant de partir, il m’a fallu te faire, comme à tous les gens que j’apprécie, le plus immense des câlins que je n’ai jamais fait. Et tout au long de notre trajet vers la maison, Heather n’arrêtait pas de me poser des question sur toi, tandis que je rougissais en répondant le plus simplement possible. L’amour au premier regard, je n’y avait jamais cru ni aux princes charmants, mais maintenant, je devais abdiquer.

L’année qui passa sembla la plus longue que je n’aie jamais vécu, parce que je n’ai pas eu la chance de te revoir. Tu avais fait quoi, une heure de route, si ce n’est pas plus pour venir à Orlando et c’était un miracle que tes parents aient acceptés de te voyager. Mais chaque jours, nous parlions sur internet, via le téléphone. Et chaque jour, je t’aimais un peu plus. Puis, avec Heather, on a décidé de prendre le bus pour venir te voir. Je voulais pas y aller seule, et on ne m’aurait jamais laissé, mais avec comme j’étais avec Heather, tout allait bien. Un week-end qui fut merveilleux tout comme les années qui suivirent.

Inutile de dire que tout le temps que nous avons passé ensemble comptent désormais parmi mes plus beaux souvenirs. Parce que le temps a passé et ton groupe devint de plus en plus populaire. Les salles se remplissaient peu à peu et lorsque nous avions l’âge de 18 ans, tu m’as annoncé une nouvelle fantastique. Ton groupe et toi avez été contactés par les organisateurs du Vans pour faire parti de cette grande aventure. Comme tu me l’as si bien dit, tu ne pouvais pas refuser, c’était la chance de ta vie. Et cette journée spéciale, j’ai eu la chance de monter dans ce bus de tournée, faire la fête et j’ai même assisté à votre prestation – qui était soit dit en passant excellente – du côté de la scène. Et quand tu es sorti, je ne sais pas si j’ai été surprise ou simplement heureuse, mais tu as déposé ta guitare sur la table qui était tout juste à côté et m’a embrassé. Tout le monde en a été témoin, j’ai rougi jusqu’à être rouge tomate et pourtant, je me sentais bien. Et on est allé à la table de marchandise de ton groupe, j’ai vu toutes ces filles se coller à toi et je sais pas, j’étais jalouse. Pourtant, cinq minutes plus tôt, tu m’embrassais. Entre quelques signatures d’autographes, des ventes de t-shirt et des photos, tu revenais vers moi parce que, je crois, tu voyais que je ne me sentais pas très bien. Et tu me rassurais. Nous sommes également allé marché seulement tous les deux et on a discuté de tout et de rien, encore une fois. C’est d’ailleurs ce que j’aimais chez toi, la facilité avec laquelle je pouvais tout te dire. Et la journée s’est terminée, tu as du partir et moi j’ai du retenir mes larmes. Et crois moi mon amour, j’ai longtemps pensé à toutes ces filles qui se collaient à toi, qui te faisaient signer leur sein, qui te demandaient des bisous sur la joue et j’étais verte de jalousie. Pourtant, je t’ai toujours fait confiance. Je savais que t’étais pas ce genre de mec. Enfin, c’était que le temps d’un été. Tu m’es revenu et on s’est aimé encore plus fort. Puis, c’est quelques mois plus tard que tu m’a dit que tu partait en grande tournée en Europe, vous étiez un des groupe qui assurait la première partie d’un groupe X, je ne me souviens plus trop. J’étais si heureuse, tu vivais de ta passion. J’ai encore ce souvenir très net de la conversation qui a précédé ton départ. Tu m’as dit que tu avais déjà hâte de revenir pour que l’on puisse enfin vivre notre vie, s’installer. On voulait se trouver un petit appartement, vivre notre vie à deux. Après tout, nous en étions rendus là dans notre vie, bien que nous n’ayons pas encore vingt ans. Et tu es parti. Je t’ai regardé passer le contrôle puis j’ai couru à la fenêtre pour tenter d’apercevoir l’avion dans lequel tu embarquais décoller. Et tu es monté vers le ciel. J’étais un brin anxieuse de te savoir si loin de moi. Je m’imaginais les pires scénarios et Heather me rassurais. Tu m’avais promis de m’appeler lorsque tu toucherais terre, mais je n’ai pas reçu ton coup de fil. Je n’ai reçu que celui de tes parents.

J’ai couru vers le téléphone parce que je pensais que c’était toi qui m’appelait. J’ai décrochée, tout excitée et j’ai même dit :«Enfin, tu m’appelles mon amour. » Et j’ai entendus les sanglots dans le téléphone. J’ai compris que ce n’était pas toi. Et là, y’a eu cette boule dans mon ventre et cet envie de vomir qui m’ont pris. J’ai ensuite entendu la voix de ton père dire : « Mais dis-lui, bon sang qu’on en finisse. » Et ils m’ont annoncés que l’avion s’était écrasé et que tu étais parmi les 5 morts. Je n’ai même pas eu le temps de raccrocher que mes genoux ont flanchés et je me suis écroulée sur le sol. Heather m’a pris dans ses bras après avoir remis le combiné à sa place. Elle a tenté de me lever, sans succès. J’étais une véritable épave. « Ça va aller » qu’elle me disait. « Non, ça n’ira pas. Il est parti. Je ne le reverrai plus jamais. Il est mort. »


The nights you spent with me
And didn't want to leave
You stayed with me until I fell asleep
All the things I wish I said
Playing back inside my head

Ce soir là, j’ai pleuré pendant des heures, assise sur mon lit, Heather à mes côtés. Sans elle, je n’y aurais jamais survécu. J’étais au plus bas et je sombrais, pourtant elle ne m’a pas laissé alors que j’avais le plus besoin d’elle. C’est en particulier à ce moment là que j’ai su qu’elle et moi étions un peu comme des âme-sœur, mais amicaux. On se complétait, on était la moitié qui manquait à l’autre pour avancer. Parce qu’Amber-Lynn sans Heather, c’est une coquille vide. Pourtant, elle m’avait caché un truc. Elle était malade. Et plus les jours passaient, plus elle s'affaiblissait. Jusqu’à ce que, le 15 juillet 2010, je ne tentes de la réveiller, parce qu’on avait prévu une journée complètement folle, et n’y parvienne pas. J’ai même essayer le coup du : « Heather, y’a Taylor York de Paramore dans ta chambre. » Habituellement, ça marche à tous les coups, même si elle sait qu’il n’est pas réellement là. Et là, rien. J’ai hurlé et les parents de Heather sont venus et ont trouvés leur fille allongée. On a tout tenté. Et rien. Il fallu un certain moment avant que nous l’acceptions tous. Je me suis longtemps remémorés nos soirées pyjamas, ces fois ou, quand ses parents n’étaient pas là, nous courions en sous-vêtements dans la maison en se lançant des coussins, ce baiser – enfin ces – que nous avons échangés. La façon dont elle arrivait à tout embrouiller dans mon esprit, à toujours me faire sentir mieux. Oui, je sais maintenant que Heather était mon âme-sœur, ma plus meilleure. Enfin, nous l’avons enterrée et j’ai décidé de partir. Il vallait mieux pour moi que je ne reste pas ici plus longtemps. J’avais déjà fait trop de dommages. Et je ne voulais pas que toute la ville meurt. J’étais un vrai aimant. J’attirais les ennuis. J’ai donc pensé que si je déménageais, tout irait mieux et la malchance disparaitrait. J’ai donc pris ma voiture et j’ai roulé jusqu’à tombé en panne. C’est de cette façon que je me suis retrouvée ici avec comme but, refaire ma vie.