Bienvenue... C'est une manière de voir les choses. Une question de point de vue, je suppose. Le 12 Septembre de l'année 1992, je pointais le bout de mon nez à la maternité de l'hôpital civil de Stockholm, je pointais le bout de mon nez, deux ans après celui de ma sœur, et cinq ans après celui de mon frère. Ce fut sans doute le troisième plus beau jour de la vie de ma mère. Mais pas vraiment celui de mon père. Peut-être que 3, ça commence à faire beaucoup... Peut-être que je n'étais pas vraiment désirée... Je ne sais pas, j'essaie de comprendre ce qui a fait que mon père ai déserté. Ce qui lui a donné l'envie de laisser ma mère seule s'occuper de trois jeunes enfants. Seule. C'est horrible de se sentir seule et abandonnée. Et je m'en voudrais toujours de ce que ma mère a pu subir. Parce que s'il est partit, il doit vraiment y avoir une raison. Un homme ne peut pas laisser son épouse seule avec une charge de 3 enfants sans avoir une raison valable. Et tout ce que j'essaie de trouver pour déculpabiliser mon père, c'est ma naissance. C'est à cause de moi que tout ça est arrivé.

Quand on vit à 4 dans un HLM pas très grand, avec l'idée d'avoir foutue en l'air la vie de sa mère et donc de a famille entière, qui vous tourne incessamment et constamment dans la tête, on ne peut que mal tourner. On ne peut que toucher à toutes les drogues possibles et imaginables, finir alcoolique, et j'en passe. Mais moi, j'ai survécu. J'ai résisté. Surement parce que je ne voulais plus décevoir ma mère. Probablement parce que je voulais qu'elle soit fière de moi. Et même si elle ne me remettais pas la faute dessus, même si personne ne me remettait la faute dessus, je devais me faire pardonner, parce qu'au fond de moi, je savais que j'étais coupable. Alors j'étais la petite fille modèle. Celle qui aide sa mère à faire les courses, à mettre la table, celle qui joue la grande avec son frère et sa sœur, celle qui sourit tout le temps, qui dit bonjour à tout bout de champs. Celle qui envoie de l'amour à tout son entourage sans en attendre en retour. J'étais polie, amicale, serviable. Tout le voisinage m'appréciait, et j'avais très peu d'ennemie. Évidement, il y avait les jaloux, mais même eux arrivaient à me trouver des qualités. J'étais la petite fille parfaite sans être la petite prétentieuse hautaine à qui on veut donner des claques 24h sur 24 parce qu'elle monopolise toute l'attention. Ce n'est pas moi, ça.
Ce qui m'a fait tenir, surtout durant mon adolescence, c'est le sport. La danse, le basket, et la boxe. Je pouvais m'y défouler, rejeter avec plus ou moins de force tout ce que je ne pouvais ou m'empêchais d'extérioriser. Je passais plusieurs heures à courir, à sauter, et à travailler chacun de mes muscles. C'était un moyen indéniable pour m'évader. Il y avait également l'école. Contrairement à de nombreux adolescents, je faisais de mon mieux pour m'intéresser aux cours. Je faisais de mon mieux pour les comprendre, pour les imprimer dans mon esprit. Et je ramenais les meilleurs résultats à la maison. Et ma mère souriait. Ma sœur a été aussi une aide précieuse pour m'accrocher à la normalité, et pour ne pas tomber dans ce gouffre.
Puis un jour, la mode est réellement entrée dans ma vie. J'ai commencé à lire et acheter les magasines féminins. Et j'ai reçus une carte d'agence de mannequinat. Ça n'a pas plut à ma mère. Les mannequins, ça tourne toujours mal, ça finis anorexiques et accrocs aux substances douteuses. Alors j'ai abandonné. Pour le moment ..

J'ai décidé de faire des études de droits, j'ai remporté pas mal de prix lors de différents concours de danse, de basket et de boxe, et je suis vraiment une jeune fille équilibré. J'ai 18 ans. Je veux découvrir d=le monde. Je veux lancer ma carrière de mannequin. Et surtout, je veux retrouver ma sœur. J'y ai beaucoup réfléchis. Partir comme ça, ce n'est pas mon truc. Laisser mes amis, ma famille derrière moi, c'est plus le genre de Frankie. Il faut du courage, ce que je n'ai pas assez. Mais d'un autre côté, je veux vivre ma vie. Je veux pouvoir prendre des décisions par moi-même. Et je rêve de voir la Californie. Bonne élève, je parle l'anglais, l'espagnol, le japonais, le russe et même le français à merveille, en plus du suédois bien sûr. Le droit international, c'est ma voie. Je le sens. Et je veux intégrer l'université de San Francisco. Je le veux, et j'y arriverais. Ayant mon book professionnel grâce à Sora, je suis sûre de trouver du travail pour vivre seule là-bas. Je veux retrouver ma sœur. Et d'ailleurs, c'est sans doute ça qui força ma mère à accepter mon départ. Et puis après tout, ce n'est pas un adieu. Loin de là!